Re: Une visite particulière

J'ai une tasse brûlante dans les mains. Je déteste le café, odeur et goût compris. Je ne bois que du chocolat habituellement... Ou du lait. Mais Henrir a dû songer que ça ternirait mon image si je me mettais à boir un chocolat chaud après une journée pareille... Donc j'ai une tasse dans les mains que je ne bois pas. Je me suis installé au fond d'un fauteuil près du fenêtre et mes yeux s'arrêtent sur le ciel. On y voit quelques îles volantes plus ou moins éloignées. Là bas des gens vivent comme si de rien n'était et pour eux rien n'est arrivé, ou du moins, pas ce qui m'est exactement arrivé. Je fronce le nez, j'ai fais l'erreur de porter la tasse à ma bouche. C'est aussi infecte que ça en a l'air.

Elle sort de la salle de bain. Et mieux qu'un cyborg, je bug littéralement. Elle a des marques un peu partout, une pointe d'agacement revient colorer mes joues d'un rouge encore un peu pâle, j'irais bien saluer sa peau encore un peu humide. Mais je reste dans ce fauteuil, à la regarder sans rien faire.
Je bondis du fauteuil délaisse la tasse et ôte ma chemise que je n'avais même pas fermé. Je la pose sur ses épaules un léger sourire s'esquisse sur mes lèvres.

-Laisse les vêtements abîmés ici j'ai un service de couture tout à fait qualifier pour leur redonner vie.

Je m'éloigne d'elle une nouvelle fois. J'ai encore le désir impérieux de prolonger le contact qui nous a lié jusqu'à maintenant.

-Mange quelque chose avant de partir, au moins.

Au départ je voulais lui dire de rester autant qu'elle le voudrait mais ce serait malvenu. Je n'allais pas lui dire "chérie je suis déjà avec un assassin complètement barge". Encore si on enlève le "chérie" et qu'on remplace "assassin complètement barge" par "homme" ça suffirait à lui faire comprendre. Et je pourrais le prononcer sans m'étrangler.

Je remarque la légère rougeur de ces joues alors qu'il me regarde, que n'aurai-je pas donner pour me blottir dans ces bras. Je m'égare quelques secondes avant de revenir sur terre alors qu'il bondit vers moi tout en ôtant sa chemise.
Je reste quelques secondes interdites, avant de le sentir me la poser sur mes épaules. A mon tour je rougis de mes pensées qui s'étaient bien vite mise à imaginer autre chose. Je l'enfile, en mesurant chacun de mes mouvement. J'ai de plus en plus de mal a éviter de gémir de douleurs, alors... Il faut vraiment que je parte, en plus, ça évitera les situations embarrassantes.
Malgré les quelques verres de vin que j'ai bu, je n'ai pas oublier sa phrase, cette phrase où il avait dit qu'il était dans une situation difficile. Cela signifiait qu'une chose, qu'il n'était pas seul et que j'étais sans doute un "accident".
Ce léger sourire qu'il m'adresse après m'avoir parler de son service de couture me retourne l'estomac... Il est beau quand il sourit, son visage s'illumine et le rend... Différent.

Mon regard se pose sur le plateau alors que je boutonne les dernier bouton de cette chemise trop grande pour moi. Je la laisse pendre, sans la nouer, ce qui fait qu'elle cache le haut de ma jupe. Je sens une odeur de café, une grimace tort mon visage, douleur mêlé au fait que je ne supporte pas cette boisson. Un bon thé, y a rien de mieux. Je vois les viennoiseries, mais je n'ai pas faim.

"Non merci. Je n'ai pas très faim. C'est gentil pour la chemise, je te la rendrai aussi vite que possible."

J'ai envie de l'inviter chez moi, de lui dire de venir la récupérer, mais... Je me mord la lèvre et me retiens. A quoi ça sert? SI je pouvais... Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que je met mes chaussures, je saisis ma veste qui s'était elle aussi retrouvé là par contre, je ne vois pas mon porte document. Peut être est-il encore là-bas?
Je lève de nouveau mes yeux sur lui et lui offre un petit sourire, j'ose faire un pas vers lui, j'arrive en face de sa silhouette et avant qu'il ne s'éloigne encore, je lui saisis la main et la porte à mes lèvres. Dans un souffle je lui dis:

"Aucune promesse, je n'ai pas oublié tes mots. Loin de moi l'envie d'accentuer ta situation difficile comme tu l'as dis."

Je sers ces doigt dans les miens, je relève les yeux sur lui, je me hisse sur la pointe des pieds et pose un rapide baiser sur sa joue, tendre et affectueux:

"Je ne regrette rien."

J'abandonne sa main, je me recule et fait volte face, un peu trop brusquement d'ailleurs. Je ferme les yeux sous la douleur, une de mes mains s'enroule autour de ma taille et je me dirige vers la porte:

"Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais ou me trouver. Je ne suis jamais très loin du Sanctuaire où sur les rives de l'Arcos à Northrives."

Je suis face à la porte, je pose ma main sur la poignée, je me retourne une dernière fois et lui lance:

"T'es un homme... Bien, Wergeld. Ce n'est pas toi qui a mis le feu aux poudres mais moi et je ne regrette rien. T'es u chic type, malgré ton caractère. A très vite."

Et sans ajouter un mot de plus, je sors de la chambre et referme la porte derrière moi. Je m'y adosse quelques secondes en fermant les yeux, je laisse la douleur prendre le dessus, faut que je rentre, et vite...

Non, je ne regrette rien, ce fut surement et sans conteste le meilleur moment que j'ai passé de toutes ces dernières années écoulées. Je me suis sentie bien dans ces bras, je me suis sentie complète, je me suis sentie...

Je rouvre les yeux et soupir, je longe le couloir que j'ai traversé avec lui quelques heures plutôt et j'arrive bientôt à la salle à manger. Tout est calme, j'ai croisé personne. J'aperçois mon porte document, je me dirige tant bien que mal vers lui, le prend avant de l'ouvrir et de déposer sur la table, près de son assiette, le dossier pour cette annexe. Je reste pensive quelques secondes, avant d'entendre des bruits de pas, je referme mon porte document et je me dirige vers l'escalier que je descend du mieux que je peux, inutile de me raccompagner, je me souviens parfaitement de la sortie.

J'arrive aux portes, elles s'ouvrent, une dernière fois, je me retourne, avant de soupirer et de baisser la tête, avant de partir, on se reverrait bien assez tôt...

Le chemin vers l'embarcadère me semble durée une éternité, j'ignore comment je peux tenir, j'ai vraiment mal partout, quand j'y parvient, je grimpe dans une des montgolfières et cette dernière ne tarde pas à prendre son envol. Je tourne mon regard vers ce bâtiment, je ne peux empêcher mes doigts de venir effleurer mes lèvres, avant qu'ils ne se perdent sur cette chemise qui est la sienne, avec ce parfum... Je ferme les yeux...

Que n'orrai-je pas donner pour rester avec lui...

Spoiler: