Kaïl vs Souen

-Nom ?
-Comme ta mère !
-Prénom ?
-Dans ton c…

Un claque derrière la tête me fit louper la fin de ma réplique.

-Hey ça va pas de me frapper comme ça ! T’as failli me défigurer ! Tu crois que j’ai envie d’être aussi moche que toi ?!

Le milicien leva une autre main qu’il abaissa à l’arrivée impromptue d’un nouveau fonctionnaire. La relève… Le gratte-papier qui devait remplacer celui qui me faisait face. L’autre était tellement content de prendre sa pause qu’il s’étira en se levant :

-Pas trop tôt ! Depuis le temps qu’on poireaute j’ai cru que ce mec s’était fossilisé sur sa chaise. Mais en fait il a vraiment cette tête tout le temps…

Celui qui partait essaya de ne pas répondre. De rester digne dans sa sortie. Mais j’ajoutais :

-T’as mère a dû flipper quand elle t’a vu la première fois !

S’en était trop pour lui. Mon charme ravageur faisait mouche à chaque fois. Personne ne me résiste, c’est normal, je suis le meilleur. Et si ces clowns ne m’avaient pas confisqués tout ce qui ressemble à du papier et un crayon, je leur aurai montré mes multiples aux talents. N’oublions pas que je suis un moire, je suis le Talent.

Un milicien présent le retint de justesse de me filer un autographe sur la face. Vu sa paluche, j’aurais perdu au moins dix points en charisme.
Intolérable !
Comme c’est interdit de battre les enfants, j’évitais ce désagrément. Le type quitta la pièce et l’autre fonctionnaire recommença son petit manège.

-Nom ?
-Vous êtes payés à faire ça ? Avouez ! Le Maitre du coin vous a embauché juste parce qu’il aimait tellement pas la déco de cette bicoque qu’il ne voulait pas souffrir tout seul !

Il fit semblant de ne pas avoir entendu et de me reposer cette inlassable question : Nom ?

-Y a de quoi devenir aveugle sérieux. Je mérite pas qu’on me torture de la sorte ! Déjà que voir vos têtes c’est difficile pour mon petit cœur… Sérieux les mecs, on devrait vous censurer tellement vous êtes laids !

… Au bout de quelques minutes à ce train s’est devenu :

-J’suis sûr c’est pas naturel. La Nature se foire pas autant d’ordinaire… C’est vrai qu’on ne peut pas tout avoir, moi si, mais là les gars… Vous avez vraiment rien pour vous.

-Ton nom ?!

Il s’énervait... Effet tout à fait prévisible de mon plan. Qui se conclue toujours pas l’apothéose :

-Même ton miroir doit se cacher en te voyant venir !

Vlan ! Tout le dessus du bureau fila sur le sol. Le fonctionnaire fulminait.

-... Le rouge ça te va pas non plus.

Et de deux, à qui le tour ?

Aku s'étira et bailla. Problèmes, problèmes et encore des problèmes. Ah, s'il avait su il n'aurait pas essayé de rafler le poste de maître du miroir. En plus, il n'avançait pas du tout dans sa vengeance personnelle. Bref, que des embrouilles, des papiers à remplir et même pas du temps pour lui.
Accompagné de Zayn, non vraiment, elle ne le lâchait plus, il se dirigea vers une pièce qu'il ne connaissait pas. Enfin, jusqu'à aujourd'hui en faite. Il venait de lire le rapport d'un des miliciens de Souen. Il n'avait même pas daigné regarder le visage de cet homme qui, sans mentir, devait être affreusement moche. De toute façon, ici, il n'y avait que des gens moches. Personne n'égalait la beauté de ses suivants dans son ancien monde. Ô désespoir...

Mais le pseudo chagrin s'en alla vite lorsqu'il entra dans la dite salle. Un gamin était là et il semblait prendre un malin plaisir à embêter le milicien chargé de recueillir les information personnelles du fauteur de trouble.
L'oiseau soupira bruyamment. Comme s'il n'avait que ça à faire de s'occuper d'un gosse un peu turbulent. Mais quelle disgrâce !

