Douces vacances en bord de mer

Une drôle de sirène blonde m’approchait, les cheveux trempés tombant sur ses épaules, sa peau pâle parsemée de gouttelettes. J’eu le droit à une cour langoureuse, me laissant faire, un kaléidoscope d’émotions me traversant le crâne. Mes poumons demandaient de l’air à un rythme effréné et ma respiration se fit de plus en plus forte au fur et à mesure que les mains de ma commissaire dansaient sur ma peau. Sa jambe électrisa ma peau, n’aidant absolument pas mon désir à se calmer. Et quand Myra approcha ses lèvres, languissante, je laissais ma langue glisser entre mes dents, la désirant plus que tout au monde.

Sauf j’eu aussi le droit à la douche froide.

Je dois avouer que je m’étais fait avoir à mon propre piège. A peine avais-je senti le fauchage de la cheville, le temps de retrouver un semblant d’idée clair pour (tenter de) réagir que je me retrouvais déjà coulé, la vue voilée par l’eau, les bulles qui jaillissaient de ma bouche, encore en train d’articuler mon cri de surprise et l’incompréhension passagère de la situation exacte.
Toujours est-il qu’une fois la pression exercée par Myra disparue, je jaillissais de l’eau en prenant une grande inspiration, une bonne partie de mon oxygène s’étant fait la malle avec mon absence de réflexe, et dans l’état où elle m’avait mis, mon corps avait besoin d’air. Toussotant à moitié, mi-grimaçant à cause du sel et mi-hilare par son piège bien ficelé, je trébuchais en arrière, tombant fesses les premières dans les bas-fonds. L’eau m’arrivait juste en dessous des épaules, et je restais là, riant de bon cœur, toussant parfois, à me faire faussement sermonner par ma petite-amie.
A vrai dire, celle là je la méritais –je venais de lui faire le coup, finalement-, et je restais assis, un sourire vissé sur le visage, hochant la tête, l’air de dire « Ok, bien joué, 1 partout ».

Myra était debout devant moi, son air furieux discrédité par son sourire en coin. Mes yeux s’attardèrent sur sa plastique un moment, ne pouvant résister au spectacle de ma commissaire en sous-vêtements, la peau brillante sous la lune, une partie de ses fins cheveux de miel tombant sur une de ses épaules. Je pris ne nouvelle inspiration, mordant furtivement ma lèvre inférieure, avant de replonger mon regard dans le sien. Je me relevais d’un bond, faisant craquer mes doigts et mon cou, un sourire espiègle sur les lèvres.

– Très bien, ma belle. Si c’est la guerre que tu veux…

Me baissant soudainement, je projetais dans sa direction une giclée d’eau pour l’aveugler. Profitant de l’occasion, je me précipitais vers elle, passait un bras autour de son ventre le moins violement possible – entrainer quelqu’un sans lui faire en pleine course n’était pas forcément aisé- et l’entrainait avec moi dans les flots. L’eau nous arrivait à peine au bassin, je savais donc qu’elle ne risquait rien. Les minutes qui suivirent ne furent qu’attaques et contre-attaques. Lors de rares trêves, j’embrassais avec passion ma dulcinée, laissant mes mains caresser sa peau, glissant dans son dos, sur ses reins et son ventre, mes baisers suivant les lignes de ses clavicules, m’attardant sur son cou, lui chuchotant des «je t’aime» essoufflés… Avant que l’un de nous ne retransforme l’autre en sous-marin.

Malgré l’absence de vent et nos jeux aquatiques, la température commençait à être de moins en moins agréable, et la nuit n’était même pas au dixième de sa durée. Alors que je sortais la tête hors de l’eau pour une énième fois, je frissonnais, pour une fois à cause de la température. Je levais les bras en l’air, un sourire doux flottant sur mes lèvres bleuies.

– Je me rends, madame la commissaire. Vous avez gagné. Vous pouvez m’arrêtez et me conduite au poste le plus vitre possible ? Vous pourrez toujours prendre ma déposition devant la cheminée… Le lit est aussi une solution. Pas très professionnel, mais bien plus confortable…

Je restais les bras en l’air, claquant doucement des dents. Tout ce que je voulais, c’était elle, désormais. Et Raku finirait coulé dans du béton et jeté dans l’océan si je ne voyais ne serait-ce qu’un brin de laine entre la plage et la chambre.

La porte se refermait lentement dans un sifflement silencieux, et la température tiède de la salle me rappela à quel point l'idée de se baigner dans une eau glaciale en pleine nuit n'était pas forcément celle du siècle. Mais le sacrifice en valait largement la peine. Presque dans un chuchotement, elle me fit part de ses envies. La chaleur de sa main sur ma peau me fit sourire. Et j'étais sur qu’elle avait pu sentir les battements sourds sur la couche de chair. Je répondais à son baiser avec le plus de tendresse possible -d'autres sentiments bien moins tranquilles me dévoraient- et laissait ma main glisser sur la peau de son bras alors qu'elle fuyait vers la salle de bain.

A peine Myra disparue, je respirais à plein poumons, mon système sanguin mis à mal par tous les gestes -volontaires ou non- de la demoiselle.Je coinçais l'ongle de mon pouce entre mes dents, l'index posé sur la lèvre supérieure, le poing fermé. L'idée de me faire « interroger » sous la douche par l'une des représentantes de forces de l'ordre la plus sexy que j'avais croisé jusqu'à maintenant était diablement tentante. Aussi me glissais-je a mon tour vers la salle de bain, un sourire vissé sur le visage.

Je posais une épaule sur l'encadrure de la porte. Myra me tournait le dos et j'en profitais pour me glisser tendrement dans son dos, croisant les bras à hauteur de son ventre, mes lèvres effleurant son oreille. Je descendais progressivement mes baisers vers son cou, mes mains massant délicatement ses hanches. Je lâchais dans un souffle :

– Rien ne nous empêche de commencer la déposition dans la salle de bain.

Mes caresses s’intensifièrent, dessinant des cercles tendres sur la peau de son ventre, tandis que j’assaillais son cou d'embrassades. Sa peau était salée. Je crus sentir un frisson parcourant sa peau, mais dans l'état où j'étais et en raison de notre proximité -nous étions collé l'un à l'autre- il avait tout à fait pu s'agir de moi. Je cessais mes tortures pour me placer face à elle et repoussait doucement ses mèches de cheveux raidi par le sel, glissant mon autre main dans la sienne. Ses beaux yeux rouges me fixaient, et je ne pus que sourire, une flamme de désir illuminant mon propre regard améthyste. Mes doigts lâchèrent ses cheveux pour glisser le long de sa joue, descendre  sur son cou et s’arrêter un peu au dessus de son cœur. Je riais silencieusement quand mes doigts vibraient sous le rythme cardiaque effréné de ma commissaire.

– Ta réponse, ma belle. Ta douche, avec ou sans Corben ?

Je serrais doucement la main de Myra, espérant de tout cœur pour une réponse positive. Je ne voulais pas la brusquer, mais... Son regard tout à l'heure avait dit pas mal de choses. Du moins, c'est ce que j'en avais compris.

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