Protection rapprochée

Nous voilà dans le camp de l'équipe chargée de surveiller le pic. Il est désert. C'est pas une surprise, sinon nous ne serions pas là. Pourtant, il n'est pas dévasté. Les réserves de bouffes sont encore à moitié pleine et... c'est à peu près tout ce qu'une inspection éclair m'en dit... Je regarde la montagne. Y'a intérêt que ces monstres soient toujours dans leurs cellules !

Sang et larmes.

- Alors dis-moi comment t'en es arrivée à gérer une bibliothèque ET une bande d'abr*tis en manque d'adrénaline tels que moi ?

Je suis pas du genre à faire la conversation, mais Eva m'intrigue. Le personnage pique ma curiosité.
C'est assez rare pour que je m'y attarde... Et puis on a du temps avant d'atteindre le hall souterrain.

J'ai lu tout les rapports que j'ai trouvé sur Arcturus. ça m'a pas étonné que ce soit cet incompétent de K'ouen qui soit à l'origine de tout ça et encore une fois je dois nettoyer derrière lui. Et vu que ses hommes ont disparus, j'imagine qu'ils sont au moins aussi compétents que lui. Je ne sais pas trop ce qui nous attends mais l'hypothèse la plus probable ne m'enchante guère.

Une à une j'inspecte les tentes, mais sans conviction. Il est évident qu'il n'y a pas eu lutte, ni même... C'est quoi ce m*rdier ?! C'est comme neuf, tout est à sa place sauf cette foutue relève ! Je suis attentif à tout, mais les environs ont l'air normal et je ne ressens que deux formes de vies dans les environs. Pas moyen de frapper le premier.

Sang et larmes.

Je hoche la tête et hausse les épaules en réaction à sa réponse. J'ai bien deux trois noms en tête mais mieux vaut pas que je les sorte. Je me contente d'un rapide sourire. En tout cas, Eva semble vraiment penser ce qu'elle dit, même si elle déguise le tout et noie le poisson. Au moins ne refuse-t-elle pas de discuter. La bibliothécaire s'arrête au milieu du camp et... qu'est-ce qu'elle fou ?! Une question de plus qui vient s'ajouter à la liste comme mon p*tain de bras que j'ai à propos d'Eva.

Et voilà qu'elle revient à la charge. A mon tour d'être franc je crois. ça fait tellement longtemps que je n'ai pas discuté avec quelqu'un que j'hésite un instant. Il serait tellement plus simple de l'envoyer balader, de finir cette foutue mission sans décrocher un mot et basta, mais dans ce cas fallait pas que j'entame la conversation ! Assumer ses choix quels qu'ils soient. La maxime de Cort', foutu Turien...

- Si j'étais resté, j'aurais tué quelqu'un.

Depuis ce coup de téléphone à l'épicerie, je marche sur des charbons ardents. Dès que j'ai posé le pied sur Tchen, la voix ne m'a pas lâché. Toujours à réclamer du sang. Impossible de dormir, de réfléchir, de penser à autre chose.

- Cort' m'a viré de Tchen avant que je ne perde le contrôle.

N'importe qui d'autre, je l'aurais emplafonné.

- 14 ans de traque, de fausses pistes et d'impasses...

Je m'arrête. La suite s'écrira bientôt et alors il y aura des larmes, il y aura du sang. Le sang de mon père, même si je dois en crever. Peu m'importe du moment que ma sœur soit sauve ! Je ne vis que pour ça depuis 14 longues années et cette foutue voix me rend impuissant, incontrôlable au pire moment ! Ça me rend fou de rage. Rien que d'y penser, je bouillonne.

Sang et larmes.

Nous approchons de la base du volcan et toujours le calme plat. Rien que des wyvernes dorées volant à l'horizon. Ça et une légère brise chargée d'un peu de souffre. Le sol se fait plus rocailleux, l'air plus chaud. Rien de plus normal quand on approche un volcan en somme...

- Et qu'est-ce que tu ferais si tu changeais de boulot ?

Je l'observe en haussant légèrement un sourcil. Je ne vois pas Eva dans un métier ch*ant, ni s'enfermer dans une routine monotone et pourtant vu ses réticences à venir avec moi, je l'imagine pas courir le monde à la recherche d'aventures. Un foutu mystère, un de plus.

C'est quand même dingue. Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur toutes les têtes pensantes du crime de Magna. Je fais surveiller tous les sanctuaris que je connais. Je scrute les erreurs et les faiblesses de mes adversaires et ennemis, mais je ne sais rien de ceux que j'apprécie...

