Equivoque [pv Abysse]

Des horreurs sous nos pieds et le pire à venir au dessus de nos têtes. Je me demande ce qui a bien pu se passer dans les neurones et circuits des esprits intelligents de Cerclon pour oser proposer un truc pareil en cette période. Nous n'avions pas que ça à faire, nous occuper des intérêts immobilier, des fonds d'investissements et autres conneries économiques que les richissimes et futurs déçus voulaient nous présenter comme les dieux de l'avenir de l'Entre-Monde... Vive le libéralisme... Passer des journées entières à donner des ordres pour le plaisir de voir plein de gratte-papiers courir comme des dératés et Ayame qui persiste à me mettre sous le nez les nombreux rapports qui affluaient de toute la Zone du dehors, ports, villes, villages, zones de productions et zones de conservation de denrées alimentaires... Tout partait de travers, la plupart des bras eurent la bonne idée de se mettre immédiatement à chercher les morts, les blessés, à brûler ceux qu'on ne pouvait enterrer, à reconstruire les greniers, à nettoyer les points d'eau. Nous survivrons à ce jour noir que notre histoire a compté, mais à quel prix.

Et j'avais sous les yeux, le plus gros bordel que K'ouen ait compté depuis que j'y suis maitre. On m'avait soumit il y a quelques jours, la veille des catastrophes, un projet unissant un investisseur de Tern et de gros cerveaux plus ou moins électroniques venus de Cerclon. Un architecte de Northrives et une horde de bras venus de Magna étaient consigné sur un dossier épais d'une centaine de page pour un projet : un pont.
Pas n'importe quel pont, le plus grand et le plus invraisemblable pont qu'on ai construit dans notre grand pays. Il relierait L'Entre-Monde depuis Cerclon côté Ouest jusqu'à Atlantis. Bien sûr, on me vantait inlassablement les répercussions économiques, la sécurité des voyageurs etc... Mais qui a dit qu'on pouvait se permettre de construire un pont de plusieurs centaines de kilomètres de long, ce pont passerait au dessus des marais, il faudrait mettre à nu des milliers d'hectars de forêt, de zones sauvages et tout ce que cette région pouvait compter de choses végétales et animales... Bref, un désastre écologique d'un côté et le chantier le plus dangereux qui soit. Nous ne savons pas ce qui traine dans le sous sol de l'Entre-Monde, ni même si ce pont ne sera pas envahit par une population de créatures volantes qui y nicheraient avec plaisir... La sécurité, mon oeil...

Or, quand bien même le monde est en proie au chaos, des manifestants peu regardant sur l'ironie de la situation -ils pourraient utiliser leurs bras pour faire autre chose quand même- ont choisi de venir camper sous mes fenêtres en beuglant dans les oreilles de qui veut bien croiser leur route tous les slogans anti-ponts qu'ils ont pu inventer dans la journée. Heureusement pour eux, ils n'osèrent pas gaspiller de la nourriture sur les façades du palais de K'ouen, quand à leurs revendications que je m'en fichais comme d'une guigne... Mais ils empêchaient tout le monde de travailler et ça, en cette période où on a besoin que chacun soit utile et efficace, ça ne passait pas.

Epée sur le dos, mains dans mon blouson et mon regard le plus convainquant, je me plantais dans l'entrée de K'ouen. Les gardes avaient du mal à calmer la foule, c'est qu'ils sont nombreux les bougres !
Quelques instants à attendre le silence, rien, les rares qui osèrent m'insulter furent les premier à couiner de peur. Je n'ai jamais été très diplomate, j'aime les choses bien faites pas forcément moralement bien faites... Je rassemblais mes esprits et il me suffit d'y mettre un peu de la tension qui animait mes muscles pour que ça fonctionne à merveille. Un tremblement de terre localisé secoua la place principale, si bien que la fontaine en eu des ratés et que le silence ce fit immédiatement. Ils gardaient en mémoire les ravages d'un autre tremblement de terre, et moi, je garderai en mémoire qu'il faut se faire craindre pour obtenir ce que l'on souhaite.

-Fichez le camp d'ici avant que je ne vous fasse passer par dessus bord de force. Allez revendiquer devant la firme qui a déposé le projet, mais ne vous avisez plus de m'empêcher de travailler. Si vous n'avez rien à faire ici, il se trouve que la zone du dehors à besoin de main d'oeuvre pour se redresser depuis les catastrophes. Les montagnes sont peuplées de morts et de cadavres ! Débarrassez-moi le plancher avant que je ne vous y envoie tous pour ramasser les morts !

Ayame apprécia l'effet, il siffla de joie quand il vit tout ce petit monde virer de bord pour aller s'entasser dans le premier zeppelin qui décollait... Le soulagement général de mes administrateur était palpable, ils recommencèrent à bourdonner dans tous les sens pour transmettre les ordres et les droits qui aideraient ceux d'en bas à réparer.
J'allais m'assoir au bord de la fontaine, lunette vissées sur le nez pour me détendre une minute avant de reprendre le travail quand je remarquais sur la place un visage familier. Une bonne surprise.

