De la toile d'araignée toute fraiche !

En l'absence d'un travail régulier, le seul que je trouvais et qui rapportais assez attendait preneur à la bibliothèque.
On est très loin du quotidien de Tern. Ici, on se bouscule pour être le premier à avoir le privilège de jouer à pile-ou-face avec la mort.

Jouer des coudes était une activité où il fallait exceller pour attraper une bonne quête. De celles qui paient bien.
Sauf que devant le panneau d'affichage je voyais bien que l'attroupement n'était pas de mon niveau.

Pour cette fois encore, je gardais mes distances et j'attendais qu'un aventurier, annonce en main, cherche du regard un équipier volontaire.
Il y en a toujours au moins un qui s'extirpe de la foule avec son papier, victorieux d'avoir pu en attraper un de correct, et qui fouille le hall du regard.

Je n'étais pas le seul à avoir eu cette idée, d'autres, comme moi attendaient leur tour devant le comptoir d'Eva.

Je me promis une chose : la première personne qui se cherche un équipier je lui bondis dessus pour lui proposer mon aide.
Aide assez réduite puisque mes compétences se limitent à marcher sans me plaindre et à poser des pansements. Il faudra faire avec !
Je n'ai pas la choix.
Bien que cette fois, j'espère tomber sur une mission plus calme que mes dernières aventures. Je souhaite ne pas craindre pour ma vie à court terme.

Spoiler:

Une chaleur étouffante, du monde, et encore du monde. Partout. Devant moi, derrière moi, sur les côtés.

Oui, voilà ce que l’on ressent lorsque l’on vient simplement prendre une mission à la bibliothèque : obliger de s’introduire dans une foule d’aventuriers en quête de nouveau « challenge », ou simplement en quête de quelques pims.

Ayant enfin réussit à me faufiler entre la foule en délire, où chacun recherche une mission adaptée leurs demandes, je fouille du regard le panneau d’affichage où se trouve les annonces. Mes yeux finissent par se poser sur une mission concernant une « grosse » araignée. Intéressant, moi qui n’ai jamais aimé ces petites bêtes. Certes, celle-ci sera surement un peu plus grande… Voir même beaucoup plus. Mais c’est ainsi que l’on progresse, n’est-ce-pas ?

Réussissant enfin à attraper mon annonce, je m’empresse de m’extirper de cette collante masse. Que faire ensuite… je n’avais cependant pas remarqué que pour accomplir cette demande, il fallait être deux… Humpf, plus qu’à trouver un inconnu avec qui partir à l’aventure…

Me retrouvant seule dans un coin, à errer parmi mes pensées le regard en l’air et mon papier en main, je me laissai vaguer à l’observation du plafond.

Revenant à moi, je me décidai enfin à fouiller la pièce du regard, à la recherche de quelqu’un dans la même situation que moi. Plongée dans ma recherche, je vis au loin un homme qui semblais patienter, tout comme d'autre ici présent d'ailleurs. Il n'avait pas l'air particulièrement désagréable et je me dis qu'il serais peut-être un compagnon sympathique, à la vue de sa bonne tête. Hésitante, je me décidai enfin à franchir le pas : j'irais lui demander son aide.

M’avançant lentement et timidement, je finis par être assez proche de lui pour pouvoir lui adresser la parole. Après avoir réussi à capter son attention, je me lance enfin...

- Hé bonjour. Dit moi, je me demandais... S'il était possible de requérir ta compagnie pour cette annonce. Il faut être deux et elle n'a pas l'air bien dangereuse, enfin selon le point de vue...

Je m’empressai de lui tendre mon petit papier, et j'attendis patiemment sa réponse.

Spoiler:

Peut-être que je n'aime pas l'Entre-Monde. En réalité, je n'aime pas les êtres qui vivent sur les terres de mes ancêtres. La nuance veut tout dire.
Pourtant, cette jolie blonde, si j'arrive à regarder autre chose que ses oreilles, a du charme.
Ce serait ma première mission en charmante compagnie.

La première où un crocodile ne menacera pas de me manger et où je ne finirai pas à tenter de comprendre la logique d'un canard sur un vélo.
De vraies vacances !

Je me méfie tout de même.
L’œil sur la feuille de mission, j'y vois une grosse, velue et venimeuse araignée.

-Il faut juste s'emparer de sa toile...

Comment peut-on voler sa toile à une araignée ? Sauf si elle en a abandonné une ou si on réussit à l'en éloigner, d'habitude une araignée ne quitte pas sa toile facilement. C'est son gagne pain !

Cela semble tellement facile comme mission qu'un doute me prend. Une fille très agréable à l'oeil d'un jeune homme seul depuis longtemps (je suis en mer...) qui propose une mission pas si difficile que ça, si on arrive à appâter la créature, pour s'emparer de son bien... On dirait un piège.

J'observe la demoiselle derrière une vague expression avenante et lui rend sa feuille.
Si elle est aussi névrosée que mes précédents équipiers de mission... Ce sera encore une aventure digne d'être racontée !
Mais piège ou pas piège, je ne peux pas refuser une mission si facile.

-J'en suis. Je m'appelle Azurée.

Je lui tendis une main amicale.

-Il y a du monde devant le bureau d'Eva, si tu veux faire du shopping pour t'équiper avant de commencer, je peux me charger seul de l'inscription auprès de la bibliothécaire.

Spoiler:

Après avoir observé le jeune homme plongé dans ses réflexions, il finit par me regarder avec un air satisfait et par se présenter.

-J'en suis. Je m'appelle Azurée.

Drôle de prénom mais original. Il me tendis sa main pour parfaire les présentations, que je serra avec plaisir. Le plaisir d'avoir trouvé un compagnon, et pourquoi pas un futur ami.

-Moi c'est Physis, enchantée.

Je pense que cette mission n'a pas bien l'air difficile mais il faut certes tout de même se méfier. Je pense que mon nouveau camarade, qui semble plus habitué que moi à ce genre de chose, à l'air d'avoir déjà analyser cette aventure.

Il finit par faire une remarque concernant l'inscription. Ah oui.. J'avais oublié ceci. Voyant la foule devant moi, je repris conscience de comment se déroule vraiment la réalité.

-Il y a du monde devant le bureau d'Eva, si tu veux faire du shopping pour t'équiper avant de commencer, je peux me charger seul de l'inscription auprès de la bibliothécaire.

Pourquoi faire du shopping ? Le sac’von de Trost fournit est bien suffisant, du moins je pense. Après certes il doit y avoir certaines petites choses à emmener... Nous verrons.

-Je préfère patienter avec toi, après tout, nous allons être compagnon de route et de mission, autant commencer à faire équipe maintenant. Nous nous chargerons du shopping plus tard si besoin est.

Je me préparais donc à patienter un peu, peut-être même beaucoup... La foule ne se réduisant que de peu. Il faudrait être patient.

Mais maintenant, je n'aurais plus à patienter seule.

Spoiler:

Vous savez d'où vient l'expression "champ de mars" ? Elle vient des stratégies guerrières. Avec l'avènement de la cavalerie dans les armées on s'est vite rendu compte qu'un cheval n'apprécie guère de combattre dans la neige ou dans le froid. Alors, avec l'arrivée de novembre (peut après la fête des moissons) on mettait les chevaux au pré pour l'hiver et les batailles ne reprenaient qu'en mars.

A la bibliothèque ça marche un peu pareil. Bien que le climat soit très distinct du Nord au Sud, sur EM, les aventuriers prennent des vacances au soleil en hiver et ils se remettent tous au travail en mars.
Une véritable tempête déchaine les groupes après l'arrivée du printemps. La Bibliothèque se transforme alors en une foire de m'as-tu-vu au chômage.

-Kip distribue les formulaires !
-Kip! Oui Madame ! Kip !

Le robot cubique et son écran LCD dernier cri afficha un smiley géant de visage combattif. Ce robot me fait de plus en plus peur... Il s'empara d'un lot de formulaire d'inscription et les distribua dans les rangs avec des :

-Kip ! Formulaire pour inscription ! Mettez vos noms, prénoms et le nom de la mission ! Kip ! Vous désirez un formulaire ?

Ses bras articulés peinaient sous l'effort et son module anti-gravité avait des ratés sous le poids des papiers. Il en avait pris beaucoup trop ! Si bien qu'il volait en zig-zag, parfois à hauteur d'homme, parfois à hauteur de pieds...

Dans ces moments là, je me contente de soupirer. D'ailleurs, mon loup intérieur fait pareil. Je me demande depuis quand Carine et moi sommes tombés d'accord là dessus. Kip est un cas désespéré.

Spoiler:

Quand Eva pris les choses en main c'est surtout son assistant robotique qu'il le fit. Le robot aux formes d'un cube flottant dans le vide devint un distributeur fou. Si bien que je ne tardais pas à obtenir un formulaire.

Je fouillais ma poche pour y trouver un crayon. Un fois en main je me rendais compte d'un dernier problème. Sans appuis, remplir ce formulaire relevèrait du miracle. Je tendis la feuille et le crayon à ma compagne et lui cédais mon dos pour écrire.

-Mon nom complet c'est Azurée du trèfle, avec un Z comme dans "Azur".

Le temps de s'apprêter à cette tâche administrative, la file d'attente avançait au rythme fluide des coups de tampons de la bibliothécaire.

-On va sûrement devoir attendre encore un peu quand on lui aura remis le formulaire. Dès qu'elle nous donnera le Sac'von de Trost nous pourrons partir. J'ai un titre perçant qui pourra nous transporter jusqu'à l'Antre. L'araignée doit se trouver dans le marais proche de la maison.

En parlant de marais, je sus aussitôt que mes vêtements seraient bons à jeter dès notre retour. Les viscosités de la régions ne céderont pas facilement même dans la vieille machine de guerre disponible à Providence...

Spoiler:

Après avoir patienter quelque peu, un petit robot volant se mis à distribuer une masse de papiers dans tout les sens afin de satisfaire les plus pressés d'entre nous. Ce papier même était le formulaire à remplir afin de pouvoir commencer notre mission, qu'il fallait bien entendu d'abord remettre à la bibliothécaire.

Mon nouveau compagnon n'eut aucun mal à attraper l'un d'eux, tellement il y en avait masse.

Je le vis chercher dans sa poche et en sortir un crayon. Observant son regard, je le vis réfléchir. A quoi pouvez t-il bien penser ? Il finit par me regarder et par me tendre le fameux formulaire avec son crayon. Le voyant me tourner le dos et attendre, je devinai qu'il souhaitait que je prenne appui sur lui.

-Mon nom complet c'est Azurée du trèfle, avec un Z comme dans "Azur".

Je commençai timidement à écrire sur le petit papier. J'y rajoutais donc son nom ainsi que le mien à sa suite. Il ne manquait plus qu'a rendre le formulaire à Eva, avoir son coup de tampon et qu'elle nous fournisse le Sac'von Trost puis nous pourrions y aller.

-Je vais aller patienter dans la file, elle a l'air d'avancer un petit peu plus rapidement.

Après un bref regard à mon camarade, je pris le chemin de la file qui finissait finalement par se réduire.

Après de longues minutes d'attente, que je passais à observer la foule et à jeter des coups d’œil à mon nouvel ami, je parvins enfin au guichet de la bibliothécaire. Je lui offris mon plus grand sourire, et lui tendit le formulaire en attendant son coup de tampon, qui validerait notre inscription.

Spoiler:

Coup de tampon.

-Soyez prudent à bientôt !

Un léger sourire, je travaille après tout, et :

-Suivant !

Coup de tampon et...

-Tiens ? Une nouvelle.

Je me saisis de son formulaire et lisais les noms. Le maigrichon à côté d'elle était déjà revenu à deux reprises et sans trop de casse...

-Et Azurée. Bien, il t'expliquera le boulot, restez prudents tout de même, votre araignée ne rechignera pas à vous ôter une jambe ou deux si vous la croisez de trop près.

Je leur signifiais de m'attendre un instant. A mon retour, j'avais leur Sac'von de Trost et avec une petite note d'utilisation écrite par Corben. Le technomage fraichement promu avait besoin d'ingrédients rares, et bien entendu il y avait assez de volontaires fous pour aller les quérir pour lui.

-Essayez de revenir vite, il semble que ce soit pour préparer une commande urgente au profit de K'ouen. Et... Suivant !

La fiche d'inscription alla rejoindre ses voisines et j'accueillais le groupe suivant prêt pour l'inscription.

Une Varvandel qui me dit de rester prudent, j'aurais tout vu et tout entendu ! Mon air sérieux fit un bide, Eva était trop occupée à gérer ses hordes.
Je laissais volontier le sac'von à ma collègue. C'est les mains dans les poches que je l'entrainais au dehors.

La foule y était moins dense et le débit fluide des entrées et sortie de la bibliothèque rendait les marches d'accès plus respirable que l'intérieur de la tour.

-Bien, nous partons donc dans... 3, 2, 1.

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