Désillusions et turpitudes du destin d'une petite nekothrope

C'est pas vrai, je me faisais de nouveau sermonner par la jeune femme ressemblant à un chat. Finalement sa tristesse avait bien vite disparu pour être remplacée par un esprit de remontrances. Pourquoi remettait-elle sur le plat le sujet de l'égoïsme, qu'est ce qu'elle ne comprenait pas dans ce que je disais? Oui je me moquais pas mal de ce que pensait les gens car je n'avais plus la force de m'en soucier, j'en étais même venu à me moquer de ce que je voulais, comment pouvait-elle parler d'égoïsme après ça. Si je m'étais soucié de ma personne, j'aurais choisis un autre métier que mercenaire.

Elle parlait de désir, c'est vrai j'avais menti, mais je me voyais mal lui dire que ce que j'aurais désiré c'est que Tinuthiel ne soit pas morte dans mes bras, que j'aurais aimé savoir la défendre, que j'aurais aimé que ma famille soit autre chose que des enfoirés, que j'aurais aimé me ressaisir et arriver enfin à vivre une vie normal où je ne me torturerai plus l'esprit avec ces pensées. Mais ce n'était pas quelque chose que je dirai à une inconnue et je sentais peu à peu montrer la colère en moi, qu'est ce qu'elle voulait à la fin ?

Je me tût malgré tout et retint mes remarques, comment la situation avait-elle pu dégénérer ainsi, je devais rentrer chez moi normalement, pas me disputer avec des parfaits inconnus qui se permettaient de critiquer sans rien savoir sur ma personne.

Puis voila qu'elle affichait un regard qui se voulait calme et apaisant , elle se moquait de moi ? Non ce n'était même pas ça s'était trop naturelle sur son visage. Je l'écoutais toujours malgré moi, essayant de me contenir, il ne fallait pas que je craque pour des raisons aussi futiles.

-"Je n'ai que faire de la pitié des gens et je n'ai jamais eu envie de jouer au héros. Tout ce que je veux comme vous le dites c'est qu'on arrête de me juger sans me connaître, je ne crois pas que de mon côté que je me sois permis de vous juger. Et désolé si ma politesse vous parait trop forcée, pourtant elle ne l'est pas du tout, peut être est ce du à mes origines nobles, mais il m'est avis que vous en moquez pas mal, surtout que je pense qu'il n'y a pas besoin de ce statut pour l'être."

Pourquoi je parlais de mes origines, rien que de penser à ma famille, je sentais la colère gagner du terrain et je crispais le poing. Pourquoi parlait-elle de pitié et d'héroïsme, je ne ressemblais en rien à un héros et surtout je ne voulais pas ressembler à ça. J'étais juste un mercenaire qui essayait le plus possible de s'acquitter de ses mission afin de ne plus penser et oublier.

-"Vous croyez que parce que je suis trop polie, je ne suis pas moi même ? Vous voulez que je vous explique quoi à la fin ? Que je parle de ma vie et de mon passé à une parfaite inconnue pour que vous compreniez mieux mon comportement ?"

C'est vrai à la fin, j'allais craquer moi avec toutes ces conneries, se rendait-elle compte que ce qu'elle disait n'avait aucun sens ? Je n'allais quand même pas lui parler de mon passé, si je ne le fais bien c'était bien pour éviter tous ces commentaires sur la pitié, je ne veux aucune pitié, j'ai toujours su vivre avec ma douleur et je continuerai, mais avec des gens comme ça c'était plutôt difficile.

Et l'ennui reprenait son règne dans le coeur du jeune chien, attendre, ce n'était pas véritablement son truc.

« Je suis plus attentif que vous ne le croyez mademoiselle, mais plus que j'en entend, plus que je me dis que l'homme à qui vous vous adresser est un phénomène ambulant. »

Oui, c'est certain, c'était un peu rude comme façon de parler, mais en même temps, cette homme ne faisait que l'ignorer, fallait pas trop attendre que ça soit positif. Et perdre du temps à s'expliquer avec un sourd d'oreille n'était pas sa tasse de thé. Heureusement d'ailleurs qu'il n'était pas plus impulsif que ça. Le chien se gratta l'oreille droite avec sa patte, en se demandant comment tout ça allait pouvoir bien se terminer.