Abysse soupira. La situation de la Walkyries&Co était loin d’être au mieux de sa forme. Pour être honnête, elle allait au plus mal. La dernière expédition forcée du Fenrir avait su entamer et finir toutes les économies de la petite société de la jeune Capitaine. Il était venu le temps de payer son équipage et elle se trouvait désormais complètement « à sec » comme l’on disait dans le jargon du coin. Evidemment, il n’y avait qu’Ulrik qui était au courant de la précarité de la situation. La jeune Valkyrie ne tenait pas à mettre au courant son équipage de peur de subir une désertion ou une mutinerie. Il n’aurait plus manqué que ça pour mettre au plus bas le moral d’Abysse.

Maudissant les dises tout bas, Abysse se sentait désemparée face à la tournure que prenait la situation. Elle avait créé ce navire et composé cet équipage afin de partir à l’aventure et l’exploration mais elle n’avait pas réussi à accomplir ses rêves pour le moment. Enfin, si l’on exceptait l’expédition imprévue organisée par le Maître de K’ouen. C’était d’ailleurs cette expédition qui avait creusé les fonds monétaires de la Walkyries&Co. En repensant à cette drôle d’aventure à ce curieux fonctionnaire, Abysse se souvint alors que le jeune homme lui avait promis un remboursement conséquent des frais de transport. Ce détail avait failli lui sortir de la tête. Elle s’était réellement distraite durant cette expédition et avait bien manqué d’oublier de réclamer son dû. En y repensant, Abysse trouvait que se dénommé Wergeld avait fait profil bas durant le retour du voyage et s’était bien vite éclipser une fois arrivé à K’ouen. Il avait sûrement souhaité la duper et s’en aller sans lui donner la récompense qu’elle méritait.

Abysse frappa du point son bureau de dépit. Elle s’était montrée bien sotte et avait failli se faire duper par un petit jeunot. La jeune Capitaine avait honte de reconnaître sa bêtise passée. Elle se leva prestement de son bureau et rangea les comptes qu’elle venait d’achever dans un tiroir. Elle s’apprêtait à sortir de son bureau lorsque la porte de celui-ci s’ouvrit pour laisser apparaître Ulrik, son second. Il tenait quelques papiers dans sa main. Abysse y jeta un coup d’œil furtif. Elle craignit qu’il s’agisse là encore de factures impayées.

- C’est une missive de la part d’un miroir, je ne me souviens plus duquel.

Ulrik lui tendit la lettre cachetée, la jeune Valkyrie ne prit pas la peine de lire son destinataire et la rangea dans la poche de sa veste qu’elle tenait à la main. Elle se doutait que le destinataire n’était autre que K’ouen. Finalement, Wergeld avait peut-être pensé à l’argent qu’il lui devait. En tout cas, si tel était le cas, il ne devait pas se trouver dans une si petite enveloppe. Abysse décida donc d’aller lui rendre visite afin de réclamer son dû. Elle en avait assez de la paperasse et préférait avoir une véritable discussion avec le maître du miroir.

- Merci Ulrik. Je vais justement rendre visite aux gratte-papiers de K’ouen. Je vais en profiter pour faire un tour en ville, je pense que je vais m’absenter pour la journée. Comme d’habitude, tu as les pleins pouvoirs en mon absence, mon ami.

Sans plus attendre, Abysse se précipita au dehors. Elle enfila rapidement son manteau à bord haut, le cintra avec sa ceinture de cuir et passa la lanière qui retenait Dejarin, son bâton. Il était rare de voir la jeune Capitaine se séparer de son arme. Par ailleurs, ces derniers temps, les rues de l’Entre-Monde n’étaient plus vraiment sûres.

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Après une bonne heure de marche et de déambulation dans la ville, Abysse prit la navette qui l’emmena sur l’île du Sud. Là bas, elle fut surprise de rencontrer autant de monde amassé devant le palais du miroir. Ils protestaient contre la construction d’un immense pont reliant l’Atlantis et l’Entre-Monde. Abysse comprenait leur colère. Ce projet ne signifiait rien de bon dans ses affaires. Si le pont venait à être construit, alors sa navette entre Atlantis et Tern se trouverait complètement désaffectée et inutile. La jeune Capitaine saurait en toucher quelques mots à Wergeld une fois qu’elle lui aura mis la main dessus.

Visiblement, tout ce petit rassemblement de personne ne semblait pas très content et invectivait l’administration du miroir. Abysse soupira. Il n’était même pas la peine de tenter espérer jouer des coudes à travers la foule compacte. Si par chance elle parvenait devant les portes du palais, elle n’aurait pas d’espoir qu’on les lui ouvre. La situation de ce côté-là semblait plutôt critique. La garde semblait éprouver quelques difficultés à contenir le flot de personne massée à l’entrée du palais.

La jeune Valkyrie avisa alors un renfoncement dans l’enceinte fortifiée du palais. Elle y jeta un rapide coup d’œil. Le mur semblait plus bas. Elle était grande et agile. Il ne lui semblait pas impossible de pouvoir escalader la façade et se trouvait de l’autre côté en un rien de temps. Abysse repéra un moment d’inattention paris les gardes pour se faufiler de l’autre côté du mur. Une fois parvenue dans l’enceinte du palais, elle jeta un coup d’œil tout autour d’elle pour constater où elle se trouvait désormais.

Elle venait d’atterrir dans un petit jardin situé au coin Est du palais. Une fontaine se trouvait au centre de la petite place. Des colonnes bordaient le jardin et s’enfonçaient dans l’enceinte même du bâtiment. A dire vrai, maintenant qu’elle venait de pénétrer dans le palais, Abysse ne savait comment elle allait pouvoir retrouver le maître du miroir. Elle se doutait bien qu’on ne le laisserait pas voir si facilement. C’était toujours ça le plus ennuyeux avec les administrations. En attendant de trouver une bonne excuse pour son intrusion en ce lieu, Abysse alla se dissimuler derrière l’une des colonnes. Il lui fallait rapidement trouver le moyen de se diriger dans ce palais et de trouver le maître de K’ouen.

