[Dun] Premier contact.

La faille soufflante.
A la fois crainte et respectée.
Depuis toujours gardienne. Bienveillante protectrice.

Aujourd'hui affaiblie, une balafre d'acier la scinde et la traverse.
Une insulte à ce monde. La preuve que les Étrangers ne respectent rien.
Et pourtant ce n'est pas un étranger qui foule cette blessure en ce jour.

Le pèlerin blanc traverse à la nuit tombée.
Emplit de respect et d'appréhension.
Ce vent siffle comme un rappel.
Il plonge dans l'inconnu.

L'inconnu fait toujours peur.

Seulement le frère de la Silnà refuse de se laisser submerger.
Il n'envisage pas un seul instant de faire demi-tour.
Le jeune homme foule le sable de ce désert rocailleux et vaste.
Et ses yeux sont fixés à l'horizon.

Sire, je viens vous chercher.

Cette nuit là fut particulièrement froide. Zak ne frissonna pas.
Le jour amena la fournaise. Zak n'en souffrit pas.
Le temps amena la soif et la faim. Zak continua.

Ce désert est-il sans fin ?

Les jours se succédèrent et les vivres vinrent à manquer.
L'eau depuis longtemps consommée.
Le pèlerin blanc soumis à rude épreuve.

Est-ce un mirage ?

Devant lui un lac apparaissait et grandissait devant lui.
Sur l'autre rive une ville ou un village.
Mais était-ce bien réel ?

Avec la démarche d'un automate, le frère de la Silnà s'approcha de la rive.
Il tomba à genoux mais n'osa pas porter ses lèvres gercées jusqu'à l'eau.
Incapable de différencier réel et mirage. Il demeurait pétrifié.

Le vent fit son entrée.
Effleurant la peau sèche et pleine de poussière.
Soulevant des cheveux alourdis par le sable du désert.
Faisant claquer des vêtements blancs devenus gris.

L'enfant de la citadelle des muses ne vit pas cette inconnue l'approcher.
Ses sens oblitérés par la fatigue. Son esprit incapable de la moindre pensée.
Il était à bout de force, mais du moins était-il en vie.

Je l'ai vu de loin dans un premier temps, j'achetai des herbes à un villageois, j'essayais de négocier et en le voyant, j'ai tout laissé en plan, me préoccupant plus que de lui et de son état.
Depuis que je me sentais mieux, mon don était plus sous contrôle, par contre, quand c'était du gros, du lourd, là, je le sentais dans toutes les parties de mon corps, de mon âme.

Alors, sans un bruit, je m'approche, je sais qu'il souffre, je dois l'aider, comme le veux ma nature, c'est ce que je suis, je n'y peux rien. je pourrai passer mon chemin, ignorer, mais ce serait comme si j'oubliai ce que je suis au fond.
Silencieusement je m'agenouille, je cherche un mouchoir dans ma poche, je le trempe dans l'eau et l'approche du visage de l'homme. Le vent semble être encore de la partie, c'est chose commune ici, mais je m'y suis habitué, au départ ça a été dur, surtout que le vent et la chaleur, c'est pas forcément une bonne combinaison.

"Il faut vous hydrater un peu."

Je ne parle pas trop fort, je ne sais même pas si il va me comprendre, je lui tend juste le mouchoir, comme pour l'inviter à le passer sur son visage et sur ces lèvres que je vois gercées jusqu'au sang.

"Me comprenez vous?"

Déjà commencer par là, après, j'évaluerai le degré des blessures, mais le plus important,n c'était l'hydrater, car sans eau, le corps n'est rien et ça, depuis que je suis avec Suhel, je m'en rend compte plus que jamais.

Je regarde autour de moi, les gens semble habitué et ne s'arrête pas, je pense alors à cette petite baraque que je loue au paysan pas loin, le temps de mon passage ici, peut être pourrai-je le porter là-bas par la suite? Oui, c'est une idée.
Je le sens faible, très faible, mais je n'ose pas faire un geste vers lui, de peur qu'il l'interprète mal, autant y aller doucement et surtout voir si il me comprend.

"Pouvez-vous me parler?"

Zakariann prit machinalement le mouchoir.
D'où était-il sorti ? Qui le lui tendait ?
Son esprit était à des lieues de ces considérations.
Il apposa le tissus sur ses lèvres.

L'eau se mêla au sable.
L'eau se mêla au sang.

Et depuis les lèvres gersées, elle s'infiltra.
Elle s'insinua jusqu'au plus profond de son être.
Elle ralluma une étincelle de lucidité dans les yeux de Zak.

Le pèlerin blanc retrouvait doucement la conscience du monde.
Ses yeux se posèrent sur la femme aux cheveux blancs.
Ses oreilles accrochèrent le murmure de sa voix.

