Golémancie pour les Nuls.

Le marais filait sous la voiture. Depuis plusieurs minutes, je commençais à retrouver l'ambiance étrange qui régnait dans cette partie de la région. Mangroves, roseaux et autres lacs de boue verdâtre... Et dire que je bossais dans le coin il y a plus de 3 ans...

- Bienvenue dans mon ancien quartier. On a toujours eu des problèmes d'égouts...

La maison abandonnée dans le marais avait fini, sans entretien, par être rattrapé par la végétation. La colline sur laquelle elle était construite était couverte de mauvaises herbes, d'arbres fruitiers à moitiés morts et de ronces de toutes tailles.
Le chemin de pierre qui montait jusqu'à ce qui restait du bâtiment était en piteux état, et les tombes du cimetière étaient en grosse partie couvertes d'orties et de lierres.
Près de la ruine de l'Antre, les amarres de lancement du Vandavel étaient restées là où on les avait laissés. Avec un petit pincement au cœur, je repensais aux raisons qui m'avaient poussé à quitter les lieux pour commencer une nouvelle vie dans les nuages.

La Sun se posa devant le portail de fer forgé complètement broyé par l'âge et l'humidité.

- J'aurais du ranger un peu avant de partir... Les zombies et les habitants de l'Antre sont soient sur le Vandavel, soit... Mis au chômage définitif. Le danger pour nous va probablement venir de la structure instable, mais soyons prudents. Les marais environnants n'étaient pas sans risques.

J'armais mes avant-bras et poussais du pied le portail en fer qui s'écroula dans un grincement sinistre et une pluie de roche effritée. Ça commençait fort. Sur le chemin pavé, seules les racines formaient un danger pour nos chevilles.
L'Antre ne possédait plus de porte d'entrée. Celle-ci ornait désormais le hall du Vandavel. Murray compris.

- Le Laboratoire et la bibliothèque sont au dernier étage. Par contre, le toit a été détruit pendant les travaux. Et après 3 ans d'exposition à l'air libre, je ne sais si nous trouverons des ouvrages en bon état.

Les murs suintaient la pourriture et l'humidité. Cette belle maison faisait désormais pâle figure...

La remarque de Corben me fit sourire, et je ne pouvais m'empêcher un trait d'humour :

- Des alligators dans les canalisations, peut-être ?

Les marais et la mangrove s'étendaient à perte de vue, et nous filions vers la fameuse Antre. Mais impossible de savoir ce qu'on y trouverait, ni même si le déplacement vaudrait le coup.

Nous arrivions devant une espèce de manoir... ou du moins ce qu'il en restait. La moitié de la bâtisse avait été comme arrachée, et ce qu'il restait avait été laissé à l'abandon à la végétation. À l'époque, ce bâtiment devait être immense et richement décoré...

"J'aurais dû ranger avant de partir", à sa remarque je pris une pose observatrice :

- Mmmmhhh... ça a son charme. Ça donne un petit côté nature à la maison.

Nous commencions l'exploration de l'Antre, avec comme seul accueil un plancher grinçant et un silence de mort.

- Si nous avons la moindre chance de trouver un indice, alors ça ne sera pas vain.

Mais ce calme était du genre de ceux qui annoncent la tempête. Je dégainais mon Cembre, en prenant soin de ne pas trop toucher le bois. Je ne voudrais pas déclencher non plus un incendie.

Toute la maison grinçait à chacun de nos pas et je craignais franchement qu'elle s'écroule soudainement sous nos pieds.
Sous nos semelles, le bois vermoulu gémissait des flic-floc de planches gorgées d'eau et de pourriture. Quant à l'odeur.. Le style « ciel et murs éventrés » du domaine ne parvenait pas à aérer la zone. Après, c'était probablement aussi la faute du marais non loin.

Je m'arrêtais pour regarder un escalier en colimaçon. Si j'avais souvent monté et descendu ces marches disposé en brin d'ADN par le passé, l'épaisse couche de lierre et de lichen sur les poutres me faisait grimacer.
Finalement, la lente escalade s'avéra parfaitement sûre – je soupçonnais de la technomagie de résistance où quelque chose dans le style, et nous pûmes passer la tête via la trappe d'accès.

Un spectacle étonnant se dévoila devant moi. Le laboratoire était parfaitement sain. On aurait presque pu croire que le balai de ménage était passé ce matin.

