L'échoppe de l'herboriste [Libre]

Nous parcourions les ruelles à vive allure à la recherche de ces oiseaux de malheur. A un croisement, je vis Arcanta immobiliser en l'air l'un de ces Hi-boux et en finir avec lui comme il l'avait précédemment fait avec les deux autres. En continuant je vis quatre de ces créatures fendre l'air dans ma direction ; je modifiai aussitôt ma trajectoire pour prendre appui sur un tonneau, à ma droite, en bois rempli d'eau ruisselante des gouttières pour m'élancer en hauteur en direction du mur opposé. L'usage de ma cape comme balancier et comme d'une aile me facilitait ce genre d'acrobaties et lancée à vive allure en direction de mes assaillants, je n'eus aucun mal à prendre appuie sur la paroi de torchis pour rebondir vers les quatre Hi-boux et à me retrouver à leur hauteur, si ce n'était pas un peu au dessus d'eux.

Tout se passa très vite ensuite ; je plongetai l'une de mes lames dans le cou de l'un pendant qu'un autre vint s'éventrer sur mon autre dague. Les deux autres suivaient leurs compagnons de près et je n'eu que le temps d'asséner un violent coup de pied à celui qui était le plus proche de moi, l'envoyant virevolter vers Arcanta, auquel je laissais le soin d'achever la créature. Le quatrième oiseau planta ses serres sur mes épaules et entreprit de me frapper à l'aide de son bec. Je me protégeais du mieux que je pouvais mais devait surtout penser à ma chute. J'avais pris de la hauteur avec mes cabrioles et si ma cape me permettait quelques acrobaties aériennes, il n'en demeurait pas moins que je tombais inéluctablement.
J'avais fait disparaître mes lames une fois plantées dans le corps des volatiles et utilisait mes mains libres pour saisir l'oiseau à la tête. Il se débattit violemment et perdit le contrôle de son vol. Nous tombions tous les deux, lui en dessous de moi ; la panique provoquée chez lui par l'étau que faisaient mes mains autour de sa tête et de ses yeux lui firent relâcher son emprise sur mes épaules et je pu me libérer juste avant de heurter le sol.

Je me servi du Hi-bou comme d'une paillasse pour amortir la chute et du lui rompre la carcasse à en juger par le craquement d'os audible à ce moment. Je me relevai pour regarder derrière moi dans la direction d'Arcanta pour voir s'il avait achevé le quatrième, ce dont je ne doutais pas.

"Nos façons de faire son différentes, Sire Arcanta, mais je pense que face à du gibier volant, je ne m'en sort pas si mal à mon niveau."

Quelque chose attirait mon regard derrière mon interlocuteur. Je plissai les yeux pour me concentrer sur ce détail : dépassant du toit de quelques maisons, un beffroi pointait sa flèche vers le ciel ; un nuage d'oiseaux géants volaient en tournoyant autour du bâtiment.

"Il semble y avoir quelque chose qui les intéresse au beffroi. Soit quelques nourritures dont ils sont friands, soit ils ont nidifié à cet endroit et défendent leur territoire. C'est là que nous devrions aller chasser."

Je pris la direction du beffroi, ce qui me fit passer à la hauteur de l'Ange.

"Venez vous ?"

Apercevant un des oiseaux malmené par Ravëfanwen projeté vers moi, je m'empressais d'en finir avec lui lancant de nouveau une lame d'air, le découpant au niveau du torse. Après tout je n'allais pas refuser le cadeau que m'offrait une demoiselle, cela aurait été malpolie.

"Il semble y avoir quelque chose qui les intéresse au beffroi. Soit quelques nourritures dont ils sont friands, soit ils ont nidifié à cet endroit et défendent leur territoire. C'est là que nous devrions aller chasser."

Je relevais la tête et apercevais en effet de nombreux oiseaux tournoyant autour du beffroi. Il m'aurait beaucoup étonné qu'ils se soient dirigé vers ce bâtiment pour dévorer des gens, vers cette heure-ci il ne devait plus y avoir grand monde dans celui-ci. Peut être cherchaient-ils un endroit où créer un nid, après tout les oiseaux aimaient les endroits en hauteur.

"Venez vous ?"

