un chasseur sachant chasser doit le faire bien équipé

La Louve franchit la porte à pas feutrés, faisant à peine teinté la cloche de l’entrée. Elle avait gagnée beaucoup de pims récemment et un besoin de se rééquiper rapidement, s’était fait sentir. Fabriquer son équipement elle-même risquait d’être long, et elle avait besoin d’être bien armée pour ce qu’elle avait en tête. Elle trouvait le cliquetis du métal battu fort agréable à l’oreille.

Elle prit le temps de faire le tour des étalages les yeux scintillants, le forgeron était un bon ouvrier, ses outils semblaient de bonne qualité, équilibré et solide. Elle prépara mentalement la liste de ses emplettes avant de se diriger vers le comptoir. Sans oublier la formule de politesse qu’elle avait tout récemment apprise.

- Bonjour ! … y a quelqu’un ?

Elle passa une main dans sa longue crinière sombre, dégageant les mèches qui obstruaient son visage, elle tenta même de... sourire.

Les clients semblaient plus nombreux qu'au tout début de ses passages à la forge. Kilyan se laissa surprendre par la voix de la nouvelle venue et sa tête percuta le coin de l'enclume dont il nettoyait le pied.
Il se pressa dans la boutique tout en se massant la partie de son cuir chevelu endolorie.

─ Bonjour. Je peux vous être utile ?

Il avait déjà vu cette cliente. Il ne se souvenait pas précisément ce qu'elle était venue chercher auparavant mais ce visage, bien que souriant, lui rappelait réellement quelqu'un. S'il se fiait à son nez et à son instinct, Kilyan aurait dit que cette femme était plus proche de l'animal que de l'homme. Elle avait une odeur particulière.

Ce fut l’homme qui lui avait vendu des appâts qui vint à sa rencontre. Plutôt d’humeur hâtive ce jour là, elle n’avait pas prêtée attention à son physique singulier, ses yeux inversés avaient les pupilles blanches avec un pourtour noir. Le jeune homme était d’une taille impressionnante, Kiyiya lui arrivait à peine à mi poitrine et pour finir… Il sentait… le poisson. Bien malgré elle Kiyiya se lécha le contour des lèvres, cette odeur lui ouvrait l’appétit. Elle fit taire ses instincts primaires, en se raclant la gorge, avant d’énoncer sa liste d’achats.

- Oui, je souhaiterais acheter un tomahawk, 2 dagues, 2 fourreaux, un arc en bois occidental avec un carquois de flèches en bois, une sarbacane et un grappin.

Elle sortie d’une poche sa carte pims et la déposa sur le comptoir, arborant toujours son imitation maladroite de sourire.

Spoiler:

Il ne lui avait pas échapper qu'un échange à son désavantage s'était déroulé lors au delà du premier regard partagé. D'un regard nacré figé sur la jeune femme et d'un vague signe de tête, il lui indiquait avoir mémorisé la commande.

Sur le comptoir trainait un mètre à moitié déroulé, un vélin et un morceau de charbon. Kilyan s'était habitué à l'odeur de la suie, le parfum du feu imprégnait toute la forge, les huiles et les cuirs ainsi que les métaux ajoutaient des fragrances subtiles et entêtantes lorsqu'on y prêtait trop attention.

─ Tendez votre bras.

Il lui montra le mètre.

─ Je vais voir si on a des dagues à votre taille.

Appliquant son mètre du creux du coude au poignet, il nota soigneusement la mesure sur son vélin.

─ Si le stock ne contient pas de dague à la bonne taille vous pouvez choisir parmi celles qui sont exposées sur le présentoir, là-bas indiqua-t-il de l'index. Ou bien vous pouvez commander, on vous livrera lorsqu'elles seront forgées.

Mesures faites, il se dit qu'une femme de ce calibre ne serait pas à l'aise avec des armes trop lourdes alors il ajouta sur son vélin quelques notes sur sa taille et sa carrure. Les commentaires aideront le forgeron en cas de commande.

─ Vous avez déjà soupesé les tomahawk ?

Kilyan s'éloigna vers les supports des haches à une main et des haches de jet. Il en prit une qu'il évalua d'un poids intermédiaire entre les quelques modèles proposés dans la boutique. Puis il la proposa à la jeune femme.

─ Je vous laisse essayer.

Puis il s'en alla vers l'arrière boutique. A son retour, il avait sous le bras plusieurs étuis, à son épaule pendait un carquois de cuir qu'il avait rempli de flèches.

Kiyiya s’exécuta et tendit les bras pour qu’il puisse prendre ses mesures

- Je partirais avec c'que vous avez…

Elle aurait aimée faire des phrases plus longues exprimer davantage d’idées, mais le langage revenait lentement, et elle avait encore beaucoup de mal à trouver les mots pour exprimer ses pensées… Il faudrait certainement qu’elle trouve quelqu’un de tolérant avec qui s’exercer à la discussion, mais pour l’heure, hors de question de montrer ses faiblesses.

- Oui

Tandis qu’il partait en arrière-boutique, elle prit la peine de soulever le tomahawk pour être sure qu’il convienne. Elle n’eut aucune difficulté à le soulever c’était le poids idéale pour sa force, le vendeur avait l’œil. Il réapparut avec un carquois bien garnit, et des étuis. Ne manquait plus que la sarbacane et le grappin.

- Vous savez où trouver munitions sarbacane ?

Elle avait un peu mangé ses mots pour qu’on ne remarque pas que sa phrase était bancale.

Un tour de main, chaque etui ouvert, il présenta deux dagues dont la taille dépassait tout juste le métrage des avant-bras de la jeune femme. Elle n'était pas bavarde, lui non plus. Un silence s'abattit sur la forge tandis qu'il lui vérifiait les fourreaux et la sarbacane. Le grappin etait le dernier des objets qu'il déballa. Il n'était pas spécialement beau mais ferait son travail. Son nez lui indiqua que la corde était en excellent état et n'avait pas souffert de l'entreposage dans l'arrière boutique.

─ Allez voir l'Alchimiste à Northrives. Ici on n'a que de petites fléchettes, ça tue une araignée ou une sardine, pour avoir plus gros ce sera l'alchimiste qui pourra vous conseiller.

Il remit chaque objet dans leurs étuis et mis le tout devant sa cliente. L'instant d'après tout était réglé et le registre était à jour.