Nouveau contact avec le Monde

La proie courrait. Derrière elle, deux créatures difformes, la respiration sifflante, les griffes-antennes baissées pour ne pas être gênées par les branchages. Les Zergling. La proie fait du mieux qu’elle peut pour les distancer. Mais elle sait qu’elle n’aura bientôt plus la force de courir à pleine vitesse.



Bientôt la douleur. Voix sûre ?

Lacerare fait confiance à la Voix.
Elle est plus experte en déroulement des chasses.
Lui est plus efficace pour la chasse elle-même.
Si la Voix dit de continuer c’est que la victoire est possible.
Sinon, cette dépense d’énergie serait une pure perte.
Alors Lacerare redouble d’effort.
Et suit son frère alors qu’il s’engage dans des chemins plus sombres de la forêt.

La proie continue de fuir. Derrière elle les sons s’atténuent. Ses poursuivants semblent avoir disparus. Elle court encore quelques centaines de mètres avant de commencer à ralentir, épuisée, la peau luisante de transpiration, le souffle bruyant et rapide. Est-elle sauve ? Elle ose un regard en arrière. Ses yeux affolés lui transmettent une image d’une forêt sans aucuns mouvements derrière elle. Elle ralentit, puis s’arrête, cherchant à reprendre son souffle, prête à bondir si les poursuivants réapparaissent.

Et un seul réapparait.
Bondissant d’un fossé proche, la proie a tout juste le temps d’esquiver le coup meurtrier
Elle tente de se lancer à nouveau dans une course folle.
C’est sans compter le deuxième Zergling qui jaillit de derrière un tronc.
Il stoppe net la créature en lui sautant sur les flancs.
Quelques cris de panique, un coup rapide des griffes-antennes à hauteur des cotes et du cou
Un gargouillis étouffé, et la chasse est terminée.
Les Zergling se rejoignent.
Ils se posent près du futur repas et passent quelques minutes à ralentir leurs cœurs.
Leur métabolisme est déjà en train d’étudier les conséquences de la course.
Pour modifier leurs muscles et leurs cœurs, si une chasse si rapide était encore prévue.
Une fois reposés, les deux créatures extra-terrestres commencent leur partage.
Aucun n’est privilégié. Le principe de rationnement n’existe pas.
Deux chasseurs, deux portions égales.

Les Zergling s’arrêtent soudain.

Près d’ici, un bruit. Étranger à la forêt.
Une nouvelle proie ou un nouveau prédateur ?

Sons inconnus. Danger ?

Se cacher ? Vérifier ?

Terrier à protéger.

Une balade en forêt, voilà qui remettait toujours d'aplomb ! Cette forêt était magnifique et me rappelait celle de ma ville natale. Bien que, pas armée je ne m'étais pas inquiété du danger qui pouvait rôder autour de moi. Bien que moins puissant qu'avant, ils étaient suffisant pour dissuader n'importe quelle bête de m'attaquer par surprise.

Au début je ne faisais que flâner un livre à la main, mais rapidement je me suis mise à dessiner la faune et la flore que je voyais et collectait certaine feuille que je coinçais entre deux pages. Je commençais un herbier en quelque sorte. Je dessinais une nouvelle espèce que je ne connaissais pas et je m'étais mise à chanter aussi. Très légèrement je n'avais pas envie de perturber le bruit aux alentour. Tout absorbé à mes dessins je n'avais pas vue les deux êtres s'approcher d'où j'étais et qui m'observait. Cette apparition me fit stopper mon action. Figer comme un poteau je repliais mes jambes sur moi et me redressait doucement.

En tant normal une bête sauvage aurait déjà tenté de faire une approche agressive à mon égard, mais pas ceux qui étaient devant moi. Un pas en avant très prudent me fit mieux deviner leurs formes. J'ouvris les yeux en grand ... On aurait dit Belius ! J'en fûs stupéfaite et surtout j'arrêtais de me raidir inutilement. Les deux êtres ne semblaient pas vouloir être agressif ce qui était tant mieux, je n'avais pas envie de me battre, pas tout de suite du moins.

-Qui êtes-vous ?

Phrase simple et clair, pas besoin d'en rajouter des tonnes je pense qui s'ils se mettaient à parler je pourrais espérer une autre issu qu'un éventuel combat.

