[Stage I ] Première étape

Mais c’est qu’il peut s’en passer des choses dans ce stage dîtes-moi donc ! Voilà que Ravëfanwen vient se joindre à nous, en tant que Nix Nivis bien sûr.

« Ravi de vous revoir Ravëfanwen. »

Ayant bien entendu et compris toutes les remarques et nouvelle règle de Temari, je me reportai alors sur Ryner, adversaire et partenaire d’une certaine façon. Il avait écouté les conseils de Ravëfanwen et paraissait satisfait du changement… A mon grand bonheur.
Il commença à faire des cercles concentriques avec moi comme centre. Super ! Il vaut jouer à la roue du maître ou quoi ? Ce n’est déjà pas assez difficile d’apprendre à manier ce bâton, faut en plus qu’il me fasse ce coup-là ! Et pas régulier ces cercles en prime !

Bon il attend que j’attaque, très bien, de toute façon il fallait bien que j’apprenne à attaquer même avec cette arme.
Ne bougeant pas, laissant mes oreilles le suivre lorsqu’il passait derrière moi, j’attendis qu’il soit assez près et qu’il apparaisse dans mon champ de vision à ma droite avant de l’attaque le plus rapidement possible. Je le frappais à droite, à gauche, feintant à droite pour en fait frapper à gauche, haut, bas, diagonale, repoussant ses lames si besoin… Mes yeux ne quittaient pas les siens, essayant de deviner ce qu’il allait faire.

Son épée récupérée, Uriel fulminait silencieusement. De quel droit cette greluche arrivée de nulle part le reprenait-elle comme un enfant désobéissant ? Il n'y avait pas si longtemps, il tuait des humains pour moins que ça. Il fut bien aise que Temari la reprenne assez vertement, la dragonne écervelée marqua un point chez lui pour ce coup-là. (Parce que pour tout ce qu'il s'indignait sur son orgueil blessé, il ne se serait pas énervé lui-même contre l'elfe. Il avait beau apprendre tout juste par quel bout manier une épée, il avait vu assez de combattants dans sa vie pour ne pas défier celle-là. Des fois que.)

Il était assez énervé pour repartir à l'assaut de sa partenaire sans plus trop se soucier qu'elle ait une arme ou pas, surtout qu'il était à présent manifeste que l'omission était voulue. Il évita sans trop de mal la jambe de la jeune femme qui cherchait à le piéger, et eut même un sourire satisfait. Ça lui rappelait le bon vieux temps, les humains qui se liguaient à plusieurs contre lui et qui utilisaient tous les coups bas pour tenter de triompher.

Et puis la queue de la dragonne le cueillit dans le creux des genoux, et alors qu'il s'étalait de tout son long sur le sol de l'arène, il se rappela de deux choses très importantes. Premièrement, son adversaire n'était pas humain, et ne le serait pas si souvent que ça en Entre-Monde ; et deuxièmement, il n'était plus capable de faire frire d'un coup de foudre toutes les créatures dans un rayon de deux cent kilomètres. Ça faisait plutôt mal de l'oublier (mal à l'orgueil, et aussi au reste).

"Bien joué" grogna-t-il de mauvaise grâce en se relevant, sans traîner histoire de ne pas énerver la mini-dragonne qui s'agitait plus loin.

Au moins il n'avait pas lâché son épée... mais il avait du sable partout dans les cheveux, maintenant, quelle barbe. Résistant à l'envie de se repeigner, il amorça une nouvelle attaque vers Drayna. A présent il essayait de surveiller griffes, jambes, ailes et queue en même temps, et c'était pas de la tarte. Il tenta une feinte, anticipa l'esquive de la dragonne et essaya de la faire trébucher comme elle l'avait tenté plus tôt avec lui.

Ah, une de mes feintes avait porté ses fruits ! Je réussi à abattre mon bâton sur son avant-bras, après qu’il est paré plusieurs de mes attaques. Je risque de me faire incendier car c’était moi qui attaquais, mais je n’avais pas vraiment le choix…
La parade avec sa dague n’était pas une très bonne idée apparemment, même si on pouvait avoir une meilleure prise avec une lame plus courte, pour stopper un coup assez puissant… Elle ne paraissait pas appropriée.

Le fait que je touche son avant-bras gauche, fît naître un sourire sur les lèvres de mon… coéquipier, pour je ne sais quelle raison. Sourire suivit d’un regard assez froid, planté dans le mien… Je ne le sentais pas là… Il va me préparer quelque chose.

Il jeta un regard rapide à droite, ce qui me fît réagir et je m’apprêtais donc à parer une attaque à droite. Cependant, l’attaque vint de la gauche, avec son cimeterre, attaque diagonale de bas en haut… N’ayant pas encore les réflexes pour ce genre de feinte, ma réponse fût trop lente, ce qui eut pour conséquence que le cimeterre frappa mon bâton, qui se retrouvait au-dessus de ma tête à cause de la force de frappe.
Voyant arriver sa dague, sur la droite, attaque horizontale, une idée de parade m’était venue à l’esprit en un éclair. Pas le temps de réfléchir à autre chose, la première idée est souvent la meilleure. Mise en application ! Avec mon bâton au-dessus de moi, je cherchai à pousser son mouvement pour le faire aller plus vite et le ramener vers lui, tout en tournant sur moi-même pour donner plus de force à ce mouvement. Et aussi pour faire une sorte d’esquive.