- C'est qui l'affreux là ? demanda-t-il, peu enclin à être polis, surtout pas envers la personne qui venait gâcher sa superbe journée de paperasse.

Le maître de Souen regarde un instant le gamin, il hausse les épaules et puis s'assoit. Il croise les jambes et les bras et baille.

- Bon, toi là, gamin, je sais pas ce que t'as fais mais c'est assez grave pour qu'on vienne m'emm*** dans mon travail. Alors j'irais droit au but, t'es qui ? Et pourquoi tu viens faire chi** le monde ? Tu veux pas plutôt aller embêter Cerclon ? "Fin je sais pas moi.

Encore un bâillement puis il étend ses jambes et les poses sur la table, faisant sursauter le milicien empourpré. Il l'aimait pas lui. Il devrait faire un tri dans ses effectifs et virer tous les incapables et les faibles d'esprits. Il fallait de fortes têtes pour mener à bien sa vengeance. Mais le temps n'était pas à l'élaboration de son plan mais bien à en finir le plus vite possible avec ce gosse, alias la chose qui est venu interrompre ma belle journée ennuyeuse.

L'affreux ? Impossible qu'il parle de moi. Je suis l'incarnation du beau et du génie. Il doit forcément parler de l'autre tronche de merlu là.

-Dans ton travail... C'est pas bien de mentir.

Embêter Cerclon ? Non... J'ai vu la taille de l'épée du nouveau maitre, et j'ai vu comment il a déglingué l'autre zouave dans l'arène. Et j'ai aussi entendu parler du score au zomby-flippeur du truc rouillé qui l'accompagne. Non ! Décidément non, trop de violence dans ce miroir.
En plus, la dernière fois que j'ai visité Cerclon, c'est mon derrière qui a eu mal. Et comme mon derrière doit rester parfait, j'évite les pieds métalliques.

-Tu sais y a un truc que personne n'a jamais osé te dire... Tu devrais porter plainte contre ton coiffeur.

Je laissais courir un silence. C'est bien de ménager ses effets, ça les rend plus efficace.

-Sérieux quand je te vois j'me dis que ce type c'est un criminel !

Moi aussi j'étendis mes jambes jusque sur le bureau. C'était un peu plus loin de ma chaise que lui, mais s'il le fait je dois pouvoir aussi. Sinon il va se faire des idées, comme croire que je suis gentil.
La gentillesse ne fait pas les grands hommes. En plus, les gentils ce sont ceux qui paient le restaurant. Et j'ai pas un rond.

-Au fait, j'exige compensation. Le gars là, il m'a pris mes affaires. En plus, accepter de vous montrer ma beauté, ça doit vous faire drôle de voir enfin que ça existe, c'est déjà très conciliant de ma part. Limite, je devrai exiger des indemnités pour devoir supporter vos faces de cake.

Bon revenons à nos moutons...

-Ah mais j'ai compris ! En fait vous avez tellement rien à faire de vos journées que vous pensez que je vais vous trouver de l'occupation ! C'est pour ça que vous êtes si nombreux...

Evidemment :

-Le truc c'est que je ne peux rien vous donner à faire qui soit dans vos limites intellectuelles. ça m'embêterait un peu qu'on m'accuse de meurtre si votre petite cervelle supporte même pas le coloriage...

J'ai déjà croisé un sanctuari. Ils sont assez limités eux aussi. Et j'ai pas envie de passer autant de temps dans l'asile qui leur sert de caserne. J'ai mieux à faire que de jouer les nounous.

-Désolé les gars. M'occupez des morveux c'est pas dans mon projet professionnel... Mais je peux vous donner l'adresse d'une école maternelle. Vous verrez, rien de compliqué là bas, ça chante, ça joue et ça bave. Que des trucs dans vos cordes !

