La rencontre quotidienne (Avec Thänille Lörandhir)

Ayvis regarde l'enfant, clignant des yeux à plusieurs reprises. Elle se gratte là tête, un peu décontenancé par la demande de la fille. Il faut dire que se transformer en dragon est toujours quelque chose. La femme fixe Thänille dans les yeux, souriant à la vue des deux mignonnes mirettes alors que celle-ci la supplie de lui montrer ses pouvoirs, comme si elle était une bête de foire. Néanmoins, les compliments énoncés semblent plutôt bien fonctionné. Finalement, Ayvis ressemble assez à une enfant, si heureuse et joviale.

"Hm... Eh bien, je suppose que je peux faire ça pour toi... Haha."

Ayvis ricane, se relevant. Le vent tournoie autour d'elle alors que ses crocs, ses griffes et ses cornes grandissent, sa peau se recouvrent d'écailles et son corps s'allongent, grandissant de plusieurs mètres, détruisant deux-trois arbres au passage. Ses "moustaches" et sa "crinière" ondulent dans le vent, tandis qu'elle commence à parler d'une voix semblable à sa forme humaine, mais bien plus porteuse, résonnant dans la clairière.

"Alors mon enfant, comment me trouves-tu?"

Thänille ne s'attendait pas du tout à ça, elle était réellement surprise. Le dragon paraissait si grand, si irréaliste, comme sorti de nul part. On aurait dit qu'il se trouvait seul face à la nature, comme un inconnu ne se trouvant pas au bon endroit. Pourtant, il allait aussi très bien avec la magie de ce lieu. Elle eut du mal à entamer sa parole:

"Wow ... Je ne pensais pas que vous étiez si ... grande ?! Vous êtes si magnifique sous cette forme, pourquoi ... pourquoi est ce que vous ne vous mettez pas sous la forme d'un dragon plus souvent en dehors de la ville ? Vous correspondez si bien avec la magie de ces lieux !
Et ... est ce que ... vous pourriez me montrer comment vous volez ! J'aimerais tellement prendre exemple sur vous !
Ah ! Et j'ai oublié de vous remercier pour tout ce que vous faites !"

La dragonne semble... Euh... Sourire ? Crocs visibles, ricanant doucement. Elle bombe le torse, plein de fierté sous cette forme, faisant le show, tournant doucement sur elle-même, grognant de temps en temps. Les manières de l'ange la touchent bien en plein cœur. Elle l'apprécie de plus en plus, pensant alors avoir trouvé sa prochaine "fille". Elle lève la tête vers le ciel, en direction de nombreux oiseaux fuyant le reptile.

"La forme draconique n'a pas que des avantages, vois-tu. Elle a tendance à faire fuir les bêtes et les races intelligentes. Il faut dire que ce n'est pas la chose la plus "mignonne" que l'on puisse trouver. De plus, je fais beaucoup de casse, à l'image d'un éléphant dans une boutique de porcelaine."

Elle jette un œil aux arbres couchés autour d'elle, déracinés par la transformation, l'air dépité.

"Pour ce qui est du vol... Pourquoi pas ! Cela te dirait qu'on y aille ensemble ?"

À ses mots, l'énorme dragon bondit, prenant appui contre le sol de ses lourdes pattes. Ayvis ondule alors, se mouvant dans les airs tel un serpent sur terre. Elle reste en stationnaire, observant l'enfant, heureuse de pouvoir partager ces moments avec elle.

Thänille se comportait comme une enfant trouvant ses cadeaux au pied du sapin de Noël, mais son cadeau était un être "humain" venu du ciel, littéralement. Puisque son cadeau se trouvait ... au ciel !
Elle essaya alors de suivre le dragon, déployant majestueusement ses ailes. La jeune fille allait commencer à suivre la mère, le début d'une liaison éternelle était en train de se former.

"Je te suis, de ce pas !"

Et, ses jambes quittèrent le sol

La dragonne observe l'ange décoller, un "rictus" sur sa gueule. Son corps se remet à onduler, commençant à aller plus loin, se dirigeant vers la côte la plus proche, désirant atterrir proche de la mer.

"Nous allons voir l'étendue marine."

L'adulte se rapproche de la fille, prête à la réceptionner si celle-ci tombe, gardant ainsi un œil sur elle. Par ailleurs, l'ange ne peut malheureusement pas prendre modèle sur Ayvis, ayant ce style de vol bien particulier aux dragons orientaux, se mouvant toujours comme un grand serpent, décrivant de nombreux "S" en avançant au gré du vent.

