Jounée de soleil au fil de l'eau [pv Selene]

Faire des jalouses ? Avec moi ? Oh, il est vrai que je ne pourrais pas m'amuser à courir après toutes ces dames toute la nuit, déjà parce que ci j'osais je serais interdit de visite dans Northrives -lieu où je me produis le plus souvent- et puis, j'étais bien trop gentil pour ça... Je n'aurais de toute façon pas le temps pour le faire, donc oui, elle pourrait faire quelques jalouses, bien que je ne sois pas le meilleur partie du quartier. Je me levais subitement et m'inclinais devant la jeune femme plus jolie encore que sous le soleil de cette après midi. Un soure, j'allais lui tendre la main quand Pan bondit de mon épaule et rejoignit celle de la jeune femme. Il lui offrit la plume et s'amusa à caliner sa joue avec la sienne...

-Il a une drôle de façon de voir la galanterie...

Je retins un rire avant de récupérer l'animal entre le pouce et l'index. Pan se débattit dans le vide poussant un simili de jurons et montrant les poings comme s'il essayait de me frapper.

-Et je crois qu'il est jaloux. Et de un !

Revenu sur mon épaule, le singe tourna le dos à Selène et à moi-même, ainsi s'assit-il à l'envers sur son perchoir, et boudait-il, le menton poser sur sa paume et les pattes ramenées sur son ventre... Pauvre petit Pan, je lui offrirais quelque chose pour qu'il s'amuse demain. Les bals ne sont pas faits pour les singes, encore heureux.
Poing serrés devant les lèvres, je m'éclaircis la voix et tendis enfin la main à ma compagne pour ce soir.

-Vous êtes ravissante.

Le bal n'était pas bien loin, je n'avais donc pas pris la peine de faire appeler une calèche pour nous emmener, marcher quelques minutes à la fraicheur du soir, me permettra de discuter un peu avec la jolie jeune femme avant de ne plus pouvoir faire autre chose que m'amuser et danser... En espérant que je ne boive pas, alors, il se peut que mes jeux lorgnent sur les balconnets imposant de quelques autres jolies filles qui se pavaneront bien heureuses jusque dans mes bras...
Non, sincèrement, je ne souhaite pas réitérer l'incident de Tern, j'y suis pour ainsi dire plutôt mal vue et attendu par la milice privée de je ne sais quel notable de la ville moderne... Loin de moi l'envie de mourir torturé dans une cave, encore moins dans Northrives...

La jeune femme ne put retenir un sourire en levant un bref instant les yeux au ciel. Que de galanterie. Dommage que l'effet soit plus comique qu'autre chose car avec un début de spectacle animé par Pan, plus rien n'a l'effet escompté.
Qu'a cela ne tienne, la soirée était prévue pour s'amuser non ? On pouvait donc dire que ça commençait bien. Le compliment ne déplut pas pour autant. Au moins la trouvait-il plaisante a regarder.
La démone prit la main qu'on lui offrait et ils purent se mettre en marche. Les rires et la musique résonnaient déjà et dans la rue, robes et tenues de soirées se dirigeaient toutes vers le même endroit. Pratique de loger à côté de la grande place.

Sélène se laissa le temps de franchir le pont pour aller sur le trottoir en face avant de prendre de nouveau la parole. Un demi-sourire éclairait son visage caché en partie par son masque. Un éclair de lumière bleue s'y accrocha un instant quand elle tourna légèrement la tête vers son cavalier sans interrompre sa marche.

-C'est vraiment gentil de m'accompagner pour cette soirée. Mais j'espère bien que c'est le goût de l'amusement qui vous a poussé a m'inviter et pas autre chose. Je ne voudrais pas être la seule à profiter de la nuit sans penser au lever du jour.-

La formule était très enrobée mais c'était une habitude qu'elle avait prit. Quand on discute avec des partons suceptibles, on apprend vite a ne pas foncer dans le tas. Les gens se braquent et ca finit mal pour tous. Aussi, prendre des pincettes avec des gants de velour pour faire passer la pilule, c'était devenu un reflexe.
La démone ne s'en faisait pas trop pour la réponse. Elle ne sentait pas en Virgile un grand passionné qui s'engage pour les années à venir. Il jouait bien la comédie mais n'aurait rien a gagner à faire l'insensible aussi devait il etre lui-même.
C'était assez amusant la façon dont il la traitait: comme une grande dame mais avec un peu trop de zèle pour être prit entièrement au serieux. La jeune femme ne savait pas quel âge il avait mais esperait qu'il garderait cette attitude même en vieillissant car les femmes apprécient toujours ce genre d'attentions, même exagérée.

