Qui dit monstres... dit chasseurs [suite]

Finalement, Svetlana n'eut pas besoin d'attaquer une dernière fois, son équipier se chargeant de l'assommer. Et un chaton envoyé au paradis des rêves. La dragonne put quitter sa position d'attaque, décrispant ses muscles et sifflant de contentement. Une autre bête de terrassée, et cette fois encore, sans trop de dégâts - un manteau foutu et une écaille d'arrachée. On ne pouvait pas en dire autant du malheureux qui avait été surpris par le nexu. La dragonne s'en approcha, offrant un appui au blessé, aidé par Cortovar. Tchen s'occupe de l'autre inconscient. Évidemment, le truc plein de poils sera pour elle. À la remarque du Maître vis-à-vis de Wergeld, Svetlana ne peut s'empêcher d'agiter sa queue de façon agacée, marmonnant avec mépris entre ses dents :

« Tiens, ça ne m'étonne pas, ça... »
S'étant approchée du félin endormi, la dragonne stoppa son mouvement pour l'attraper. Elle leva les yeux au ciel et siffla, comme s'il s'agissait d'un soupir défaitiste.
« Le pire est qu'il s'en amuserait, » sembla-t-elle réaliser.

Sur ces mots, elle prit le nexu par la peau du cou, essayant de ne pas mordre trop fort - même si ça l'a démangeait. Elle le traîna jusqu'au chariot, que lui importe que le félin se prenne quelques cailloux. Elle le balança ensuite dedans, ne prenant aucune délicatesse avec lui. À nouveau, elle lui proposa de prendre appui sur elle, en plus des mains secourables de son équipier, pour monter à l'arrière du véhicule. Une fois embarqués, la dragonne fit le tour du chariot, constatant les dommages qu'il avait subi. Autant dire que ce maudit véhicule n'était plus en mesure d'avancer par lui-même. Cette constatation agaça plus encore Svetlana, sachant être la seule du groupe à pouvoir faire bouger ce chariot chargé.

« Bon, on va jouer les bêtes de somme... Je me charge de faire bouger tout ça, désolé si ça secoue un peu, » annonça-t-elle aux hommes.

Ne connaissant pas le chemin, l'homme blessé lui indiqua le chemin à prendre, affirmant que le camp de réfugiés n'était plus très loin. Cette information fit tiquer Svetlana : un prédateur tel qu'un nexu qui rôdait non loin du camp, c'était mauvais signe. Ces réfugiés devaient leur paraître des proies faciles. Sur le trajet, la dragonne parla peu, concentrée sur sa tâche. Le chariot et ses occupants étaient lourds, lui demandant un effort physique qui réveilla la douleur dans sa patte arrière ; mais elle y parvint sans trop de difficultés. Néanmoins, elle sentait les courbatures arriver demain matin...

Comme l'avait dit le malheureux, ils virent bientôt les lumières du camp.

Au fur et à mesure qu'ils s'approchaient du camp, Svetlana sentait le soulagement arriver. Ce chariot n'était pas léger, et une fois arrivés, elle n'aurait pas honte à s'étendre, relâchant les muscles de ses pattes - et pourquoi pas un bain de pied en même temps ? Mais son arrivée etait bien différente de ce qu'elle avait imaginé : une rangée de machabés les attendaient, puant. Leur odeur agressa les narines de la dragonne.

" Ils les laissent là ?" s'étonna-t-elle. " Il faudra les inhumer."

Au centre du petit camp, ce n'était pas vraiment mieux. Les hommes et femmes en bonne santé s'affairaient à soigner ceux qui étaient blessés. Évidemment, tous les blessés étaient quasiment au même endroit, ils n'avaient peur de rien. La dragonne poussa le chariot de provisions sur le côté. Autant dire qu'il attirait les regards, ce chariot. Avec l'invective de Tchen, Svetlana aida le transporteur blessé à descendre de là et à s'approcher du petit groupe. La Souen était intriguée : qu'allez faire le Maître ? Au moins connaissait-il les termes d'autorité.

Spoiler:

La sentence semble s'abattre sur le camp, lorsque Cortovar leur laisse à peine dix minutes. Ils ne s'attendaient certainement pas à l'arrivée d'un groupe si hétéroclite, encore moins qu'ils partiraient sur le champs avec eux. Des protestations se font entendre, la plupart dues à la surprise et à la peur. Mais Tchen y mit fin avec une hostilité que Svetlana ne comprit pas. Pourquoi se montrer cruel ? Il était possible d'être ferme sans devoir user de menaces. Par respect pour son statut de Maître, la dragonne ne fit aucune remarque face aux gens. Mais, lorsque ceux-ci partirent s'affairer, elle se tourna vers Augure, les mâchoires contractées d'indignation.

" C'est normal qu'ils aient peur, pas besoin de les menacer. " lui reprocha t-elle.

Finalement, Cortovar avait parfaitement raison : si l'on jugeait Tchen par ses seules actions, il se trouvait être un capitaine des plus respectables. Le problème, c'était quand il parlait. Malheureusement, il l'ouvrait un peu trop souvent...

" J'vais me charger des cadavres... " grommela-t-elle.

Ce qu'elle fit, pendant que les vivants rassemblaient leurs possessions. Bien qu'elle ne les connaisse pas, et qu'elle ne vît aucun visage sous les draps blancs, Svetlana prononça quelques mots d'adieux, par respect et pas tradition. Ensuite, elle souffla avec légèreté et bienveillance un feu chaud et vif, qui enflamma les carcasses. Pas question de les laisser là pour se faire dévorer par les prédateurs des environs. D'un œil protecteur, elle veilla sur le feu qui se propageait une minute, puis rejoignit l'interieur du camp.

Les réfugiés ne prenaient que le strict nécessaires, mais ils s'armaient en vivres. Vu l'état du chariot presque vide, ils devaient l'avoir attendu avec impatience. S'approchant de ses équipiers, Svetlana fut légèrement agacée lorsqu'Augure jeta le félin sur son dos, sans le lui avoir demandé. Mais la Souen ne broncha pas, et bougea quelque peu pour mieux placer son fardeau sur son dos. Le Maître posa sa main sur ses écailles, et l'istant d'après, ils partaient.
La lumière et la chaleur de la capitale surprit tout le monde, mais elle fut le bienvenue.