Re: Le poulet qui chassait un loup [PV Aliénor]

Spoiler:

Frissonnant et reniflant, Uriel se laissa asseoir et chouchouter, tout en tordant le cou pour suivre des yeux le Dieu qui disparaissait au coin d'une rue.

"Son nom est Lu'faol, je crois... Le Dieu du métal et du miroir de Ken, tout ça..." dit-il avec une fausse désinvolture.

Comme s'il n'absorbait pas comme de l'eau toutes les infos qui filtraient sur le panthéon local. Bon, mais il pouvait toujours se brosser pour cet article pour le Canard Boiteux, vu qu'il préférait quand même faire soigner une bonne fois pour toutes son aile. Et puis, Aliénor avait des mains très agréables et il n'avait vraiment pas envie de bouger...

'Non, merci" répondit-il d'ailleurs à qui lui proposait l'hébergement. "C'est sympa de votre part, mais je passe mon tour."

Se tournant vers Aliénor, il ajouta :

"Si ça ne vous dérange pas, je vous en prie, guérissez ! De toute façon si je les laisse comme ça je ne pourrai pas voler avant deux jours, et encore, si c'est pour que le moindre battement d'ailes d'un dragon obèse me fasse faire le grand plongeon... Vous pouvez le faire ici, ou... ?"

Je regarde autour de moi, je cherche ma trousse que je trouve, j'abandonne la couverture qui me couvrait et me dirige vers elle, la saisissant, je reviens vers Uriel et m'assois derrière lui.

"Ne vous inquiétez pas, je le soigne et on va se mettre au chaud, promis. En attendant, vous pouvez nous laisser."

L'homme semble perplexe, je me décide alors et lui offre un sourire qui en dit long accompagné d'un regard qui veut tout dire, cela semble lui suffire et prenant sa femme par le bras, il nous salue et s'éloigne:

"Gentil, mais parfois un peu collant. Je peux le faire ici..."

Farfouillant dans ma sacoche, j'en extirpe quelques plantes dont une que je frotte dans mes mains, avant de les appliquer avec douceur sur l'aile abîmée, je laisse mon don envahir et je me concentre et de ce fait, je ne parle plus, le silence s'installe, on entend tout juste le bruit des oiseaux et le fleuve derrière nous.
Quelques minutes passent et je me met à masser avec douceur l'aile, la douleur ayant grâce à la plante disparu:

"Lu'faol, dieu du métal et de Ken... Vous venez de m'apprendre quelque chose."

Ma voix est légèrement amusé, je retire doucement mes mains avant de farfouiller de nouveau dans ma sacoche et de sortir une pommade.

"Je suis guérisseuse au Sanctuaire, enfin, j'en suis la directrice même. Soigner j'aime ça, c'est ma vie, ma passion. Et vous, qu'est-ce que vous faites à part voler avec une aile aussi abîmée?"

Toujours avec douceur, je place une noisette de pommade sur mes doigts et l'applique sur l'ossature de l'aile qui est blessée, évitant les plumes.

"Faudra vraiment éviter de rejoindre les oiseaux durant minimum quatre jours, mais comme je ne suis pas une grande spécialiste dans le domaine des ailes, je vous conseillerai d'aller vous assurer au Sanctuaire que tout est correct, nous avons des spécialistes dont certains qui pourrait vous soigner plus rapidement."

Logiquement il ne devrait plus avoir mal, je dis bien logiquement...

"La douleur est encore là?"

Hé ben, la directrice du Sanctuaire en personne ! Uriel fut vaguement impressionné. Il était en présence d'une célébrité ! Plus d'un ragot était passé dans le Canard Boîteux sur la jolie jeune femme. Remarquez, si elle se trouvait souvent dans ce genre de situation, ce n'était pas étonnant. En la voyant agenouillée derrière un homme inconnu alors que ses vêtements trempés lui collaient au corps, on pouvait facilement mal interpréter la scène.

Uriel jeta subrepticement des coups d'oeil alentour, se demandant s'il était vraiment le seul journaliste improvisé du coin. Non pas que ça le contrarierait de faire la une du Canard Boîteux avec la jolie Aliénor.

"Quand je ne vole pas avec une aile blessée, je vole avec deux ailes en bon état", ironisa-t-il. "Je suis livreur. Paquets, courrier, tout ce que je peux porter. Je fais plein de pub en ville, vous avez peut-être déjà vu des prospectus pour le Messager du Ciel ?" ajouta-t-il en jetant un coup d'oeil plein d'espoir par-dessus son épaule.

Ce n'était pas qu'il avait parfois l'impression que ses tracts étaient invisibles, mais presque. En fait, ce serait peut-être même carrément une bonne idée, cet article de commérages. Aucune publicité n'était mauvaise pour les affaires.