Je la regardais passer à côté de moi. Elle ne pouvait s'empêcher de courir après ces hiboux, surement l'appel de la chasse me disais-je et à vrai dire je la comprenais. D'une certaine manière certaine personne trouvait jouissif de sentir la vie d'un individu s'écouler entre ses doigts, mais je doutais qu'un sentiment aussi fort n'anime Ravëfanwen.

-"Bien sur et j'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais je vais prendre un peu d'avance."

Aussitôt je déployais mes ailes d'un blanc immaculé, les faisant battre à grande vitesse tout en m'aidant des vents afin de me propulser dans les airs. Sentant les courants ascendants m'élever, j'affichais un sourire heureux car pouvoir évoluer dans les airs me procurait un effet grisant et une sensation d'extrême liberté.

-"Je vous attendrais là-bas, en attendant je vais faire une petite visite."

Même si j'aimais voler, il n'était pas question que je me relâche, il y avait encore beaucoup de ces maudits hiboux et il fallait s'en débarrasser. Je prenais donc la direction du beffroi qui n'était qu'à quelques centaines de mètres, planant gracieusement dans l'immensité couleur ocre du coucher de soleil.

Alors que j'approchais du bâtiment, je percevais de mieux en mieux la masse importante des volatiles. Il étaient vraiment beaucoup, une trentaine, peut être plus et un de leur congénère m'avait déjà repéré. Celui-ci était à bonne distance des autres hiboux mais cela ne l'empêchait pas de fondre sur moi sans le soutien de ses camarades.

*Encore un oiseau stupide ...*

Ne prenant même pas le temps de ralentir mon vol, j'invoquais une masse compacte d'air, des vents extrêmements puissant commençant à souffler autour de l'oiseau. je suppose que l'hiboux du émettre un cri d'agonie lorsqu'il se fit broyer par la puissance du vent, mais le bruit de celui-ci m'empêchait de le percevoir.

Je n'étais plus très loin du beffroi et j'arrivais enfin à hauteur du clocher gardant une distance de sécurité. Je préférais attendre Ravëfanwen pour l'amusement.

[4]

Les ruelles désertes facilitaient ma progression dans ce dédale de maisons, de magasins et de temples divers ; je filais comme une flèche, me repérant au beffroi que l'on voyait de partout. Mon partenaire s'y rendait par la voie des airs, ce qui lui facilitait la tâche : il serait rendu avant moi mais je le talonnerai d'assez près. Je le vis approcher de la masse d'oiseaux et m'attendre ; il n'aurait pas à patienter longtemps car j'étais en train de gravir les marches de l'escalier central du beffroi dans les dix secondes qui suivirent.

A l'intérieur de la tour, il n'y avait que deux de ces Hi-boux. A ma vue, ils piquèrent droit vers ma position ; je les esquivai sans mal, laissant passer le premier et plantant une dague dans le dos du second qui perdit assez de sang pour en perdre également la vie. L'autre fuit vers le sommet et je me dépêchai de le suivre.

Arrivée à la trappe qui donnait accès au carillon, je tendis l'oreille : une vrai volière avait prit place sous le toit, il devait y avoir une bonne vingtaine de ces Hi-boux qui nichaient là et autant dehors d'après ce que j'avais pu voir. Peut être même y trouverai-je des oeufs. Il me faudrait agir rapidement une fois là haut, mes dagues auraient pu m'être d'un grand secours, mais je pensait, à juste titre il me semble, que la vitesse serait un allié encore plus fiable qu'elles. Je pris quelques instants pour permuter mes magies.

"Ash nazg thrakatulûk agh burzum-ishi krimpatul !"

Sans perdre plus de temps, car Sire Arcanta devait avoir entamé la besogne à l'extérieur, je m'engageai dans le nid de ces créatures. A ma vue, un vent de panique sembla souffler parmi les hi-boux ; les cris fusèrent de tous côtés, et ils furent plusieurs à vouloir m'attaquer avec leurs serres coupantes et leurs becs crochus. Fort heureusement pour moi, la vitesse d'exécution de mes mouvements de combat étaient décuplés par la magie temporelle de mes gantelets ; je me frappai violemment chaque assaillant, en repoussant un, en assommant un autre. Au bout de quelques minutes, plusieurs oiseaux gisaient autour de moi ; si j'avais brisé les os de certains et fracassé le crâne de quelques autres, il restait quelques survivants, rampant par terre, proches de l'épuisement, ou perchés dans les hauteurs du carillon. Je comptai les morts avant de m'occuper du reste.

