En apesanteur - suite

Haru et moi arrivâmes au laboratoire de Cerclon où seraient tenues les expériences sur l'apesanteur. Sur le début du voyage, je fus assez peu loquace, non par timidité - encore que, son uniforme lui donnait quand même un air plutôt impressionnant - mais plutôt par le fait que nous allions passer huit heures, disons donc toute la journée, ensemble dans une cabine. Il valait mieux conserver les différents sujets de discussion pour passer le temps. Sur le chemin, je me permettais tout de même de rompre un peu la glace :

- ça fait longtemps que vous vous êtes lancé à l'aventure ?

J'en profitais même pour lancer un peu d'histoire sur mon monde :

- Dans mon monde, il n’existait ni ange, ni démon, ni dieu. À vrai dire, mon monde natal possédait très peu de personnes dotées de pouvoirs. Je fus l’un des rares à en avoir un. Les progrès que nous avions pu faire étaient seulement ceux de la science.

Nous finissions par arriver au centre d’essai, large bâtiment posé en surface de la grande muraille qu’était Cerclon. Le bouclier était tout proche. Bien que mes allées et venues à la bibliothèque me permirent de l’approcher plus ou moins, je n’avais jamais été aussi proche.

À l’entrée du centre, la double porte s’ouvrit dans un bruit d’air comprimé, et un curieux droïde vint nous accueillir. Il se déplaçait sur des chenilles et était pourvu de 4 bras mécaniques très flexibles. Sa tête était un écran d'où s'affichait son expression. Sa voix était un peu métallique, mais conviviale :

- Salutations ! Je suis l’unité d’étude aérospatiale robotisée, matricule 42. Ou AéRo-42. Je suis chargé de superviser tous les tests que vous effectuerez en absence simulée de gravité.

- Bonjour ! Je suis Richye Erelm. Et oui, nous sommes ici pour réaliser un essai en chambre d'apesanteur. Vous êtes certains que ces tests sont sans risques ?

- Aucun souci. Nos tests théoriques montrent que, mis à part les sensations inhérentes à l'apesanteur, le risque lié à la chambre elle-même est de 0,0000005 %.

Bon, avoir une marge d'erreur aussi faible, et l'entendre d'un Ken, spécialiste des calculs complexes et de la technologie de pointe, ça fait plaisir. Il me tardait de tester cette merveille à la pointe de la technologie.

C’était ma première mission, pas de monstres à taper, ni de têtes à faire sauter… non je dois rester dans une pièce qui va me faire perdre notion de toute gravité avec un inconnu qui ne ressemblait pas à un combattant mais à quelqu’un de savoir, ça peut me changer de parler d’autres chose que de combats et autre art barbare…

- Hum, l’aventure, ici à Entre-Monde, je n’avais jamais tenté ma chance, une amie m’a conseillée de le faire alors je m’y essaye !

On avait une petite balade avant d’atteindre le centre d’essai, Richye à mes côtés, on profite de ce petit moment hors mission pour papoter de diverses sujets. Il commence à me parler de son monde qui semblait si différent du mien, j’ai parlé avec beaucoup de gens ici à Entre-Monde et pourtant, je pensais qu’il y avait toujours ces démons… ces anges et autres dieux pourquoi le sien était différent ? Ils vivent peut-être cachés, à l’abri de ces humains qui ne supportent pas les différences ou des races qu’ils leur semblent supérieures, l’arrogance de la race humaine m’épatera toujours donc Richye n’était pas forcément un humain classique, il me dit qu’il avait des pouvoirs donc si dans son monde il y avait des pouvoirs, il y avait une forte probabilité qu’une partie d’un peuple soit invisible à leur yeux…

- Alors si vous êtes donc privilégié ? Qui vous a accordera cette grâce, votre histoire me semble peu commune à vrai dire et je serai bien curieuse d’en savoir plus.

Le bâtiment était à notre portée, un joyau de technologie, je ne comprends pas encore tous les mécanismes mais je me dis que si Kaname serait là, elle serait aussi éblouie que l’homme qui se trouvait à côté de moi, ces scientifiques, ils vous font des montagnes pour des choses qui semblent si dérisoires, c’était juste un gros bouclier et c’est tout… Un petit robot nous accueille avec une voix caractéristiques d’un Ken et son visage dessiné sur un écran pouvant afficher des milliers d’expressions si il le souhaitait, la mienne était souvent la même, une expression neutre, peu de gens m’ont vu sourire finalement mais peu à peu j’arrivais à me dérider…

Je finis par me présenter également au robot mais Richye pose alors une bonne question, est-ce que c’était dangereux ?

- Je peux quand même apporter mes épées ? Je n’aime pas les quitter…

J’étais sérieuse quand j’énonce ma requête mais le robot répondit le plus sérieusement au monde.

- Il n’est pas nécessaire d’apporter d’armes, ça rendrait l’expérience plus dangereuse, le risque d’accident passerait à 18,3 %. Donc je vous prie de laisser votre arme dans les casiers à votre disposition.

Je n’aimais pas cette réponse, sans mes armes, je m’en sentais nue, j’avais mis du temps à m’en refaire faire des épées.

- Il arrive quelque chose à mes épées, je vous mets en pièce de mes propres mains.

Petit sourire pour ponctuer ma phrase et nous entrons finalement dans le bâtiment.

HRP:

Le centre d’essai était déjà imposant de l’extérieur, se présentant comme un bâtiment circulaire sur 2 étages, surplombé d’un dôme de verre. J’imaginais aisément que de cette verrière, toute la voûte stellaire s’offrait à leurs observations. Mais le plus impressionnant était une fois à l’intérieur, les escaliers menaient aux étages inférieurs, directement dans l’immense muraille de Cerclon. Combien d’étages pouvaient prendre ce complexe ?
Haru me raconta que son engouement pour l’aventure lui fût donné sur les conseils d’une amie.

- L’aventure, c’est sympa, ça donne son lot de découvertes, de voyages, de combats, et d’amitié… Bon, en même temps, ici, on n’aura pas beaucoup de combats, je pense.

À écouter mon histoire, la jeune femme me qualifiait de “privilégié”. En y pensant, est-ce que c’est un privilège, une bénédiction ?

- Je ne saurais pas dire si mon pouvoir est une grâce, et dans mon monde ce fut une cause de discrimination et de danger pour moi et ceux qui m’entouraient...

Et probablement la peine capitale pour mes parents…

- Mais aujourd’hui, je me sens plus en phase ici que n’importe où ailleurs.

Entre-Monde m’a permis de refaire ma vie, pour le mieux. Et il est vrai que sans ce pouvoir, est-ce que j’aurais pu me retrouver ici, faire les même choix ? Je ne le saurais probablement jamais.

Le petit robot scientifique commençait à agiter ses bras, les armes d’Haru présentant un risque d’accident. Je me permettais d’intervenir.

- Si les armes augmentent les risques et faussent les résultats, j’imagine que les titres de la banque également ?

- Affirmation exacte à 75%. Certains titres modifient la morphologie ou les capacités des passagers, et peuvent potentiellement présenter un risque ou augmenter la marge d’erreur des analyses. Paramètres inacceptables.

Je hochais de la tête et interrompais Haru pour ouvrir mon Sarkina. Un gros casier métallique en apparaissait. Je déposais mes nouveaux titres. Dire que j’avais hâte de les mettre en pratique. Pouvoir augmenter ma force, mes réflexes, et diminuer mon poids, des atouts indispensables en mission.

- Si tu le souhaites, Haru, mon casier est à ta disposition pour ranger tes armes. Et vu que mon Sarkina sera toujours avec moi, tu les auras toujours sous tes yeux.

AéRo-42 S’immobilisa, et me fixait avec une expression… suspicieuse ? Des expressions sur un écran, ce n’est pas pratique.

- Acceptable. Cependant, si une tentative de récupération des objets est détectée, l’expérience prendra fin immédiatement

- Très bien, très bien. Du coup, tu as le choix, Haru.

- Une fois votre décision prise, nous vous mènerons vers la salle de test.