Sang et larmes.

J'ai pas été foutu de retrouver la trace de ma mère, alors je me suis mis à traquer mon père et là j'ai commencé à avancer. Je comprends mieux mes ennemis et je me laisse souvent enfermer dans ce monde là. Mon monde. Mais bientôt je devrai sortir de ce foutu monde... Bref, on verra en temps et en heure. Tout ça pour dire que je sais pas qui est Carine, mais ça confirme au moins une chose. Elle a une voix dans sa tête.

- Qui est Carine ?

La question est peut-être un peu directe, mais moi et les pincettes... Elle est en droit de ne pas répondre après tout. D'ailleurs y'a déjà autre chose qui a piqué ma curiosité. Elle ne vient pas de cette partie d'Entre-Monde et je ne sais pourquoi, quelque chose me dit qu'elle ne vient pas d'un autre monde non plus.

- Tu ne viens pas de ce côté de la faille, n'est-ce pas ?

J’acquiesce à sa remarque. On passe le seuil de la caverne. Le silence règne dans le grand hall de pierre. Au loin, derrière les parois de roche et les portes scellées gisent les arcturiens. Je peux les sentir et quand je ferme les yeux je les vois. D'immenses lueurs d'un rouge éclatant. Je ne sens pas d'autres formes de vie.

- Allons voir l'état des scellés. Ensuite on ratisse le reste. On laisse rien au hasard.

Je me demande même pas si elle a une autre méthode en tête. Mes yeux parcourent chaque recoins qu'on croise. J'écoute chaque son que je perçois. Par contre ce foutu souffre masque toute autre odeur. J'aime pas ça. J'espère qu'Eva s'en sort mieux de ce côté là.

Varvandel... J'ai lu pas mal de choses sur ce peuple dans le gros bouquin de Temari. Les petits protégés des dieux, Lu'faol en tête. Dès lors, pas difficile d'imaginer ce qu'est Carine. La malédiction d'un dieu loup ne peut être qu'un autre loup. Si y'a bien une constante chez les divinités quelque soit leur monde c'est qu'elles s'amusent avec l'ironie du sort... ça me donne envie de gerber quand j'y pense.

- Avoir toujours à batailler pour rester aux commandes n'a rien d'agréable hein.

Ma remarque est peut-être déplacée mais c'est mon ressenti. Je suis un Nephil, ni humain, ni ange. J'ai la violence dans le sang. Un sang vicié par le pêché disaient certain dans mon monde. Le fait est que si j'écoutais mes instincts, si j'écoutais cette voix, je tiendrais plus du monstre sanguinaire qu'autre chose. J'ai déjà croisé des nephilims qui ont laissé libre cours à leurs instincts... et je refuse d'être comme eux. C'est un combat de tous les instants mais je le gagnerais.

- Je les ai enfin localisées, mais mon père leur a mis la main dessus avant moi.

Rien que de prononcer ce mot... père... m'emplie de colère et de haine. Sauver ma soeur et ma mère de ses griffes est ma priorité, mais si je tombe sur ce fils de p*te pendant l'opération je le taillerais en pièces et s'il a touché à Sélène... Je sers les poings rien qu'à y penser. Je bouillonne et la voix se réveille. L'envie de sang, le besoin de tuer font rage en moi et c'est comme ça depuis des jours entiers.

- Cortovar planche sur un moyen de les libérer en ce moment même.

Inutile de dire que ça me rend dingue. Si c'était pas le cas, je serais pas là. Il a plutôt intérêt à avoir du solide à mon retour. Enfin bref, on traverse les ruines. Non mais qui peut bien avoir l'idée d'habiter dans un volcan en activité ?! Même les nains ne sont pas aussi déb*les ! On arrive aux portes installées par Cerclon. Il ont l'air intactes, mis à part quelques traces de suie à la base des gonds et des éraflures.

- Quelqu'un a essayé de faire sauter les portes.

A l'évidence, ils n'avaient rien d'assez costaud pour les abattre et s'ils sont plus là c'est qu'ils sont entrain de chercher un autre point d'accès. J'essaie de trouver des traces de pas, un indice pour trouver de quel côté ils sont partis.

- Varvandel te manque ?

Je me demande ce qu'Eva a bien put faire pour s'attirer les foudres du dieu-loup, mais d'après les écrits c'est un peuple pieu. Si elle a été maudite l'exil doit aller de paire. Le tout mêler à un peu de pénitence à tout les coups. J'ai bien envie de lui demander pourquoi elle a été maudite mais je doute qu'elle réponde. Je la garde pour plus tard. On verra bien.

Je suis la louve. Etant donné que les emm*rdes nous ont pas encore trouvé, je suppose qu'il s'agit d'Eva et non de Carine. Je garde quand même mes distances, on ne sait jamais. Elle nous emmène doucement mais sûrement dans une série de galeries. Il ne faut pas longtemps pour que je perçoive cinq nouvelles formes de vie. Je laisse Eva aller en tête encore un moment pour être sûr que nous sommes dans le bon tunnel et ensuite je passe devant.

Sang et larmes.

La lueur de torches se reflètent sur les parois. Ils sont là-bas à une vingtaine de mètres, au bout du tunnel. On est encore dans l'ombre, invisibles et silencieux. Deux des types viennent de poser au sol trois tonneaux reliés entre eux par une longue mèche. Les trois autres sont armés de mousquets et montent la garde... en discutant. Je comprends rien à ce qu'ils disent mais ça rigole par moments. Des foutus touristes. Si je prends un de mes miliciens à monter la garde comme ça je lui refais le portrait juste pour être sûr qu'il ne recommencera pas.

Sang et larmes.

Je me téléporte au milieu de tout ce beau monde, mains tendues vers les gardes. Les pierres incrustées dans les paumes de mes cestes rougeoient et balancent chacune une onde de choc dans le dos de ces bras cassés. ça les envoie valser un peu plus loin. Je me téléporte de nouveau et en chope un par le col avant qu'il ne tombe au sol. Un coup de boule bien senti et puis j'envoie sa tête rencontrer la paroi. Nouvelle téléportation et j'empêche un des deux types armés qui reste de récupérer son arme en lui envoyant un coup de pied dans les côtes alors qu'il essayait de se relever. Le mec cherche son souffle. Pas facile de respirer quand on a les poumons vides. Je chope son fusil par le canon et me téléporte alors que le dernier garde me met en joue. Je réapparais derrière lui. Sa tête me sert de balle de golf et le mousquet de club. L'arme vole en éclat alors que le mec s'écroule. Une dernière téléportation et je me retrouve devant le dernier garde conscient. A genoux, il se tient les côtes et peine à retrouver son souffle. Je lui chope la tête à deux mains et l'abaisse violemment alors que mon genou remonte à sa rencontre. Un de plus au pays des songes.

Sang et larmes.

Pendant ce temps là, les deux autres ont allumé la mèche de la bombe et se tiennent entre elle et moi. Ils sont désarmés, mais fini l'effet de surprise. Je dégaine un de mes flingues en prise inversée et déploie la lame faucille. Vu la longueur de la mèche, on doit avoir dans les quinze secondes. Je laisse Eva gérer ça. Je suis bien meilleur dans le nettoyage.

Sang et larmes.

Les mecs se jettent sur moi en même temps. Je pare le premier coup qui m'arrive dessus et me téléporte derrière l'un des types. Je met un genou à terre et lui tranche les tendons de son genou à lui. Je fais ensuite glisser mon arme déployée vers la bombe au cas où les crocs d'Eva ne suffisent pas pour couper la mèche. Je dégaine l'autre arme alors que le seul type encore intact se retourne pour me frapper. Je me téléporte avant que son poing ne rencontre mon visage et réapparaît une fois le coup passé. Le mec est visiblement surpris. Il devait s'attendre à ce que je réaparaisse derrière car il commençait déjà à se retourner. Je lui laisse pas le temps de cogiter et lui plante ma lame dans la cuisse et la retire aussitôt dans une gerbe de sang. Il s'écroule en gueulant. et je luis assène un coup de crosse dans la tempe. Même traitement pour le mec au genou bousiller.

Sang et larmes.

Je retire la ceinture du mec à qui j'ai planté la fémorale et lui fait un garrot avant qu'il ne se vide de son sang. Pas un seul coup de feu de tiré. Pas de morts. Et puisqu'on a pas tous sauté Eva a du s'occuper de la bombe. Y'a plus qu'à ligoter ces types.

- Tu avais quel âge quand tu es partie de chez toi ?

Je laisse le soin à Eva de voir si elle veut attendre qu'un de ce foutus amateurs se réveille pour qu'on le cuisine un peu ou si on poursuit l'inspection. Cinq mecs comme ceux-là n'auraient pas pu venir à bout de l'unité de surveillance sans laisser de traces. Alors on peut chercher les autres au pif. Compter sur le flair d'Eva et mon titre pour les dénicher ou arracher des infos pour savoir où chercher. A elle de voir.