Je ne savais pas si sa dague serait assez déviée ou non, je l’espérais, en tout cas, je ne comptais pas attaquer de nouveau. A son tour, moi je m’exercerais à la défense, ayant l’arme pour.

Ravëfanwen faisant les présentations, elle n'avait pas remarqué une petite dragonne-humainement identifiable à cet instant- faire des bonds dans son dos... La petite entraineuse improvisée toujours aussi excentrique et zélée comme jamais s'était trop pris au jeu.
Elle levait les poings, hurlait en silence des "mords lui la tête ! Vas-y ma fille tu vas pas laisser un poulet te mâter !". Oubliant sa place sur le banc de touche elle ne put s'empêcher de lâcher :

-Fais lui bouffer son slip !

Impossible de dire si elle encourageait Noryan, Ryner, Drayna ou Uriel...
Son éclat de voix fut aussitôt accueillit par un drôle de grondement. Suivi par des caquètement rauques. On aurait dit, il faut l'avouer, une poule shooter aux stéroïdes. Ou plus exactement, un poulailler !
La porte ouverte menant aux coulisses de cette scène d'entrainement eut tôt fait de leur révéler la source de ce vacarme. Un groupe de quatre beaux oiseaux de deux mètres trente de haut allèrent gambader joyeusement sur le sable. Affamé/affolé (l'un ou l'autre le résultat étant identique) leur première mesure de survie fut de fondre sur le groupe.

-Bouquet final de la première étape en avance sur l'heure ! Enfin ça va swinger !

La Druchii était de moins bonne humeur. Évitant avec souplesse la griffes énorme de l'un des carnassiers, elle fila droit vers les portes et les referma derrière elle avant qu'une autre flopée de ces oiseaux du jurassic ne vienne s'installer dans l'arène.
Pendant que l'elfe s'occupait de faire le ménage dans les nébuleux couloirs de son Colisée, Temari et ses apprentis gladiateurs allaient devoir se débrouiller face à ces drôles de bestioles.

La dragonne eut la bonne idée de cracher un dernier :

-Banzaiiii !

En fonçant tête baissée vers l'un des oiseaux.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais... En clair, ayez un peu plus de jugeote que la demoiselle qui n'apprécia pas beaucoup de retrouver le plancher des vaches -à l'envers- quand l'oiseau lui rappela que sous cette forme, elle faisait un mètre soixante les bras levés... C'est tout de suite moins drôle, n'est-ce pas ?

Uriel venant de se casser assez spectaculairement la figure (il maintenait que c'était le vocabulaire affreux de Temari qui lui avait faire perdre sa concentration...), il se relevait dignement, en brossant une peluche imaginaire de l'épaule de sa veste, quand un bruit de mauvais augure et des cris attirèrent son attention. Il se retourna pour voir un énorme oiseau fondre sur lui, perdit une demi-seconde à rebooter son cerveau paralysé par la panique, et n'eut que le temps de plonger sur le côté pour l'éviter. Il se retrouva à nouveau allongé par terre, cette fois sur le ventre, et aperçut un peu plus loin la mini-dragonne qui subissait un sort similaire. Super, donc même l'instructrice se faisait aplatir par le "bouquet final" !

"C'est une blague ?!" lâcha-t-il, incrédule, juste avant de voir son assaillant décrire un demi-tour dans le sable de l'arène et foncer à nouveau sur lui.

Il se releva d'un bond, plus rapide qu'il ne l'avait jamais été face à Drayna. L'animal était si grand que son ventre duveteux devait arriver aux épaules de l'ange, et si, objectivement, il était probablement assez beau, pour l'instant il n'avait rien d'une jolie peluche. Les premiers réflexes d'Uriel furent, dans l'ordre, la fuite et la foudre. Mais alors qu'il envisageait sérieusement de balancer une bonne décharge au piaf, il se rappela qu'il avait une épée dans la main pour une bonne raison.

Il la leva juste à temps pour dévier un coup de bec. Le bec glissa sur la lame avec un crissement désagréable et manqua de peu l'autre bras d'Uriel. Agacée, la grosse peluche leva une patte pour griffer ses jambes, et il dut reculer en catastrophe. Bon, ok, il allait essayer de la jouer à l'épée. Mais si la bestiole prenait le dessus, il n'hésiterait pas à lui lancer un bon coup de jus ! En attendant, s'il pouvait juste essayer d'attaquer ses jambes... Elles étaient ridiculement longues, mais très fines.

Priant pour qu'un autre des oiseaux ne décide pas de l'attaquer par derrière, il se pencha pour essayer de passer sous la garde de l'animal.