Le juger ??? Comment ??? Alors c'était ainsi qu'il prenait ce qu'elle lui avait dit ???
Roooh ! Et dire qu'elle avait manqué de culpabiliser de s'être montrée si indiscrète et voilà qu'elle se faisait taper sur les doigts et faire la morale comme à une vulgaire gamine ! Bonjour l'ingratitude ! En plus, il sous-entendait presque qu'elle était impolie et qu'elle se fichait des états d'âmes des autres !
Cette fois, Mâyâ fulminait intérieurement.
Zut à la fin ! Qu'il aille se faire voir ! Elle avait ses propres soucis et le moral déjà pas bien haut... Mais ça... son interlocuteur était trop aveugle pour s'en rendre compte... lui qui lui parlait de respect et de compréhension... Et bien si c'était ce qu'il désirait, qu'il se débrouille... Après tout, il avait raison, tout ceci ne la regardait pas... Hum, monsieur l'hypocrite qui cherchait à se voiler la face...
Lassée, Mâyâ se contenta de répliquer un rictus aux lèvres :

« La façon dont vous venez de manquer de prendre la mouche me prouve bien justement que votre éducation vous pèse et que vous n'aspirez peut-être qu'à vous en détacher... Pardonnez-moi si ma vision n'est que celle d'une simple roturière sans titre de noblesse... Mais pour moi si la politesse et l'éducation sont une chose, les codes et les règles de conduite de la noblesse eux ne sont rien d'autre que le reflet narcissique d'une population qui se veut voir placée clairement au-dessus du commun des mortels... Je n'avais pas le sentiment que vous étiez de ces gens là, mais si mes propos vous semblent déplacés... »

Après quoi elle s'inclina en une révérence respectueuse qui se voulait pourtant tout sauf sincère. Le geste n'était que cynisme pur.

« Pardonnez-moi d'avoir dérangé votre noble personne en tenant des propos qui ont pu vous paraître outrageux et déplacés et pardonnez-moi également de m'être mêlée de choses qui ne me regardaient pas en cherchant à comprendre à quoi pouvait être du le profond mal-être qui vous rongeait. Soyez sans crainte, je ne vous importunerais plus et vous n'aurez plus jamais à souffrir la présence de ma grossière personne. »

Et la féline de détourner vivement la tête pour ajouter cette fois à l'adresse du chien :

« Quant à vous, je suis navrée que les choses prennent une telle tournure, sincèrement. Mais je ne compte pas rester ici une seule seconde de plus. Au revoir et bonne journée. »

D'un air contrarié mais digne, la jeune nekothrope s'éloigna d'un pas vif, les poings serrés, la tête haute et sa queue oscillant en de petits mouvements vifs dans son dos.
C'était bien la dernière fois qu'on la prendrait à essayer de tendre la main à une personne qui ne désirait pas être aidée, foi de Mâyâ !

Franchement je ne comprenais plus, enfin non c'était surtout elle qui n'avait rien compris car la politesse était bien la seule chose que j'avais et voulais garder de ma famille noble. Comment la discussion avait-elle pu si mal tourner au point qu'elle se moquait de moi et de mes ascendances que pourtant j'avais rejeté. Bizarrement tout ce qu'elle me disait ne me fit pas gagner en colère, mais plutôt en abattement moral.

Alors c'était comme ça, même en faisant tout ce que je pouvais pour essayer de m'expliquer les gens comprenaient tout de travers et je n'arrivais pas à mener une discussion sans que celle-ci dégénère. J'avais vraiment perdu toute ma sociabilité depuis la perte de Tinuthiel il fallait croire et j'arrivais presque à m'en vouloir en regardant la femme chat repartir visiblement énervé. Hésitant je lui adressais tout de même la parole, même si je savais que c'était surement peine perdu.

-"Vous avez compris de travers, si vous voulez vraiment savoir je hais les nobles et comme vous dites leur narcissisme. J'aurais beau faire tout les efforts possibles j'avoue qu'il y aura toujours des choses que je garderais de mon enfance même si je préfère les oublier."

Je marquais un temps d'arrêt, devais-je en expliquer davantage? Finalement que m'apporterait de parler de mon passé à d'illustres inconnus avec qui en plus je m'étais disputé. Puis à quoi bon peut être cela me ferait du bien de m'ouvrir aux autres, même si j'en doutais sincèrement. De toutes manières je ne pensais pas que dévoiler cette partie de mon enfance me sois préjudiciable dans le futur.

