Le Marché de Noël chez l'Alchimiste

Chez un fleuriste j'achetais un bouquet de roses rouges. Et devant l'alchimiste tenant le stand, je demandais :

-Douze fleurs de cristal, s'il vous plait.

Dans l'oreillette, Ayame siffla :

-Je ne bénirai jamais un mariage avec ma fille, même si c'est toi qui demande... Que dis-je, SURTOUT si c'est toi qui demande !
-Ne t'emballe pas l'elfe, je n'ai pas acheté de bague pour Lys, seulement des fleurs.
-... Ne t'avise même pas d'essayer.
-Aucun risque !

L'elfe nota très certainement mon amusement, impossible de dire s'il le mettait sur le compte de nos chamailleries habituelles ou bien sur des cachotteries qu'il n'avait pas encore percées à jour.

Traditionnellement, Xénon offrait peu de cadeaux. Parfois, il investissait dans quelques babioles pour des collègues susceptibles de se vexer s'il n'en faisait pas l'effort, mais ça n'allait guère plus loin. Il n'avait jamais vraiment compris l'intérêt de fêtes centrées sur les échanges de ce genre. Dans son ancien monde, son maître s'en passait très bien.

Mais cette fois-ci, il y avait quelqu'un à qui il voulait faire plaisir, quelqu'un dont il voulait qu'il sache qu'il pensait à lui. Et puisqu'il connaissait les catalogues de tous les magasins, il savait exactement ce qu'il voulait lui offrir.

"Bonjour," dit-il en s'arrêtant devant le stand de l'alchimiste. "Auriez-vous... ah, parfait. Un flacon de cette potion, s'il vous plaît."

Le vendeur passa son badge de paiement et lui tendit avec précaution le fragile flacon de potion ultime. Rien de mieux pour rappeler à une personne qu'on les préférait en un seul morceau.

Il me restait une dernière personne à contenter pour Noël. La seule qui pourrait bien m'applatir comme une crêpe si elle se sentait mise de côté.

Une personne... Avec sa carapace d'écailles et sa gueule pleine de dents, Morok était bien trop armé pour mon bien.
Chez l'alchimiste, je trouvais qu'une potion cursive était un message à double tranchant : je pense à toi pendant les fêtes et tu es bien trop lent avec tout ce que tu manges.

-Vous pourriez l'emballer ? Merci !