"12, 13, 14... 14."

Je jetai un oeil par les arcades qui donnaient sur le parapet extérieur pour voir ce que donnait la chasse de Sire Arcanta. Je gage qu'il ne s'en sortait pas mal.

Au bruit que j'entendais dans la tour, il était aisé de deviner que Ravëfanwen avait déjà commencé le carnage, les cadavres des hiboux devant surement s'amonceler devant ses lames. Mais il n'était pas question pour moi de lambiner et de la laisser s'amuser toute seule. Après tout j'étais moi aussi face à cette horde d'oiseaux mangeurs d'hommes et il fallait bien quelqu'un pour s'en débarrasser.

-"Bon les pigeons je crois que je dois m'occuper de vous ..."

Aussitôt dit, aussitôt fait, je m'élançais déjà en direction de la meute d'oiseaux et ils n'eurent pas trop de mal à me repérer. Prit d'une soudaine frénésie, ils commencèrent à devenir plus agressif comme cherchant à protéger quelque chose. Pour moi il était maintenant sur qu'ils avaient commencé à installer un nid dans la tour.

Tous les sens en alerte je voyais des dizaines d'oiseaux me prenant pour cible, ayant pour objectif de me mettre hors d'état de nuire. La partie n'allait pas être facile ... L'air avait beau être mon élément, face à des oiseaux aussi nombreux j'allais devoir redoubler de prudence. Esquivant deux hiboux fondant en piqué avec une habile vrille, je redressais aussitôt mon vol pour lancer une lance d'air qui perfora l'abdomen de trois de ces maudits oiseaux avant de se dissiper. Le combat était plutôt dangereux, il fallait éviter les attaques d'une douzaine d'adversaires. De plus quand je m'en débarrassais d'un, deux autres arrivaient.

*Saleté d'oiseaux, comment peuvent-ils être aussi nombreux ...*


Mais même en ressentant les différents mouvements des oiseaux qui m'entouraient, je ne pu qu'esquiver de justesse l'hiboux qui s'apprêtait à me lacérer avec ses griffes, emportant par la même occasion mon médaillon. A ce moment là le temps s'arrêta, le médaillon ... Il représentait ma promesse ... Il était hors de question que je ne le perde avec un bête duel avec des rapaces.

Je m'étais toujours promis de ne jamais faire appel à la totalité de mon pouvoir, après tout le pouvoir auquel je pensais provenait de ma fureur, D'un autre côté j'étais plutôt en mauvaise posture et je voulais récupérer ce médaillon, si ce n'était pas le moment pendant lequel je devais apprendre à le maitriser, il ne viendrait jamais.
Je serrais les poings, oui il fallait que je maitrise ce pouvoir, il faisait partis de moi et il était plus que temps que je cesse de le haïr et que j'apprenne à entièrement le contrôler. Le temps reprenant son cours mes yeux s'illuminèrent d'un bleu océan plus profond que jamais, ceux ci s'embrasant du bleu des flammes les plus pures.

Un vent puissant et tourbillonnant souffla soudainement autour de moi, propulsant violemment les hiboux qui n'avaient de cesse que de me harceler contre les murs du beffroi. Au vu des petites fissures qui apparurent lors de leur impact contre la pierre j'en déduisis que le choc fut tel qu'ils durent mourir sur le coup. M'étant débarrasser des gêneurs, je fondais alors en piqué pour rattraper au vol mon médaillon qui n'avait heureusement rien eu.
Regardant furtivement les cadavres de la douzaine de hiboux, je relevais les yeux vers les nombreux oiseaux restant, les défiants de mon regard bleu pur. Cette fois-ci je n'allais pas seulement les laisser s'échapper comme à Tern, les nuisibles se devaient d'être exterminé et l'orage se faisait presque entendre à travers mes vents.

Je propulsais plusieurs lames d'air décapitant les hiboux, ceux-ci tombant en masse sur le toit du beffroi quand ce n'était pas le dallage du sol. Une des lames vint même décapiter dans des milliers d'éclats de bois, la poutre qui arborait fièrement le drapeau de la ville.

*Calme toi, tu dois maitriser ce pouvoir, non tirer à tout va*

Les hiboux étaient plus courageux qu'à Tern et tenaient vraiment à protéger leur progéniture, prévoyant surement de les nourrir avec les habitants alentours.

