Re: Rencontre entre deux nuits

Booon d'accord, j'avoue, j'ai un peu abusé sur mon choix de chanson et c'est glauque. Changeons de registre.

Enchainement de musique:

Je joue en zieutant une fille un peu sur le coté qui regarde de mon coté. Je lui fais un clin d’œil et elle sourit, s'accoudant au bar , sa longue chevelure rouge lui couvre l'épaule alors qu'elle penche un peu la tête.

Héhé , gros poisson en vue. Je souris d'un air charmeur , la regardant parfois, et défois revenant à mes touches. Pas qu'elle croit que je n'ai d'yeux que pour elle même si elle est belle avec sa chevelure de feu.
Je la ferais bien danser mais si je danse ... y a plus personne au piano ... haaa dur dilemme !

Will boit toujours son irish coffee , j'espère qu'il va finir par se dérider un peu. Arioch commande une tournée de tequila. Cet homme a du goût ! J'aime ça !

La sulfureuse demoiselle finit enfin par s'approcher alors que j'entame une reprise d'une chanson pas très très connue , me semble.

Musique pas très connue:

- Vous venez profiter du spectacle peut-être ?

Je relève un sourcil d'un air inquisiteur avant de rire , amusé sans cesser de jouer, mon regard glissant sur l’appétissant petit haut de la demoiselle , pas de décolleté provocateur mais assez moulant pour échauffer l'imagination.

- Peut-être que c'est le pianiste auprès de qui j'ai envie de profiter qui sait ... ?

- Ah Vraiment ... Mais dites moi ... comment voudriez vous profiter ?

La demoiselle me sourit et se penche plus vers moi avant de murmurer

- Et si nous faisions un "quatre mains ensemble" ?

- Comment pourrais-je refuser, Sweety ?

La demoiselle pouffe de rire à mon petit surnom et je lui souris, me décalant un peu du siège pour qu'elle s'y assoit. Elle me fait un sourire en coin et au lieu de s'assoir à coté de moi, elle s'assoit sur mes genoux. Elle fait craquer ces doigts, repoussant sa chevelure sur sa nuque , m'offrant son odeur sensuelle et sucré de rose. Je la prends par la taille et la repositionne bien sur mes genoux.

- Prête ?

- Toujours ...

Nos doigts s'envolent, se figent quelques secondes dans le vide et nos regards se croisent.

Les premières notes se marient, s'épousent, se suivent et nous commençons à jouer dans une symbiose parfaite, extatique.

Piano à 4 mains:

Sans se connaitre, nous jouons la même mélodie, sans aucune fausse note si ce n'est le silence quand la musique s'arrête enfin. Nous nous regardons quelques secondes et sans rien ajouter de plus, la jeune femme se relève, me sourit et s'éloigne pour disparaitre.

Ce genre de moment qui n'a ni raison d'être ni explication mais qui est d'une intensité rare ... comme inscris hors du temps ... Deux individus, totalement étrangers qui s'unissent l'espace de quelques secondes , partagent un moment d’éternité unique et resplendissant avant un retour à la réalité. Quoi de plus ... beau que de finir ce moment magique par :

- Hé les mecs, venez chanter un peu ! Et ramenez moi mon verre, se fait soif ici !!

Le joueur finit de boire son Irish Coffe, il regarde son verre vide comme pour tenter de trouver la réponse à quelque chose de profondément absurde. La lumière se cristallise autour de lui, les rayons se transforment en diamants incrustés de noir. Tout est éblouissant, le piano joue, Curtis derrière, le piano joue dans sa tête, une rousse rejoins Mr.Jenkins.

Tout est noir rehaussé par le doré, il fait chaud mais il a froid, son souffle libère une vapeur fine invisible qui se mélange à l'alcool dans l'air. Les minuscules lui arrive au cerveau par le sens de l'odorat, il voit tout par son nez, il se voit lui-même, pâle et noir.

Il pense à son nom qui n'a aucun sens, il n'aime pas ce nom, on l'appelle toujours ainsi mais il n'a aucun sens en réalité, qui l'a appelé comme ça en premier ?

Il ne sait pas si c'était son père ou qui que ce soit, il n'a jamais voulu savoir, mais il s'appelle William, en conséquence on s'adresse à lui ainsi, et son nom raisonne dans sa tête car il essaye de s'appeler. Il se voit comme un étranger à l'extérieur de son corps, il voit sa peau fondre pour ne révéler rien, pas un squelette, pas d'organe, pas de muscle.
Il tremble encore, le froid le dévore, le suis partout où son esprit tente d'aller, il déshabille ses couches de peaux nuits et toute sa chair pour brûler de son feu blanc tout ce qui compte, tout ce qui retient son vide intérieur d'exploser.