Je me tournais vers le milicien qui me surveillait.

-Au fait man, j'veux qu'on me rende mes affaires.

Le gars devant l'oiseau semblait être une forte tête, bien sympathique. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas débité des paroles déplacés et bien tordues. C'est qu'il allait s'amuser ! Un sourire vile naquit sur son visage tandis qu'il répondait avec détachement aux moindres paroles de l'énergumène devant lui.

- Non, en effet, c'est mal de mentir mais tout le monde le sait, n'est-ce pas ?

Il soupira tout en passant sa main dans ses cheveux. C'est vrai qu'il devrait changer un peu, cela faisait quand même plus de cent ans qu'il portait cette coupe au carré; Mais bon, manque de temps et de personnes de talent pour changer. Sur ce point, il avait raison, son coiffeur était un criminel.

- Mais quand je te vois, je pense que c'est carrément ta mère qui est une criminelle. Pondre une personne aussi laide ne devrait pas être permit, dit-il dans un demi sourire.

La meilleure des défenses restait l'attaque et oh combien il avait envie d'embêter le monde. Le jeune homme en face de lui vint poser ses pieds sur le bureau. Bah, au moins il était à l'aise, cela serait plus amusant ainsi.

Hum, pas narcissique du tout le mec là. Aku éclate de rire.

- Bah, demande leur gentiment, peut-être qu'ils voudront bien te rendre tes affaires. Et puis non, désolé, des mecs beaux j'en vois tous les jours, tiens, comme Xénon là, le maître de Cerclon.

Il fit une pause avant de reprendre.

- C'est trop d'honneur de ta part mon gars. Et en effet, je m'emm*** à longueur de journée, divertis moi bouffon*.

Son sourire était sarcastique. Oh que c'était drôle !

- Au moins elle supporte quelque chose mon vieux. Mais je ne voudrais pas non plus t'apprendre des choses, tu risquerais de devenir intelligent.

Bam ! Le demi-dieu était explosé intérieurement et il sentait les regards assassins de tous les employés ici.
Ah, il manquait d'imagination là, pauvre petit. Ouvre un dico et on reparle.

- Bon, tu devrais t'y rendre, je suis sûr que tu dois manquer à tous tes petits copains là. Et je vais t'avouer un truc, c'est pas dans mon projet non plus de m'occuper de morveux. Mais bon, que veux-tu, quand le #\'@x&: ! s'échappe de l'asile, faut bien le ramener vers ses cousins les moutons.

Il s'était tourné vers un milicien, lui demandant de lui rendre ses affaires. Le dit milicien se tourna vers Aku qui le regarda sans rien penser.

- Politesse, gars, politesse,dit-il seulement en simple réponse. Bon, t'as finis de jouer ou pas ?

Aku soupir avant de se faire craquer les doigts.

*Sous entendu le métier, hein ^^

-De jouer ! Manquerait plus que t'oublies qui tu as en face de toi, nabot. J'ai connu tes aïeuls mec, et même dans leur tombe ils ont toujours une meilleur face que la tienne.

L'index dans la gorge, je mimais de vomir.
Ce type voulait la guerre, il l'aurait ! Foi de Kaïl, je vais prouver à Souen en personne que le maitre, c'est moi !

Car il venait de faire une erreur de débutant. Même Caliope, la naine-rose qui gérait le miroir avant ce troufi... ahem, ce machin là, savait à qui elle avait à faire. Sauf qu'ici les gens ça va, ça vient, pas un seul ne reste.
Moi non plus j'aurais pas envie de rester si j'devais bosser avec ce truc.

On me rendit mes affaires. Malpoli comme toujours, je remis mon bonnet sur ma tête.

-Tu vois, ça c'est du style. Moi au moins je ne laisse pas des incompétents oser me faire ce qu'ils t'ont fait... ah attend ! C'est ta face d'origine ! Je me demandais pourquoi tu t'étais déguisé en haricot, mais en fait... Ahahah !