Les idées du frère de la Silnà sont encore confuses.
Le voile brumeux qui envahissait son esprit s'étiole pourtant.
Peu à peu, il redevient maître de son esprit.

Il ne reste plus qu'à trouver le Sire.

Première pensée d'un obstiné.
Seul objectif d'un exil.
Seule condition pour retrouver les siens.

Comprendre la langue de la femme n'eut rien de compliqué.
Une langue. La même. Zak s'en félicita.
Et il voulu répondre à sa bienfaitrice.

Aucun mot ne sorti de sa bouche.
Aucun son n'emplit les airs.
Aucune parole ne fut formulée.

Ma gorge est en feu !

Alors le frère de la Silnà pris son mal en patience.
Espérant que cette femme ne s'en offusquerait pas.
Il communiqua par signe. Le plus clairement possible.

Il la saluait.
Il la rassurait.
Il la remerciait.

Ensuite, il s'approcha du lac.
Ses mains firent office de vasque.
Et l'eau il déversa.

A petite gorgées, il bu.
Pas trop à chaque fois.
Mais souvent.

Et lorsque enfin il put parler.
Il plongea son regard azur vers cette femme.
Et un simple mot sorti.

Merci.

Un mot qui fini de ramener le pèlerin dans la réallité du monde.
Et avec elle s'abattit la fâtigue.
Son corps entier n'aspirait qu'au repos.

Il me comprend, je l'ai vu et quand sa voix s'éleva, je sentis une certaine fragilité, dû sans doute à la fatigue et je fut rassurée sur un point: il était encore conscient de ce qui l'entourait. Je le vois boire et le laisse faire, je sors de mon sac un morceau de tissus, un autre mouchoir, je le trempe dans l'eau et cette fois, je viens le poser sur sa nuque, pour que ça le rafraîchisse doucement.
Depuis quand est-il comme ça? Sûrement des jours à en voir l'état, je prend une inspiration pour ne pas me laisser envahir par le ressentit de ces maux et je l'aide à s'asseoir, parce que là, il ne va pas tenir longtemps debout:

"Je vais vous aider, si vous me le permettez."

En même temps, je ne vais pas lui donner trop le choix, je regarde autour de moi, il faudrait de l'ombre, de la fraîcheur, il faut qu'il se réhydrate et pas seulement juste avec de l'eau.
Je farfouille d'une main dans mon sac rouge, mon bon vieux sac toujours fidèle, je ressors mon kit de voyage et prend le gobelet. Dans un geste, je le remplis d'eau, et extirpe toujours d'une main, puisque l'autre reste dans son dos histoire de le maintenir si il tombe, un sachet de plante, je connais tellement comment mon sac est rangé que je le trouve sans soucis.
Je mélange le contenu du sachet à l'eau et le tend à l'inconnu:

"Je suis guérisseuse alors n'ayez crainte, c'est un peu de jojoba, ça aidera à réhydrater votre système... Je demeure pas loin, si vous êtes d'accord j'aimerai vous y conduire, je pourrai ainsi m'occuper de vos blessures, si vous acceptez."

Je ne peux pas forcer quelqu'un à accepter mes soins, mais ne rien faire serait pas professionnel de ma part, puis vu comme je sens sa douleur et sa fatigue.
Je désigne d'un geste du menton la baraque pas loin, avant d'encourager l'inconnu à boire le contenu du gobelet:

"Je me prénomme Aliénor..."

Le frère de la Silnà boit.
Il écoute cette femme,
Lui obéit sans se faire prier.

Une guérisseuse.

La chance sourie à l'audacieux.
Et de l'audace, il en avait fallut.
Quitter son foyer, traverser la moitié du Monde.

Des blessures ?

Zak pris le temps de s'écouter.
L'origine des douleurs...
Des crampes, beaucoup...

Rien de bien méchant.

Il passe une main sur sa nuque.
La douleur qui irradie est toute autre.
Une brûlure. Plusieurs en fait.

Pas de celles causées par le soleil.
L'astre qui brulera la peau d'un des sien n'est pas né.
Une brûlure due à un frottement répété.

Collier et bracelets,
Tous d'argent faits.
Ont laissés chacun leur trace.

Un corps à l'image de mon âme.

Pas un jour ne s'est écoulé sans que lui manque les siens.
Une brûlure née de la séparation, nourrie par la distance.
Mais le pèlerin blanc la savait nécessaire.

J'accepte... volontiers, Aliénor.

Parler était encore douloureux.
Du temps et de l'eau arrangeront cela.
Souffrir ne e faisait pas peur à Zak.

Zakariann Al'Silnà, pour vous servir.

Encore un peu fébrile, l'homme se leva.
Tout son corps protesta, mais il tint bon.
Debout par la seule force de sa détermination.

Zakariann Al'Silnà... Au moins il est suffisamment conscient et se souvient de son nom, donc cela nous montre que ces capacités sont intactes, tant mieux.
Mais les douleurs sont bien là, je les sens. Je lui offre un sourire, comme pour compatir et je lui saisis le bras, histoire qu'il ne tombe pas au sol.

"Attention, attendez, je vous tiens."

Je glisse mon bras sous le siens et je l'accompagne dans les pas qu'il fait, je désigne du menton la petite baraque, on va y aller doucement, il accepte mon aide et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.

"Vous êtes déshydrater et ce très fortement. Je vais m'occuper de vous."

Je le mène doucement, je lève les yeux au ciel, cette chaleur est vraiment étouffante, je sens la sueur dans mon dos couler, heureusement mes cheveux sont attachés, ça évite déjà une autre source de chaleur. pour le coup, j'en viens à me demander comment Suhel faisait pour vivre ici.

"C'est l'endroit le plus dur à vivre que j'ai visité. Cette chaleur, j'y suis vraiment pas habituée."

Essayé de garder toute son attention, nous marchons à son rythme, la maison se rapproche de nous, j'ai bien hâte de pouvoir l'étendre un peu, de m'occuper de lui et de soulager ces maux, comme je sais le faire, comme on m'a apprit.

"Vous venez d'où?"

Spoiler:

Quelques pas de plus...
Si peu et pourtant tellement.
L'aide d'Aliénor était la bienvenue.

Si Lars me voyait, il pourrait en mourir de rire !

Un sourire s'esquisse sur le visage du pèlerin.
Le même qui accompagne le souvenir des siens.
Chaleureux et triste. Mélancolique.

Chaud ? Oui, mais supportable... avec de l'eau.
Comme tous les siens, Zak pouvait encaisser bien pire.
Le frère de la Silnà ne dirait cependant pas non à un peu de fraicheur.

Ce qui importe n'est pas d'où je viens, mais où je vais.

Une question anodine.
Une réponse évasive.
Un secret préservé.

Plus tard, il pourra citer ce hameau sans devoir mentir.
Le pèlerin ne voulait pas mentir, surtout pas à celle qui l'a sauvé.
Mais qu'arriverait-il si la vérité éclatait trop tôt ?

Qui de ces étrangers voudraient le tuer ?
Qui essaieraient de l'empêcher de trouver le Sire ?
Qui irait en toucher deux mots aux "Dieux" de ce monde ?

Et notre espoir volerait en éclat.

Ni vanité, ni orgueil n'orientait les pensées du pèlerin.
Seulement un sentiment profond de fragilité.
Le peur de voir une quête prendre fin avant qu'elle ne commence.

Alors ne rien dire.
Ne pas mentir.
Sourire.

Un environnement rude forge de rudes caractères.
A quoi êtes-vous habituée ?

Le ton de la conversation.
La curiosité d'un être insatiable.
Nulle offense, nulle brusquerie.

Nous y voilà. Facile !

Appuyé contre un mur à regarder en arrière.
Le souffle court et la bouche meurtrie.
Le jeune homme libéra Aliénor de son fardeau.

Mais que fussent profondes les douleurs,
Que fussent lourdes les peines,
Zak à ce moment était juste heureux et fier.

Heureux d'être en vie pour continuer sa quête et voir un jour son enfant à naître.
Fier non pas d'avoir parcourus la moitié du monde et un désert, mais de ces quelques pas.
Et reconnaissant aussi. Envers cette femme qu'il regardait de ses yeux au pétillant retrouvé.

Ce qui importe n'est pas d'où je viens, mais où je vais. C'était digne d'une réponse d'Eö ça et cela me fit légèrement sourire.
C'est sur que parfois, il vaut mieux ne pas garder de souvenir d'où l'on vient, ça évite bien des tracas. On arriva à la petite maisonnette que j'habitais, il me libère et s'appuie contre le mur, il semble un peu mieux mais toujours aussi déshydrater et fatigué.
Je fouine dans mon sac et en ressort ma clé, j'ouvre la porte en lui répondant:

"De la grande ville, d'Entre Monde. C'est là-bas que je vis. Mais avant cela j''étais dans un petit village à l'ombre de la forêt d'Ing."

Je pose mon sac et revient vers lui je le prend de nouveau par le bras et doucement je l'amène à l'intérieur. D'un coup de pied, je referme la porte, l'air est plus frais, merci la technologie et les climatiseurs! La maisonnette est toute simple, j'avais pas besoin de plus. Le lit est dans le fond de la pièce et je l'amène là-bas, avant de l'allonger avec des gestes doux et calculés.

