Frontières de l'Entre-Monde

Je ne connais pas grand-chose qui résiste au feu. Corben étant l’expert, s’il disait que nos flammes ne seraient pas suffisantes, c’est qu’il devait avoir raison. C’était frustrant de se battre contre un ennemi invisible capable de résister à ce genre d’extrême…

J’avais en tête les recommandations de Saressinashira... Mais pas pour les bonnes raisons.

Je pouvais enflammer la montagne entière. Le bois comme combustible fournirait des températures plus élevée encore que ce qui sort du lance-flamme, l’incendie durerait un moment avant de s’éteindre de lui-même, faute de matière à brûler ou en raison de l’humidité…

C’était un bon plan à y repenser, sans autre solution, détruire un bout de forêt et de montagne pouvait éviter une invasion à l’échelle du territoire !

Ensuite, Sash' a eu l'idée du siècle.
L’idée même d’aller quémander l’aide de K’ränessa me fit monter la moutarde au nez.

-Plutôt crever que de ramper devant un sac à puces !

On ne refait pas dix mille ans de haine en cinq minutes avec un mage fou et sa timonière à écailles.

Je marmonnais des insultes, ma dignité profondément blessée à la simple mention du faux dieu, durant toute notre action sur la montagne. Avec la chaleur du brasier, j’ôtais peu à peu quelques couches de vêtements en trop. Une tunique et mon pantalon en guise d’équipement pour finir.

Des épées magiques, voilà qui me redonnait le sourire.
Comme une gosse le jour de Noël, je mis mes gants et me saisie de l’une d’elle avec joie.

-Pour une fois, cet enchantement à la classe !

K’ränessa, hein ?
Suivant les indications de Corben, j’allais me positionner pour commencer à détruire minutieusement toute chance de survie à ces spores envahisseurs.
Rien ne germera, ou je ne suis plus digne d’être une donjion !

L’énergie mise dans cette destruction méthodique me fit oublier quelques temps ma blessure à l’épaule. Jusqu’à ce que les sutures craquent. Je retournais au Vandavel le teint pâle, du sang tâchant un peu plus ma tunique.
J'ai connu des jours meilleurs.

Sarressinashira regarde le braisier avec un regard teinté de plaisir et de regret. D'un coté, une forêt de montagne et une patite partie de terres cultivables ne seront plus utilisables avant une petit moment, mais la vague de chaleur qui se dégage des flammes et des braises rougeoyantes réchauffe ses écailles et elle ronronne presque de bonheur, sa peau émeraude luisant et vibrant de contentement.

Enroulée dans les cordages du Vandavel, elle surveille que la zone stérilisée soit suffisement large, et à la vue de l'herbe qui commence déjà à jaunir, il y a fort à parier que rien ne poussera ici. Toutefois, elle inscrit dans sa mémoire de signaler au miroir de K'ouen la soudaine présence d'une microzone de désert en pleine chaîne montagneuse, avant de trouver une position confortable, bercée par la chaleur.



Je regardais par le hublot ma timonière laisser aller ses 4m de queue écailleuse et fermer les yeux, un sourire sur le visage. C'était tellement rare de la voir ainsi détendue en ce moment que je craignais presque qu'elle allait soudainement se tendre comme un ressort et sauter sur le premier venu.

– Je note qu'il me faut un incendie de forêt pour décontracter Sash'...

J'avais amené des nouvelles bandes et une aiguille stérile à Syel, qui sétait présentée devant moi avec l'épaule en sang. Ses coutures semblaient avoir lâchées et même si son travail de charcutier me répugnait, je ne voulais pas la forcer à utiliser mes enchantements. Trop de magie en une journée pour la sœur de la Silnà.

Étrangement, après la journée qu'on avait vécu, le fait qu'elle soit de la Silnà ou non n'avait pkus vraiment d'importance. Elle avait aidé à nous débarasser d'une menace externe et de façon drôlement efficace. La Silnà n'était peu être pas la bande de démons que certains racontaient. Et peut-être qu'eux aussi voulaient tout simplement une vie normale.

Ouais. Ca ou j'étais complètement vanné et arrivait plus à aligner deux idées sensées. Je m'écroulais dans le canapé après m'être envoyé un verre de vitamine C et ordonnait au vaisseau de rester en vol stationnaire pendant encore un ou deux jours pour vérifier que les spores ne sporulaient pas. Je proposais à Syel un moyen de locomotion de location -un tapis volant ou une veste enchantée pour voler- afin qu'elle rentre en ville ou descende à la première ville venue.

Moi, j'avais juste envie de dormir.


Un peu plus tard, Sarressinashira frappe doucement à la porte de la chambre de Syel, et parle à travers la porte.

¤S|i]sss[/i]yel, Sarressinashira avoir mis enchantements dans hall si toi vouloir t'en sssservir.Elle s'éloigne légèrement, puis se ravise et fait demi-tour pour un dernier message.Mercssssi. Pour avoir mis plomb dans cervelle de Corben, et ne pas l'avoir tué. Ssssalaires arriver difficilement ssssi plus de patron... Si elle vouloir aide un jour, elle pouvoir compter sur Naga.

La Naga retourne a son poste de pilotage pour commencer son vol stationnaire. Une longue nuit l'attend. Mais heureusement, les étoiles et les braises font scintiller le sol et les cieux, lui offrant un splendide mais étrange panorama.

Spoiler:

Un tapis volant ou une veste enchantée... Je remerciais Corben et Sash pour l'attention, mais j'étais plus que méfiante avec les enchantements me permettant d'être à plusieurs centaines de mètres d'altitude sans filet pour me rattraper en cas de chute.
Deux jours... C'était trop pour ma blessure en passe de s'infecter. Je demandais seulement à Sash de contacter le sanctuaire. Ils enverraient quelqu'un me chercher pour m'emporter aux urgences.
C'est peut-être le seul truc génial de l'Entre-Monde : un hopital mobile qui peut intervenir dans le monde entier.

En attendant qu'ils arrivent, j'essayais de trouver Corben pour demander si je pouvais emporter l'une des épées. Incapable de me retrouver dans le labyrinthe de ce vaisseau, je trouvais l'équipe de secours. Ils regardèrent ma blessure d'un oeil critique et soupirèrent avant de nous faire retourner à la capitale.

A peine réveillé, ma bibliothèque m'informa à grand coups de feuilles volantes que Syel était partie avec les ambulances secours du Sanctuaire. Bon, au moins je la savais entre de bonnes mains....

Gah! C'était une sœur de la Silnà ! Je ne devrais pas m’inquiéter autant d'une potentielle-quoiqu'elle-a-fait-ses-preuves ennemie, surtout quand ladite ennemie à un si joli visage.

C'est fourbe les adversaires dont on passe plus de temps à regarder les yeux que la positions de leurs mains...
Et je l'ai encore fait. Bon sang, cette fille était venu, avait mis un bazar pas possible et s'en allait comme si de rien n'était en me laissant avec mes idées reçues attaqués à l'acide.

Au bout de deux jours de vol stationnaire et une absence totale d'une quelconque pousse -la terre commençait déjà à ressembler à du sable-, je me dirigeais vers le cockpit.

– Sash. On retrouve à Entre-Monde. Il est temps de recevoir la prime pour ce job.