[libre!] Commander c'est déléguer

Après tout, il avait la valeur de trois victoires successives... Pas remportées par lui d'ailleurs. Ses propriétaires avaient triplement perdu, et, manque de chance, il faisait parti des tribus à céder aux vainqueurs. Le clan de Mattéo... Pour l'occasion, il avait gagné le droit d'être marqué comme une bête. Ca n'avait rien de choquant, quand on connaissait un peu leurs mœurs. Par contre d'un point de vue extérieur, c'était carrément barbare...
Célèbre?!

Oui si, bien sûr que si, il devait l'être un minimum, prétorien qu'il était... Seulement se l'entendre dire, ça lui faisait toujours un peu bizarre. Il n'avait pas dépassé le cape dans ce monde, pour ne plus être surpris par quoique ce soit. Deux ans dans l'Entre-Monde, c'était trop peu pour qu'il se sente chez lui, pour qu'il est réellement l'impression de porter son nom, d'être celui qu'il prétendait être. Il aimait ce qu'il faisait, là-dessus, il n'y avait aucun doute. Mais c'était insuffisant pour qu'il se sente ici comme il avait pu se sentir sur Terre, ou encore chez Mattéo. Deux ans, c'était trop court.

" Ok no soucy..."

A défaut de se sentir ici comme chez lui, peut-être que mettre de côté son jargon natal n'aurait pas été une mauvaise idée...

" Enfin c'est noté quoi."

Il sourit, l'air... L'air de rien, en faite. Un peu à côté de ses chaussures, mais ça, c'était tout le temps... Il adressa un signe de la main au forgeron, alors que ce dernier embarquait ses bûches. En fait, il n'aurait pas totalement perdu son temps en venant moisir ici avec les deux autres glandus. D'abord il avait pu lézarder une bonne demie heure, en attendant que les problèmes se règles tous seuls. Et ensuite, il avait fait la connaissance de ce... Gus. Forgeron, plutôt. Bref, de ce Caël qui était assez grand et baraqué pour faire flipper le premier maigrichon venu. Soit dit en passant, ce type avait vraiment une carrure de fou... C'aurait été fascinant de voir ce dont il aurait été capable dans une arène, face à un adversaire... Bon pas comme lui, ils n'avaient pas exactement le même gabarie. Même si c'était pas spécialement pris en compte dans ce genre d'affrontement... enfin c'aurait été très intéressant de le voir combattre. Après contre qui, ça c'était sans importance. Un quelconque quidam, tout aussi grand, tout aussi balèze, et sans doute très moche.

" Cheeeeeeeeeef!!"

Les deux sanctuaris, abandonnés précédemment à leur sort, venaient de déboulés sur les chapeaux de roues, et saluèrent le forgeron vite fait bien fait, avant de littéralement se jeter sur leur supérieur... Qui, de surprise, manqua de se retrouver par terre... Et ne fit pas que manquer. Porff et toute sa masse effleurèrent tout juste la barrière, ce qui suffit à la faire trembler fortement, et à faire tomber Ez (qui s'y attendait pas...).
Jurant allégrement, le prétorien se redressa, incendiant le sanctuari d'un regard glacial... Jusqu'à ce qu'il sente tout son corps frémir d'enthousiasme, et qu'il choisisse de se calmer. Il avait eut sa dose de mutations incontrôlables la nuit dernière, inutile d'en remettre une couche.

"- Quooi!
- On a fini!!! Porff ne sembla pas noter le ton agressif de son chef, et poursuivit, alors qu'Ez levait les yeux au ciel. Dites on peut partir siou plait chef? On en peut plus de ces bouseux..."

Le prétorien dépoussiéra son pantalon en jurant, avant de se redresser, les mains sur les hanches, l'air d'être aussi de mauvais poil qu'il l'était vraiment.

" J'te rappelle qu'c'est d'ta faute si on est là, patate! Pis les bouseux, t'es pas plus malin qu'eux va. "

Nee leva les yeux au ciel, navré d'entendre son chef parler si mal. Lui aussi il avait un petit côté bouseux parfois... le sanctuari du penser trop fort, parce que son vénérable chef lui appliqua une taloche sur le dessus du crâne, avant de s'éloigner en râlant. Soit il l'avait entendu penser, soit il avait deviné ce qu'il pensait, soit... Soit il s'était passé les nerfs sur la première chose qui lui était tombée sous la main (à savoir, la tête de Nee).
Le sermon s'arrêtant apparemment là, les deux sanctuaris se pressèrent d'emboîter le pas à leur patron, se jurant intérieurement de mieux gérer leur coup la prochaine fois.