[HJ: je me suis permis de nous faire bouger parce que sinon on risque d'être coincés dans le hall encore un bon moment ^^']

-Vous me pensez capable d'attendre de vous plus qu'une soirée de fête ?

Un sourire, je libérais son bras alors que le chemin devant nous nous rapprochais inexorablement vers le bal dont on entendait déjà les flûtes et les corps tinter dans la lumière du soir. Des gens, tout comme nous, filaient dans les rues, sur les petits trottoirs au bord du fleuve, d'autres encore abandonnaient les gondoles pour finir le trajet à pieds. Ils avaient tous le sourire à l'idée de profiter de cette soirée qui annonçait la fin des festivités de Northrives... Avant que les prochaines ne commencent.

Elle était vraiment jolie, une jeune femme pleine de promesse qui méritait qu'un homme qui l'aime vraiment lui fasse découvrir les voluptés de l'amour. Je n'étais pas de ce genre d'homme, je n'aimais réellement aucune femme, alors pour respecter la jeunesse et l'inconnu que représentait l'amour à cette enfant c'était une autre histoire. Mais nous étions sur la même longueur d'onde, cette soirée était là pour nous amuser et non prévoir ce que la chair nous réserve dans ses nuits.

J'avais parlé avec le sourire et un brin de moquerie, parce qu'il en fallait pour s'avouer si simplement comme un beau parleur et un profiteur. Mais l'art d'être acteur repose aussi sur la capacité à être sincère dans le rôle qu'on joue. Et je joue depuis si longtemps l'inaccessible Virgile que je me suis confondue avec lui il y a bien longtemps.

-Je ne vous ai invité que pour passer une soirée agréable, rien de plus.

Et puis, si je pouvais lui dire que l'homme qui l'emmène danser est aussi une femme, elle ne penserai plus possible de pouvoir partager plus que quelques danses avec moi. Sans compter que cette Virgile était déjà amoureuse.
J'avais dissocié les deux personnalité si radicalement que l'une ou l'autre je me sentais quelqu'un d'autre, je comptais sur mes talents d'acteur pour m'éviter de m'emmêler les pinceaux entre l'un et l'autre rôle.

Les rires et la musique de plus en forte, nous étions tout proche de la place où le bal s'étendrait jusqu'à la nuit tombée et jusqu'à ce que le feux d'artifice annonce la fin.

Un sourire encore plus large et lumineux éclaira le visage de la jeune femme. Un doute avait persisté malgré les évidences qui lui sautaient aux yeux et c'était un soulagement de s'entendre confirmer ce que l'on savait déjà.
Les rires se faisaient plus retentissant et il ne fallut pas longtemps pour déboucher sur la grande place. Noire de monde.

Des guirlandes de lampions tissaient une toile lumineuse au-dessus de la place et une musique vive et enrainante couvrait la foule depuis l'estrade en face de l'hôtel de ville. Danseurs et danseuses, tous portaient un masque plus ou moins complet et une tenue plus ou moins brillante. De longues tables le long des batisses étallaient une quantité surprenante de plats et de boissons.
La démone avait rarement vu autant d'animation sauf peut etre les jours de grande fête dans les Fumeroles. Mais là encore, l'ambiance était différente.
Se tournant vers Virgile, les yeux brillant comme des braises, elle lui prit la main et l'entraina à sa suite. L'orchestre s'était mis à jouer une valse joyeuse.

-Si on est venu pour s'amuser, allons-y! Et ouliez de me donner du "vous". J'ai encore toute une vie terriblement longue devant moi pour qu'on me vouvoye alors ne me vieillissez pas trop vite mon ami.-

Une vie terriblement longue. Aussi longue que celle des anges et ils étaient parmis les créatures à la longévité la plus conséquente. Sélène avait atteint l'âge adulte, elle ne grandissait plus depuis plusieurs années. A présent le temps glissait sur elle sans alterer son corps ou son esprit et cela pour quelques centaines d'années à venir. Elle ne prendrait que très lentement des rides et chez les démons, on vieillit très bien, comme chez leur opposés celestes.
Plusieur fois elle s'était demandé ce qui se passerait si elle retombait amoureuse d'un humain ou d'un autre être ne pouvant vivre plus de 80 ans sans souffrir du temps. C'était un sujet délicat pour elle et ses pairs à présent que tant de races vivaient de façon permanente dans l'Entre-Monde.