Abysse songea alors à la missive envoyé par le miroir, elle fouilla dans la poche de sa veste et l’en sortit triomphalement. C’est alors que la jeune femme se rendit compte que le destinataire était bien un miroir mais pas celui de K’ouen. Elle poussa un juron de rage. Elle s’était montrée bien bête pour le coup. Cela signifiait pour elle que Wergeld ne l’attendait absolument pas et qu’il n’était pas vraiment apte à lui rembourser les frais de transport.

La jeune femme n’eut pas le temps de culpabiliser plus longtemps. Une secousse manqua de la faire chuter et la força à se rattraper au pilier le plus proche. Au loin, elle perçu une voix de stentor s’exprimer à la foule amassée devant l’entrée du palais. Abysse ne pu saisir le sens des propos mais elle perçu bien que le ton de la conversation n’était guère agréable. Elle devina donc que la foule en colère venait de se faire sagement renvoyée chez elle.

Ne sachant plus quoi faire, Abysse regardait d’un air vague ses mains et la lettre qu’elle tenait. La missive provenait de l’autre maître du miroir qu’elle connaissait, la petite rouquine. Elle soupira et ferma les yeux, dépitée. Quand est-ce qu’une bonne nouvelle allait enfin s’annoncer à elle ? Ne trouvant de solution pour son problème immédiat et ne sachant que faire, Abysse décida alors d’ouvrir la missive pour découvrir ce qu’elle pouvait bien contenir.
Alors qu’elle s’apprêtait à lever le cachet du miroir de K’ien, un bruit l’alerta. Elle se dissimula derrière le pilier et jeta un coup d’œil furtif dans le jardin. Un homme venait d’y apparaître et semblait bien décidé à s’assoir auprès de la fontaine qui trônait en son centre. En observant plus attentivement le nouveau venu, Abysse crut voir un visage qui ne lui était pas inconnu. Ce ne fut qu’après un certain temps qu’elle comprit alors qu’il s’agissait de Wergeld. Il paraissait plus tendu et nerveux que les autres occasions qu’elle avait eu de le voir. Visiblement, lui aussi n’avait pas passé une bonne journée pour le moment.

Abysse décida de sortir de sa cachette. Elle se dirigea d’un pas déterminé vers le jeune homme, l’air grave et les sourcils légèrement froncés. Peu importait qu’il soit d’une humeur à discuter ou non, la Valkyrie avait quelques mots à lui toucher.

- Bonjour, Wu’.

Elle m'a forcément reconnu. Depuis le voyage, on ne peut pas dire que j'ai changé, même blouson, mêmes lunettes, et même épée... Même si elle a pas mal de rayures en plus -Caël en sera vert quand je lui apporterai pour une nouvelle remise à neuf -à peine quelques mois après la première. Je reste assis à l'observer marcher avec une certaine détermination. Je suis loin de me sentir menacer, mais les sourcils froncés ne me disent rien de bon, qu'ai-je oublié pour qu'elle débarque avec tant de... ferveur. Son zèle n'est pas la seule chose qui m'intrigue, à moins qu'il ne soit arrivé quelque chose de grave, les raisons pour lesquelles le capitaine du Fenrir viendrait chez moi sont assez restreintes.

-Bienvenue dans mon palais, Abysse.

Elle se contient ou elle n'a rien contre moi ? J'ai l'impression de devoir dire quelque chose, d'annoncer un truc important à la regarder comme ça. Mais quoi ? Bonne question. Ayame est de retour, il a fini le nettoyage de la place, les zeppelins sont repartis en vrombissant à en provoquer le tonnerre. Il s'échappe d'une porte fenêtre et approche avec ce regard intrigué comme si je pouvais lui apprendre par télépathie la raison de la présence d'Abysse ici. Un haussement d'épaules plus tard, il s'approche en faisant autant de bruit qu'il le peut. Les gens nerveux n'aiment pas le voir débarquer en silence, alors quand il doit arriver dans le dos de quelqu'un, il fait attention à marcher sur des brindilles et fait même claquer le talon de ses bottes histoire de s'annoncer.

-C'est un plaisir de vous revoir, Capitaine. Que pouvons-nous faire pour vous ? Il s'incline devant elle, une main sur le coeur. Ses bonnes manières compenses l'absence des miennes.

Il sourit et semble chaleureux, mais je le connais assez pour savoir que lui aussi il en a marre de tout ce bordel. Les gens défilent dans les bureaux avec toujours plus de questions, plus de demandes, plus de n'importe quoi. Ils ont tellement besoin de bouc-émissaires qu'il leur arrive de nous pointer du doigt. C'est à peine si nous avons le temps de respirer, alors riposter... C'est trop difficile.
Je soupire, longuement, comme pour évacuer le stress et les émotions de la journée. Des poissons Koï trainent dans la fontaine, on dirait un bassin en fait, j'ai jamais compris pourquoi ils y avaient foutu des poissons... Pour leur donner une certaine utilité je devrais peut-être adopter un chien, non un tigre, ou un ours... Quelque chose de solide, sait-on jamais que je sois forcé de faire son éducation moi-même, un caniche n'y survivrait pas.