Sa respiration lui ordonne de crier, d'éclater, de se dissoudre enfin, il se lève. Il marche.

Tap

Ses pas malmènent le sol, tout est obscurité et ce qui ne l'est pas un verre impénétrable, il marche.

Tap

Son pas égrene le temps à une allure excessivement lente, il esquive une lumière de projecteur et prend appuis sur une autre pour passer à travers. La lumière le rejette en bloc.

Tap

Il est arrivé aux toilettes, il n'y a personne, juste une lumière devant un grand miroir.

Ses mains tranchent le noir et s'abreuvent au robinet avant de projeter sur ses visages quelques gouttes. Il se regarde et dans le miroir il y a d'innombrables points dorés et sombres à la fois, il tente de toucher son reflet mais n'y arrive pas.

Il peut voir la scène en dehors de lui-même, elle est brute, la lumière coupe son image.

Il retourne, Curtis l'appelle.

Il le rejoins avant de se rendre compte que la scène est éclairé et se contente d'attendre devant. Regardant l'homme comme à travers une vitre, son regard noyant les sons et ne voyant que le noir.

Le Barbu continuait de jouer et il avait même eu le droit à une charmante compagnie le temps d’une chanson, tombeur va ! En revanche, le Palot semblait être mal, peut-être que l’alcool le rendait triste ou alors c’était sa première cuite ? Va falloir faire attention qu’il ne tombe pas dans les pommes !

Toujours est-il que le veinard au piano voulait un verre et il avait raison ! Je lui ramenai et il voulait une chanson en plus ? Euh, je ne sais pas moi, je buvais une gorgée de whisky pour me rappeler une musique de bar et ça là que ça à fait boom dans ma caboche ! Une chanson que des marins chantaient dans les bars de mon monde et que j’avais entendue ici aussi ! Je la chantonnai vers le Barbu pour qu’il m’accompagne au piano et je commençai à chanter.

Spoiler:

J’avais oublié que j’étais très nul en chant, mais pas grave ! Je buvais une nouvelle gorgé et lançai au Palot.

– À toi de chanter !

Quand j'appelle les deux hommes , ils finissent par rappliquer, Doc me ramène de quoi boire et je sirote ma tequila pendant qu'il réfléchit à quelle chanson chanter. Mais c'est le petit Will qui m'inquiète ... lui , il doit avoir l'alcool triste ! Il traine la patte et j'ai l'impression que son ombre s'est agrandie ... bizarre.

Doc se lance et chante une de ces vieilles chansons de marins, alors que je l'accompagne au piano ! Ma foi s'est pas mal et ça rappelle le bon vieux temps ! Je lui fais un clin d'oeil et lève mon verre à sa santé.

- Pas mal pour un Doc !

Mais quand je tourne la tête, je vois William planté là comme un piquet qui attends ... va savoir ce qu'il attend mais bon ... je le sens pas dans son assiette le Billy.
Arioch se tourne vers lui et lui dit de chanter, mais je crois que le gamin va nous faire un arrêt cardiaque là.

Je me tourne sur mon banc et fais signe à Will d'approcher.

- Allez viens ici, mon gars , je vais t'apprendre à jouer au piano ... enfin à faire au moins 4 notes .

Je me lève et le prends par l'épaule. Je fais vraiment grand à coté de lui ... ou c'est lui qu'est petit ? Bref, je le fais assoir sur le banc et me pose à ces cotés.

- Quand j'avais le blues, je mettais toujours de la musique pour faire passer le nuage gris. Ma mère jouait du piano le soir quand je rentrais du bahut. Les notes de musique remplissaient la baraque et je la regardais souvent jouer. Ces doigts qui bougeaient sur les notes du clavier ... blanche, blanche, noire ... Puis défois, elle me faisait assoir et elle prenait mes mains.

Je pris les mains de William avec douceur les positionnant sur le clavier, plaçant ces doigts au bon endroit.

- Elle me faisait faire des enchainements , m'apprenant doucement à jouer jusqu'à ce que je joue tout seul. "ça remplit la tête et éloigne les mauvaises pensées" c'est ce qu'elle me disait tout le temps. Et ben tu sais quoi ? C'est vrai ! La musique a cette capacité d’alléger les pensées ... comme si nos pensées s'envolaient avec les notes de musique. Faut juste apprendre doucement à dompter les touches.

Je positionnais mes mains en symétrie des siennes, à quelques touches de William et enchaina un petit refrain de 4 touches. Tout simple, sans chichi.

- Allez essaye pour voir !

Le joueur s'installa et se laissa porter par Curtis qui lui montra comment faire quelques notes sur un piano.

Le joueur recopia malgré sa forte envie de ne pas le faire et quelques petites notes de couleurs grises sans intonations s'échappèrent des touches blanches et noires.

Il ne lisait pas grand chose dans ce qu'il faisait, si il écoutait de la musique c'était celle de grands auteurs qui lui retournaient le crâne, mais pas la sienne, il n'avait pas envie d'écouter l'expression de son malaise intérieur.

Le joueur continua a imprimer quelques notes livides sur l'instrument avant de se lever et de faire un petit sourire à Curtis.

Il marcha sans parler, sans entendre et se retourna à un moment toujours souriant légèrement, les yeux fatigués en agitant un peu la main.

Il avait vraiment besoin de rentrer chez lui.

Avec la bonne ambiance du lieu, je n’avais pas fait attention que le Palot ne semblait pas vraiment dans son assiette. Enfin pour le peu que je l’avais vu avant sa prise d’alcool, il avait l’alcool triste ? Pas l’habitude de boire ? Toujours est-il que le Palot était limité translucide et même avec la tentative de Curtis pour lui remonter la morale, rien n’y faisait.

Je m’approchais de l’homme triste.

– Ça va petit ? Tu veux qu’on te ramène chez toi ? Demandais-je au Palot.

Il lui fallait sans doute du sommeil au vu de ces yeux et demain, sa gueule de bois le réveillera avec un mal de crâne carabiné et la bouche pâteuse. Chose tout à fait normale, surtout après ce qui semble être sa première cuite.

Bon ... on peut pas dire que le gamin soit super emballé par le piano et il suit mes notes comme un fichu pantin sans âme. Et j'ai l'impression qu'il dépérit à vue d'oeil.

C'est officiel, Il a l'alcool triste. Je finis par arrêter le massacre au piano et Le ptit Billy se releva et s'éloigna.

Il me fit un petit sourire ... un mélange entre le sourire "Pardon, j'y suis pas là" et un sourire "Je veux mouriiiiir"

Fichtre !

Will' se dirigea vers la sortie nous faisant un petit signe de la main , vite fait et Arioch s'inquiéta.

– Ça va petit ? Tu veux qu’on te ramène chez toi ?

J'acquiescais et me releva pour me diriger vers William et Arioch, mais le jeune homme ne répondit même pas et sortit du bar en refermant la porte derrière lui, nous signifiant clairement son refus.

Tu me diras c'est toujours mieux que le coma !!!

Bon ... on se regarde avec Arioch, un peu embêter enfait ...

- Bon ... on fait quoi mon gars ? On lui cours après, on le ramène chez lui, on le borde et on l'attache pour qu'il se suicide pas ou on croise les doigts en espérant qu'il fasse pas de conneries ce soir ?

Je me grattais la tête sans trop savoir quoi faire pour le coup et dans le doute .. je sortis une clope et l'alluma pour en prendre une bouffée.

J'étais pas du genre à forcer quelqu'un à me parler s'il en avait pas envie. D'ailleurs c'était plutôt l'inverse : les gens qui viennent me parler de leur petit soucis et au final j'en viens à jouer au psy.

Mais là clairement, ça se voyait que le petit gars voulait être seul.

- Je sais pas toi, mais je pense qu'il a juste besoin de souffler un coup ! Il en a la tête mais je l'imagine pas sauter d'un pont ! Après, jte suis mon gars si tu veux aller vérifier par toi même !

Mais le toubib me fait signe de suivre William pour vérifier qu'il fasse rien de stupide. Je soupire et repose mon verre.

Allons courir après les ombres alors ...

Nous quittons donc cette petite taverne fort sympathique, à mon regret un peu mais au moins, on aura la conscience tranquille ... Ralalala je savais que ce Will fallait le surveiller ...

C'est ainsi que nos deux compères coururent après William et en le retrouvant, l'accompagnèrent jusqu'à chez lui, le toubib l'empoignant par l'épaule , l'ombre la tête basse et silencieux et l'ancien militaire à chanter des chansons paillardes au beau millieu de la nuit.

----- FIN DE CE RP -----