Mais ce genre de pensée compliquée qui ne représentaient pas un problème présent n'effleurèrent même pas l'esprit de la danseuse. A ce instant elle ne voulait que je laisser porter par la fête jusqu'à ce qu'il soit décreté que l'heure d'aller se coucher était venue.
Un sourire en coin, elle regardait le comédien dans les yeux à travers son masque.

-J'espère juste que vous ne filerez pas à l'anglaise quand j'aurais le dos tourné. J'aimerais vous souhaiter bon soir à la fin de la soirée et vous informer d'autre chose qui est toujours bon a prendre. Alors ne vous sauvez pas comme un voleur puisque vous êtes certain de ne pas tomber dans les rets d'une personne bercée d'illusions.-

Un second sourire malicieux étira les lèvres de la jeune femme. Se faire planter là, en plein milieu de la fête, ca ne lui plairait de moyennement. Elle voulait bien servir de pretexte pour aller danser mais pas se retrouver en position de dindon de la farce. Et puis avec toutes les politesses auquelles elle avait eu droit avant, ce serait bien ironique de voir s'envoler son cavalier sans même dire au revoir.

(désolé pour le temps, je suis décallé dans mon emploi du temps à cause de problèmes de santé T_T)

La fête était déjà bien entamée et le monde qui se précipitait sur l'immense place servant de piste de danse et de jeu rayonnait de joie et d'ivresse. L'oisiveté dans toute sa splendeur.

-De bien tristes paroles pour une si jolies jeune femme. Laisse moi continuer d'honorer ta beauté en palabres bien qu'ils soient inutiles. Mais je peux consentir à te tutoyer...

Je passais une main sur ses hanches et sans son consentement l'entrainait dans le début d'une valse qui ressemblait bien à une valse selon les pas, mais qui selon le rythme des tambours allait plus ou moins vite. Pan qui n'aimait pas vraiment lorsque ses perchoirs tournent sur eux-même s'échappa juste à temps pour éviter le tournis qu'il sentait poindre avec quelques nausées passagères clandestines de son estomac inexistant.
Les yeux rives sur le masque bleu et or et sur les prunelles qui se dessinaient dessous, je souriais confiant en cette soirée d'ivresse.

-Si rentrer seule te chagrine je suis prêts à te raccompagner, mais veille à ne pas m'inviter à entrer...

Sur ces mots, je l'emportais dans une toupie gracieuse, ce genre de choses impulsives que j'aime faire aux femmes, parce qu'elles aiment l'attention qu'un homme peut leur porter et je doute me vanter en disant qu'elles apprécient bien souvent ma présence.

Je n'ai pas vraiment de remords à ce que je fais, il m'arrive d'en avoir après quand les conséquences m'échappent où lorsqu'une gaffe de Peter Pan me conduit à fuir pour ma sécurité et à me faire discrêt un certain temps. La drôle de vie d'un acteur itinérant, d'un Dom Juan de l'Entre-Monde. Le rôle n'était pas déplaisant, bien que j'espère ne pas mourir aussi bêtement que ce cher Dom Juan qui ne méritait vraiment pas d'être ainsi censuré par la religion... Je ne me départis pas de mon sourire, j'appréciais la lumière des lampions sur le masque scintillant de ma cavalière, et les remords seront le cadeau du lendemain lorsque je devrais retourner chez Caël en me disant qu'il faudrait encore lui dissimuler la moitié de ce que je suis pour ne pas le blesser et pour ne pas le trahir.

La musique ne s'arrêtait pas, c'était comme des automates qui n'avaient d'autres choix que de continuer de jouer des heures durant sans jamais s'arrêter, que les notes continuent d'égayer Northrives jusqu'au point culminant d'une lune invisible derrière les banderoles rouge et or qui scintillait sous les jongleur de feu et les troubadours passant d'une convive à l'autre pour les faire rire, les surprendre. Un manège qui faisait ses preuves depuis des années.

