La rencontre quotidienne (Avec Thänille Lörandhir)

Ayvis ricana en voyant l'ange s'endormir sous le contact immédiat du lit avec elle.

"Bonne nuit, mon enfant."

Elle sourit en la direction de Thanïlle, puis la dragonne fit de même, s'allongeant sur le matelas à terre et rejoignant l'ange dans un sommeil profond.
La femme se réveilla à l'heure où le bas de chez elle commence à s'éclaircir par la lumière chaude du soleil. Elle observa un moment la fille, sourire aux lèvres, puis passa la porte de sa chambre, sortant ainsi sur la terrasse par le petit escalier. Là-bas, elle s'assit, récupérant un carnet de dessin, puis commençant ses notes et croquis sur de jolis oiseaux matinaux aux couleurs fantastiques, du violet, du bleu, du blanc, une ribambelle de couleurs froides. Les oiseaux se posaient sur le bois de la terrasse et leurs chants envahissaient l'air du matin.

Thänille se réveilla en entendant le doux bruit mélodieux d'un oiseau perché sur la terrasse.
En se levant, elle aperçut Ayvis en attablée, un stylo dans la main, décrivant des courbes puis des traits, sur un petit calepin posé sur la table.
Elle s'approcha à pas de loup de la dragonne, en priant pour ne pas s'être fait repérée, mais si elle savait que c'était déjà le cas, puisqu'elle avait une ouïe sur-développée.

"Merci beaucoup de m'accueillir ici !", s'exclama-t-elle

Elle se pencha par dessus ses épaules et regarda le dessin qu'elle était en train de réaliser, de beaux oiseaux immortalisés sur des petits bouts de papiers.
Dans son imagination, le dessin prenait vie, elle voyait les oiseaux décoller, et essayait de les toucher.

Ayvis se tourna vers l'ange et lui adressa un doux sourire. Elle lui tira un siège de sous la petite table faisant office de table de dessin, le bois était marqué par le noir du fusain. Sur son carnet, l'ange pouvait apercevoir les dessins d'observation des oiseaux, mais aussi quelques notes étranges, des mots scientifiques incompréhensibles pour les non-initiés.

"Mais de rien, mon enfant. Tu n'auras qu'à me faire signe quand tu voudras partir, hm? En attendant, tu pourrais me parler de tes parents... Enfin, tu comprends ? Je ne sais pas grand chose de toi, et je me demande si tu as au moins un endroit où retourner quand cela va mal."

Ayvis appuie ses propos par son air maternel, ce sourire doux, ce regard apaisé et apaisant. Ce petit air tranquille et gentil. Elle se lève et se dirige vers la cuisine, laissant la "porte-fenêtre" ouverte. La dragonne revient quelques minutes plus tard un plateau à la main, garnit de petits pains et d'une tasse de thé, dégageant cette douce odeur du repas du matin.

Thänille resta pétrifiée en entendant le mot "parent" sortir de la bouche d'Ayvis, tous ses problèmes, auxquels elle n'avait pas pensée jusqu'alors, venaient de refaire surface. C'était comme si, pendant un lapse de temps très court, quelques secondes, sa conscience était sortie de son corps et qu'elle le voyait à la troisième personne. Son champ de vision n'était composé que d'un clignotement noir puis blanc, très rapide. Et enfin, les flashbacks arrivèrent, des dizaines et des dizaines d'images traumatisantes fonçaient sur elle à une vitesse effroyable. Sur ces images, elle ne voyait que les mauvais souvenirs de ses parents, et principalement de son père, celui qui l'a éduqué. Pour elle, ces souvenirs douloureux représentaient la mort en personne, mais son heure n'était pas encore venue, elle devait encore se battre. Peut-être que ces images n'étaient ... qu'un avant goût; mais un avant goût terrifiant.

Elle sentit un léger contact sur son épaule gauche, et enfin, elle se ressaisit. Sa conscience rentra très brusquement dans son corps, elle venait de surmonter cette épreuve. Elle tremblait, mais elle se débrouilla pour cacher habillement son tremblement. Elle avait maintenant besoin de prendre goulée d'air, elle avait l'impression d'avoir fait du sport pendant plusieurs heures jusqu'à tomber par terre d'épuisement et ne plus réussir à respirer, pourtant, tout n'avait duré que quelques secondes. Le contact avec la main d'Ayvis l'avait brusquement ramenée à la réalité, mais elle en avait besoin. Elle était maintenant si compatissante envers Ayvis, de l'avoir sauvée. Elle se demandait même si celle-ci n'avait pas un pouvoir pour influer sur les sentiments des personnes qu'elle touchait. Lors du contact, entre son épaule et sa main, elle avait sentie une onde de paix intérieure traverser tous les endroits de son corps. Le sourire était revenu sur son visage, et son teint pâle s'était envolé, comme les oiseaux aux alentours. Elle prie un des petits pains qu'Ayvis était partie cherché, et le morda à pleine dent !

Elle se sentait tellement bien, depuis si longtemps, que sa langue se délia, elle ouvrit lentement sa bouche et commença à narrer ses histoires avec ses parents. Elle parla du fait qu'elle travaillait dans le bar de son père sans être rémunérée, de ce que son père lui insufflait comme leçons, la nuit venue, juste avant de dormir. Elle omit intentionnellement de parler d'une chose, enfin d'une personne: sa mère.