La nouvelle créature est étrange. Deux pattes, mais ce n’est pas une peau blanche. Au sommet de son crâne, une cascade de feu, mais pas de danger apparent. Le son étrange provient de sa gorge. Elle s’exprime de la même façon que les Zergling : par le chant. Les deux frères passent quelques temps à l’observer récupérer divers végétaux qu’elle glisse dans un étrange objet.
Soudain elle s’arrête. Silence dans la forêt. Les Zergling sont repérés. L’étrange créature se redresse et esquisse un pas. Instinctivement, les griffes-antennes se relèvent, pour paraitre plus menaçants. Pas d’autre mouvement de la part des frères.

« -Qui êtes-vous ? »

Les jumeaux ont un léger mouvement de recul, surpris.
Un léger son étonné. Comme un grognement aigu.

La créature parle. Les souvenirs reviennent. Les seules créatures parlantes étaient les peaux blanches. Mais celle-ci n’en est pas une. De plus elle ne s’est pas exprimée en chantant. Un son plus monocorde qu’avant.

Les Zergling se consultent mentalement.

Être étrange. Ne chante pas toujours.

Ressemble aux peaux blanches.

Ne semble pas dangereux pour le terrier.

Approcher ?

Méfiance. D’abord chanter.

Les Zergling relâchent leurs muscles et les griffes antennes retombent doucement.
Puis fixent tous les deux la créature au crâne de feu.
Leur voix mélodieuse se fait alors entendre alors qu’ils gonflent leur gorge.

Zerg.
Nous sommes Zerg.

Qu’êtes-vous ?
Pourquoi êtes-vous là ?

Savoir. Puis agir en conséquence. Les Zerg, depuis leur indépendance en Entre-Monde, ont toujours fait ainsi. Cela les sauva plus d’une fois. Loin était l’époque où la menace croulait sous le nombre, qu’importe sa puissance.

On s'observait mutuellement, eux comme moi. Savoir qui nous avions en face l'un de l'autre c'était primordial ... Surtout si l'on voulais survivre en milieu naturel. Toujours sur mes gardes néanmoins je prit la peine de leurs répondre.

- [color=#330066]Zerg ? Enchanté Zerg. Je m'appelle Ysyhteha. [//color]

Un peu plus détendue par cette approche, j'ouvrit le livre que je tenais auparavant et le montra doucement à Zerg. Ouvert sur une double page, la première se trouvait une feuille d'arbre que je retenais par le bout de mon doigt et à côté se trouvait le dessin de la feuille représenté en tout point. Tout les détails y était consciencieusement dessiné.

-Quand à ce que je fait ici et bien voilà ... Je dessine, je reproduit ce que j'observe.

En temps normal je me serai à nouveau assise en tailleur, mais pour être honnête je n'étais pas encore tout à fait certaine des intentions des deux bestioles.

-Et vous ?

La créature les appelle Zerg. Pour les Zergling, le son sonne comme incomplet. Ils sont Zerg. Mais pas seulement. Comme si l’on nommait une fougère « plante ». A la fois correct et imprécis. Les Zerg sont à la fois légions et individuels. Le paradoxe de la Nuée. Le nom donné par les Xel’Naga désigne à la fois « la forme de vie parfaite », l’ensemble de la race et un individu au sein de la population.
La créature se nomme. Yshyteha. Un nom étrange. Un son à la fois harmonique et dur à chanter. L’esprit jumelé grave l’information dans le crâne des Zergling. Yshyteha est une race pacifique et chantante. Le principe de nom n’existe pas chez les Zerg. L’Overmind ne nommait pas ses ouvriers. Il leur donnait des ordres. Et ils obéissaient. Pourquoi auraient-ils eu besoin d’un nom ?
L’Yshyteha tend une de ses pattes supérieures pour présenter aux Zergling un livre. Un objet inconnu pour les jumeaux. De nombreuses questions fusent dans l’esprit combiné.

Quel est son but ?
Quelle utilisation ?
Est-ce létal ?