Toutes deux se dirigeaient vers le bleu turquoise si caractéristique de l'océan. Thänille avançait particulièrement lentement puisqu'elle ne pouvait pas risquer sa vie et le chemin était dangereux, c'était le plus long chemin qu'elle n'avait jamais fait

"J'ai peur", dit elle en tremblant

Elle pouvait apercevoir au loin l'étendue marine, elle avait hâte d'y être, tout serait si beau là-bas. Mais après, il faudrait aussi revenir sur ses pas, et ça, c'était une autre paire de manche.
Plus l'on se rapprochait de l'océan, plus le vent tapait fort. Un petit peu trop fort pour Thänille puisqu'elle fut déstabilisée à deux reprises et chuta de plusieurs mètres. Mais la dragonne, de son air attentif, la retenait toujours d'une chute qui aurait été fatidique.
Petit à petit, elle commençait à mieux utiliser ses ailes, un grand chemin avait été parcouru depuis leur rencontre, aussi bien physiquement ... que moralement.

Ayvis, voyant l'air apeuré de l'ange et ses chutes, dirige sa longue queue (dorsale) le long du corps de la petite fille, créant ainsi une sorte de bouée autour de sa taille. D'un autre geste, la petite fille se retrouve sur le dos de la dragonne tout en s'adressant alors d'une voix chaleureuse.

"N'aie pas peur mon enfant... Reste ici un instant pour te reposer d'accord ?"

La queue du reptile se détache alors de Thänille, reprenant sa place à l'arrière pour faire gouvernail dans les cieux, continuant les "S" décrits. Ayvis semble être heureuse, ce "sourire" sur les babines, pensant à l'enfant sur son dos. Ainsi, la grande dragonne accélère quelque peu, plongeant vers la terre ferme puis remontant vers le ciel quand elle s'approche de trop des arbres. Le corps d'Ayvis fait ainsi penser à une grande montagne russe, ondulant en tout sens, verticalement et horizontalement.
Ce n'est que peu de temps après que l'on commence à sentir l'air marin, à voir l'étendue bleue qu'est la mer alors que la plus vieille des deux soupire de contentement.

Son cœur faisait des bonds dans sa poitrine, elle était en train de ressentir des sensations jamais vue auparavant, c'était fantastique. Les différentes paraboles qu'effectua Ayvis dans le ciel la mirent dans une peur bleue, elle avait si peur de tomber et de se retrouver si pied sous terre. Mais elle se débrouilla pour ne pas montrer ses ressentis, puisqu'elle savait que les dragons ressentaient très bien les émotions et en particulier la peur.

"Tout va bien", se chuchota-t-elle

Les grandes pattes du dragon se posèrent enfin sur la plage de sables fins. Thänille descendit lentement et posa ses pieds sur le sable. C'était la première fois qu'elle touchait du sable et la sensation était presque fantastique, presque magique. Cependant, il était aussi chaud comme la braise et elle ne résistait pas du tout à la chaleur, ses pieds devinrent rapidement rouges, puisque le sang s'accumulait. Elle avait aussi peur que le soleil la tape, mais ce n'était pas de la première importance.
Elle était heureuse d'être ici, et c'est cette émotion précise que la dragonne ressentie.

Durant le vol, la dragonne ricanait doucement, amusée par ce voyage, cette vitesse, heureuse de partager ce moment de liberté en la compagnie de quelqu'un, de cette petite fille qu'elle a appris à apprécier de loin, et désormais présente sur son dos écailleux.
Une fois à terre, le corps d'Ayvis se rétracta, ses longues moustaches disparurent, ses cornes rétrécirent et ses écailles se changèrent en sa peau humaine, une peau à l'image de la pâleur de ses écailles, une peau douce sans défaut, sans cicatrice ni ride. Elle prit alors une bonne inspiration avant de soupirer d'aise en se laissant tomber contre le sable fin, le corps formant une croix avec ses bras.

"Pffiou... Je fatigue un peu... Le vol t'a plu ?"

Elle souriait, haletant afin de reprendre son souffle. Une lueur de malice apparaissant dans son regard, elle commença à faire "l'ange" dans le sable, remuant ses bras et ses jambes pour dessiner une forme dans les sédiments de la plage, pouffant de rire en regardant la petite fille, visiblement amusée par sa "blague".

La petite fille se joignit à Ayvis et elles furent bientôt deux a être allongées sur le sable, en train de faire des formes. Le sable la brulait mais elle n'en tenait plus compte, elle s'amusait, et c'est tout ce qui comptait.

Soudainement, Thänille se leva et courut vers la plage, une fois que ses pieds eurent touchés l'eau, elle s'envola maladroitement dans les airs et plongea en piquet, une fois qu'elle se trouvait au dessus de l'eau profonde.
La sensation de fraicheur intense lui fit plaisir, l'eau était froide et très claire, en opposition avec la chaleur du sable.

"Suis moi ! Et regarde les poissons !"

Les poissons étaient magnifiques, il y en avait des milliers, de couleurs différentes, de formes différentes. Certains étaient bleus, d'autres rouges ou encore d'autres oranges. Ils pouvaient être ronds comme allongés grossièrement. Mais tout cet ensemble faisait du lieu un endroit mystérieux, si magique. Elle ne voulait pas quitter les eaux, retrouver son père le soir, devoir retravailler le lendemain matin. Elle voulait seulement vivre l'enfance que chaque enfant normal devrait avoir, profiter du moment présent sans jamais, penser à l'avenir. Chaque chose en son temps !