Finalement, le Maître de K’ouen accueilla la Valkyrie d’une manière bien simple. A dire vrai, Abysse ne s’en formalisa pas. Elle ne portait que peu d’importance aux manières et aux propos de chacun. Elle devait bien avouer qu’elle était plutôt contente de revoir le jeune homme. Sa compagnie était toujours divertissante et il était homme sur lequel on pouvait compter. L’espace d’un instant, la jeune Valkyrie avait oublié la raison de sa venue ici. Le simple fait de s’être rappelée de son voyage avec Wergeld lui avait sorti de la tête cette histoire d’argent. Les deux jeunes gens se regardèrent alors un instant, sans prendre la parole. Chacun se demandait se que lui voulait l’autre sans parvenir à s’en rappeler.

Finalement, ce fut un claquement dans le dos de la jeune femme qui brisa le silence qui s’était installé entre eux. Elle jeta un regard furtif par-dessus son épaule et reconnu le compagnon de Wergeld. Abysse mit un léger instant à se remémorer son prénom. Le demi-elfe la salua alors avec courtoisie. Ce fut sa question qui lui rappela alors la raison de sa venue en ce lieu. Elle fronça légèrement les sourcils, embarrassée d’avoir pu oublier pareille chose. Décidément, la jeune Capitaine était plutôt fatiguée elle aussi. Avec un sourire, elle sermonna amicalement Ayame.

- C’est aussi plaisant de vous revoir tous les deux. Pour commencer, Ayame, tu pourrais me tutoyer et oublier ces histoires de titres. En plus, quand je ne suis pas sur mon navire, on ne peut pas vraiment me considérer comme un capitaine.

Une étincelle amusée brillait dans les yeux de la jeune femme. Le gardien de Wergeld savait se montrer très courtois mais Abysse n’appréciait guère ce genre de manière à son égard. Elle avait pour habitude d’être franche et préférait que l’on soit direct avec elle. Un peu à la manière de Maître de K’ouen à dire vrai…

Abysse se tourna d’ailleurs vers lui. Son sourire avait disparu bien que son expression restait amicale. La jeune femme triturait le cachet de la lettre de K’ien qu’elle tenait entre ses mains.

- Et bien vois-tu, j’avais failli oublier l’histoire d’argent que vous me deviez pour l’expédition. Il se trouve que j’ai fait mes comptes et que je ne peux pas vraiment me passer de cet argent dû. Je viens donc te le réclamer. Je connais les difficultés que tu rencontres en ce moment avec ton administration mais j’ai réellement besoin de cet argent. Disons que les affaires ne tournent pas au mieux pour le Fenrir.

Elle avait décidé de se montrer sincère avec le jeune homme. Elle savait qu’il pouvait comprendre et espérait qu’il pourrait accéder à sa requête. Le Fenrir ne pouvait vraiment pas attendre indéfiniment cet argent. Et, à ce rythme là, Abysse allait devoir se trouver quelques petites activités pour combler ses problèmes pécuniaires.

Ayame m'offrit un regard coulant, insistant sur tous les sous-entendus qui se dessinaient derrière son oeil azuré. Je suis un mauvais payeur, un irresponsable et plus que tout j'ai osé déteindre sur Abysse avec mon éducation manquée... Et j'en suis fier ! Une pointe d'exaspération se lit sur son visage quand je lui souris de toutes mes dents. Certes, je n'étais pas en cause pour Abysse mais ça me faisait plaisir de voir qu'il conservait son humeur joyeuse peu importe les évènements. Que ferais-je si Aya perdait le sourire ? Je me déguiserai en clown ?... Ou pas.

-Tu as bien fait de venir, j'ai confié ta solde à un de mes employés seulement, il a été tué alors qu'il traversait Tern.

Je ne lui dis pas que l'incendie de Tern avait fait beaucoup de morts, elle s'en doutait et je n'avais pas envie de penser à eux maintenant. Un tyran à dit un jour, un mort c'est un meurtre, 100 morts c'est une catastrophe, 1 million de morts ce sont des statistiques. Nous n'étions pas loin du million et ils étaient si nombreux que j'avais du mal à éprouver de la peine pour eux, peut-être pour ceux que je connaissais, que j'avais déjà rencontré, et encore...

-Allons dans mon bureau je te signerai un ordre pour que tu ailles retirer la somme à la banque.

Je n'avais plus d'or en stock, elle ira donc faire créditer son compte de Pims... l'argent imaginaire, plutôt pratique quand on n'a pas envie de se trimballer des kilos de pierres précieuses sur le dos *même si ça ne m'aurait fait ni chaud ni froid.
Ayame tendit une main pour lui indiquer le chemin. Je me levais et mains bien enfoncées dans mes poches, je me plaçais de l'autre côté d'Aya. Une vieille habitude j'aime l'avoir à ma gauche, sûrement parce que je suis droitier et pas doué de l'autre main. Il me sert de bras agile.

Les doubles portes du bureau étaient grandes ouvertes, j'en avais eu tellement marre des courants d'airs alors que les gens défilaient les uns après les autres que j'avais ordonné à ce que bloque les portes. Elles tenaient ainsi grâce à de statues de marbres que j'avais moi-même déplacé après qu'on m'ait dit qu'il n'y avait personne dans le bâtiment capable de s'en charger sans appeler un service de gros bras... Les plumes, les pas, les bourdonnement des voix grésillaient dans le bureau, mes deux compagnons habituels cherchant à se débarrasser des mécontents qui étaient venu me crier dessus sans prendre conscience du danger auquel ils s'exposaient. Sauf que cette fois, les mécontents voulaient qu'on juge une affaire et ceci rapidement...