"Il n'y a pas que l'environnement qui forge le caractère, les aléas de la vie aussi, bien malgré nous des fois."

Je lui offre un sourire avant d'aller vers la petite salle de bain, je prend une bassine qui s'y trouve et la remplit d'eau avant de revenir et de la poser au pied du lit, puis, je retourne vers mon sac et en sort quelques petites choses qui vont m'être utile.
Je reviens vers lui avec mes baumes, mes herbes et plantes je les poses sur la table de chevet avant d'aller vers la cuisine, de remplir un grand verre d'eau et de nouveau de retourner vers l'homme allongé:

"Tenez, il faut vous hydrater c'est le plus important..."

Je pose le verre sur ces lèvres craquelés et le force un peu à boire tout le contenu.
Il s'arrête au milieu pour reprendre sa respiration et je l'encourage à finir le verre en entier avant de le reposer sur la table de nuit et de prendre l'un de mes baumes:

"Je vais mettre un peu de se baume sur vos lèvres, ça aidera à leur hydratation."

J'ouvre le pot en dépose une noisette sur le bout de mon doigt et dans un geste doux, je l'étale sur ces lèvres. Une fois fait, je me redresse et m'assois sur le rebord du lit:

"Comme je vous l'ai dis, je suis guérisseuse... J'ai une particularité c'est que je ressens la douleur des gens... Alors, je ressens la vôtre en ce moment même... Acceptez vous mon aide?"

Le tout est avec mon don, de mettre en confiance, ruer dans les brancards n'aidera pas donc autant la jouer comme ça.
Je me baisse et trempe le tissus dans la bassine d'eau que j'ai ramené et je le tamponne sur le visage de l'homme, attendant sa réponse.

Se laisser faire.
Suivre le courant.
Lâcher prise.

De l'air frais, de l'ombre et un lit.
Zakariann n'aurait rien de mandé de plus.
Pourtant Aliénor s'évertuait à le panser.

Cela troublait le frère de la Silnà.
Il n'avait pas envisagé ainsi les étrangers.
Aussi simples... Aussi avenants.

Il y a peu de chances qu'ils soient tous comme elle.

Une pensée pour se convaincre.
Se persuader que son chemin est juste.
Se conforter dans une idée profondément ancrée.

Ce monde doit redevenir notre.

Et pourtant cette femme l'aidait.
Le ferait-elle si elle savait ce qu'il était ?
L'aurait-elle sauvé ?

L'épargnerai-je si le massacre ne peut être évité ?

Zakariann était fermement décidé à éviter tout bain de sang.
Obliger les dieux à rouvrir les miroirs. Renvoyer les étrangers chez eux.
Cependant, ces décisions ne lui appartiendraient nullement.

Que ferais-je si le Sire nous ordonnait de les tuer jusqu'au dernier ?
Que se passerait-il si les 'dieux' nous poussaient à l'affrontement ?

Le pèlerin blanc avait peur.
Peur de découvrir la réponse à ces questions.
Peur jusqu'au plus profond de lui... de les connaître déjà.

Le frère de la Silnà baissa les yeux.
Son corps endoloris, moins que son âme.
Il porta la main à son pendentif.

Le manque de sommeil se faisait sentir.
Incapable de penser clairement,
C'est à peine s'il entendit la question d'Aliénor.

Le silence emplit la maisonnette pendant quelques secondes.
Il prit le temps de remettre de l'ordre dans ses pensées.
Finalement, Il la regarda et lui sourit.

Je pensai avoir déjà accepté cette aide...
Mais on parle d'autre chose maintenant n'est-ce pas ?

Une question qui n'attendait aucune réponse.
Une évidence à peine voilée de mystère.
L'on entrait dans un domaine qu'il n'aimait guère.

Je... J'accepte votre aide... dans sa totalité, mais à une seule condition.
Ne mettez pas votre santé en péril pour moi.

Au sein de son peuple, la magie était cruelle amante.
Donnant bien peu et prenant beaucoup.
Un don, une malédiction, ou bien les deux ?

Je ne saurais dire.

Et le pèlerin blanc se sentit las.
Si las de ne vivre l'instant présent.
Las de penser à un avenir incertain.

Comment est-ce... la grande ville ?

Zak était sûr d'une seule chose.
En cet instant il était maître de sa vie.
Peut importait combien de temps cela durerait.

A quoi bon s'en faire ?
Ce qui doit arriver arrivera.

Malgré la fatigue, la peur, les doutes.
La nature du frère de la Silnà jamais ne le trahirait.
Solide et optimiste il resterait.

Pourquoi être venue ici ?
Des questions... Toujours des questions.
Veuillez m'excuser.

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