Hrp:

On rentre enfin dans le bâtiment, il était magnifique, je commençais à aimer Cerclon, ça ressemblait un peu à mon monde, enfin en enlevant la haute-technologie mais dans le labo de la Haute-Reine, on pouvait retrouver autant de savants fous, des salles d’expériences où des centaines de choses ont fini explosé et que sais-je encore. Je l’aimais bien le scientifique en chef, il faisait toujours un effort surhumain pour m’expliquer ses inventions, celle qui nous permettra de gagner cette guerre contre nos ennemis même si je ne comprenais pas comment cette nouvelle technologie pouvait nous aider. Enfin, cet homme ressemblait à Kaname en quelque sorte, elle avait les yeux brillants quand elle parlait des miroirs et toute autre chose, elle pourrait en parler des heures et je l’écoutais, j’arrivais à comprendre de mieux en mieux mais j’avais encore plein de choses à assimiler avant d’essayer d’avoir une conversation avec elle sur ce point, peut-être après cette mission, je pourrai l’épater !

Après ma remarque sur le port d’armes, il demande aussi pour les titres et le robot lui demandait à lui aussi de pas monter avec ou du moins, pas s’en servir pendant l’opération mais il serait rassurer qu’on ne me monte pas à bord avec. Mon partenaire fait appel alors son Sarkina pour ranger ses affaires ainsi que mes épées. Sur le coup, j’hésite, je ne le connais pas cet homme et il aura mes armes dans un casier qui se trouve dans son Sarkina qui l’aura dans sa poche, beaucoup de contraintes si je veux les récupérer mais je connaissais pas son pouvoir mais je pense que je pourrai briser sa nuque à mains nues.

- D’accord… mais sache que je les reprendrais que tu le veuille ou non.

Un brin menaçant c’est vrai mais c’était mes armes et j’y tenais tout particulièrement. On suit alors le robot traversant le hall à grandes enjambés, il allait vite pour sa taille celui-là ! On pouvait trouver plusieurs “ coins “, des grandes paillasses d’expériences, des câbles partout, des miroirs, des lasers mais aussi autres machines dont je ne comprends pas le fonctionnement, on arrivait ensuite devant la salle de test. Une énorme boîte, peut-être l’équivalent en surface au sol de 8 m², il y avait quelques hublots pour voir à l’intérieur. Je jette un coup d’oeil à l’intérieur, c’était d’un blanc immaculé, comme l’hôpital quoi, on pouvait voir quelques fauteils enfin si on pouvait appeler ça comme ça, une sorte de table aimanté j’ai l’impression car les tablettes et autres stylos semblaient différents de ce que je connais, des sangles parcouraient l’ensemble de la cabine, des barres également, on dirait presque une salle de torture mais avec un blanc… Dans quoi je m’étais fourrée encore.

Je me rappelle alors d’une phrase de notre savant fou, il voulait tester son truc de vitesse et avait simuler l'apesanteur mais c’était une machine qui tournait vite, je me demandais pourquoi c’était différent et pose la question au petit robot.

- C’est quoi cette technologie ? Ca ne tourne pas ? J’avais cru comprendre que c’était l’accélération qui faisait ça, enfin si j’y comprends rien…

Le robot affiche un sourire sur son écran et commence ses explications.

- Justement le laboratoire vient de créer un générateur de gravité artificielle. Plus besoin de faire tourner les gens à une vitesse folle, le cube permet d’éviter ce désagrément, nous avons fait en sorte qu’il simule une chute libre qui entraîne la perte de pesanteur. Vous verrez bien quand on fera fonctionner la machine !

Rassurant… les robots n’ont aucune conscience du danger, j’ai l’impression qu’il se rendait compte de rien, enfin c’était pas lui qui y allait dans cette fichue boîte surtout.

- Bon, de toute façon, on en saura pas plus non ? Richye d’autres questions techniques ?

Haru semblait tenir beaucoup trop à ses épées, puisqu'elle me fit la remarque qu'elle reprendrait ses lames, avec ou sans mon consentement.

- Ne t'inquète pas, j'ai assez de ma dague, mon épée et mon Cembre. Plus d'épées seraient trop d'épées.

