Golémancie pour les Nuls.

Richye me tendait la télécommande avec une espèce de crainte. Son idée n'était pas mauvaise, mais connaissant l'ancien Technomage...

- Avant de tester le bidule quantique, testons quelque chose de plus stable. La technomagie c'est rigolo quand ça dérape, mais vu le bousin, je préférerais ne pas faire apparaître un golem incontrôlable et ne pas pouvoir le révoquer.

Je fouillais dans mon sac sans fond en ronchonnant que le système de tri commençait à s'y perdre avec tout ce qu'il avait la dedans, et sortait une paire de Pile Oufasses, calibre AA. J'en plaçais deux, avant de me rendre compte qu'une fois glissés dans les rails prévus à cet effet, elles disparaissaient dans la télécommande. Je haussais les épaules. Évidement «  beaucoup de piles » signifiaient sûrement que l'emplacement des piles était lui aussi un enchantement type sans fond. Je rajoutais 8 piles Oufasses. Ces 10 piles donnaient désormais la même énergie qu'une centaine de piles.

- Je déteste devoir utiliser du matériel qui n'est pas le mien.. On a toujours des surprises.

En fermant le couvercle, l'écran de la télécommande s'éclaira. Un blanc souligné clignotait, attendant probablement une entrée du clavier.

- Bon... Voyons... Une tasse ne devrait pas être dangereux...

Je tapais «tasse» sur le clavier. L'écran clignota une petite seconde et dans un effet de neige d'écran télé, une tasse blanche apparut sur le plancher... et ne fit absolument rien. Je fronçais les sourcils en me méfiant de la nouvelle venue. Je la touchais du bout de la chaussure, mais rien ne semblait ne la démarquer qu'une banale tasse...
Je me grattais le sommet du crâne, déconcerté.

- Bon... On peut effectivement créer des trucs avec ça.

La tasse, avec un peu d'étude et d'observation, se révéla parfaitement classique. Mais elle n'était ni magique, ni enchanté, ni vivant. Elle ne servait juste qu'à contenir du liquide. Ce qui au moins prouvait que les objets appelés par la télécommande étaient utilisables...

Peut-être faut-il ajouter des adjectifs ? Genre « ailée », « rouge » ou «animée », etc ?

L'écran semblait déjà trembloter. Nous n'avions sûrement qu'une seule autre chance avant de vider les piles Ouffasses. Cette télécommande consommait vraiment énormément d'énergie.

- Voyons voir.... En ajoutant des indications, on peut peut-être influencer l'objet créé ? « Petit golem de pierre animé inoffensif  »... Ça devrait être suffisant... Tu penses à d'autres adjectifs pour notre sécurité ?

Corben me prit la Zapette, et fit une remarque pleine de sens : avant de la brancher à la "centrale nucléaire quantique bidule qui change de forme" (oui, j'ai de l'originalité pour les noms), la tester avec quelque chose de moins puissant, certes, mais autrement plus stable. Je ne pouvais qu'acquiescer cette idée. Je le voyais alors ajouter 2... 4...6...8...10 piles dans le receptacle de l'objet, qui daignait enfin s'allumer.

« Je déteste devoir utiliser du matériel qui n'est pas le mien.. On a toujours des surprises. Bon... Voyons... Une tasse ne devrait pas être dangereux...»

- Je t'avouerais que j'aimerais éviter de commencer directement par quelque chose qui pourrait nous anéantir, nous agresser, ou nous exploser à la figure.

Une tasse apparut alors au sol, blanche, banale, sans fioritures. Une tasse apparemment des plus banales. Mais malgré tout, la méfiance était de mise. Vu ce que l'Index pouvait déjà faire, cette Zapette pourrait faire un millions de fois mieux... ou pire.

Après avoir observé sous toutes les coutures la dite tasse, je ne pouvais m'empêcher d'essayer de détendre un peu l'atmosphère :

- J'ai l'impression que le pire que cette tasse puisse faire pour nous nuire, ce serait de contenir du café décaféiné.

J'entendis un pouf, et vis un sachet de grains de café tomber au sol, spécial décaféiné. J'en détournais vite les yeux pour revenir au sujet initial.

« Voyons voir.... En ajoutant des indications, on peut peut-être influencer l'objet créé ? « Petit golem de pierre animé inoffensif »... Ça devrait être suffisant... Tu penses à d'autres adjectifs pour notre sécurité ? »

- Personnellement, si on doit invoquer un golem, même inoffensif, il y aurait moyen de commencer par un matériaux moins résistant si ça dérape ? Je ne sais pas, moi, en mousse, en éponge, en bois ou en carton ? Bon, évitons le carton, le pauvre se sentirait pas bien à l'approche d'une flaque d'eau.

Un golem-éponge, ce serait super pratique pour faire la vaisselle.

- Commençons donc par un golem en éponge.

J'inscrivais «Petit golem humanoïde d'éponge animé inoffensif» sur le clavier de la télécommande et attendait. Un vrombissement se fit entendre, et dans un éclair silencieux, un petit bonhomme qu'on pourrait croire découpé dans une éponge à vaisselle se tenait devant nous, bras écartés comme ces petits pions de bois dans les jeux de plateaux.
Un silence passa, seulement brisé par le craquement du bois des murs.

- Hummmm. Bonjour, mon p'tit bonhomme. Je m’appelle Corben. Donc heu... Tu me comprends ?

Le petit bonhomme en mousse me tendit un bras en hochant ce qui lui servait de tête. Je le laissais m'entourer le doigt de sa main constitué d'un seul bloc. Je le laissais monter se ma main et le tenais devant moi, comme un petit animal.

- Bon. On sait que la télécommande peut créer ce genre de modèle... tu crois qu'il faut être plus précis pour obtenir des créations plus personnalisées ?

Ça, ou alors mon balais à bras, mon poulpe cravate, la totalité du service de sécurité du vaisseau étaient des membres du miroir de Touen et je les exploitais sans vergogne depuis plusieurs années... Mais les soldats m'avaient dit qu'ils étaient né dans l'Antre. Peut-être que Rain avait utilisé une tout autre technique et que nous avions réussi à trouver une vieille technique de technomagie.

Par contre, la télécommande indiquait «batterie faible». Ce truc dévorait l'énergie a grande vitesse. Un autre point m'inquiéta aussi. Le pouvoir de cette télécommande était impressionnante... et effrayante.

Si nous avons réussi à faire un grand pas en avant, je crains un peu le pouvoir de cette zappette... Pouvoir tout créer est terriblement dangereux... Je ne suis pas sur de vouloir garder un tel objet en état de marche.. Mais à quoi pensait Rainer?

Je jetais un œil à Richye. J'eu une nouvelle idée, qui serait plus compexe mais moins dangereuse.

- Et si on essayait de faire apparaître une machine à créer les golems ? Et nous laissions tout ici pour éviter que tout ce matériel ne tombe entre de mauvaises mains ? peut-être en séparant index et dimension ?

A moins que Rainer n'ai prévu quelconque protection ? Peut-être était-il impossible de sortir quoique ce soit de cette dimension de poche ?

Golem programma la zappette, et un petit golem d'éponge apparut. J'approchais doucement mon doigt et pokais son flanc. Il se contorsionna de surprise avant d’agripper mon doigt pour me saluer. Corben me demandait à quel point il était possible de personnaliser sa demande à programmer sur la zappette. Et tout en observant notre nouvel invité, je réfléchissais à voix haute :

- Mmmhh... J'ai l'impression qu'il serait possible de créer n'importe quoi, pour peu que l'on précise la plupart des aspects principaux de ce qu'on veux invoquer. Si tu avais précisé « rose et qui crache des bulles arc-en-ciel qui jouent la Marche des Valkyries en éclatant », je ne doute pas qu'on aurait pu avoir le golem le plus musical au monde.

Je ne pouvais m'empêcher de lâcher un "terrifiant"... La puissance de cet artefact est terrifiante.

Corben me suggéra l'idée de créer une fabrique à golems. Et de laisser tout ça derrière nous. Je ne pouvais qu'approuver la décision : faire (ré)apparaître un truc pareil, ce serait le chaos assuré !

*POUF*

L'index disparut aussitôt au mot de Corben pour repartir dans sa dimension. Je le rappelais immédiatement.

- Du coup, on pourrait créer une fabrique à golems portative autonome et déployable. Et genre, on lui met le matériaux de base du golem, et ça fait un golem plus ou moins grand selon la quantité de matière mise ?

*POUF*

- Quoi ?

Un sac à dos venait de se matérialiser au milieu de la pièce, dans un fracas relativement fort pour un sac aussi petit. Du coup, je reprends l'index... J'avais dit quoi déjà ? Fabrique à golem... Fabrique à golem... Voilà :

« F.A.G.P.A.D - fabrique à golems portative autonome et déployable. J'aurais pu l'appeler le Golématic 5000, mais ça ne mettait pas en valeur la qualité mon incroyable invention »

Je réussi non sans peine à soulever ce sac, anormalement lourd, et à le remettre debout. Aucune fermeture apparente, seul un bouton était exposé sur l'une des lanières. Je n'osais pas vraiment appuyer.

- Si ce truc permet vraiment de faire des golem, je te propose qu'on range tout, avant de repartir pour essayer ça dans un lieu moins exigu. Et si ça marche, de laisser tout ça à l'oubli dont il n'aurait peut-être jamais dû sortir. On devrait peut-être même sceller l'endroit ?

Si cette information venait à s'éventer, je n'imagine pas que les environs vont devenir un champ de bataille pour s'approprier toutes les inventions ici.

L'index disparut, réapparut et fit apparaître un genre de sac. Récupérant l'Index des mains de Richye pendant qu'il l'observait, je me rendis compte que nous aurions pu nous éviter bien du soucis si nous avions commencé par lire ce livre. Mais il y avait bien 300 pages. La peur et la flemmardise l'emporta sur la volonté actuelle et je refermais sèchement l'index avec un soupir exaspéré.

Je reviendrai un jour où j'aurais du temps et de quoi prendre des notes ou faire des expériences.

- Très bonne idée, mais je préfère, en attendant que je découvre certains des secrets de l'Index - et hop, disparu l'objet en question – tout laisser là. Nous ne sommes que 3 personnes au courant: Nous deux et Dieux seuls savant où diable soit parti Rainer. L'endroit ne risque rien. L'Antre n'avait pas bonne réputation quand elle était en état. Maintenant qu'elle est complètement à l'abandon, on ne se pressera pas devant le pas de porte.

L'ouverture de la dimension se révéla plus facile que prévu (il y avait juste à soulever la trappe) et la vue disparu des trous des mur,s laissant la place à la grisaille et au son de la pluie sur le bois. Le FAGPAD était par contre resté avec nous, ce qui nous apprit au moins une chose : il était possible de sortir des objets de la dimension du grenier.
Par contre, je ronchonnais contre le fait d'avoir dû faire tomber l'échelle. Nous avions 4m de vide entre nous et le plancher vermoulu du 2eme étage.
Plongeant à nouveau mes mains dans mon sac sans fond, j'en sortais ma paire d'A-griffe et m’accrochais aux bords de la trappe, ne relâchant mon ancrage quand mes pieds pendaient à un peu plus de 2m du sol.

Replaçant l'échelle pour que Richye puisse descendre lui aussi, un frisson me parcouru l'échine quand j'entendis un vague grognement provenant de l'extérieur.
Y avait-il encore des zombies que je n'avais pas fait... « exorciser » lors de mon départ ?

- Richye, il y a du bruit dehors. Soit c'est un ancien locataire, ce qui ne nous arrange pas, soit c'est un prédateur du marais, ce qui nous arrange encore moins.

Nous avions le choix. Tester le FAGPAD a l'intérieur pour nous défendre de notre adversaire qui semblait nous attendre. Ou fuir et tester la fabrique dans un environnement plus calme et dégagé, comme une plaine ou le désert.

- Je te propose de quitter la zone vers les plaines de Ligéré ? On sera tranquille et on pourra tester des golems de terre. Parce que là, à part de la moisissure ou du bois pourri, on aura pas trop de quoi tester d’intéressant matériaux !

Je ne savais si Richye avait de l'équipement pour se battre. Mon fusil était resté dans le Vandavel, et le reste des épées élémentaires aussi. Les grognements se firent un peu plus insistants et des pas lourds s'entendaient sur le perron de l'Antre. Je m'armais de mes protèges-bras, bien décidé à me défendre même si je voulais éviter d'endommager la structure fragilisé du batiment.

J'enfilais le sac sur mes épaules, et nous nous décidions à partir. Corben descendit le premier et remis en place l'échelle pour que je puisse descendre à mon tour (très urbain de sa part). Quand j'atteignais le sol du 2ème étage, celui-ci émit une protestation vive à l'idée de supporter mon poids et celui du FAGPAD.

Un grognement autre venait des alentours, et Corben me prévenait qu'il valait mieux partir d'ici vite car non seulement le lieu manquait de ressources pour faire des golems, mais aussi qu'il existait encore trop de menaces ici pour pouvoir expérimenter tranquillement.

- Dans ce cas filons vite d'ici, avant de savoir ce qui nous attend en bas. Vaut mieux vite retourner à ta voiture.

Je dégainais mon Cembre à nouveau. Je ne voudrais pas être pris de court si nous devions nous battre contre ce... quelque chose. Et nous nous envolions vers les alentours de Ligéré pour un peu plus de calme.

Suite du RP: