FINALE: Elzian VS Rävefanwen

Étonné et pris au dépourvu, je vis fondre sur moi Ravëfanwen dans un excès de rage. A cette distance il m'était impossible d'éviter son assaut et encaissant rudement le choc, j'en perdis mon souffle. Elle venait de me percuter violemment au niveau de la taille et déséquilibré je ne pus m'empêcher de chuter emporté par son élan. Mais le plus douloureux fut surement de tomber de toute ma hauteur sur le dos, le poids de la Druchi n'arrangeant pas les choses. Elle avait beau être légère cela ne m'empêchait pas de m'écraser lamentablement dans le sable. Finalement je comprenais pourquoi le terrain était sablonneux, si le sol avait été fait de roche j'aurais finis avec la colonne vertébrale en mille morceaux.

Dommage que nous étions en plein combat, à cette distance j'aurais eu tout le loisir d'observer le jolie visage qui s'offrait à moi même s'il était emprunt de furie. Mais le temps n'était pas venu à se perdre dans ces vaines pensées, mes muscles endoloris me faisaient souffrir et il fallait que je me défasse de l'emprise de l'herboriste. En effet à rester tous les deux allongés dans le sable il serait très difficile d'esquiver mais aussi de porter des coups.

Bizarrement ça ne me disait rien qui vaille de rester en présence de Ravëfanwen que j'avais visiblement énervé. Préférant m'éloigner j'espérais réussir à la repousser sur le côté, ainsi, je pourrais rouler de l'autre côté afin de m'éloigner d'elle et pouvoir me relever. Puis il fallait avouer que la gerbe de sable qui s'était envolée lors de ma chute m'irritait les yeux et donnait un affreux goût dans ma bouche. J'espérais sincèrement qu'elle n'allait pas s'accrocher à moi, sinon le due au sol promettait d'être difficile surtout avec mon dos qui me faisait mal.

Voir le vampire cligner des yeux à maintes reprises m'indiqua que le sable qu'il avait reçu au visage le gênait, et il me vint une idée digne de la Druchii que j'étais. Je n'opposai guère de résistance lorsque mon adversaire me poussa sur le côté pour se libérer, mais au moment ou il roulait de côté pour prendre un appuie sûr pour se remettre sur pied, je fis voler une gerbe de sable et de poussière en direction de sa tête. Les particules qui dérangeaient déjà ses yeux allaient peut être réduire sa vision au minimum durant un laps de temps suffisant pour me permettre d'attaquer.

Je me remis sur mes pieds et, utilisait mes bottes d'ombre ; j'avais choisi cette magie sur cet artefact plus par défaut que par utilité, et j'avais d'ailleurs jugé dès mon premier combat contre le Prétorien qu'elles ne me serviraient pas. Mais il ne faut jamais dire jamais, le déplacement silencieux allait peut être m'être utile en fin de compte, contre un adversaire dont la vue était temporairement défaillante.
Je tâchai de contourner mon adversaire par la droite aussi vite que possible, surprise par le mal que j'avais à me mouvoir sans claudiquer. Je me trouvais lourde et peu agile ; je manquai d'ailleurs de trébucher au moment ou je comptais porter mon attaque. L'assaut se soldat en un coup de coude que je dirigeais vers la cuisse gauche du vampire, appuyée par tous le poids de mon corps qui chutait à ses pieds.

Si je ne me faisais pas écraser les bras par un coup de talon, j'étais la Druchii la plus chanceuse de l'Entre-Monde.

Et je devais effectivement l'être, car mon coup, aussi ridicule soit-il, eu son petit succès. Je vis le vampire plier la jambe au moment ou je le cognais, et le poids de mon corps en chute incontrôlée fit trébucher Elzian pour la seconde fois. Les gens devaient commencer à penser que nous aimions nous retrouver par terre, affalés dans le sable.
J'étais à demie allongée sur ses jambes, réduisant sa liberté de mouvement ; après que nous eussions évacué le sable de nos bouches respectives, je le sentis donner des coups de pied pour se libérer du fardeau qui l'encombrait. J'en reçus un dans la poitrine, assez proche de l'épaule que Médusa avait entamée auparavant, et étouffais un cri en une expiration rauque. Je tentai de remonter à sa hauteur pour parvenir à porter un coup à la tête et constatai alors que sa cuisse était toujours un peu engourdie et que ses tentatives pour prendre des appuies en vue de se redresser restaient sans grand résultat. Je ne mis guère de temps à ramper jusque son dos, mes forces n'étant plus vraiment suffisantes pour que je me redresse et porte un coup décent à mon adversaire ; je m'appliquai alors à décocher un coup de coude entre les deux omoplates du vampire, peut être une vengeance déplacée de ce que j'avais reçu de la part du Prétorien au premier tour. Quand il se plaqua au sol sous l'effet du coup, je profitai de l'occasion pour attraper son bras droit, y provoquer une torsion de manière à le ramener derrière son dos, et pour m'agenouiller de part et d'autre de son corps, plaquant ainsi son bras gauche sur le sable de l'arène.
De ma main libre, je lui empoignais la nuque et me penchais doucement jusqu'à son oreille pour lui chuchoter des mots que seuls lui et mots connaitrions :

"Je n'aurais jamais réussi pareil tour de force si vous n'étiez pas usé par vos précédents combats. Un maître du miroir, si je ne m'abuse, je devrais le remercier, je crois. S'il ne vous avais pas malmené, je n'aurais sans doute pas une main prête à vous déboiter un bras et l'autre à vous déplacer des vertèbres cervicales."

Encore un peu de temps à le tenir immobilisé de la sorte et j'allais être déclarée vainqueur. Mais la chose n'étais pas aisée : le vampire au sang noble n'allait pas se contenter de regarder le temps passer et la victoire s'enfuir avec lui. Il tendait ses muscles pour se libérer, mais j'exerçai aussitôt une pression au niveau de son cou qui lui ôtât cette envie frénétique de m'expulser de son dos. Je n'avais pas intérêt à rater mon coup, car cet endroit était sensible : correctement maitrisées, des pressions précises à certains points provoquaient de terribles douleurs qui irradiaient le long de la colonne vertébrale ; mais si j'allais trop loin, je risquais de provoquer des lésions de la moelle épinière qui handicaperaient mon adversaire s'il y survivait. Je devais apprendre bien plus tard que son pouvoir de régénération l'en aurait préservé, mais je n'en savais rien durant ce duel.

"Je ne souhaites nullement vous blesser, sire Elzian. Je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas bouger, vous n'avez pas le dessus, actuellement, et vous êtes aussi épuisé que je le suis, votre souffle et les battements rapides de votre coeur en témoignent. Attendez encore quelques secondes..."

Quand l'arbitre jugea que le temps passé dans cette position m'aurait laissé tout le loisir de porter un coup fatal lors d'un combat non réglementé, et si j'avais été en meilleure forme, il décréta la fin du match par un signe qu'il adressa au maire de la ville d'Atlantis. Celle ci annonça au public de l'Aqua-Night que le combat prenait fin et que je remportais le tournoi.

Je relâchai aussitôt mes prises et m'étalais de tout mon long sur le flanc, dans le sable de l'arène. Je me revois encore scrutant le dôme d'un bleu infini au dessus de moi, éblouie par les projecteurs qui avaient éclairé les combats de tant de guerriers et guerrières au cour de cette nuit inoubliable. J'en retins surtout que sans la magie héréditaire de la noblesse des Druchii, je n'aurais sans doute pas passé le premier tour ; j'allais devoir travailler le combat en face à face, ma technique laissait à désirer et je ne pourrais peut être pas toujours compter sur la magie pour me venir en aide.


Une heure s'était écoulée depuis la fin de mon combat. Les guérisseurs s'était occupé d'Elzian et de moi afin que nous soyons présentable lorsque le maire viendrait nous féliciter. Mais avant de retourner dans l'arène, comme le veut la coutume, pour que l'on remette leurs prix aux participants, un groupe de personnes s'approchèrent du lit où je me tenais assise. Ils étaient vêtus de toges blanches et rouges, chaussés de sandales et certains portaient même des couronnes de laurier autour de la tête. D'ancien champions ? Une distinction de rang dans certains quartiers d'Entre-Monde ? L'un deux prit la parole ; ils voulaient visiblement me proposer quelque chose.

"Ave, dame Ravëfanwen. Toutes nos félicitations pour cette victoire. Avant que vous ne rejoigniez les autres gladiateurs et le maire d'Atlantis, nous voudrions vous faire part d'une offre, une place pour laquelle vous conviendriez plutôt bien. "

Tout en m'accompagnant vers l'arène, il poursuivit son discours.

"Savez vous qui est le Nix Nivis, dame Ravëfanwen ?"

...