- Qu'est ce que... ?

Je savais la Technomagie puissante, mais là c'en était ridicule... Personne n'était passé dans l'Antre depuis 3 ans. Et même si je savais que les enchantements duraient dans le temps, je n'avais jamais touché au laboratoire de Rainer . Par peur qu'il eut lancé quelque chose de louche dans la charpente.

- Bon... Au moins, les livres sont en bon état... Je n'avais jamais vu ça avant, c'est... Irréel.

La fine bruine qui nous avait accueillie s'écrasait contre des murs invisibles qui suivaient les courbes de la charpente. Le labo de Rainer était immunisé contre l'extérieur. Ce type était un génie cinglé. Et je sentais une pointe de jalousie me rougir les joues. Ce type avait été créé juste pour faire ce boulot ou quoi ?

Je me précipitais vers la bibliothèque pour y fouiller les ouvrages. Moins fourni que ma nouvelle collection mais pas mal de lecture tout de même...

- Commençons par trier les livres qui parlent d'Enchantements ou d'Alchimie. Et mettons de coté ceux qui ont des annotations, même s'ils ne concernent pas nos sujets. On ne sait jamais...

Je suivais Corben au milieu des restes de la maison, les grincements fort peu rassurants me faisaient craindre que je ne passe à travers le plancher. Et une volée de marche plus tard.

- Mais que ... ? Le service d'ordre est resté sur place pour faire le ménage ?

Oui, mon humour est au moins aussi pourri que le bois vermoulu à l'étage. Cependant... un labo de technomagie flambant neuf ! Il avait résisté aux affres du temps. Et des ouvrages en pagaille.

- J'espère bien qu'après tout ça, on pourra maîtriser la golémancie sur le bout des doigts.

J'en profitais pour sortir de mon Sarkina mon casier, qui contenait les ouvrages et les notes qu'on avait pu réunir à la tour. On arrivera peut-être à en sortir quelques chose.

Les heures défilaient, ponctuées par des "Oh !", des "Ah !", des milliers de lignes d'équations, et de médicaments contre les maux de tête... Ces livres contenaient une foule de connaissances, des plus triviales aux plus incroyables. Mais pas forcément le temps de s'attarder sur ce qui ne nous intéresse pas présentement.

Pendant que je compulsais les ouvrages, je me permettais une question :

- Dis-moi Corben, tu penses qu'il existe d'autres salles comme celle-ci ? Peut-être une salle dédiée à l'exercice d'une telle magie ?

Si ce genre de labo, protégé par une puissante magie, pouvait être ici, qui s'il n'y en a pas d'autres.

- En théorie non. Enfin, c'est que je pensais avant de me rendre compte que mon ancien laboratoire est immunisé au monde extérieur. L'idée d'une salle dédiée n'est pas idiote, mais...

Je désignais un trou dans le mur non loin. Il pleuvait de l'autre coté. Et à la base, c'était une chambre. Le grenier-laboratoire était la seule pièce qui était restée intact alentour. L'état de la maison prouvait aussi que cet enchantement semblait en marche seulement ici. Je levais les yeux pour tomber sur un plafond à moitié percé mais qui ne laissait passer aucune humidité.

- Mais c'est étrange... Le champ fonctionne comme une enveloppe interne... Comme des poupées gigones... Est-ce qu'il pourrait y avoir encore un niveau en dessous ?

Tout en parlant, je passais lentement la main sur les murs. Par de vibration ou d'impression magique particulière... Et pourtant, tout clochait ici. Rien n'était logique... Tout était hors du temps, comme piégé dans un monde gelé.

- Un autre monde... Non... Non, il n'aurait pas pu....

Écarquillant les yeux, je me précipitais vers la trappe d'entrée pour observer les jointures ou les charnières. Passant une main gantée sur le bois lustré, je frissonnais. Aucune place pour fermer la trappe tant que l'échelle était placée. Lentement, tremblant d’excitation et de jalousie, je poussais l'échelle de bois qui tomba au sol et baissait la trappe. Petit à petit, je sentais ma peau s’électriser au fur et à mesure que les jointures se rejoignaient.

Un clap sourd plus tard et un silence complet nous enveloppa. Je me relevais lentement et observais le paysage dehors. Je posais une main sur ma bouche, abasourdi par la vue. Rain(er) avait une réputation de original gentillet ou de visionnaire incompris.

Ce n'était aucun des deux.

Il était absolument, complètement, entièrement et génialement fou à lier.

- Richye, laisse moi te présenter... L'intérieur d'un sac sans fond.

Derrière les murs de protection du laboratoire s'étendait le vide. Magnifiquement coloré de rouge, bleu et de jaunes éthérés, comme une immense galaxie qui s'étendait à perte de vue. Un immense point gris argent pulsait dans le lointain, envoyant des vagues douces d’énergie qui s'écrasaient en silence contre les murs de notre abri.
De nombreuses choses flottaient autour de la pièce : des livres, des objets divers et variés, un alambic, des ingrédients, une trousse de pharmacie, etc...

- Il a transformé sa pièce en sac sans fond... Mais... Pourquoi ?

Ça n'avait aucun sens. Personne n'avait de raison de vouloir ça – c'était inutile et dangereux. C'était comme acheter une banquise pour être sur d'avoir des glaçons pour son verre, mais aller les récupérer en chemise d'été...
Les vagues d'énergie faisaient courir sur ma peau des séries de chair de poule. Ce truc là-bas était incroyablement puissant.

- Richye, je crois qu'on a trouvé la source de l'enchantement et probablement une pile suffisante pour la Golémancie... Un petit voyage dans les tréfonds d'une dimension te tente ?

J'écoutais les paroles de Corben, mais je ne pouvais apporter de réponse à ses questions, la technomagie étant un domaine qui me dépasse, et de loin. Et dans ce genre de situation, ça me frustrait au plus haut point. L'expression "le savoir est le pouvoir" trouvait ici tout son sens.

Je restais dans mon mutisme à observer la pièce, reflechissant à des théories que mes connaissances et le sens commun pouvaient m'apporter. Mais ma seule conclusion ici est que le sens commun n'en avait aucun.

Corben, sous le choc apparemment, me présenta ce labo comme étant un sac sans fond ! Et pourquoi une telle manoeuvre.

- Attends, attends. Ce n'est pas sensé être dangereux de faire ce genre d'enchantement ? Du peu que je connais de ces sacs, c'est une espèce de dimension infinie, et qu'il est dangereux d'y mettre des êtres vivants dedans. Cette pièce serait une sorte de... sous-marin ?... pour explorer la dimension d'un sac ?

Je réfléchissais encore.

- Mais dans cette dimension de stockage, le temps n'a pas d'incidence, je crois ? Toute la place possible, isolé de l'Entre-Monde, tout ce qui est stocké ici ne dépérit pas. C'est presque les conditions idéales de toute expérimentation scientifique.
À plus forte raison si ça implique de la magie.

J'étais littéralement bouche bée.

- Ton prédécesseur... Ses idées... La technomagie...C'en est effrayant de génie.

Loin de moi l'idée de remettre en question le talent de Corben, mais ce qui se présentait ici était phénoménal. Celui ou celle qui a fait ça avait une logique et une réflexion qui dépassait de loin les limites du réalisable.

- C'est pas un peu dangereux d'y aller ? Bon ok, c'est parti !

- Dangereux ? Si, bien sur ! C'est la raison d'être de la technomagie !

Je testais la résistance des murs magiques d'une petite pression des doigts. Le sort ne bougeait pas d'un pouce. Je fronçais les sourcils. Comment était-on sensé sortir d'ici en étant enfermé... Peut-être qu'une nouvelle facétie de Rainer devait jouer un rôle pour pouvoir se balader tranquillement dans cette dimension...

- Rainer avait du prévoir un moyen de se déplacer là-dedans en toute sécurité. Ou alors de les faire venir à nous ? Peut-être existe-t-il un inventaire ou un index qui-

Un gros livre doré apparut soudainement devant moi et m'écrasa le pieds. Après avoir juré et sautillé sur place en me tenant la chaussure, je jetais un œil au titre. « Index ».
Est-ce qu'il avait placé un enchantement de type boomerang sur TOUS les objet qu'il avait stocké ici ?! De souvenir, il enchantait avec son sang, alors combien de litres avait-il dépensé au cours de sa carrière ?!

J'ouvrais les premières pages et levait un sourcil d'incompréhension. Les objets étaient consignés, certes, mais couverts d'indictions divers et variés. Sur l'objet « Pomme d'Eden » était indiqué ''un vague goût de sucre d'orge, ne pas faire en tarte tatin''. Ou sur l'« Éphélan » – qu'est ce que c'était que ça? -, l'annotation disait '' Mauvais caractère, déteste perdre''.