La mise en garde fit rire aux éclats la jeune femme. Elle n'avait de toute façon pas l'intention d'inviter un tombeur comme Virgile à entrer dans sa chambre. Elle savait trop bien le message que ça impliquait et qui s'en suivrait.

-Je sais fermer ma porte aux loups, ne t'inquiete pas pour moi. Tu n'es même pas obligé d'aller jusqu'à me raccompagner. Mais n'oublis pas de me dire bonsoir avant de t'esquiver, que ce soit au bras d'une autre ou non.-

Un sourire entendu ponctua la fin de la phrase.
Sélène se laissa entraîner dans la danse.
Tout n'était que couleurs et lumières, les rires fusaient comme des feux d'artifices et explosaient dans la nuit au-dessus de la foule, l'orchestre jouait à s'en rompre les membres. La fête battrait encore son plein pendant plusieurs heures. La démone n'avait jamais autant ris depuis des mois voir des années. Elle s'amusait comme une enfant et retrouvait la légèreté de cette époque, sans penser à autre chose que l'instant présent, ni à la veille ni au lendemain. Les danseurs autour, les lampions au-dessus de sa tête, Virgile en face, elle était cernée par l'ambiance festive et s'il laissait aller avec délice. Les vacances sont faites pour ça non ?

[HJ: désolée, c'est pas très fournit. Je te laisse faire défiler la soirée et le feu d'artifice =) ]

La comparaison me fit sourire, moi un loup ? Je me voyais plutôt comme Peter Pan, un petit singe qu'on apprivoise facilement, bien que les farces soient nombreuses et parfois douteuses.

-Et bien je doute trouver plus jolie partenaire ce soir, alors je te souhaiterais une bonne nuit et peut-être que je te dirais "à la prochaine" pour un autre festival.

Il y avait, au festival de Northrives un goût d'ancien temps et d'excentricité moderne, je pouvais voir les convives toujours plus nombreuses arborer des masques et coiffures qui sans la technologie de Tern ou de Cerclon n'aurait jamais pu exister. Un concours de couleurs et à celui qui scintillera le plus.
Quand nous tournions sur nous-même, à zigzaguer entre les nombreux couples de danseurs, ces couleurs et ces lumières n'avaient plus aucune forme, elles se mélangeaient en une mosaïque sans limite, c'était sûrement ce que j'appréciais le plus dans ces soirées de fêtes.

Quand on s'amuse, il est difficile de voir le temps qui passe, on a beau jeter des coups d'œils à la grande horloge d'une tourelle, rien n'y fit, plus je l'observais et plus l'aiguille avançait vite. À croire qu'elle voulait écourter la soirée, faire passer le temps si vite que je n'ai en tête que le souvenir de ce moment bien trop rapide.
Mais, pour marquer le coup, je pouvais toujours compter sur Pan et ses cabrioles qui mirent de l'animation dans la fête. Les danseurs durent compter ce soir avec un intrus dans leurs pas de danse, Pan malheureux d'être si seul pour une soirée, crapahutait sur les coiffures les plus saugrenues et n'hésitais pas à y chipper ce qu'il pouvait... Des épingles brillantes par exemple qui tenaient parfaitement bien jusqu'à ce que le singe les ôtent d'un mouvement brusque. La coiffure s'effondrait comme un soufflé raté et le singe s'esquivait dans un rayon de lumière pour que personne ne le prenne au vol.
Dommage pour lui, ce petit voleur devait compter avec moi, je le récupérais en tendant le bras et au son de ses cris de protestations étouffé sous le feu d'artifice je dus bien me faire une raison, la fête était finie. Le singe regagna ma poche, quand bien même il avait conserver les épingles dorées, et j'entrainais ma compagne en bord de piste pour observer le feu d'artifice sans subir les coiffes un peu trop hautes des couples qui nous entouraient.

La fête termina en beauté et les musiciens remballaient déjà comme l'ombre qui entoure la couverture du livre qu'on ferme s'abattait sur les sourires de tous. Je n'y faisais pas exception.

-Et bien, je crois que le festival est terminé. Et tu vois je ne t'ai pas lâché de toute la soirée, permet-moi de te dire à bientôt.

Je me penchais pour embrasser sa joue et me redressais pour espérer une prochaine fois dans un faible sourire.