Lorsque la créature au crâne de feu ouvre les pages, les Zergling bandent leurs muscles, prudents. L’inconnu est un danger potentiel. Mais le livre ne semble pas leur vouloir quelconque querelle. L’Yshyteha montre du bout de sa patte un morceau des Géants Immobiles qui est posé sur la surface blanche. Et de l’autre côté, un autre morceau de Géant Immobile, gris et sans vie cette fois. L’Yshyteha aurait-elle un pouvoir de maîtrise sur la vie au point de l’enfermer dans cet étrange objet ?
Les Zerg s’interrogent, plus méfiants à présents. Peuvent-ils aussi finir emprisonnés dans l’objet de l’Yshyteha ? Celle-ci explique qu’elle « dessine, reproduit ». Les Zergling n’ont aucune idée de ce que cela signifie. L’Art est un terme incompréhensible. L’idée même de la beauté n’existe pas. Ces aliens insectoides sont taillés pour la guerre.
Les Zerg sont désormais un peu nerveux, partagés entre la protection de leurs vies et de leur foyer en attaquant cette créature qui « dessine » ou en apprendre plus sur cette race mystérieuse capable de copier un simili de vie dans un objet.

Sensation étrange.
Pas de forme. Pas de vie.

Utilité ?

Inconnue.

Le chant prend une tournure étrangement joyeuse quand ils prononcent la dernière phrase. Puis, sans quitter les yeux l’Yshyteha, l’un des Zergling penche sa tête de gauche à droite mécaniquement, curieux. Il descend son regard du visage de la créature avant de fixer le livre. Le but de l’objet est incompris. A-t-il un quelconque but informatif ?

Incompréhension. Comment une race intelligente peut-elle ne pas connaitre la Nuée ? L’esprit jumelé tourne, et retourne la question sans parvenir à quelconque réponse. La race Zerg a conquit des centaines de mondes à travers l’immense Vide Froid qui sépare les planètes. Comment celui-ci a-t-il pu échapper aux yeux de l’Overmind ? Bien que 12 ans se soient passés depuis leur arrivée ici, les Zergling pensaient toujours retrouver une Nuée pour retrouver la sérénité et le confort du Mucus.
Leur voix mélangée reprend, d’un ton étrangement patient, comme pour expliquer une chose basique, ou un fait avéré.

« L’ensemble des Races.
Les Crocs, les Griffes et les Ailes.
Les Ordres. La Guerre. L’Unité.
Voilà ce qu’est la Nuée.
Notre raison d’exister. »

Le ton est calme, mais derrière cette intonation se cache la volonté de retrouver l’immense fourmilière que forme une Ruche Zerg. Un immense être Organique semi-éveillé dans lequel courent, rampent et volent des centaines d’espèces différentes toutes vouées à une tâche : La défense, l’attaque, le processus d’évolution, la production de larve, la récolte, etc. Une ambiance malsaine, quel seuls les Zerg semblent apprécier. La race des Jumeaux est capable d’une redoutable ingéniosité, qui se moque bien souvent de la morale éthique dont peuvent être douées la plupart des espèces étrangères.
L’attention se concentre à nouveau sur l’Ysyhteha alors qu’elle explique le sens de « dessiner ». L’esprit fusionnel s’intéresse peu au coté artistique. Pour lui, le dessin est un moyen inefficace de partager une idée. Trop long, trop peu rentable. Il se félicite d’avoir doté les Zergling d’un moyen de communication bien plus performant, basé sur celui des « Êtres-Humains ». Une telle amélioration est inutile pour les deux frères. Mais dans le chant de l’Ysyhteha, un morceau de phrase reste. « Montrer à d’autres personnes. »


Peut-être utile pour chercher Nuée ?

Peut-être.
Si autres Ysyhtehas avoir croisé autres Races.

Possibilité de retrouver l’Overmind !


Les deux frères lèvent soudainement le regard en direction du visage de l’Ysyhteha. Un regard empli d’une volonté nouvelle qui, du à la forme du crâne et aux rangées de dents aiguisées, peut passer pour un regard de bête sauvage. La voix fusionnelle résonne à nouveau, accentuant l’aspect physique désagréable des jumeaux.

« Ysyhteha. Votre peuple a-t-il déjà croisé les Zerg ?
Votre dessine a-t-il déjà « reproduire à l’identique » une de nos Races ? »

"Les ordres, la guerre, l'unité"

Trois petits mots qui en disait long finalement sur la nuée ... Une nuée guerrière ... mais avec qui ? Tant que je ne le savais pas, je me risque à ne me juger que sur les zergs et leur attitude envers moi, qui jusque là était amicale. Par contre leurs regain soudain m'étonna un peu et j'ouvris grand mes yeux d'étonnement avant de réfléchir.

-Euh ... à l'identique peut être pas ... Et pas dans ce monde malheureusement. Par contre dans le monde d'où je vient, seule deux espèce aurait put se rapprocher de vous ... Mais j'en suis désolée pas à l'identique.