- Qu'est ce que c'est que ce mic-mac...

Un petit bruit de chute me fit baisser les yeux. Un objet grand comme un doigt de la main sautillait sur le sol en faisant un vague bruit de cymbale. Bouche entrouverte et sourcils froncés, je décidais de vérifier et oui, à la page des M figurait un Mic-Mac, avec indiqué sur les coté ''J'ai trouvé ça dans une brocante. Pas la moindre idée de ce que c'est, ni à quoi ça sert...''

- Bon, apparemment, on a un moyen de faire venir les objets contenus dans la dimension... Je te laisse regarder si quelque chose t’intéresse ou t'inspire ?

J'aime beaucoup la manière dont Corben qualifiait son domaine de prédilection : la technomagie est puissante et dangereuse. Bon, cela dit, l'alchimie l'était tout autant : usage de substances plus ou moins magiques, instables et/ou sujet à accoutumance, pour des effets pas toujours désirés...

Par mégarde, le technomage fit apparaître un énorme livre qui, selon son explication, permettait d'invoquer les objets de la dimension. Au vu de l'épaisseur du machin, on devrait pouvoir trouver à peu près n'importe quoi... Et surtout n'importe quoi, car tant qu'un objet portait un nom et qu'on le prononçait, l'objet en question se manifesterait.

Mon collègue m'invita à feuilleter le bouquin :

- Voyons voir ce que ce index nous...

Quelle ne fut pas ma bêtise quand je vis l'ouvrage disparaître. Je me tenais l'arête du nez. Evidemment, si on prononce à nouveau le nom de l'objet, il repart de là où il vient.

- Index !!

L'ouvrage réapparut, et l'expérience douloureuse de Corben m'apprit qu'il valait mieux enlever ses pieds sitôt une invocation d'objet demandée. Je prenais à nouveau l'index pour le parcourir.

- Nous ferions bien de bien choisir ce que nous disons ici, qui sait ce qu'il pourrait apparaître...

Je feuilletais silencieusement les écrits, et quelque chose me disait que commencer par la lettre G serait un bon départ. Alors... G... Galet, Gallium, Galopin de cidre, Géode, Geôle (Vraiment ?), Giberne, Gilet de sauvetage, Girouette inversée ("indique là direction d'où vient le vent, pas là où il souffle. Amusant"), Godillot...

Je commençais à pointer quelques lignes dans le livre tout en annonçant à Corben :

- ÇA, ça, ça nous sera utile !

Sur cette ligne était écrite "Golémancie - Attention ! Volumineux et lourd ! Se placer dans les coins de la pièce avant invocation !". Il aurait rangé tous ses ouvrages ici ? Ça nous arrangerait grandement !

Je me plaçais dans un coin du labo, et invitais Corben à faire de même. Au moment où nous étions en place :

- Golémancie !

La pièce vibrait intensément, comme si elle essayait d'attirer à elle quelque chose de très, très lourd... Et apparût... une feuille de papier, qui se déposait misérablement au beau milieu de la pièce.
Stupéfait, j'approchais doucement la feuille pour en lire le contenu.

"Franchement, je ne sais pas qui t'es, mais si tu pensais que c'était aussi simple, tu te fourres le doigt dans l'oeil"

Et pour signature "Rainer".

Et rien... rien d'autre... J'enrageais.

- Tout ça... pour ça !?!?!

Je froissais cette maudite feuille qui, sitôt je la jetais, reprenait sa forme initiale. Bon, Richye... calme-toi, il doit y avoir des indices dans ce maudit bouquin.

Je me collais contre le mur alors que Richye commençait son expérience... J'avais un peu peur, a dire vrai. Rainer n'était pas connu pour ses précautions et même avec ça, je me demandais si la maison pouvait physiquement tenir un golem à l'intérieur de murs enchantés.

La maison tremblait et je me mordis l'intérieur de la lèvre. On avait probablement fait une grosse bêtise.
Et puis, rien. Juste une feuille volante. Richye lut la lettre et je ne pus retenir un éclat de rire nerveux. Un maître de la vanne et du foutage de tronche... Même la colère de l'Alchimiste ne venait pas au bout d'une simple feuille de papier.