Il est vrai, quand j'y pense, que je possédais plus de lames que de mains pour les tenir. Mais bon, les aventures que j'ai pu traverser m'ont appris qu'il valait mieux être préparé pour les événements qui peuvent survenir.
Et nous arrivions devant le Cube. Ce dé géant dans lequel nous serions ~~victimes~~ volontaires expérimentaux pour flotter dedans...Mais deux questions me turlupinaient...

- Le cube ne va pas se déplacer pendant l'expérience ? Et... 8m cube, ce n'est pas un peu...exigu ?

AéRo-42 s'empressa d'apporter une réponse, il semblait pressé d'expérimenter son cube.

- Non, le générateur se chargera de contrer la gravité en générant une gravité de -1G. Le cube restera immobile pendant toute la durée de l'expérience. Pour ce qui est du volume du cube, celui-ci résulte du calcul du volume utile de la fusée. Les spécifications ont été pensées pour mêler confort, optimisation de l'espace, et amélioration du rapport poids-puissance de la fusée en cours de conceptualisation. Si vous n'avez plus d'autres interrogations, nous vous invitons à monter à bord de la machine de test.

Si je devais exprimer la sensation qu'il devait ressentir, je dirais... agacé ? En même temps, on teste pour la première fois une machine qui vient tout juste d'être créée. Il était légitime de savoir où on mettait les pieds.
Je récupérais mon sarkina avant de me lancer dans l'expérience.

La porte du sas s'ouvrit, et un petit marchepied se déploya du cube. Dans un réflexe, je m'y engageais le premier, au cas où n'importe quoi nous sauterait dessus. Je tendis ma main à Haru pour l'aider à monter. Malgré un espace réduit, l'intérieur était bien agencé. Quelques placards dans les coins supérieurs, les fauteuils, la table basse aimantée... ça pourrait presque faire un petit appartement (bon, ce ne serait pas un appartement de qualité, mais ça pourrait dépanner). Mais pour ça, il faudrait se débarrasser de toutes ces sangles qui pendent.

Je voyais AéRo-42 et ses assistants s'affairer sur les consoles pour probablement paramétrer la machine, Il continuait toujours de nous presser à entrer dans la machine pour que les tests commencent au plus vite. Ce qui avait le don de venir vite à bout de ma patience. Je soufflais à Haru.

- S'il continue de s'exciter comme ça, je te propose de le transformer en sculpture d'art moderne...

Ʃkaemp

C’était donc parti pour de nouvelles aventures autres que guerrières… Le robot continue son charabia dont je ne comprenais un mot sur quatre mais quand je vois Richye grimper sur le marche-pied, je me dis qu’il était l’heure d’y aller. J’attrape sa main tendue même si de base personne n’a osé jouer les hommes galants avec moi, je fis mine de rien dire pour ne pas offusquer mon coéquipier pour les huits prochaines heures. Il ne fallait pas se mettre dessus dès le début de l’expérience tout de même.

Je lève alors un sourcil quand il me propose de tailler en pièce le petit robot et je ne pus m’empêcher de sortir un commentaire pour l’occasion.

- Ca serait un plaisir, je n’ai jamais tenté l’art moderne comme activité…

Nous étions enfin à l’intérieur comme vu depuis l’hublot, c’était bien agencé pour un si petit espace, j’observais l’ensemble des objets, rien n’était laisser au hasard, un peu comme une cellule pour les fous, je ne sais pas comment je pourrais me blesser mise à part cette table au bout arrondi. Mais AéRo-42 se mit à hurler quand la porte du sas se ferme sur nous, il faudrait sérieusement qu’il contrôle celui-là sinon je casse le haut-parleur dès que je le trouve.

- Cobayes organiques, rapprochez vous de vos couchettes respectives avant le démarrage de la machine.

Je regarde autour de moi, c’était quoi ces couchettes qu’il parlait le robot, je trouve alors sur le côté deux alcolves qui semblent douillettes, avec des sangles, je vais devoir me ligoter de force en plus… ils ont cru quoi ceux là..