Un peu triste pour eux je me décida à leurs dessiner quand même les deux êtres auquel je pensait. Des bestioles de mon monde loin d'être amicale, toujours à chercher la rixe à des aventuriers. Assez concentrée à dessiner le plus rapidement possible les deux être, j'avais dégainer mon crayon et mon calepin rapidement. Tête baissé et le regard concentré je ne remarquait pas leurs actions.

- Voici pour ceux auquel j'ai pensée. C'est vrai qu'ils ne vous ressemble pas en totalité, mais peut être qu"une des deux pourrais avoir votre souche non ?

Une fois terminé je le présente le fruit de mon travail d'une main, tout en faisant travailler mes doigts de l'autre main car avoir dessiné aussi rapidement m'avais donné comme une petite crampe.

La réponse est vague. Mais négative. Les Zergs se désintéressent alors de l’Ysyhteha. Si sa race n’a pas vu de Zergling, alors les Zerg n’existent pas dans les mondes qu’elle a traversé. Le Zergling est la créature de guerre la plus indispensable. Faible, mais en surnombre. Des villes entières ont été rasées sous les assauts ininterrompus des guerriers biologiques. Les mondes contaminés entendent rapidement parler des Zerg, et si non, c’est qu’ils n’ont pas la puissance technologique pour lutter contre la Nuée et sont réduits à néant.
Quant à la possibilité d’un rapprochement, il est impossible qu’un Overmind puisse s’amuser à changer l’apparence de ses Zergling. La forme actuelle est la plus développée. La plus perfectionnée pour la bataille. Dans l’univers des Zergling, toute la galaxie sait quelle menace ils représentent. Le fait que l’Yshyteha n’ait pas attaqué dès le départ ou fuit devant les Zergling explique son ignorance.

L’esprit jumelé glisse doucement l’idée que depuis leur arrivée « les jours d’avant », ils n’ont pas ressenti une présence mentale familière. Les Zerg ne comptent pas le temps, ils ignorent que cela fait désormais 12 ans qu’ils sont dans ce monde. Pour l’esprit Zerg, la disparition de la présence de l’Overmind est « avant ». Les retrouvailles avec la nuée, « après ». Leur rencontre avec l’Ysyhteha, « Maintenant ». Et ce maintenant appartient déjà au passé. Les Zergling s’éloignent déjà de la clairière.
Mais l’être au crâne de feu leur adresse encore un chant. Les deux Zergling se tournent. Et malgré leur désintérêt commun, l’aspect de la créature sur le carnet les pousse à venir plus près, les lames d’os frôlant presque l’Ysyhteha lorsque qu’ils se replacent devant le dessin.

Ressemblance. Mais à quelle Race ?

Ni Sctutalisk, ni Ouvrière.
Ni Hydralisk, ni même Messylisk.
Surement pas Mutalisk. Encore moins Reine.

Semble ne pas être Zerg. Inintéressant.

Mais si nouvelle Race ?

Un bruit sec se fait alors entendre. Un claquement. Les Zerg savent déjà de quoi il s’agit. Un Être-humain en chasse. Contrairement aux Zergling, il n’utilise pas son corps, ce qui le rend repérable de loin. Un seul Chasseur n’est pas dangereux. Mais il peut découvrir le Terrier. Les jumeaux cessent immédiatement leur contemplation pour se retourner sans un mot et courir vers la forêt. L’un des deux s’arrête tout de même et pendant un instant se retourne vers l’Ysyhteha. Le deuxième Zergling s’arrête un peu plus loin, regarde lui aussi la créature au crâne flamboyant. Puis son frère. Et les deux disparaissent dans la nature avec un léger bruissement. L’esprit Zerg étudie l’idée du dessin. Cette capacité peut être utile aux Zerg, le temps de leur recherche ? Il en doute. Mais l’Yshyteha leur a apprit une chose. L’Overmind Zerg ne semble pas connaitre ce monde. Aussi, il est temps pour les jumeaux de chercher un moyen de revenir dans leur univers. Ce monde brûlera quand la Nuée reviendra.




Quelques temps plus tard, les claquements s’accélèrent. Puis se taisent. Le silence retombe sur la clairière. Les Zerg ne reviennent pas dans la clairière. Leur route pour retourner sur Charr a débuté.

Spoiler: