Pour une commande plus qu'originale

À peine l’avant dernier mois vient de commencer, notre hybride songe déjà aux cadeaux de Noël. Cette année a été très riche en rencontre et difficile de satisfaire tout le monde. Il y a un avantage à être Commerçante, c’est que certains présents peuvent provenir de son propre commerce. Pour les autres, elle a les moyens et le Marché de Noël va probablement renflouer les caisses.

Mais le facteur le plus délicat dans toutes fêtes de ce genre, c’est évidemment de trouver des cadeaux originaux et qui vont plaire à coup sûr pour des personnes bien plus proches. Et plus particulièrement la plus proche.

Lors du Speed Dating, Corben a clairement mis la barre très haute en matière de cadeau et semble t-il, avec lui, elle n’est pas au bout de ses peines. Même si son gobelet à dés était personnalisé rien que pour lui et qu’il en a été ravi, elle s’est sentie toute petite face à la valeur sentimentale et au symbolisme de l’offrande du Technomage sur lequel il travaille encore d’arrache-pied à l’heure actuelle. Intérieurement, elle s’était jurée de faire bien mieux que lui pour les fêtes de fin d’années.

Et l’idée qu’elle a en tête lui est venu lors d’une des divagations étranges que son charmant compagnon a laissé passer par inadvertance avec leurs anneaux. L’idée est très originale en plus de donner à la femme-chat un autre argument de taille pour lui offrir un tel objet.

Malgré les rayons du soleil, le froid est mordant ce matin mais Alibert virevolte joyeusement autour de Leiline, encapuchonnée dans sa cape, sa robe se balance au rythme de ses claquement de talons à la douce cadence sur les routes pavés d’Ordae.

Souriante à l’idée d’y retrouver son forgeron favori, elle entre dans la boutique avec entrain, suivi du petit Precious rouge et se défait de sa capuche, laissant enfin ses oreilles félines prendre l’air. Elle se dirige vers la sonnette et s’annonce tout sourire.

- Ayren ! C’est moi !

Ce matin là je n'étais pas mécontent de travailler à la forge, le froid m'avait saisie et le feu de l'âtre me détendait les muscles.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu Eylène, j'espérais qu'elle se portait bien, sûrement à la découverte du monde. Sa présence me manquait, peut-être même plus que son aide. J'espérais tout de même recroiser sa joie de vivre dans peu de temps. La prochaine fois je lui offrirais des écouteurs subsonic pour rester en contact !

Toujours était-il que les fêtes de fin d'année approchaient, je n'avais pas encore beaucoup de commande mais je renflouais mon stock pour le marché de Noël.

J'étais d'ailleurs en train de concevoir un nouveau produit lorsque la sonnette tinta, je me dirigeais alors dans la boutique lorsque je reconnu la Chat-rmante Leiline :
- Leiiii ! m'exclamai-je.

Je fis le tour du comptoir pour la prendre dans mes bras comme à mon habitude.
- Ça me fait plaisir de te voir ! Comment vas-tu ? Et Corbinou ?
Alibert tournoyais autour de la jeune femme, j'étais heureux de voir le petit oiseau. Je tendais le doigt pour qu'il s'y pose.

- Dis moi tout, que puis-je faire pour toi ?

Ce côté chaleureux qu’elle apprécie tant chez ce cher Forgeron. Elle répond sans hésiter à son accolade, venant d’un ami, il n’y a jamais de soucis à cela. Ayren est toujours une source perpétuelle d’allégresse.

Alors qu’Alibert se pose sur son doigt tendu, Leiline le regarde à la fois amusée et intriguée face au surnom qu’il donne à Corben. Elle n’ose même pas imaginer la tête que son amant pourrait tirer s’il l’entendait un jour l’appeler comme ça.

- Ça va à merveille ! Et toi et Eva ? Je ne permettrais pas de lui donner un même style de surnom avec elle, ça ne le fait pas je trouve.

Elle rit tout en enlevant sa cape. Il fait suffisamment chaud à l’intérieur pour se le permettre. Elle cherche quelques millisecondes du regard l’hybride-renarde assistante de son ami, sans succès. Depuis que Richye lui a parlé de son faible pour elle, elle veut la rencontrer ou au moins la croiser une fois coûte que coûte.

- Et pour ce qui est de “Corbinou”, aux dernières nouvelles, il va très bien. Et c’est bien que tu me le demandes ! C’est précisément pour lui que je viens te voir.

Son idée est bien trop particulière pour le décrire comme ça à la volé, mais ce n’est pas le fort de notre hybride de le faire avec précision. Loin de là. Et ses connaissances sur les matériaux se limitent à ce que lui offre le titre Ferra de son Optimus. Dans le doute, elle préfère avoir l’avis d’un expert.

- Alors, ma commande. Je doute que beaucoup de personnes t’ai demandé ça dans le passé mais …

Tout en faisant des gestes des mains dont les avant-bras tiennent sa cape, elle se dit que finalement, les termes les plus simple seront les plus efficaces.

- En gros, le concept c’est un bouclier et une épée. Mais lorsque par un quelconque mécanisme, l’épée est attaché solidement à l’intérieur du bouclier, le bouclier s’écarte et cette “fusion” des deux fait une grande hache.

Elle pose ses mains en prière, cherchant à savoir comment cette étrange arme a pu germer dans l’esprit de son bien-aimé.

- Corben m’en a parlé vaguement en me disant que ça pouvait être intéressant comme arme et je me dis que ça ferait un super cadeau de Noël et que … s’il a une arme comme ça avec lui, peut-être que ça l’encouragerait à venir avec moi en mission de temps à autre. - Elle sourit timidement. - Mais avant tout, je voudrais savoir avec toi si c’est faisable, avec quels matériaux. Je suis prête à en payer le prix fort, l’argent n’est pas ce qui me bloque.

Quand il s’agit de son tendre Souen, ça n’a pas de prix.

HRP:

J'écoutais attentivement les explications de Lei, attrapant une feuille volante de derrière le comptoir et un crayon je griffonnais à la volé quelques mots et croquis.

C'était un vrai défi que me lançait la jeune femme, et je devais bien avouer que j'adorais ça !
- Tiens installe toi, lui dis-je en lui tendant une chaise de derrière le comptoir.

Je partis dans l'arrière boutique chercher une casserole en fonte que je remplis d'eau, deux tasses, et je posais le tout sur le comptoir.
- Du thé ? dis-je tout en faisant bouillir l'eau en chauffant le récipient entre mes mains.

Servant les boissons chaudes je finis par attraper mon carnet et commençais un premier croquis.
- Okay, donc il faut un mécanisme rétractable pour déployer la hache ou la rétracter en bouclier ...

Je réfléchissais buvant le thé encore bouillant sans me brûler les papilles.
- Fais attention c'est encore chaud, prévins-je Lei sans la regarder, absorber par sa commande.

- Ce serait bien plus pratique avec en son centre une lance plutôt qu'une épée, tiens-tu particulièrement à cette dernière ?

Les méninges en plein travaillent je mâchouillais le bout du crayon quand une idée me vint.
- Sinon en plaçant des rouages de part et d'autres ... marmonai-je dans ma barbe de deux jours.

- L'arme risque d'être extrêmement lourde par contre, il faudra que ton homme lui jette un petit sort de légèreté, mais ça ne devrait pas lui poser de problème. Je te la ferais livrer mais je pense que moi-même j'aurais du mal à la soulever. On fera appel à Wergeld express, dis-je en rigolant. Je m'imaginais tellement le Maitre de K'ouen en garçon de course ...

Revenons en à nos moutons.
- Le bouclier n'aura lui même pas une forme classique, je devrais tester mais pour l'équilibre de l'arme ça ressemblera plutôt à ça, avec la pointe qui dépasse.

Je montrais rapidement une forme à ma féline préférée pour qu'elle visualise ce que je disais.

- Et pour le prix nous nous arrangerons ne t'inquiète pas. Je ne sais pas encore à combien je peux te le faire, ça dépendra des matériau que j'utilise et surtout si j'arrive à trouver le mécanisme que j'ai en tête ...

Je repris une nouvelle feuille et fis un nouveau croquis plus propre.
- Voilà ce que j'ai en tête pour le moment, lui dis-je en montrant le nouveau dessin. Corben a beaucoup de chance d'avoir quelqu'un d'aussi attentionné, et je vais tout faire pour que cette arme lui convienne parfaitement ! Tu me diras aussi les motifs qu'il aime qu'on agrémente tout ceci de fine décoration, ce sera encore plus charmant.

Oui, c'était un cadeau des plus original, et je comptais bien satisfaire ma chère cliente et le futur (et heureux) propriétaire de l'arme.

Bon hôte qu'il est, il accueille Leiline derrière le comptoir pour discuter du projet “cadeau de Noël surprise”. C'est une commande d'envergure et qui va demander beaucoup de travail, elle en est bien consciente. Mais elle ne doute pas de son Forgeron préféré, lui qui aime les défis.

Elle écoute attentivement ses remarques, le remerciant pour le thé et lui confirmant que ce serait bien une épée. L'hybride se fie beaucoup à ce que Corben lui a communiqué ce jour là.

Elle est resté bien silencieuse, imaginant petit à petit ce que donnerait son présent une fois forgé. Elle ne s'exprime qu’après une gorgée de thé - très courte soit elle avec la température - riant de la possibilité que K’ouen en personne puisse lui livrer.

- Je t'avoue que pour le poids de l'arme je me suis fait les mêmes réflexion. Je compte sur sa Technomagie pour qu'il puisse l'utiliser avec aisance.

Les croquis de l’Artisan lui semblent déjà très convainquants. Ce n'est même pas encore réalisé qu'elle en a déjà des étoiles dans les yeux. Et puis s'il lui propose en plus de la personnaliser avec des motifs en plus, le top ! Elle sourit timidement, encore un peu affectée par le compliment sous entendu d'Ayren.

- Corben comme moi sommes tous deux fans de jeux basés sur la hasard. Ce qu'il préfère c'est les jeux de cartes.

Des symboles lui viennent naturellement en tête et elle pointe du doigt le croquis, plus précisément sur la face du bouclier en désignant plus la zone centrale.

- J'imagine bien le coeur en haut et le trèfle en bas d'un côté et de l'autre le pique en haut et le carreau en bas. Ça lui rappellera les couleurs des cartes.

La féline conçoit déjà son amant, testant son nouveau jouet et elle sourit de plus belle.

- Qu'est ce que tu en penses ?

Je griffonnais les quatre symboles sur le côté de mon croquis avant de les intégrer au bouclier par de petits points.

Je réfléchissais avant de lui proposais une idée comme ça, sans rien vouloir lui imposer :
- Il aime les jeux de carte dis-tu ... Et si je dessinais au centre une tête de joker simplifié. Lorsque le bouclier se séparera je peux faire en sorte que le visage se sinde en deux profils de joker face à face ... Ou alors y faire deux dés, à la séparation un dé sur chaque partie avec les deux symboles de chaque côté ...

Le bois de mon crayon se fendit et un petit morceau resta coincé entre mes molaires ... Oups, je le mâchouillais un peu trop celui-là. Je retirais le crayon de la bouche pour arrêter mon toc avant d'en prendre un autre ... e me mettre à tapoter sur le comptoir avec... Je troquais un toc contre un autre.

Retirant le bout du crayon de ma bouche je précisais à Lei :
- Ou garder les quatre symbole tout simplement comme tu as dit. De toute façon, ce ne sont là que des finitions, nous aurons le temps d'en reparler. Je vais déjà m'atteler au système de rétractation.

Je partis dans l'arrière boutique vérifier quelque chose au niveau de mes outils, Tea, mon renard Stellaire, en profita pour se glisser dans l’entrebâillement de la porte et vint s'asseoir à côté de Lei, penchant sa petite tête trop mignonne tout en observant Alibert.

Je revins deux minutes plus tard toujours aussi songeur.
- Bon ... Pour une telle pièce je ne sais pas encore le temps qu'il va me falloir, je vais te dire deux semaines déjà, mais je te tiendrai au courant des avancées d'accord ?As tu des écouteurs subsonic pour que je puisse te joindre ?

Machinalement je caressais la tête de mon renard qui vint se blottir contre moi.

Ayren y met beaucoup du sien pour proposer des idées mais en observant les croquis, Leiline fait la moue à la vue de la première proposition.

- Je t’avoue que je suis mitigé à l’idée du Joker … Par contre les dés, je trouve que c’est une bonne … i-dée !

Elle fait un rire forcé et communicatif à la fin de sa phrase suite à ce jeu de mot, certes facile mais toujours efficace. Le Forgeron et l’Alchimiste sont eux même adeptes de ça, elle peut bien en faire aussi de temps à autre. À croire que c’est une compétence commune chez les Artisans.

Un craquement lui fait soudainement lever les oreilles et les yeux. Le crayon d’Ayren lui a craqué sous la dent. Un sourire amusé se dessine sur le visage de l’hybride qui se retient de faire une blague qui apparenterait le Forgeron à un castor.

- Après je voudrais que ça reste quelque chose de sobre. Que l'esthétique de l’arme se marie surtout entre sa forme ainsi que les gravures qu’il y aura dessus sans être trop “clinquant” disons.

L’Artisan laisse notre femme-chat un petit instant, le temps de vérifier ses stocks et outils très certainement. Un petit Renard Stellaire profite de la porte ouverte pour la rejoindre. Comme pour tout familier qui se respecte, Leiline se gagatise devant la boule de poil.

- Hey, bonjour toi. Je ne t’ai jamais rencontré dis moi !

Elle approche sa main, le laissant la sentir pour le mettre en confiance. Voyant qu’il l’accepte, elle lui caresse délicatement la tête, titillant du bout des doigts les oreilles de l’animal.

Ayren revient et fait un rapide topo à l’hybride qui a laissé tranquille le goupil auprès de son maître. Elle pose alors son sac à main sur les genoux et commence à le fouiller.

- Ne t’inquiète pas, je me doutais que ça allait prendre du temps, c’est pour ça que je viens te voir en avance justement.

Elle en sort enfin son baladeur subsonic, répondant à l'affirmative à la question d’Ayren.

- Il est là le petit chenapan !

Elle ajoute déjà un nouveau contact dans sa liste, prête à enregistrer son numéro et s’étonne de ne pas l’avoir demandé avant …

- Je t’avoue que je suis mitigé à l’idée du Joker … Par contre les dés, je trouve que c’est une bonne … i-dée !

- Oh joli ! dis-je en joignant mon rire à celui de Lei.

Elle voulait que l'esthétique reste sobre, je la rassurais tout de suite :
- Ne t'inquiète pas, je peux faire les dés et les signes des cartes comme un filigramme sur le métal, légèrement gravé sans trop de profondeur. Mais nous reparlerons de la décoration le moment venu, il va d'abord falloir que je m’attelle à la confection de l'arme en elle-même.

Je donnais alors mon numéro à la femme-féline pour que nous puissions nous recontacter lors de l'avancée de l'arme. N'ayant pas fini nos boissons chaudes nous parlions alors de tout et de rien avant que l'épicière ne retourne à ses occupations Entre-Mondiennes.


Je contactais Leiline deux semaines plus tard. Sa commande m'avait donné du fil à retordre. J'avais même mis à contribution un horloger et l'ingénieur du laboratoire pour m'aider à confectionner un rouage. Après quelques essais infructueux je finis par trouver un mécanisme pas trop contraignant à confectionner, et facile d'utilisation pour le futur propriétaire de l'arme.

D'abord j'avais confectionné le mécanisme qui était devenu le squelette de l'arme. Ce qui étai maintenant la poignet de l'épée était en réalité une manivelle qui, lorsqu'on la faisait tourner vers la droite, déployait deux bras mécaniques auxquels étaient maintenant fixés les lames de la hache. Il suffisait de tourner ensuite la poignet vers la gauche pour que les bras se rétractent, rapprochant ainsi les deux lames qui formaient ensemble un bouclier.

J'avais ensuite moulé la lame de l'épée de manière à pouvoir insérer la tige centrale du mécanisme, avec deux trou pour les bras perpendiculaire. Cela n'avait pas était une mince affaire, mais après le troisième essaie, le moulage fut le bon. La lame était épaisse, légèrement plus que mes épées à deux mains, mais je n'avais pas eu le choix. J'avais affiné les bords latéraux au maximum pour alléger au possible l'arme et surtout avoir un bon tranchant. Après tout, il s'agissait là d'une épée.

Comme prédit à Leiline, l'arme était lourde, j'avais compensé le déséquilibre avec un petit poids au niveau du bas de l'arme que j'avais répartie dans la garde. Il fallait un bon sort pour pouvoir l'utiliser, en l'état, il était impossible de la soulever et de la manier comme une arme. Je devais moi même utiliser mes deux bras pour la trimbaler d'un endroit à l'autre. Ice m'avait pas mal aider aussi à transporter le métal. Un grand travail d'équipe tout ça.

Toujours était-il que j'attendais la venue de Leiline dans la journée, il n'y avait encore aucune décoration ni ornement sur le fer, juste l'arme à l'état brute, polie, nettoyée, qui attendait dans mon atelier.

Je faisais les cents pas, à moitié excité par ce que j'avais réussi à faire et inquiet que ça ne corresponde pas totalement à ce que voulait mon épicière préférée.

Il a fallu deux semaines pour que le Forgeron l’appelle. Leiline est très étonnée du temps que ça lui a prit. Non pas qu’elle doute de ses compétences - bien au contraire - mais sa commande est bien trop spécifique et elle a donné un sacré challenge à son ami Artisan en lui demandant une arme pareille.

Une fois de plus prête à le rejoindre, elle sort Alibert et se prépare, s’emmitoufle dans sa cape. Le temps est maussade, mais pas l’humeur de l’hybride qui reste intact. Elle n’a qu’une hâte, voir le résultat de ce qu’ont donné ces deux semaines de dur labeur pour Ayren.

À l’occasion, Leiline a fraîchement acheté un titre Sarkina en plus de celui intégré dans son Optimus. Celui-ci étant déjà occupé par son arbalète adorée et dans l’envie de vouloir y stocker plus de choses sur elle, elle a opté pour l’option de facilité. De plus, elle pourra y transporter l’arme bien trop lourde sans problème et faire la surprise elle-même à son compagnon.

Couverte de sa capuche, elle traverse rapidement les ruelles d’Ordae, sentant l’eau sur les dalles au sol éclabousser légèrement ses collants noirs au niveau des chevilles, sa capuche sur la tête, le Precious blottit à l’intérieur de sa capuche. Ce n’est qu’arrivée à la forge qu’elle la retire enfin, affichant un grand sourire à son ami, le colibri enfin extirpé de sa cachette et volant librement à l’accueil.

- Salut Ayren ! Je suis prête à voir le petit bijou !

Elle a le sentiment d’être une enfant qui va recevoir un cadeau de Noël. Sauf que ce n’est pas son cadeau et que ce n’est pas elle qui le recevra à Noël.

Leiline passa enfin le pas de ma porte, accompagnée de son fidèle Alibert voletant dans la pièce réchauffée.

Sans la faire attendre je l'accueillis d'un grand sourire avant de lui indiquer de me suivre. Je l'amenais à l'arrière-boutique, dans mon atelier, où son cadeau attendait patiemment sous un tissu immaculé d'être découvert.

Je me plaçais à côté de la table à tréteaux où était posée l'arme avant de soulever d'un geste sec le drap, laissant la femme féline juger du travail.

- Cela te plaît-il ? m'enquis-je.

Sans vraiment lui laisser le temps de répondre j'enchaînais :
- Tiens regarde, je te montre comment le mécanisme fonctionne !

Je laissais l'arme trop lourde sur la table, elle était alors en position bouclier. Je fis pivoter le manche qui ouvrit les deux petits bras de faire formant alors une hache.
- Tu vois, il suffit de tourner le pommeau de l'épée ! Tiens je te laisse essayer, le mécanisme n'est pas trop dur à manipuler et ne demande pas énormément de force, contrairement au port de l'arme en l'état.

Je me poussais pour laisser mon amie tester la marchandise avant d'attendre avec impatience son avis.

- J'attendais pour faire les gravure et les quelques ornements sur la poignet qui finiront de sublimer ton cadeau.

Si nous nous en tenions à ce que nous avions dit il y a de cela deux semaines, je pourrais lui faire durant la journée. La forge était fermée aujourd'hui, je ne serais donc pas dérangé pour terminer le travail en bonne et due forme.

- Es-tu pressée ? Si cela te dit, tu peux rester avec moi aujourd'hui le temps que je termine le côté esthétique de l'arme. Tu pourras ainsi me dire au fur et à mesure ce qui te convient, et tu pourras repartir avec dans la soirée. Il y aura un petit temps de repos le temps que le métal refroidisse et que je le polisse une dernière fois. Sans compter le petit coup de nettoyage.

- Et, je dois avouer qu'un peu de compagnie ne me déplaît pas, nous pourrons parler des potins d'Entre-Monde comme ça ! lui dis-je avec un clin d'oeil.