- Veuillez mettre la montre sur votre poignet droit pour prendre vos paramètres lors de l’expérience ainsi que les deux patchs à coller dans le cou et la poitrine côté coeur.

De plus en plus perplexe, j’avais envie de fuir, je me sentais prise au piège quand la porte fit un bruit de dong, comme si on mettait en pression la pièce. On sentait une ventilation qui se mettait en marche, un air froid arrivait, ça fait clairement hôpital, l’air était quelque peu sec, comme si c’était filtré avec un système tout neuf qui avait oublié de rajouter l’humidité dans l’air, c’était bien des robots pour ne pas ressentir ça.
A contre coeur, j’installe les divers dispositifs avant de m’installer dans ce cocon pour commencer l’expérience.

- Installez vous confortablement, n’oubliez pas de bien fixer la sangle pectoral et de ranger vos bras dans les compartiments prévus à cet effet.

C’est bon, je ressemblais à une momie, j’avais mis mes chaussures dans les sangles, un peu comme des skis, puis serrer la sangle au niveau des cuisses et la ceinture pour serrer la fameuse sangle pectoral pas agréable, je glisse mes mains dans ces gants géants, un peu comme si je mettais une combinaison de cosmonaute et attends la suite des opérations.

- Cobayes organiques, prêt pour le départ ? 3…..2…..1…...

Je jette un dernier coup d’oeil à Richye quand je sens une sensation de chute libre apparaître et c’était fort désagréable surtout pour mon estomac, mon coeur commence à s’affoler et par réflexe puis surtout une rage certaine, j’arrache les sangles pour me sortir de là.

- HEY TOI LE ROBOT !

- Cobaye Haru, retournez dans votre couchette, la phase de décollage n’est pas fini !

- Je fais ce que je veux d’abord !

Puis je sentis une douleur au niveau du cou, au niveau de patch et me sent plus maître de moi-même lorsque des bras articulés m’attrape et m’installe contre la paroi pour ne plus bouger…

On apprends peu de la victoire mais beaucoup par la défaite

Cette couchette bardée de sangles me faisait peur... Il pense nous découper, nous torturer, participer à une séance SM (Et ici je ne sous-entends pas Science Médicale...), ou un peu tout ça à la fois ? C'était avec réticence que je m'y attachais.

AéRo-42 déballait toutes ses consignes avec une rigueur méthodique. Installer la montre, s'allonger sur la couchette, caler ses bras et ses jambes. Au moins on ne devrait pas trop se cogner...

- Cobayes organiques, prêt pour le départ ? 3…..2…..1…...

J'apercevais le coup d'oeil d'Haru, qui ne semblait pas rassurée, et je me disais que mon regard, même si je voulais tenter d'être rassurant, ne devait pas donner quelque chose de mieux. Et le cube se mit à vrombir, avec une sensation très désagréable d'accélération. Je me sentais plaqué au fond de ma couchette. Et la sensation ne s'arrangeait pas avec Haru qui se mis à hurler encore plus fort qu'AéRo. J'aurais bien essayé de calmer l'un ou l'autre, mais entre leur borborygmes, et le décollage qui ne me mettait pas dans de bonnes dispositions, ma voix eu bien du mal à sortir...

Fort, fort heureusement, la sensation s'arrêta. Une petite diode passa du rouge au vert, et AéRo :

- Phase de décollage terminée. Vous pouvez détacher vos sangles.

Je m'exécutais. Et me mis à flotter. La sensation fut surprenante. Mais au-delà de ça, mon réflexe premier fut d'aller voir Haru pour voirsi tout allait bien. Et les bras mécaniques qui ne lâchèrent rien.

- AéRo, pourquoi n'as-tu pas libéré Haru ?!

- La cobaye Haru présente un taux d'adrénaline et un rythme cardiaque beaucoup trop élevé. Le risque de dégâts sur le matériel de la nacelle est augmenté de 56.8 %. Nous ne libérerons le sujet Haru que lorsque ses taux organiques seront revenus à des valeurs nominales.

- AéRo, c'est parce que tu la maintiens ainsi qu'elle s'énerve ! Alors libère-la, s'il te plaît ! Et j'ai besoin de l'ausculter.

Argument médical, raison logique. Il devrait pouvoir accéder à ma requête. Et puis, le temps de l'ausculter, Haru devrait pouvoir se calmer un peu, j'espère.

- Soit. Mais au moindre dommage, nous arrêterons définitivement l'expérience.

Et il libéra la malheureuse.

- Haru ! Tout va bien ? Je peux t'ausculter quelques minutes ? Je voudrais écouter ton rythme et ta respiration. Mais sans stéthoscope, je vais écouter ton dos. Je peux ?

Heureusement que j'ai un minimum de connaissance en médecine. Bon, j'espère qu'elle pourra se calmer.

Pourquoi faire confiance à Cerclon déjà ? Ces êtres dont il n’y a pas coeur qui bat et il ose me plaquer ainsi avec ces satanés bras mécaniques. Vous allez voir quand je vais me libérer, ils vont comprendre ce que ça fait d’énerver la grande Haru Nobunaga, Général Suprême d’Antarès, je ne donne pas cher de leur boîte de conserve.

Le “ décollage “ ne fut pas agréable, c’était même sûr que ça allait se passer comme ça mais ce que je ne m’y attendais pas c’est le fait qu’on me laisse plaquer contre ma couchette et en plus qu’on me dise que j’étais un danger. Je sentis alors la colère montée en moi, je me débattais comme je le pouvais quand je sens le regard de Richye sur moi, peut-être il allait m’aider ou me donner ses épées qui se trouvent dans son sac magique, qu’il fasse quelque chose celui-là sinon je vais me servir de son corps pour casser la porte.

- Oui je vais bien…

Je le vois maintenant qui s’approche de moi, un peu trop près même, qu’est-ce qu’il va me faire là ?

- Est-ce vraiment nécessaire, je vais finir par me calmer si on me détache au moins les mains.

Je lance un regard noir à l’alchimiste, il voulait que je me calme, bah je vais me calmer tiens. Puisant dans ma force intérieure, je rentre en quelque sorte en méditation comme quand je me concentre avant la bataille. Je sens les tonalités de l’appareil descendre au fur et à mesure puis entendre de nouveau la voix criade du robot.

- Cobaye Haru opérationnel, libération.

Une fois les liens retirés, je sens mon corps partir et flotter, j’avais perdu tout équilibre et je me sentais tout d’un coup à la merci de toute attaque. Comment je pouvais me battre si je ne pouvais pas prendre appui sur mes deux pieds à tout moment ? Seuls les parois verticales pouvaient m’aider et encore, il n’y a plus vraiment de haut et de bas et j’étais tout sauf un poisson dans l’eau à l’heure actuelle.

- Mais c’est inhumain comme expérience !

Je me débattais comme je le pouvais mais rien n’y fait, j’avais l’impression d’être un nouveau née qui apprenait à faire ses premiers pas...

Plus l'expérience allait, moins Haru semblait coopérative et patiente. Je pouvais bien tenter de la calmer autant que faire se peut, mais les tensions entre elle et AéRo-42 n'allaient pas en finir. A peine 30 minutes d'expérience et ce fut la goutte qui fit déborder l'ange, ou le droïde.

Tout se passa tellement vite, je ne saurais dire qui commença... Mais le Ken arrêta brusquement l'expérimentation.

- Cobaye Haru ! Votre instabilité devient un paramètre inacceptable ! Nous nous chargeons de vous trouver un remplaçant. Un message a déjà été envoyé à la bibliothèque. Vous serez dédommagée au prorata de votre participation à la mission. Veuillez à présent vous diriger vers la sortie.

Je tentais de protester, mais en vain.

- Mais comment vais-je faire maintenant ? Je vais devoir patienter ? Combien de temps ?

- Exact. Votre état a une influence négligeable sur le risque d'échec de l'opération. Vous remplacer ne ferait qu'augmenter ce taux. Ainsi, je vous intime de rester ici. Votre temps d'attente est estimé à... 6 heures.

- SERIEUX ?!

- Ceci n'est qu'une estimation. Et, personnellement, je suis plus doué à exécuter des calculs de trajectoires impliquant des facteurs physiques que le calcul de temps d'attente.

Génial... J'allais devoir attendre ici, plus ou moins 6 bonnes heures. Merci Haru, merci "Calculette" (Oui ! Oui, je vais l'appeler comme ça maintenant ! C'est ça ou "Toaster" !). Bon... est-ce que j'avais un bouquin glissé dans mon casier-sarkina ?

Cerclon était un autre monde. Un monde à part et pourtant si proche des autres quartiers. Les murs des bâtiments jusqu'au moindre boulon étaient une prouesse technologique. Ça me dépaysait de tout de ce que j'avais pu connaitre, aussi j'étais un brin moins rassuré ...

Le complexe était immense en largeur mais pas très impressionnant en hauteur cela-dit, malgré son dôme de verre imposant. Tout ce qui avait de plus banal pour un "labobservatoire" comme j'aime les appeler. Un paquet d'interrogations fusèrent dans mon esprit. Leurs recherches, leurs objectifs, pourquoi envoyer des gens en apesanteur et surtout qui était la personne avec qui j'allais m'envoyer en l'air - oui, celle-là était facile ...

Je passai bon nombre de portillons, montrai mes papiers moult fois, expliquai ma venue à répétition, croisai par hasard la femme peu aimable que je remplaçai pour cette mission - j'en plaignais presque son précédent et mon futur partenaire - pris enfin l'ascenseur au côté de deux femmes droïde pour descendre dans des sous-sols propres et blancs et rejoindre un long couloir qui ne dérogeait pas à la règle.

C'était le calme plat, seul le son de la porte de l'ascenseur et les légers claquement de ma canne résonnèrent à l'intérieur du tunnel. Ça en était presque pesant. Le silence fut vite coupé par une voix robotique criarde qui sortit de la porte au bout et sembla s'adresser à moi.

- Salutations ! Je suis l’unité d’étude aérospatiale robotisée, matricule 42. Ou AéRo-42. Je suis chargé de superviser tous les tests que vous effectuerez en absence simulée de gravité.

Son apparence brisa avec tout le côté sérieux et crédible de ce que j'avais pu découvrir depuis mon arrivée entre ces murs. Il était ... rigolo, je ne voyais pas d'autre terme à employer. Il ressemblait au genre de petit robot dans les jeux éducatifs avec son écran et ses quatre bras. Inconsciemment, je me mis à sourire, presque attendri.

- Bonjour AéRo-42, moi c'est Gabu. C'est amusant, vous me rappelez beaucoup un robot que j'ai connu étant petit ...

- Ce matricule est ridicule. Je vous prie de laisser votre canne et vos titres dans le casier prévu à cet effet.

Très bien. Ce Ken ne sembla pas comprendre ce qu'était le second degré. Bougeant l'une de mes oreilles animale et faisant la moue, je m’exécutai et regroupai mes affaires. À part mon "Hôtel" et ma canne, je n'avais pas grand chose dans mon inventaire, de base. Le tout entreposé et sécurisé, le sac à boulons m'entraîna vers la grande salle de test cachée derrière la porte.

J'avais beau sous estimer la taille du complexe vu de l'extérieur, ils ne lésinaient pas sur les moyens quand il s'agissait de faire des tests sur des cobayes. Blanc immaculé, digne des laboratoires dans les films. Et d'une grandeur, s'en était presque effrayant. Mais mon regard fut aussitôt attiré par une présence humaine. Et quelle présence humaine. Un beau blond aux yeux bleu. Classique, diraient les mauvaises langues mais cruellement efficace. Je lui souris chaleureusement et lui tendis ma main.

- Enchanté. Gabu Van Derel. Je suis le remplaçant.

- Cobayes organiques, rapprochez vous de vos couchettes resp ...

- C'est bon, Mastico, j'ai tout de même le droit de saluer mon charmant partenaire.

Tiens, je venais de me souvenir de son nom à ce robot d'enfance ... Ils commença à agiter sérieusement et nerveusement ses bras.

- Cobayes organiques, veuillez faire vite pour ainsi continuer le test.