L'un des secrétaire se jeta presque sur moi, à bout de nerfs quand j'entrais, si Abysse n'avait pas été là je me serais écarté pour l'esquiver avant qu'il ne me touche. Ce n'est pas du dégoût, c'est de l'habitude.
L'autre s'arrachait les cheveux et tenait devant son nez un mouchoir chiffonné.

-Maitre ! Ces messieurs veulent vous parler !

Il le dit avec un tel soulagement que je comprends vite de quel genre de plaignant ils sont. Le plus gros, qui se pense imposant face à mon petit gabarit pas très épais, repousse mon secrétaire qui couine de peur... Non pas parce que cet fait peur, mais parce que lorsqu'on m'énerve dans mon bureau je finis toujours par en casser un ou deux (de bureaux)... Ils sont tous tout neuf ce serait dommage de tout casser aujourd'hui. L'homme me colle une caisse garnie de trous dans les bras, Aya le prend d'instinct, s'il y a un truc vivant là dedans ce serait dommage qu'il plane contre un mur.

-Ceci est une panthère noire des montagnes du Nord, une espèce en voix d'extinction, cet homme, il pointe un doigt boudiné sur l'autre grand dadet qui me regarde l'air très confiant, tentait de la revendre au marché noir !

Les deux hommes étaient humains, l'accusé ne pensait certainement que je prêterai attention à de telles accusations, c'est sûrement pour ça qu'il se tient là comme si le monde allait tourner en son sens.

-Ce sont là de graves accusations, monsieur ? Je secoue la tête, en fait son nom je m'en contrefiche. Peu importe, sortez de mon bureau, cette panthère reste avec moi, vous pensez sincèrement que j'ai le temps et même les moyens humains d'organiser un procès aujourd'hui ? Terminais-je plein de ressentiment dans la voix alors que mon interlocuteur ouvre une bouche grasse de désaveu. Cependant... Deux gardes débarquèrent dans le bureau, emmenez cet homme à la caserne, les sanctuaris me le garderont au chaud jusqu'à ce que j'ai du temps à lui consacrer.

Le grand dadet qui se croyait sauvé se décompose sous mes yeux, il tente de fuir, se fait embarquer de force. L'autre homme parait satisfait. Je l'interromps avant qu'il ne me parle, l'air de le prévenir que s'il ne se dépêche pas de filer et vite, il irait lui aussi redécorer une cellule de la Caserne. L'homme file à l'anglaise en s'éclaircissant la gorge et Ayame ouvre la boite. Un genre de chat noir tout mou sort de sa cage en miaulant à répétition. Ayame lui caresse la tête mais l'animal n'a pas l'air d'apprécier l'elfe, elle bondit pour venir s'aggripper à mon blouson. Et merde, elle va y laisser ses griffes... Bordel !
Aya se marre. L'affaire aura pris trois minutes et mon bureau trônait au milieu de la pièce comme un confort bien mérité. Je passe derrière, et dépose sur le sous-main le bébé panthère mal sevré qui refuse de me lâche. Je dois avoir une odeur qui lui plait -c'est peut-être pour ça que Caliope traine toujours dans les coins dangereux où je me paume...
L'idée du "que faire d'un bébé panthère?" m'effleure l'esprit mais avant j'ai du travail.

-Aya récupère cette chose que je puisse travailler.

J'avais tendu le bras vers un porte plume mais l'animal s'était agripé tête en bas à ma manche. Je soupirais lourdement. Les jours étaient de plus en plus long...
Le chat-panthère dans la main, Aya sourit au secrétaire allergique comme pour s'excuser, mais les ordres du chef sont indiscutable, j'ai dit que je garderai le monstre avec moi... L'idée me paraissait bonne sur le moment, beaucoup moins maintenant. Je tirais sur un ordre de paiement tout fait, imprimé en grande quantité ces derniers jours, j'y remplissais les lignes vides et signais à la fin avant d'y tamponner le sceau de K'ouen (vive la technologie j'aurais été plutôt embêté si j'avais du faire fondre de la cire et y planter une chevalière affreuse).

Les évènements s’enchaînèrent à un rythme effréné. Welgerd l’accompagna dans son bureau d’un pas pressé. Il lui écrivit rapidement la missive lui permettant de retirer l’argent qu’il lui devait à la banque. Abysse fit la moue, elle n’avait jamais vraiment aimé le système d’argent virtuel. Elle avait toujours préféré les pièces sonnantes et trébuchantes. Elles représentaient quelque chose pour elle alors que les séries de chiffres qui s’alignaient sur un relevé de compte ne signifiait pour elle que des nombres. Toutefois, la Valkyrie n’en montra rien. Le maître du miroir avait d’autres chats à fouetter et il aurait été égoïste de sa part de se plaindre. Sa fatigue se lisait sur son visage, il avait les traits tirés, le teint terne et le regard éteint. La vie administrative dans l’Entre-Monde ne devait pas être de tout repos ces derniers temps. Surtout si un des employés de Welgerd s’était fait assassiné en traversant les rues de Tern.