En attendant, son aile allait trois fois mieux, et ce n'était pas une exagération. Uriel l'étira précautionneusement, mais à part une sorte d'engourdissement qui venait sans doute des agents anti-douleur des médicaments, il n'avait pas à se plaindre.

"Fantastique !" s'exclama-t-il. "Des jours que je ne pouvais plus me gratter l'omoplate. Vous me sauvez la vie ! Et bon, puisqu'apparemment je suis au chômage technique pour quelques jours, j'imagine que j'aurai le temps de faire un tour au Sanctuaire..."

Le Messager du Ciel? Ah oui ça me dis quelque chose! J'avais d'ailleurs trouvé ça bien original et fort pratique quand on voit l'étendu de l'Entre Monde en surface (et ne parlons pas de ce qu'il y a sous terre et de l'étendu aussi vaste des Fumeroles...).
Je ne peux m'empêcher de sourire devant son air et je m'empresse d'hocher la tête:

"Oui j'en ai entendu parler et j'avoue que ça m'a fort intéressé... Avec l'étendu de la ville, et la longueur des facteurs, parfois je vous avoue que c'est compliqué. Vous ne vous occuper que de la surface?"

J'étais fort intéressée de savoir si il pouvait aussi voler sous terre ma fois... Le plafond des Fumeroles est assez haut et pourquoi pas hein...
Quand je vois sa mine réjouie pour son aile, je me dis que c'est pour ces moments là que j'aime être guérisseuse... Pour ces rares petites joies et qu'on voit surtout le bonheur des gens dans un simple regard où au son d'une simple voix.

"Au Sanctuaire, demandé donc à voir Lawaren, il s'occupe de tout ce qui touche à la reconstitution de la matière et pourra soigner mieux les tissus endommagé. Mais faites attention en attendant hein..."

Je me redresse et je ne peux que constater mon état que j'avais temporairement oublié... Mes vêtements son tout collés à mon corps et mon haut moule parfaitement mes courbes, même très grossièrement et laisse apercevoir ce qu'il y a en dessous...
Rougissant comme pas possible, je saisis la couverture encore présente au sol et m'enroule autour... Non mais à quoi je pensais là?!

"Excusez moi... Ce n'est pas convenable j'en suis désolée..."

Et prise d'une subite idée, je regarde autour de moi l'air légèrement paniqué... Oh non... Non... je veux pas encore mettre quelqu'un dans l'embarras... Pitié pourvu qu'il n'y ait pas de journalistes...

"J'ai le don de me mettre dans des situations folles..."

Je lève les yeux au ciel et secoue la tête, je récupère mon sac et range mon pot de crème dedans:

"Je vais y aller, rester pas trop mouiller vous non plus... Et si jamais Lawaren n'est pas de service quand vous irez, faites moi appeler, je serai ravis de vous revoir..."

Spoiler:

Ah, enfin quelqu'un qui avait entendu parler du Messager ! Uriel était aux anges.

"Oh non, vous savez, je livre vraiment partout !" s'exclama-t-il avec enthousiasme. "Quand je ne peux plus voler, je marche. Et si vous voulez parler du Sanctuaire ou des Fumeroles, bien sûr, j'y passe aussi ! Ce n'est pas plus contraignant que la surface."

Et même moins qu'une livraison pour l'Ile aux Loups. Quoique maintenant qu'il avait un titre de perçant, ses délais de livraison allaient pouvoir devenir très compétitifs ! D'ailleurs, il allait falloir qu'il revoie entièrement sa campagne de publicité pour mettre l'accent là-dessus.

Avant qu'il n'ait pu se retourner, Aliénor s'enroula dans la couverture. Uriel retint un soupir de dépit. Il lui avait tourné le dos tout ce temps, il n'avait même pas eu l'occasion de profiter de la vue ! Mais il se hissa sur ses pieds en souriant. Si elle savait ce qu'il pensait des convenances... Ses ailes n'étaient pas devenues grises pour rien, tout de même.

"Pas de problème" se contenta-t-il de dire. "Rentrez bien, et merci beaucoup pour le coup de main. J'espère vous revoir un de ces jours ! Et n'oubliez pas, si jamais vous avez besoin d'un livreur..."

Il aurait voulu faire une révérence, mais avec le poids de ses ailes trempées qui lui pesait sur les épaules, il se serait sans doute cassé la figure. Il se contenta donc d'incliner le buste avec un clin d'oeil complice. Puis il tourna les talons et reprit le chemin de chez lui, un oeil toujours aux aguets dans le vain espoir d'apercevoir le dieu Loup.

Spoiler:

RP clos