Rencontre entre deux nuits

Au moins, ils avaient le sens de l’humour au vu des réactions de ma question et cette tragique histoire de poneys que le Palot nous confia.

Puis vient le tour du Barbu de nous parler de son pouvoir… Mais il fait quoi là à me viser avec son flingue !? Ok son pouvoir c’est de viser toujours juste, mais je ne veux pas une démonstration qui va se terminer avec mort ! Je veux mourir de vieillesse avec les arrières — arrières - petit enfant de Kaya autour de moi ! Pas dans un bar miteux !

Par réflexe je tentais de dévier le canon d’un revers de la main et de me dégager de la trajectoire de la balle, mais trop tard le Barbu avait pressé la détente. Et je me retrouvais avec le visage mouillé, à la place d’avoir une balle dans l’épaule. Quelle frayeur ! Son pouvoir était donc de faire des farces, non de faire des pistolets à eau qui, sans doute, pouvait aussi régler la pression de ces armes.

– Merci le Barbu. Lui dis-je en prenant la serviette pour m’essuyer le visage.

Seulement dans cette blague aquatique, mon cache-œil aussi se retrouvait mouillé et donc je n’avais pas d’autre choix que de l’enlever pour le sécher. Je m’exécutai, laissant mon œil mort et la petite cicatrice le barrant à la vue de tous. Pendant que j’essayais, tant bien que mal de le faire devenir sec, j’écoutais le Palot parler de son pouvoir et de la tonne de questions qu’il posait au Barbu. Donc, il pouvait copier les pouvoirs des gens, un pouvoir très polyvalent et entre de mauvaises mains, dévastateur, mais lui ne semblait pas être ce genre de personne.

– Le Palot, avec un pouvoir comme ça, tu as des restrictions ou pas ? Lui demandais-je avant de me tourner vers le Barbu. Et toi, tu peux modifier la pression de l’eau de ton arme ou alors c’est suivant le type de flingue utilisé ?

Puis je sortis un paquet de cigarettes de ma poche intérieure. Avec la peur de que venais d’avoir, je mérite bien dans griller une.

– Ça vous gêne si je fume ? À moins que ce bar soit non-fumeur ?

Le Barbu, voulant sans doute se faire pardonner, alluma ma cigarette et je pus voir que son briquet était gravé d’image de soldat et autre véhicule de guerre. Peut-être aimait-il l’armée ou en avait-il fait partit et ça lui rappelait son passé, comme mon couteau qui ne fonctionnait plus depuis mon arrivé ici. Je pris une longue bouffée, rien de tel qu’une cigarette pour se détendre. Mon cache-œil était sec et pendant que je le remettais, le Barbu me posa une question que j’entendais très souvent quand les gens voyaient mon œil.

– C’est une très vieille histoire, disons que je n’étais pas très recommandable avant de devenir docteur et que cette blessure vient des mauvais choix que j’ai faits à l’époque. Seulement, je ne les regrette pas, car c’est grâce à ça que j’ai pu devenir l’homme que je suis maintenant.

Comme toujours, une réponse vague, je n’allais pas dire que j’ai été élevé pour être un assassin et que cet œil mort vient d’une chasse à l’homme contre moi. Parce que j’avais tué un empereur dans mon monde.

Pendant ce temps, le Palot semblait s’ennuyait fortement, jusqu’au moment où il posa une question étrange pour une première rencontre. On venait à peine de se connaitre et il voulait déjà tout savoir de nous, mais même à ma fille, je n’avais rien dit sur mon passé. Alors à un inconnu, c’était tout bonnement impossible.

– Voyons, le Palot ! Nous nous connaissons à peine et tu veux déjà connaitre tous nos secrets ? J’attends au moins le cinquième rendez-vous pour pouvoir parler de mon passé et malheureusement pour toi, je n’aime pas les hommes. Dis-je un petit sourire moqueur sur les lèvres. En revanche, je peux te dire ce que je sais sur les « vampires » de mon monde.

Je bus une gorgée de bière avant de continuer.

– Il y a deux genres de vampires, les Moroïs et les Strigoïs. Les premiers vivent longtemps et les seconds sont des morts-vivants, c’est généralement eux qui posent le plus de problèmes à cause de leur soif de sang. Le sang des Moroïs permet aux Strigoïs de devenir plus puissants. Les Dhampires sont les enfants d’un Moroï et d’une Humaine, qui ont généralement comme devoir de protéger leur parent Moroï. Sauf dans certains cas, comme le mien.

Voilà, mon exposé était fait et, comme le Palot, j’attendais la réponse du Barbu.

J’en étais sûr ! Le Barbu avait fait partie de l’armée et son briquet datait sans doute de cette époque. Ou alors, j’extrapolais et il le trouvait joli, aussi simple que ça. Quant au Palot, il en avait pris plein la tronche, mais son résumé était étrange et je ne pouvais pas m’empêcher de lui faire remarquer :

– Quand tu dis que tu n’as pas de mère, ça veut dire que tu ne pas l’as pas connu ou que tu es arrivé dans ce monde par magie ?

Je ricanais et repris :

– Désolé, c’était trop tentant, mais plus sérieusement. Ce n’est pas parce que tu n’es pas allé à l’école que tu ne peux rien faire. Je suis dans le même cas que toi et j’ai appris le métier auprès d’un docteur qui m’a aidé dans la vie. Mon esprit vagabonde quelques secondes en repensant à cette époque et un petit sourire se dessine. Bref ! Ce que je veux dire, c’est que même si tu galères en ce moment, si te tu bats. Une bonne chose peut t’arriver.

Je ne sais pas trop s’il voulait entendre des encouragements, mais bon de temps en temps ça ne fait pas de mal ! Seulement en ressassant le passé comme ça, on se rappelle des choses peu plaisantes, je repensais au docteur Rohellec mourant en voulant me protéger. Il n’y avait qu’un moyen de faire disparaitre ces pensées, l’alcool ! Je terminais ma bière d’une traite et lançais :

– Tavernier ! Trois shoots de tequila !

L’alcool est dangereux pour la santé, mais pour oublier, rien de tel ! Et autant boire avec mes camarades de la soirée.

Ça fait du bien par où ça passe ! La tequila m’échauffe le gosier, mais ce n’est pas encore assez pour oublier ces souvenirs persistants. Bon le Palot ne semble pas vouloir boire le verre que je lui ai offert tout de suite. Bof pas grave, je ne lui commanderai rien à la prochaine tournée, s’il ne l’a pas encore bu.

Ah ! Le Barbu à décider de mettre l’ambiance, pas trop tôt ! Le groupe qui jouait semblait spécialiser pour jouer dans des maternelles, vu comment c’était endormant. Avec une incroyable diplomatie à coup de menace, il réussit à prendre leur place et commence à se mettre au piano pour chanter. Au départ, ce n’était pas top, mais finalement il se met à chanter quelque chose de pas gai du tout ! La seconde est plus enjouée, mais bon ce n’est pas non plus la folie.

– Tavernier ! Une bouteille de whisky et trois verres ! Et toi le Palot, t’as intérêt à boire avec nous !

Le tavernier arriva à la table avec la commande et je versai de l’alcool dans les verres. Ce soir, on finit mal !