A la recherche de l'Infini

La bibliothèque était quelque peu déserte à cette heure, sans doute car la population se concentrait en ce moment sur l'effort de guerre.
Lay'leva était entrée de son pas léger, le Kiln à la main, tissant un petit motif de courage.
Elle se dirigea droit vers un petit écriteau posé sur le comptoir où l'on pouvait lire "Volontaires pour la recherche de l'Infini". Personne n'attendait encore ici, elle s'appuya donc légèrement au comptoir et se concentra à nouveau sur son ouvrage pour patienter.

J'envie la capacité des chiens à pouvoir dormir n'importe où, n'importe quand, dans n'importe quelles conditions ! Carine somnolait dans son petit coin sombre, il bâillait essayant de me transmettre cette envie.
Je passais une main devant mon visage pour en étouffer les effets.
Un livre sous le bras, j'arpentais la bibliothèque à l'écoute des sons et des comportements inhabituels.
Une vraie mission si on se souvient qu'un voleur a essayé de dérober des reliques quelques jours plus tôt.

Kip revenait de sa pause chargement tout guilleret. Il me relaya à cet exercice bien plus facile pour lui. J'en profitais pour descendre au hall.
Une bonne chose que j'en ai eu l'idée, quelqu'un semblait attendre au comptoir.

Lay'leva était concentrée sur son livre, au départ je voulais la faire sursauter pour avoir le bonheur simple d'une petite espièglerie dont j'ai le secret. Je renonçais une fois installée sur mon tabouret. Je n'avais pas l'énergie pour ça ces derniers temps.

Je me penchais à mon tour sur mon livre.

Aux abords de la bibliothèque, un vieil homme s'approchai lentement, s'aidant de sa canne pour se déplacer. Une fois entré, il observa la salle un moment avant d'apercevoir une jeune femme posée contre le comptoir, il se dirigea alors vers elle tranquillement. Le vieil homme était habillé assez bizarrement, les vêtements presque complètement déchirés et sale, une chevelure aux reflets qui traduit un entretien plus que douteux, c'est certain, cet homme a tout l'air d'un "sans domicile fixe".

- S'il vous plait madame, donnez travail! S'il vous plat! Moi avoir faim mais moi besoin argent pour nourriture. Soyez gentille. Je sais faire plein d'choses vous savez....

Tout en discutant, le vieil homme tendait une main ouverte vers la jeune femme comme pour implorer sa pitié.

Bonsoir, je me nomme Mahaut et je peux vous mener à l'Infini.

Zakariann fit un pas en avant.
Le visage souriant et chaleureux.


Son sourire s'élargit.
Ses paumes se joignirent.


Le frère de la Silnà salua.
Le pèlerin blanc recula.
Un pas derrière l'Aîné.


Cette pensée le ravît.
Cette idée l'emplit de joie.

Qui est cet homme en blanc aux côtés de Mahaut ? Sa proximité avec l’aîné me laissait croire que ces deux-là étaient proches comme dans « frère et sœur de la Silnà ».
Je m’approchais en silence et interrompais le petit groupe.

-La mienne aussi.

On aurait dit que les gens de la Silnà épiaient la bibliothèque jusqu’à savoir quand un volontaire se présenterait pour lui bondir dessus aussitôt…
C’est presque ça.
On m’a parlé de Mahaut en mouvement, je suis une donjion aussi, je devais lui apporter mon soutien. Et je suis sa sœur, je me devais de surveiller ses arrières.

Apporter notre aide à deux étrangers pour trouver l’Infini ? Ce qui veut dire leur permettre d’entrer dans la Citadelle et d’approcher le lieu le plus sacré qui soit pour les frères et sœurs de la Silnà ?
Ce serait plus simple pour moi d’accepter de vénérer l’un des faux dieux que de les laisser fouler les pavés de notre foyer…

Je suis ouvertement hostile à l’idée d’offrir cette opportunité à l’Entre-Monde. Ils pourraient nous trahir ! Révéler aux faux dieux notre position et déclencher un nouvel exil pour nous qui n’avons déjà presque plus rien.
Mais je suis résolue. Nous sommes obligés de faire confiance à ces étrangers, à l’Entre-Monde. Ils se sont mis en difficulté, à défaut de nous protéger, pour ne pas se salir les mains en nous traquant.
J’ai peur de ce que l’Entre-Monde est capable, des moyens dont ils disposent pour trouver les miens. Je frissonne et j’approche.

Je salue respectueusement l’Aîné puis l’inconnu. Un sourire pour eux qui méritent un peu de lumière dans la nuit.

-Je vous accompagne.

Je suis équipée pour une guerre et je vois que Mahaut l’est aussi. L’Aîné des donjions ne revêt pas son armure pour rien. Je suis sûre qu’il est aussi méfiant que moi.

Tout comme Mahaut mon regard évalue nos deux volontaires. Le vieil homme ne survivra jamais à un tel voyage, le froid et la faim le tuera à mi-chemin si ce n’est avant…

-Vieil homme, es-tu sûr de vouloir nous accompagner. Ce ne sera pas une partie de plaisir ?

Spoiler:

Spoiler:

Le vieil homme regardait tour à tour les arrivant, les dévisageant presque, laissant un grand sourire se dessiner sur ses lèvres.

- C'est vous qui allez me donner du travail, mais c'est génial ça! Bon par contre je suis pas un vieux hein, enfin si mais pas vraiment... Laissez-moi vous montrer plutôt.

Le vieil homme se redressa alors soudainement, laissant place peu à peu à la silhouette d'un homme assez grand à la chevelure argentée, sa canne laissa place à un chapeau haut de forme. Meliel, sous son apparence normale, se présenta alors par le biais d'une révérence adressée aux arrivants.

- Je suis Meliel, maître du miroir de K'ien et ancien dieu des rêves. Enchanté. Et du coup, où qu'on dois alloer? Et on dois faire quoi? Hm?

En effet le dieu n'était absolument pas renseigné sur leur mission et s'attendais à une petite balade toute simple en ville.

Meliel fixait celui qui semblait être le chef de cette expédition en gardant toujours son sourire bienveillant sur les lèvres. Pas de tour de magie ni d'illusions qu'il disait, ouais ça risque de pas être super joyeux comme voyage, mais si il faut passer par là pour changer de ce moment de sa vie ennuyant, il le ferai.

- Pas de magie ni d'illusion, bien monsieur, enfin c'est dommage parce-que c'est quand même rigolo, surtout que je suis le seul à savoir si c'est vraiment une illusion, quoi que.... Non en fait même moi des fois j'en sais rien, ahah... Mais ouai j'vais éviter, tant que j'peux au moins parler, j'peux éviter, mais si vous m'empêchez aussi de parler là on va avoir un soucis et..... Et j'serai obligé d'accepter!

Evidemment le dieu savait très bien qu'il ne ferai pas le poids devant un homme de cette carrure, surtout que les deux autres à côtés de lui semblaient prêt à en découdre si il le fallait, alors autant se tenir droit et éviter les soucis. Ça, éviter les soucis, Meliel sait faire, après sa rencontre avec Dinu il était prêt à tout surmonter ou presque.

J’ai… Levé les yeux au ciel et j’ai prié l’Infini de nous protéger. Ce n’était pas mon premier contact embarrassant avec la magie. Le maitre de ce genre de mauvaises idées n’étant pas présent, je crois que nous sommes en compagnie de son disciple.

-Parle autant que tu veux, mais en cas de danger veille à te faire discret ou je laisse les monstres te gober.

La magie a le don de me rendre agressive. Moi qui voulait rester discrète durant le voyage, c'était plutôt mal parti. J'étais contre l'idée d'emmener des étrangers chez nous et maintenant j'étais contre emmener un étranger un peu zinzin à la Citadelle.
Je dirais même, je suis contre l'emmener où que ce soit sauf dans un hôpital psychiatrique...

J’avais trop de respect pour contredire les volontés de Mahaut. Mais je n’oublierai pas de surveiller ce type durant le voyage…
Même Corben ferait moins bizarre … Non. En fait, nous ne sommes pas si mal tombés.

La nomination d’un maitre ne passe jamais inaperçue, Meliel était reconnaissable après avoir eu son visage placardé sur tous les quotidiens, hebdomadaires et magazines indépendants de tous les quartiers ayant l’imprimerie. Un jeune Maître pour un voyage délicat, ils n’ont peur de rien dans l’Entre-Monde…

J’approchais Mahaut pour lui proposer un plan de voyage.

-Je peux nous téléporter jusqu’à la région d’Hacirya, le voyage en bateau ne sera pas facile mais ça nous permettra de faire connaissance.

Je n’ai pas tant envie que ça de faire semble de ne pas être une Silnà et seulement une aventurière venue les accompagner… Mais c’est mieux ainsi. Dissimuler ma nature pourrait nous être utile à l’avenir.

-Si vous êtes tous prêts je récupère ma monture et on part dans quelques instants.