Bien malgré elle, Abysse trouva plongée dans une des affaires de K’ouen. Il s’agissait d’une histoire de vente illégale d’animaux. La jeune femme n’écouta que d’une oreille distraire et reposa son attention sur la lettre qu’elle tenait toujours entre ses mains. Elle provenait de la petite rouquine. La jeune femme, poussée par la curiosité, défit le sceau et l’ouvrit. A sa grande surprise, elle contenait une lettre du maître du miroir. Il s’agissait d’un ordre de mission. La femme-renarde voulait qu’Abysse l’aide dans une affaire. En résumé, elle devait se rendre dans les déserts en bordure de l’Entre-Monde pour une affaire des plus obscures.

Un étrange rugissement extirpa la Valkyrie de sa lecture. Welgerd tenait désormais entre ses mains une petite panthère. Enfin, il ne la tenait pas vraiment dans ses mains. Disons qu’elle s’était plutôt entichée de lui et qu’elle s’était fermement agrippée à sa manche. Un sourire amusé éclaira le visage de la jeune femme. La vision était plutôt distrayante. Elle comprit par la suite de la conversation que cette panthère était une espèce protégée et qu’elle devait retourner dans son habitat d’origine. Abysse s’approcha d’un air compréhensible du bureau de Welgerd qui semblait passablement excédé. Elle s’appuya sur le bord du bureau après avoir posé la missive de Souen sous les yeux de Wergeld.

- Figure-toi que je suis cordialement invitée à me rendre sur les terres natales de ton nouvel animal de compagnie. Je peux m’arranger pour le ramener chez lui si tu veux.

[ jsuis désolée, j'ai pas d'inspi -_- ]

Ayame tente de tenir la bestiole dans ses mains, sauf qu'elle préfère le cuir de mon blouson. Elle se faufile mieux qu'un serpent entre ses doigts et s'empresse de venir jouer avec mes mains. je la repousse aussi délicatement que je le peux... Sauf que je n'ai jamais vraiment maitrisé ma force, la bestiole fait une roulade arrière et le temps de se remettre sur ses pattes qu'elle bondit sur ma main à nouveau. Je grimace, ses petites dents s'enfoncent dans ma peau et sa fait un mal de chien cette connerie !

-Aya...

-J'y peux rien, elle est amoureuse de toi, tu dois avoir une odeur similaire à sa mère... Qu'en sais-je !?

Je m'éclaircis la gorge... Il sourit et hausse les épaules en signe de résignation. Le secrétaire malade s'approcha du bureau et pris la missive.

-Je vais vous la lire.

J'acquiesce et enferme le monstre dans le creux de mon coude. Elle bouge plus trop, un instant j'ai peur de l'étouffer, mais le creux est en fait assez large pour qu'elle gambade librement... En fait, elle doit s'y sentir bien, sa langue rappeuse gratte ma manche. Il manquait plus que ça. Le secrétaire commence à lire à haute voix, je lui fais signe d'en arriver au fait. Il s'exécute et j'apprends avec surprise que oui! Caliope envoie du monde sur mon territoire sans me prévenir.
Mais en même temps, nous partageons les mêmes informations. L'idée était bonne, mais Abysse ne pourrait pas y aller en naviguant. Les peuplades du désert n'apprécieront pas de voir un bâteau volant survoler leur espace aérien, sachant que dans le désert on s'attend pas trop à voir des bâteaux dans le ciel...

-Les déserts de l'Est sont plutôt loin des montagnes du Nord, et puis...

Je baissais les yeux sur la mini-chose (version 2 -la première étant Caliope) elle avait été mal sevrée, immédiatement mis entre les mains des êtres de la ville. Si on la jetait dans la nature elle en mourrait, surtout à son âge. Il y a peu de chance que nous trouvions sa mère et cette dernière ne reconnaitrait même pas sa progéniture, puisqu'elle n'en aurait pas l'odeur. Verdict final, j'avais le choix entre la déposer dans un zoo de Tern ou la garder avec moi.

-Tu ne vas quand même pas lui briser le coeur ?

Aya s'est penché derrière mon fauteuil et me parle de si près que j'en sursaute comme un débutant. Je compte lui dire un "dégage" qu'il mérite bien quand la suite me revient... Une mission dans le désert. Je lui signifie qu'il vaut mieux pour lui s'écarter avant que je ne le pousse contre un mur. Il s'exécute et me permet de reprendre ma conversation avec Abysse.

-Tu as dû remarquer qu'en ce moment il ne fait pas bon de vivre dans l'Entre-Monde. Seulement... Nous avons une petite idée de qui/quoi, enfin du truc qui serait derrière tout ça.

Je pourrais simplement lui en dire plus... Et la laisser partir seule à l'aventure en lui recommandant bêtement d'y aller avec un autre véhicule que son navire si elle veut pas se faire harponner par les guerriers des sables. Cette population est plutôt douée pour la chasse aux dragons, alors navire ou pas... Les secrétaires me voient déjà venir, ils en soupirent d'avance et me lancent des regards mi désespérés mi suppliant...

-Le désert est plutôt dangereux... Si tu acceptes que je t'accompagne, je t'en dirais plus sur l'objectif de ta mission.

Un léger sourire fend mon visage. Le chat en profite pour bondir sur mon épaule et se cale contre mon cou et contre le dossier du fauteuil.
Sur la table centrale de la pièce, où trônait une maquette représentant la topographie de la ville jusqu'à Atlantis avec la représentation en plastique d'un pont géant, était posé aussi une cafetière, un panier de viennoiseries et différents vestiges de ce qui nous tenait éveillés toute la journée. Ayame s'empara d'une soucoupe qu'il remplit de l'air. Il le posa sur mon bureau et s'installa sur le coin. La panthère me laissa enfin libre appelée par la faim jusqu'au semi-elfe qu'elle ignora superbement pour laper le lait goulument.

-Comment tu vas l'appeler ?

-Je m'en fiche, appelle-la comme tu veux.

-Que penses-tu de Soare ?

-C'est pas un nom pour une panthère.

-Faudrait savoir ce que tu veux !

-Ouai, c'est bon. Soare. Ça ira...

Ayame caresse la panthère sur la nuque, un faible sourire accompagne la malice de son oeil bleu. Adopter un animal, on avait vraiment pas besoin de ça. Y en a suffisamment dans la nature pour ne pas en rajouter dans nos pattes... Je suis presque lassé. Il sait toujours comment je vais réagir, et il se doutait bien que je garderai la chose avec nous au moins assez longtemps pour qu'elle soit fichue de se débrouiller seule. Et puisque je le connais vraiment bien, je sais comment elle est arrivée chez nous.

-Tu n'oublieras pas d'aller dire au prétorien de libérer le gars que je viens de faire enfermer pour tes manigances. Et la prochaine fois, dépose un panier à ma porte plutôt que deux types payés pour me faire adopter un chaton.

Ayame me sourit de toutes ses dents. Ça lui ressemble tellement. Je lisse la ride naissante à la jointure de mon nez et de mes sourcils. Je ne sais plus vraiment ce qui lui passe par la tête, il trouve toujours quelque chose de nouveau pour motiver le quotidien. Penser à lui faire faire un collier avec l'écusson de K'ouen aussi... J'y penserai quand elle sera assez grande pour porter un collier qui ne sera pas trois fois plus lourd qu'elle.

Abysse de pu s’empêcher de sourire. Malgré les apparences, Wergeld aimait bien cette petite panthère. Cela faisait quelques minutes qu’elle se trouvait à faire des acrobaties dans ses bras et il s’y était déjà attaché. Non, sa proposition n’avait été que de vaines paroles. La Valkyrie juste cherché à titiller le jeune homme vis-à-vis de son nouvel animal de compagnie. Il s’agissait d’ailleurs d’un animal domestique des plus originaux. Nul doute que cette petite bête finirait par effrayer plus d’un visiteur non averti. Peut-être que cela permettra un peu plus de repos au maître du miroir ?

La jeune femme chassa ses pensées amusées et reporta son attention sur Wu. Elle ne pu s’empêcher de tiquer et de froncer les sourcils. Le jeune homme semblait en savoir long sur la mission que lui avait confiée la petite rouquine. Dans quelle combine l’avaient-ils embarquée ? Abysse n’aimait pas ça et ne la rassurait guère. Elle se sentait légèrement manipulée par les deux maîtres de miroirs. Lorsque Wergeld finit par lui proposer de l’accompagner son regard devint plus sombre. Tout cela sentait autant la mise en scène que l’adoption de la panthère.

Abysse fit la moue, pas très convaincue par l’idée. Il fallait dire que l’offre était plutôt alléchante. Cette mission proposait une somme conséquente et la Walkyries&co avait terriblement besoin d’argent ces derniers temps. Finalement, Abysse balaya tous ses doutes. L’aventure était bien trop attrayante.

- Si ça te tente de m’accompagner, je ne refuserais pas ton aide. En revanche, ce sera sans le Fenrir. Le désert n’est pas très sûr pour ce que j’en sais…

Abysse marqua un temps d’arrêt. Son explication était franchement bancale. Elle décida finalement de donner la véritable raison.

- …et puis le Fenrir a subit quelques petits dommages à Atlantis, il a des problèmes d’étanchéité. Une de leur stupide cargo-baleine a abimé la poupe.

Sur le coup, la jeune femme avait été particulièrement énervée. Elle avait bien manqué de tuer la baleine pour avoir osé abimer le Fenrir. A présent, Abysse trouvait l’anecdote plutôt amusante. Elle s’était montrée tellement désagréable et en furie que la gérante de la cité sous-marine lui avait promis un aménagement spécial de l’embarcadère pour les navires de l’Entre-Monde. Abysse sourit.

- Donc actuellement je ne suis plus le Capitaine du Fenrir mais une simple mercenaire à la recherche de petits boulots. Alors un pique-nique dans le désert, ca te tente toujours ?

Voilà que les affaires tournent dans le bon sens pour une fois. Cette femme avait le mérite de ne pas y aller par quatre chemins et c'était une qualité que j'admirais plus que tout autre ! Accepter sans rechigner, et se prémunir rapidement, ça c'était un compagnon de voyage comme je les aimais. Ayame n'avait qu'à bien se tenir, s'il continue à me coller des chatons dans les bras, je le vire et j'engage Abysse avec une paye double !
En fait non, Abysse n'acceptera jamais de bosser pour moi, quant à Aya... Si je pouvais me passer de lui j'aurais accepter les 7 ou 8 lettres de démissions qu'il a déjà tenté de me faire lire. Sauf que, dommage pour lui, je sens leur odeur avant même d'y toucher, elles finissent ainsi dans le broyeur sans aucune autre possibilité de survie.

-Heureux de voir que tu acceptes facilement.

Ayame se lève et embarque avec lui les secrétaires. Ils vont nous préparer de quoi voyager tranquillement jusque dans le désert. On allait avoir plusieurs jours de course si nous voulions ne pas mettre un mois pour y arriver. Plus vite nous aurons fini, moins de monstre aura le temps de nous attaquer. Pas que ça me pose de problème, mais, même moi je ne suis pas invincible et les lions de la dernière fois m'ont rappelé cette règle d'or que j'aurais pu facilement oublié.

Soare finissait de lécher sa soucoupe, quand je sortis d'un tiroir une liasse de rapports. Des missionnaires mandatés par K'ouen ratissaient le pays depuis plusieurs jours afin de trouver quelque chose qui nous aurait échappé jusque là. Personne n'avait encore mis les pieds dans la Zone Inconnue, pour ça, c'est moi qu'on attendait et je ne comptais pas organiser une expédition immédiatement. Pas tant que d'autres solutions pouvaient se présenter à nous. Finalement, les rapports parlaient de légendes venus du désert, très intéressantes par leur contenue.

-Es-tu déjà allé à Sierra ? C'est une ville au bord du lac d'Arevir. Une oasis titanesque qui recèle une large population de créatures du désert venues d'un peu partout dans l'Univers. Selon l'un de mes missionnaires, il y aurait là bas des dieux, as-tu entendu parler de Râ, bastet et Osiris ? Ces dieux, le jour des catastrophes, ont promis que celui ou celle qui saura prouver son courage bénéficiera de leur savoir. Tu remarqueras la coincidence. L'homme qui m'a écrit ce rapport n'a pas réussi à vaincre le basilic qui s'est dressé contre lui, en fait, quand il a su qu'il allait devoir tuer un reptile très résistant qui faisait huit fois sa taille -et cet homme est plus grand que toi- il a préféré déclarer forfait. Il s'en est sortit de justesse... Bref, il nous faut savoir ce que ces dieux nous cachent. Le problème est de leur soutirer les informations, le maitre de K'ien ne pourra certainement pas leur faire cracher le morceau ils se sont barricadés dans leur sanctuaire et sont très nombreux... Toujours partante pour manger du serpent ?

Le temps de finir mon monologue que Soare revenait à la charge. Mon blouson commençait à ressembler à une serpillère et se couvrait peu à peu de petite griffures... Faut que je lui achète des trucs pour chat... Je suis pas sûr que ça fonctionne pour une panthère mais déjà quelque chose pour qu'elle fasse se griffes serait un excellent investissement. À ce rythme, mon blouson et tous les autres seront foutus.

Abysse ne pouvait s’empêcher d’être légèrement déconcertée. Alors que rien dans la lettre n’indiquait le but exact de sa mission, Wergeld semblait en savoir plus long qu’elle sur le sujet. On eu dit que les deux maîtres de miroir s’étaient concertés. En tant normal, la jeune valkyrie se serait montrée plus méfiante. En fait, elle connaissait suffisamment Caliope et Wergeld pour leur faire un minimum confiance. Par ailleurs, elle croyait en ses capacités et pensait pouvoir se sortir du pétrin s’il le fallait. Abysse était peut-être un peu trop sûre d’elle.

Il n’empêche que Wergeld savait la prendre par les sentiments. Au descriptif qu’il lui donna, la mission lui parut extrêmement alléchante. Abysse était toujours à la recherche de nouveau, de mystères à résoudre et surtout de défis à relever. Cette mission, présentée de la sorte, semblait convenir aux attentes de la jeune femme. Un sourire satisfait étira ses lèvres tandis qu’une lueur farouche éclaira son regard.

- Tout ceci m’a l’air bien intéressant. Ce basilic m’a l’air d’être un adversaire digne de ce nom. J’ai bien envie d’apprendre à ces dieux ce qu’est la férocité d’une Walkyrie. Et puis, pour ce qui est des muscles et des grands gaillards, je peux toujours m’arranger pour qu’Ulrik, mon second, m’accompagne.

Abysse avait entièrement confiance en son second et maître d’équipage. Au premier aspect, il ne pouvait paraître qu’être un gros tas de muscle dépassant le double-mètre. Pour Abysse, il était l’ami le plus fidèle qu’elle connaisse. C’était le genre d’homme qui ne vous laisse jamais tomber, le genre d’homme sur qui on peut compter. Et puis, pour ce qui était de la force physique, il rivalisait presque à le maître de K’ouen. Après tout, Ulrik était un lycan de l’Ours. On est toujours content d’avoir avec soi mais pas en face de soi un ours géant en armure.

- Bon je suis partante. Tu seras accompagné d’Ayame je suppose ? Ta panthère, tu la laisses ici ? Je vais m’arranger pour qu’Ulrik se joigne à nous.

Abysse se sentait déjà impatiente de partir en mission. Elle n’arrivait plus vraiment à tenir en place. Son esprit bouillonnait. Des centaines d’idées fusaient dans son esprit sans qu’elle puisse les contenir. Elle pensait déjà aux préparatifs. Pour qu’une expédition soit menée à bien et dans de bonnes conditions, il fallait toujours la préparer soigneusement et méticuleusement. La précipitation était toujours à éviter.

[ c'est court, c'est nul, j'ai pas d'inspi, pardon ^^" ]

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