- Eheheh... Il est lourd, mais il faut avouer qu'elle est bonne. Personnellement j'aurais mis un « golem en cire ».

Mon regard se figea soudainement, réalisant que l'humour stupide et la créativité exacerbée semblaient être des traits que les Technomages partageaient. Allais-je finir comme Rainer ?

- Pour ma santé mentale et ta tension, je propose d'essayer de trouver vite fait ce qu'il nous faut.

L'Index ne renfermait aucun «Traité» ou autres livres de connaissances. Par contre, un mot écrit en lettres d'or attira mon attention. «Machin quantique – ou quelque chose du genre». Sa description indiquait : Trouvé dans le jardin par un zombie. Source incroyable d’énergie. Peut servir de chauffage central.

Une incroyable source d’énergie ? Peut-être tenait-on au moins quelque chose à ramener à Cerclon. Par curiosité, j’appelai ce fameux machin quantique. Un étrange... objet fis son apparition : je manquais de mots pour décrire sa forme.
Celle ci changeait relativement souvent. Parfois un cercle. Parfois une simple ligne. Puis soudainement, vous ne pouviez que voir un agglomérat de ferraille. De nouveau un cube. Bref, quelque chose de bien instable.

Mais la simple présence de cet objet sembla faire picoter mes doigts. Curieux – et bien habitué à une telle sensation, j’ôtais un de mes gants pour observer mes empreintes digitales. Celle ci bouillonnaient de magie, comme quand mon pouvoir décidait de m'obéir. Curieux et scientifique avant tout, je révoquais l'objet et ma magie s'étiola comme un feu qu'on couvrait d'eau.

OK. Je crois qu'on vient de trouver la source de la magie de l'enchantement de la pièce.... Un tel déferlement d'énergie pourrait être utile pour la création d'êtres artificiels. Au moins a-t-on trouvé un catalyseur. Plus qu'a trouver la recette de cuisine avant de mettre en marche le four...

Je me pinçais la lèvre inférieure en réfléchissant. Peut-être nous fallait-il un expert en vie artificielle pour avoir plus d'infos. Mais les IA tombaient sous la coupe de Ken. Et les IV n'avaient pas de personnalité propre. Quel sac de nœud que cette golémancie...

-Je me demande quelque chose tout de même... Mes résidents n'ont pas d'enchantement particuliers... Ce serait juste un objet banal soumis à une grosse quantité de magie qui les aurait rendus animés ?

Il manquait sûrement quelque chose. Sinon tous ces objets contenu dans ce sous-espace seraient tous en train de débattre sur l’énergie noire et la théorie gravitationnelle depuis le temps qu'ils étaient exposés à cette faramineuse source de magie...

Ma colère passée sur ce bout de papier, j'observais Corben arpenter les pages de cet annuaire mystique et ésotérique. Il nous conseillait vivement de trouver la solution dans ce bouquin. J'acquiessais silencieusement.

Le technomage fit apparaître un... heu... truc ?... qui changeait de forme et la réflexion que Corben me partagea m'invita à poser aussi mon esprit sir ce problème.

- Attends, si on a la source d'énergie, mais que ça ne suffit pas, c'est peut-être qu'un appareil est nécessaire. Tu parlais d'un four, mais y a de l'idée. Peut-être un appareil, un bidule, une zappette pour s'en...

Je n'avais pas eu le temps de finir ma phrase, qu'un Pouf ! accompagnait l'apparition d'un objet qui ressemblait à une télécommande. J'avais négligé que dire des noms à voix pouvait faire apparaître les objets. Heureusement que Rainer n'avait pas de four...

Je m'approchais du livre et cherchais le nom en question.

Zappette : je sais pas trop comment, mais tant qu'il y a des piles, peut plus ou moins tout faire. A besoin de BEAUCOUP de piles.

Au vu de la description, je me tournais vers mon ami technomage :

- Dis, tu crois que "fabriquer un golem", ça rentre dans la catégorie "plus ou moins tout" ?

J'observais attentivement la zappette : en plus des boutons sur le dessus qui pourraient aisément la confondre avec une télécommande de TV, elle possédait sur les côtés un petit écran, et un clavier, tout deux coulissants. Un couvercle clipsable permettait sûrement d'y mettre "beaucoup de piles".

Je tendais l'objet à Corben. Je ne me sentais pas rassuré d'avoir un objet aussi puissant entre les mains.