-"Je vais vous montrer qui domine l'air, les vents sont tous à moi ..."

Chaque oiseau qui essayait de s'approcher se voyait violemment écraser contre un des murs par une bourrasque et ceux qui n'osaient plus bouger se voyaient découper, décapiter et broyer par les vents. Les cadavres s'amoncelaient et le carnage continuait toujours, certains hiboux étaient même venu se réfugier à l'intérieur du beffroi prit par la peur. je décidais donc d'en finir, faisant appel à une grande partie de mon pouvoir j'invoquais les vents, ceux-ci prenant peu à peu une forme animal ressemblant à une grande créature ailée et évanescente.
L'invocation ressemblait beaucoup à une créature mi-ange mi-oiseau et elle fondit sur les derniers hiboux restants, se dissipant dans une grande tempête qui lacéra tout ce qui se trouvait autour d'elle.

Je reprenais mon souffle, essuyant mon front dégoulinant de sueur, j'avais trop forcé et la maitrise de mon pouvoir n'était pas encore très au point comme pouvait en attester l'était du toit du beffroi. La cloche gisait fendu et brisée en morceaux, la plupart des tuiles et même quelques pierres étaient partis et il y avait d'autres dégâts.

*Et bien on va expliquer que les oiseaux auraient fait plus de dégâts pour se justifier.*

Je me posais sur le toit, m'apprêtant à redescendre par l'escalier en haut. Ravëfanwen avait surement du en finir et à vrai dire je me sentais plutôt fatigué, je n'avais pas l'habitude d'utiliser autant de pouvoir. Combien en avais-je tué ? Il était si nombreux, une cinquantaine ? une quarantaine ? Je ne savais plus et je décidais l'escalier mes jambes fléchissant quelque peu.

[52]

En sortant sur le parapet, je fus rejetée vers l'intérieur du beffroi par une bourrasque violente. Quand je pu enfin approcher l'extérieur, je ne vis qu'un amoncellement de cadavres de Hi-boux en contre-bas de la tour. Je levai les yeux vers le ciel obscurci pour y chercher mon partenaire, mais ne le trouvai pas ; il descendait en fait du toit par le petit escalier en pierre qui permettait aux couvreur d'aller changer les ardoises sans utiliser d'échelles.

Une telle démonstration de force face à une quarantaine de ces bêtes à plumes avait du puiser dans ses ressource car la démarche mal assurée dont il faisait montre n'était surement pas due au vertige.

"J'ai bien quelques plantes qui peuvent donner un coup de fouet, mais pas sous la main."

De plus, ces plantes n'étaient que des drogues qui fortifiaient les muscles et l'esprit mais ne les reposaient pas. Une fois l'effet épuisé, la tension se relâchait presque immédiatement ; j'en avait fait les frais il y a bien des années et cette erreur m'avait valu quelques nuits de cachot.

"Vous avez fait un joli saccage, j'ai peur de ne pas m'être montrée aussi efficace. Donnez moi une minute pour éventrer les quelques survivants, cela donnera l'illusion d'un travail achevé."

Je m'exécutai sans plus attendre. Quatre Hi-boux agonisaient sur le sol et deux étaient perchés sur des poutres au dessus de moi ; je les pris pour cible en premier lieu. Je me hissai sur les poutres à l'aide du carillon, faisant tinter le bronze des coches de petite taille et me retrouvai face aux deux monstres ; il m'observèrent pendant quelques secondes avant d'ouvrir leurs ailles et de s'élancer vers le sol.

"Khaine !"

Je couru sur la poutre, saisissant le pennage d'un de ces volatiles ; j'utilisai l'énergie de mon mouvement de départ pour faire décrire à ma cible un cercle autour de moi et lui fracassai le crâne contre la poutre en bois. L'autre était sur le point de s'enfuir, mais en deux sauts habiles sur la charpente, je me trouvai au dessus de lui et m'abattis sur son dos de tout mon poids.

"16"

Je me dirigeais vers les quatre derniers et exerçai une torsion brusque sur leur cou pour les achever.

"Et 20. Je crois que cette zone est balayée, Sire Arcanta."

Je m'asseyais par terre pour me reposer, j'avais fier allure à me montrer ainsi devant Ravëfanwen mais il aurait été plus que stupide de faire le beau au risque de s'effondrer car ne tenant plus sur ses jambes. Je maudissais cette faiblesse, il me restait encore beaucoup de chemin à faire pour entièrement contrôler ce pouvoir, je m'épuisais beaucoup trop rapidement pour ce que j'utilisais.