-"Je ne sais pas aussi ce qui vous attriste et j'en suis vraiment désolé pour vous, mais j'aimerais qu'on ne se moque pas de mes ascendances nobles. Comme je vous l'ai dis je hais tous ces nobliaux et surtout cette famille qui m'a abandonné pour ce narcissisme dont vous parliez."

Voila c'était dit, comprendrait-elle la douleur de se faire rejeter par sa famille ? Je ne savais pas mais j'avais toujours eu l'impression que cette situation était mille fois plus douloureux que de perdre simplement ses parents. La douleur de se donner à fond pour avoir la reconnaissance de cet homme, la douleur de ne voir que du mépris dans le regard de son père en échange, la douleur d'avoir été banni pour avoir été faible et leur volonté de garder une bonne image. Serrant les poings je me tournais alors vers l'homme chien afin de lui parler essayant de garder une voix stable, dénués de sentiments.

-"Je m'excuse aussi auprès de vous, je vois bien que j'aurais beau m'expliquer il me serra difficile de me faire comprendre. Donc je tenais à m'excuser une dernière fois avant de repartir, surtout que vous avez du vous sentir ignoré."

Puis commençant à m'éloigner à mon tour, une vague mélancolie me prenant soudainement, je lançais une dernière phrase à l'encontre des deux personnes.

-"Et ne pensez pas que je dise ça pour avoir la pitié des gens, si c'était le cas je m'y prendrais très mal puisque que je vous ai énervez. Mais en plus d'avoir perdu une famille, j'ai aussi perdu quelque chose d'infiniment plus précieux, mais je me suis fait une raison, comme vous le dites il faut avancer."

Le masque se craquelant, je préfère accélérer ma course. Il serait vraiment dommage que je craque et d'être assez bête pour passer de la colère à la tristesse. Je ne veux pas et me refuse à afficher ses larmes que je trouve honteuses. La honte d'être devenu une personne incapable de s'ouvrir aux autres, la honte de ne pas savoir mener une vie.

Observant toujours la scène d'un oeil, le chien entendit alors la voix de la nekothrope qui s'excusa avant de partir de son côté. Il tenta quand même de la rassurer en lui disant ceci :

" Oh, après tout, ce n'est pas véritablement de votre faute !"

Et tiens, l'autre qui s'excusait également. Bon, il y avait un début à tout il faut croire. Et si il continuait comme ça, peut-être pourrait-il s'en faire un ami ? Qui vivra verra.

«  Un peu moins idiot que je ne le pensait. Au moins vous avez la capacité de réflexion. Arrêter de faire aussi compliqué et essayer d'être plus sim...  »

Et hop, déjà partit. Après tout, il avait fondé un peu trop d'espoir dans ce premier pas. Même si, il restait encore une zone d'ombre sur cette affaire. L'état de cette jeune femme chat. La mélancolie et la tristesse étaient des sentiments qu'on ne pouvaient pas se débarrasser d'un instant à l'autre.
Se relevant, il se dirigea dans la direction qu'avait pris la jeune Nekothrope pour tirer cette affaire au clair. Au moins, elle était une personne qui ne semblait pas être compliquée et surtout, digne d'intérêt.

Furieuse et épuisée moralement, la petite nekothrope avait filé sans demander son reste et n'avait donc pas entendu un mot du discours que l'homme avait essayé de tenir à son intention.
Intérieurement, elle savait que sa réaction avait été exagérée, ce n'était pas malin de tourner ainsi le dos à des personnes qui auraient peut-être finalement pu l'aider à trouver quelques réponses à ses questionnements actuels, mais elle n'avait pas pu retenir le flot d'agacement en elle, déjà assez préoccupée par l'idée de se retrouver enfermée en cette ville comme un vulgaire animal en cage, sans l'ombre d'une possibilité de retrouver celui auquel elle tenait tant...

Néanmoins, c'eut été égoïste également de ne voir ces deux hommes que comme des sources potentielles d'information, alors non, peut-être n'était-il pas plus mal qu'elle soit partie de la sorte. Au pire, si elle les recroisait en d'autres circonstances, qui sait ? Les choses se dérouleraient sans doute différemment. Enfin, pour l'heure, il était plus que temps d'ouvrir boutique. Il serait dommage d'avoir fait tant d'efforts pour l'obtenir pour la négliger ensuite quand les dépenses la concernant allaient enfin être amorties... Et puis, l'argent serait important pour réussir à atteindre son but...

Tournant rapidement à l'angle d'une ruelle, Mayâ disparut à travers les rues de la belle Northrives.

[RP quitté et clos ? ]