Etude sur le terrain - Suite

Leiline s'engagea dans l'une des artères de la ville, en hurlant à pleins poumons, ce qui dégagea pas mal de place. J'intimais à mon Cupcake de lui emboîter le pas. Nous traversions la ville à vive allure, les Kasaïrs visiblement plus amusés qu'apeurés par cette petite balade.

Nous sortions bien vite de la ville, et longions le fleuve Arcos pour nous rendre vers notre destination finale, l'épicerie.

- Je crois que les habitants ne sont pas prêts d'oublier ce tumulte ! Je...

Une sensation très désagréable me parcourait l'échine. Ma vision se modifiait... L'effet de la Noizuli prenait-il fin ? Vite ! Ni une ni deux je plongeait dans le fleuve, en criant à Leiline :

- Tu peux me rendre mes affaires, s'il te plaît ?! Je crois que je vais en avoir grand besoin !

Dans l'onde, je sentais mon corps reprendre des proportions normales, mon bec disparaître, ainsi que mon pelage et mon appendice caudal. J'avais plongé à toute vitesse, sans forcément prendre le temps de regarder plus avant s'il y avait du danger. Mais quelque danger que ce soit, ça ne serait pas pire que de mourir de honte à me retrouver nu au milieu de nulle part. Ressortant ma tête de l'eau :

- Ne parle jamais de cet épisode de l'aventure, et surtout pas à ma fille. Elle serait capable,
soit de me le ressortir pour la prochaine décennie, ou pire, me demander de recommencer...

Je ne sais pas si c'est l'évocation de cette idée, ou l'eau froide qui me faisait frissonner le plus...

Alors qu'elle se remet de son fou rire, l'hybride écoute la remarque de l’Alchimiste, puis un gros plouf. L'une de ses oreilles félines se retourne instinctivement et derrière elle, Cupcake avec comme unique compagnie la flopée de Kasaïrs.

Non, pas maintenant !

Elle s'empresse de regarder le fleuve, les ondes sur l'eau lui indique très vite ou se cache le pauvre Richye réclamant ses vêtements au plus vite.

Impossible de se retenir, elle éclate de rire.

Elle tente tant bien que mal de se calmer pour ne pas vexer l’Alchimiste mais c'est peine perdue. Elle continue de rire aux larmes en récupérant les affaires de Richye.

Entre deux respirations, elle réussi à lui répondre.

- Autant être franche avec toi Richye !

Leiline arrive au bord du fleuve, essuie une larme et tend les vêtements au malheureux en prenant bien soin de tourner la tête pour éviter tout contact visuel.

- Il ne vaut mieux pas pour toi que je recroise ta fille alors !

Elle rit de plus belle. L'hybride imagine tellement bien la tronche que sa progéniture pourrai tirer après avoir entendu une telle anecdote.

De quoi bien animer les dîners de famille tiens !

Elle grimpe sur Taurogh, toujours le dos tourné à son collègue.

- Bon, j'attends que tu t'habilles et on y retourne. Il y aura de quoi te sécher à l'épicerie.

L'hilarité de la féline me fit devenir rouge pivoine. Je ressortais de l'eau nu comme un ver, et trempé comme une soupe. Et sans avoir de quoi me sécher, je me retrouvais avec la sensation désagréable des vêtements qui collent à la peau. Et heureusement que je porte un veston et un manteau, car ma chemise, ayant absorbé l'eau, ne m'était presque d'aucune utilité.

- Tu oserais vraiment lui en parler ?

Je marquais une pause, puis accompagnais son rire.

- Bon, en même temps, c'était drôle.

Je montais à nouveau sur Cupcake, qui semblait peu apprécier toute cette eau qui venait m'alourdir. Je le caressais un peu pour le remettre dans de meilleure disposition.

- Au moins, maintenant, ça va être plus facile de surveiller et rattraper les Kasaïrs. Le voyage jusqu'à l'épicerie devrait être plus simple.

Et nous nous remettions en route.