"J'ai bien quelques plantes qui peuvent donner un coup de fouet, mais pas sous la main."

Je relevais la tête dans sa direction plongeant mon regard dans le sien. Elle avait l'air quelque peu fatiguée, mais contrairement à moi elle avait gardé une parcelle d'énergie et aurait pu très bien repartir à l'assaut. Si je ne savais pas que la presque totalité de l'ennemi se situait dans le beffroi, il est sûr que je n'aurais pas pris le risque d'entraîner mon pouvoir à ce moment là.

-"Non merci ça ira, il faut juste que je reprenne mon souffle. J'ai tenté une plus grande utilisation de mon pouvoir, mais cela laisse encore à désirer comme vous pouvez le voir."

"Vous avez fait un joli saccage, j'ai peur de ne pas m'être montrée aussi efficace. Donnez moi une minute pour éventrer les quelques survivants, cela donnera l'illusion d'un travail achevé."

Je la regardais faire, préférant retrouver quelques forces en attendant. Un saccage disait-elle, oui le mot était faible mais j'avais aussi abimé la tour en même temps ce qui prouvait bien la mauvaise maitrise des vents dont j'avais fais usage.

*Il va falloir que tu t'entraines plus de ce côté là.*

Pensant m'être assez reposé, je me relevais heureux de voir que je ne titubais plus.

"Et 20. Je crois que cette zone est balayée, Sire Arcanta."

-"Je le crois aussi, désolé pour le triste spectacle que je vous offre, je vous promet de faire mieux la prochaine fois." J'affichais un léger sourire. "Je pense que la plupart des hiboux sont morts et je doute que vous m'hébergiez pour la nuit, je ne vais donc pas vous importuner plus longtemps."

"Je le crois aussi, désolé pour le triste spectacle que je vous offre, je vous promet de faire mieux la prochaine fois. Je pense que la plupart des hiboux sont morts et je doute que vous m'hébergiez pour la nuit, je ne vais donc pas vous importuner plus longtemps."

"Vous avez raison, je n'ai pas pour habitude d'inviter quelqu'un à partager ma demeure, cette fois ci ne fera pas exception. J'ai bien peur qu'il ne vous faille regagner vos propres couvertures si vous voulez dormir au chaud cette nuit." Dis-je d'un ton neutre qui ne se voulait nullement moqueur. Je continuais en le regardant droit dans les yeux. "J'ai apprécié cette chasse, bien que je n'eusse pas eu le loisir de vous voir vous déchainer, je gage que le spectacle devait valoir son pesant de PIMs."

Je fis disparaître mes dagues d'ombre et époussetait ma cape au niveau des épaules. Mes habits avaient reçu de nombreuses giclées de sang, j'allais devoir faire un peu de nettoyage si je voulais conserver cette tenue qui m'était chère.

"Vous êtes un bon chasseur, j'accepterai de me joindre à vous si vous désirez un jour réitérer cet évènement."

Je préférais chasser seule car je n'étais jamais tombé sur des partenaires compétents ou supportables. L'Ange semblait posséder ces qualités et c'est pourquoi je lui fit cette proposition.

"Si un jour vous souhaitez aller chasser et que la proie mérite plus d'un prédateur, vous savez où se trouve ma boutique. Je vous accompagnerai alors."

[HRP : à tout hasard, un Kraken ? ^^]

"Vous êtes un bon chasseur, j'accepterai de me joindre à vous si vous désirez un jour réitérer cet évènement."

Je souriais intérieurement, un chasseur, oui je supposais que je pouvais me considérer comme tel. En effet à force de vivre toujours aux aguets j'avais acquis des réflexes et une agilité plutôt déconcertante ... Quand on assurait sa protection ou celles d'autres personnes on développait des aptitudes en rapport en toutes logiques. Mais ce qui a du le plus aiguiser mes talents de "chasseurs" ,comme elle disait, était surement lors de ces missions où je devais traquer une personne pour lui soutirer des informations. Heureusement je me suis toujours refuser à l'assassinat volontaire, tuer pour défendre j'acceptais cela, mais tuer pour ses objectifs je m'y était toujours refuser.

