Toute créature a son épine ...

Un travail est un travail… Pourquoi cette rengaine de papa me revient toujours en tête quand je me retrouve à faire un job plus que douteux ? D’abord le Vandavel à quatre-cent mètres d’altitude, maintenant la forge. Si encore, il y avait des clients, cela serait sympa de travailler à la forge au milieu des épées et autres armes. Mais non ! Pas un chat depuis l’ouverture… Les râteliers rangé, je me suis lancé dans un brin de ménage dans l’atelier. Balai à la main et un gros nuage de cendre dans l’air, j’entend la sonnette du comptoir. Enfin un client ! Je laisse tomber le balai et me précipite vers la porte donnant sur la boutique, hors de question de prendre le risque que mon client s’impatiente et parte ! Je prend tout de même un instant pour m’épousseter avant de faire mon entrée.

Bonjour ! Bienvenue à la forge, que puis-je faire pour vous aider ?

Je prend place derrière le comptoir face à une demoiselle aux ailes de papillon. J’ai bien fait de venir en ville, on rencontre tellement de gens. Tous plus amusants les uns que les autres. Contente de rencontrer une nouvelle personne, ma queue se balance vivement.

Chouette, une cliente souriante et pas une brute épaisse avec le cerveau en compote. Pleine d’entrain, elle me décrit son besoin. Une dague et un fourreau. Un grand classique pour les femmes, les hommes ont tendances à favoriser la longueur et le poids mais il ne faut pas sous-estimer la vitesse et la précision permise par ces petites lames.

Bien sûr, vous avez une préférence sur la forme de la lame ? Droite, courbe ?

Avoir rangé les râteliers présente un avantage non-négligeable, je sais ce qui est en stock et ce qui ne l’est pas. La demoiselle change du tout au tout suite à mes questions. Je lui sourit essayant de la rassurer.

Il n’y a pas de problème. Fort heureusement, une dague n’est pas utile que pour combattre. Attendez une petite minutes.

Je contourne le comptoir pour aller piocher quelques dagues dans le râtelier et les poses devant le papillon. De tailles relativement similaires, certaines sont courbes et d’autres droites. Le type de pointe varie également privilégiant différents usages.

Reprenons. Selon l’usage que vous voulez en faire, il est possible d’optimiser la forme de la lame et de la pointe. Par exemple, une lame courbe sera particulièrement efficace pour couper mais peu pratique pour percer. Au contraire, une lame droite perce plus efficacement et nécessite un doigté plus important pour couper au combat. Quel usage comptez-vous faire de votre dague ?

Commençons par choisir la forme générale avant d’aller plus loin. La forme de la pointe, simple ou double tranchant, avec ou sans garde… Tellement de choses que je peux proposer à ma cliente.

Ma cliente semble avoir du mal à saisir les nuances associées aux différentes formes de dagues. Il est vrai que lorsque l'on n'est pas familier des armes blanches cela peut paraître complexe. Pour que je puisse l'aider, elle m'expose clairement son besoin. Elle est donc guérisseuse… Il est clair de toute façon qu'elle n'est pas une guerrière, elles sont généralement plus informé sur les armes. Son besoin est de pouvoir couper des peaux épaisses en cas de besoin. Je détail la demoiselle pour jauger sa force, il faut quand même un peu de force pour découper la peau d'un dragon à la dague et je me demande si elle l'est. D'un geste de la main, j'écarte les dagues à lame droite.

Cela ne me gêne aucunement, je suis une chasseuse. Je tue et dépece des proies depuis mon plus jeune âge. Concentrons-nous sur les lames courbes.

Je replace devant elle les lames de façon à ce qu'elle puisse regarder les pointes.

Tout d'abord, je pense qu'une dague dépourvu d'une garde serait une bonne chose. En effet, elle pourrait gêner un travail de précision. Une garde permet normalement de bloquer une arme ennemi et d'éviter que votre main glisse vers le tranchant. Le combat ne me semble pas faire partie de vos objectifs, cela me semble être une bonne solution. De plus, on va s'orienter vers des lames à mono-tranchant, pour que vous puissiez prendre appui sur le dos de la lame pour accroître la force exercée.

Je montre du doigt les pointes successivement.

En terme de pointe, je vous conseille une pointe de type trailling-pointe. La courbe du fil favorise la coupe au détriment de la perforation.

La lame recourbée au niveau de la pointe allongé également considérablement la longueur du tranchant et la finesse de la pointe permet un travail de précision si le tranchant est bien entretenu. Je pointe ensuite une pointe de type clip-point. Une pointe recourbée vers le haut avec un tranchant additionnel sur la courbure supérieure.

Sur celle-ci, le fil se prolonge sur le dos de la dague. Sa forme favorise un usage du tranchant supérieur pour découper par l'intérieur. On glisse la pointe sous la peau et tranche en inclinant la lame, cela diminue la force nécessaire pour découper une peau particulièrement robuste.

Personnellement, je pense qu'une clip-point est le meilleur choix au vu de la description qu'elle m'a fait de son usage. Néanmoins, je lui présente des pointes plus “classiques” reprenant la forme des grands couteaux de cuisine.

N'hésitez pas à prendre en main les dagues et à les manipuler. Est-ce que l'une de ces dagues vous plaît?

Cela m'amuse beaucoup de partager mes connaissances des couteaux avec quelqu'un. Dépecer un animal n'est pas si différent que d'ouvrir un patient au final.

Je sourit à ma cliente lorsqu’elle me pointe l’une des dagues comme étant son choix définitif. Cela sent tellement le pifomètre que j’en rigolerai presque. Une meilleure connaissance de son matériel est pourtant la clé d’une maîtrise parfaite mais c’est toujours compliqué pour un novice de le comprendre. Je remet rapidement en place les autres dagues et récupère un fourreau adapté. Un fourreau très simple en cuir et bois léger. Le bois protège autant la lame d’éventuels chocs que le porteur. J'emboite plusieurs fois la lame dans le fourreau pour vérifier qu’il s’adapte correctement et ne laisse pas tomber l’arme trop facilement.

Et voilà ! Si je récapitule, la dague coûte 15 pims et le fourreau 10. Cela nous fait un total de 25 pims.

Elle sort son badge pims en me questionnant sur mes activités de chasseuse et de potentielle forgeronne. Je lui présente le lecteur pour encaisser le paiement en lui répondant.

Juste de l’intérim. Mon clan est composé de nomades, c’est un des membres du clan, forgeron, qui m’a appris tout ce que je sais sur les armes. A la belle saison, on fabriquait nos armes, flèches et autres pour la chasse d’automne et d’hiver. Abattre un moutonphan n’est pas de tout repos mais cela nourrit une famille pour plusieurs semaines quand on vit dans la taïga.

Nous avons beau être un clan, chaque famille chasse sa propre nourriture. Pour maman et moi, je n’ai pas vraiment eu le choix que d’être la chasseuse durant l’hiver. Je sourit à nouveau en agitant ma queue.

Vous avez dit être guérisseuse, c’est bien cela ? Cela fait longtemps que vous officiez ?

Cela peut toujours être utile d’avoir un guérisseur dans son carnet d’adresse quand on part pour des mission périlleuses.

Ma cliente m’avoue n’être guérisseuse que depuis la veille mais officier depuis des années dans un cabinet de médecine à Ciel. Je souris pour la rassurer, il n’y a pas de mal à commencer une nouvelle carrière surtout quand il s’agit de se dévouer au bien commun. Elle prend même le temps de m’expliquer sa capacité spéciale. Régénérer le corps… Un pouvoir fort intéressant pour un guérisseur même si cela se concentre sur les petits bobos du quotidien et même pour de plus grosses blessures, un petit rien peut sauver une vie. Après tout quand on tranche une veine, c’est la veine qu’il faut réparer rapidement, le reste n’est pas vraiment important…

C’est un pouvoir intéressant que vous avez là, parfaitement taillé pour une guérisseuse. J’ose espérer que vous n’aurez pas à en faire usage sur moi, cela voudrait dire que je suis dans un sale état.

Je lui fait un clin d’oeil complice avant qu’elle ne revienne sur moi et ma vie dans la taïga.

En effet, j’ai longtemps habité dans la taïga au nord d’ici, juste aux pieds de la chaîne de montagne. C’est une zone magnifique recouverte de neige et de conifères. Couvrez-vous bien si un jour l’envie vous prend d’aller y faire une promenade. Nous autres renards polaires avons besoin de périodes de froids intenses pour rester au meilleur de notre forme. Au printemps, nous descendons jusqu’à la forêt d’Ing où nous retrouvons un clan de renard des forêts avec qui nous avons quitté notre monde.

Au fur et à mesure de mon explication, je dessine sur le comptoir une carte approximative.

Le clan est une structure regroupant nos familles. On y prend les décisions communes comme quand changer de zone géographique… A l’intérieur du clan, chaque famille est relativement indépendante. On établit rarement des campements communs, le plus souvent, les familles sont séparées par plusieurs centaines de mètres.

Chaque famille tient à son indépendance. Seuls les mariages regroupent vraiment le clan complet.

Pour parler franchement, mon pouvoir n’est pas aussi utile que le votre, je vieillit uniquement par à coup. Actuellement, j’ai 27 ans par exemple mais je ressemble toujours à l’adolescente de 16 ans que j’était.

J’attend avec impatience le prochain choc de croissance même si Lin m’a offert un coaching au Love Hotel pour mieux me mettre en valeur malgré mon corps de gamine...