Mais… mais… qu’est-ce que c’est que ces trucs-là ?!! Si ça c’est l’étape suivante, je ne veux pas voire l’étape finale… ça promet ! Sur ce, il faut que je m’occupe de ces espèces d’oiseaux archaïques. Je me demande bien comment je vais m’en débarrasser avec un bâton comme arme. L’imagination va être de mise, je le sens ! Au moins, on peut dire qu’on ne s’ennuie pas avec ce type d’entraîneuse… Alors c’est parti !

Je ne savais pas encore vraiment ce que j’allais bien pouvoir faire, mais je courais en direction de l’un des piafs, et m’arrêta à bonne distance.

« Hey ! L’emplumé, regarde par-là ! »

Peut-être pas très intelligent, mais en tout cas, il réfléchit vite. A peine ses yeux posés sur moi, qu’il se tourne complètement pour me charger. Mon arme dans les deux mains, j’attendais qu’il soit à porter, élaborant ma stratégie au feeling. L’oiseau ouvre son bec afin de m’attaquer, mais il n’en eu pas le temps, car dès qu’il fut rentré dans la portée de mon arme, l’empoignant au bout, je m’en servis telle une matraque pour lui assener un coup horizontal en pleine tête !
L’oiseau parti sur le côté, un peu déstabilisé. C’est alors que ç’a fait tilt dans ma tête.

*Placé au bon endroit, ça peut être intéressant.*

Mais pendant que j’étais dans mes réflexions, le piaf avait retrouvé ses esprits et s’était jeté sur moi, m’envoyant à terre. Dos au sol, le bâton dans une main, je vis alors l’animal qui s’apprête à abattre son bec, ouvert, sur moi. Je lève mon bâton, le prenant à deux mains et le logea dans le bec de l’oiseau, l’arrêtant non loin de mon visage. Sympa, son halène ne sent pas la rose… Et maintenant ?

L’oiseau se débattait pour essayer de m’atteindre, moi aussi mais plus pour le repousser. Je réussis à repousser sa tête juste assez de temps pour retirer mon bâton de son bec. Sans attendre qu’il repasse à l’attaque, je roule sur le côté. Bonne idée, car j’entends peu après son bec se planter dans le sol. Je pris mes distances le temps qu’il se relève et réfléchis à la prochaine attaque.
Le piaf m’ayant en ligne de mire, il fonce à nouveau dans ma direction. Je l’esquive sur le côté, en restant assez près de lui pour lui faucher les pattes. Et sans lui laisser le temps de souffler, je saute au-dessus de lui pour lui donner un bon coup sur la tête. L’oiseau ne se bouge plus, assommé.

« Un vrai casse-tête cette arme en fait… Défense, esquive pour contre-attaquer… Nickel ! »

Et on ne se laisse pas distraire pour ne pas se faire attaquer par surprise, on bouge !

Uriel avait moins de succès que les deux autres. L'oiseau avait esquivé son attaque en lui filant au passage un bon coup d'aile dans le visage, ce qui ne faisait pas très mal mais était assez vexant pour un ange. Les deux emplumés étaient donc occupés à se tourner autour avec force injures - de la part d'Uriel -, cris, et empoignades maladroites.

Comme le bec de l'oiseau manquait de lui arracher une oreille, Uriel pivota avec une rapidité qu'il ne se connaissait pas (parce qu'il aimait beaucoup ses oreilles, elles faisaient très esthétiques de chaque côté de sa tête, mais seulement tant qu'il en avait deux) et se retrouva devant le flanc sans défense de l'animal. Il en fut tellement surpris qu'il faillit laisser passer sa chance, et ce n'est que quand le bec de la bestiole fit mine de pivoter pour le suivre qu'il eut le réflexe d'enfoncer son épée dans la chair duveteuse, et ce presque jusqu'à la garde. Du sang gicla partout et la bête poussa un cri terrible avant de s'effondrer.

Frappé autant par le hurlement que par l'hémoglobine qui avait giclé sur ses mains et ses avant-bras, Uriel fit un bond en arrière avec un cri de vierge effarouchée, lâchant son arme dans le mouvement. L'oiseau ne bougeait plus. Désorienté, l'ange évalua le reste de l'Arène du regard. Ryner et Noryan avaient tous deux achevé un adversaire, et le tout dernier oiseau fonçait sur eux avec un hurlement coléreux, ses ailes inutiles bien écartées dans l'espoir d'intimider ses victimes. Il ne voyait pas Temari, mais eut assez de bon sens pour réaliser que si elle, elle le voyait, et sans arme surtout, ça risquait de barder pour ses fesses.

Il s'empara donc de la garde de son épée et poussa de la botte pour la dégager du cadavre, une moue dégoûtée aux lèvres.

"Oh beurk" murmura-t-il puisque personne ne l'entendait, examinant la lame souillée. "La foudre, c'est moins salissant."

Mais aussi moins efficace, depuis qu'il était en Entre-Monde. Il allait falloir s'y faire. Son arme en main, il se dirigea vers le dernier combat en cours. En marchant, parce qu'il doutait que les autres aient besoin de lui.