"Je vous remercie de me considérer comme un chasseur, mais je dois avouer que vous n'êtes pas mauvaise non plus pour ce qui est de la chasse."

En effet elle s'était débarrassé aisément d'un bon nombre d'oiseaux, contrairement à moi qui me fatigue car je ne maitrise pas pleinement encore mon pouvoir, enfin quand je force trop sur ce pouvoir. Mais j'hésitais toujours à l'utiliser au delà d'un certain niveau, de un parce que cela me fatiguait facilement, de deux parce qu'il était instable et de trois parce que je risquais d'entrainer une mutation de ce pouvoir. Pour les premiers problèmes il aurait été aisé de les régler avec de l'entraînement mais le dernier se révélait plutôt douloureux en général.

Pour faire simple la première fois que mon pouvoir était apparu, il s'en était suivit des mal de têtes plutôt foudroyants. J'avais finis par remarquer avec le temps que plus j'avançais celui-ci, plus j'avais de risque à partir d'un certain stade de retomber dans cette phase "douleur", mon corps s'adaptant comme il pouvait à la hausse de mon pouvoir. Mais cela Ravëfanwen ne le savait pas ...

"Si un jour vous souhaitez aller chasser et que la proie mérite plus d'un prédateur, vous savez où se trouve ma boutique. Je vous accompagnerai alors."

-"Ce serait avec grand plaisir, vous êtes après tout une bonne combattante et faire équipe avec vous un de ces jours ne me déplairait pas je l'avoue."

En attendant ce jour je m'occuperais de m'entraîner au maximum, quitte à prendre le risque de faire une rechute. Oui si je voulais m'acquitter de ma promesse, il était sur qu'il fallait que je maitrise mon pouvoir, sinon je ne pourrais jamais m'assurer de la protection de quelqu'un.

Émergeant de mes pensées, je me dirigeais vers l'herboriste, me penchant doucement vers elle avant de lui voler son bras pour un baise main.

-"Ça été un plaisir de vous rencontrer, mais je vais vous laisser, la nuit commence déjà a tomber et je préfère rejoindre un endroit où me reposer avant qu'il ne fasse nuit noire. Je vous souhaite une bonne soirée demoiselle."

Je déployais ensuite mes ailes, commençant à m'élever dans les cieux dans de grands battements d'ailes, affichant un léger sourire amusé en direction de Ravëfanwen. Je me demandais comment elle avait pris le baise main, je devais avouer m'être un peu amusé par le geste, mais je m'étais pris de sympathie pour elle. Pensant avoir assez perdu de temps, je me détournais d'elle, prenant la direction en face de moi afin de rejoindre un endroit où je pourrais dormir.

"Ce serait avec grand plaisir, vous êtes après tout une bonne combattante et faire équipe avec vous un de ces jours ne me déplairait pas je l'avoue."

S'en suivit quelque chose qui ne m'était pas arrivé depuis de très longues années : il prit ma main dans la sienne pour y déposer un baiser, comme le font les nobles à la cour. je n'avais que 33 ans la dernière fois que ce la m'était arrivé, et ce baise main avait été usurpé alors que je me faisais passé pour une noble dame en visite à la cour de Fort Mathuzel. Je repensai au moment ou la maîtresse des lieux m'avait regardé avec des yeux mêlant la détresse et la haine et souriait intérieurement au plaisir que cela me procurait.

"Ça été un plaisir de vous rencontrer, mais je vais vous laisser, la nuit commence déjà a tomber et je préfère rejoindre un endroit où me reposer avant qu'il ne fasse nuit noire. Je vous souhaite une bonne soirée demoiselle."

"Vous faites également remonter de vieux souvenirs, même si c'est involontaire. Que la nuit vous porte, Sire Arcanta."

Je le regardai s'envoler et quitter la tour. J'étais maintenant seule au beau milieu d'une multitude de cadavres d'oiseaux, perchée sur un beffroi quelque peu abimé. Je devais quitter les lieux avant que la milice ne rapplique ; les évènements de cette nuit étaient susceptibles d'attirer l'attention sur moi si l'on venait à connaître les responsables de ce carnage et je ne souhaitai nullement que l'on m'importune.
Je pris un élan suffisant pour m'élancer dans le vide et voleter jusqu'à ma ruelle ; je déguerpis comme mon compagnon de chasse, par la voie des airs alors que des hommes d'arme commençaient à gravir les escaliers menant au sommet du beffroi.