Avec beaucoup de sérieux je repris mon sérieux et je dis :

-T'es juste pas gâté par la nature.

Le moulin Kaïl se mit en marche. Cette fois je parlerai jusqu'à ce que l'un d'eux supplie un dieu de le rendre sourd.

-Cet endroit c'est pas le vrai palais de Souen, hein ? C'est la maison des horreurs et on essaye de me faire croire que dans ce monde même les demi-dieux sont tous aussi ratés.

Sans laisser parler personne, je m'éloignais aussitôt.
Dans mon sac j'avais trouvé un bloc de dessin et mes crayons. Si avec tout ça il n'a toujours pas compris ce qui va lui tomber dessus, je ne peux plus rien pour lui.
Debout et appuyé sur une main, je commençais à gribouiller sur mon papier.

-T'es tellement moche que tu ferais bien dans un musée des horreurs. Bien sûr ça voudrait dire faire peur à mes futurs clients alors je vais me contenter de te dessiner.

En levant les yeux et en souriant :

-On se souviendra de toi pour le Maitre le plus foiré de l'Histoire, tu devrais être fier, y a pas grand chose d'autre dont tu pouvais rêver !

Habile à dessiner ce même dessin depuis des années, je représentais un félin aux caractères humanoïdes. Rhys était le seul à apprécier cette créature là.
Mais Rhys n'est pas là. Et sans lui, rien n'empêchera ma furry de mettre à sac tout ce bureau.

-Qu'est-ce que je disais !

L'animal apparaissait déjà. Ne manquait que les yeux et... Tadam !

-Mords-lui la tête ! Sauve l'humanité de l'horreur visuelle !

Et je courrai vers la sortie pour m'enfuir.
J'allais quand même pas rester ici juste pour échanger des politesses avec haricoman.

Spoiler:

L'oiseau baillait sans distinction, n'écoutant pas les paroles débiles et insensées de l'abrut* devant lui. Il regarda l'heure, regardait ses ongles et se demandait s'il ne devait pas changer sa coupe... Naaaan, pas la peine, elle était très bien comme ça, c'était sa marque de fabrique ! Le regard vert d'Aku se posa sur Kaïl qui venait de remettre son bonnet, tellement impolis... Et après il s'étonnait que le monde n'était pas à ses pieds ? C'est que le petiot il avait à apprendre. Il se redressa légèrement, changeant de position, son dos commençait à protester.

- Hum ? Tu parlais ? Excuse moi, petit, j'étais en train de me demander comment c'était possible qu'une personne comme toi - un style, laisse moi rire on dirait des chiffons - soit née. C'est un crime contre la vie ça !

Encore un bâillement avant qu'il ne continue à sortir des âneries. Mais il s'éclatait ! Cette fois, il se redresse totalement, enlevant par la même occasion les pieds de la table. il regarde encore l'heure. Trente minutes qu'il essayait tant bien que mal que raisonner un gars qui n'avait, de toute évidence, qu'assez de cerveau pour respirer, et encore, il risquait de s'étouffer avec sa modestie.

- Palais ? Où tu vois un palais toi ? Mon vieux, je sais pas qui est ton opticien mais il est nul. Change de lunettes gars, ici c'est une salle, tout ce qu'il y a de plus banal.

Jouer aux c*ns, ça il savait très bien le faire. Assassiner les autres verbalement aussi. En faite, sa rencontre avec lui se résumait à des échanges verbaux plus cinglants et blessants les uns que les autres.

Ah ? Il savait dessiner lui ? Intéressant. Il fallait qu'il s'y mette aussi Aku, car cet art était quelque chose qui manquait à sa grandeur. Il baille encore, non vraiment, ce gamin l'épuisait plus que tout et il avait autre chose à faire que de s'occuper de lui.

- Tu sais gamin, on dit que j'ai touché le fond, mais toi tu creuses encore.

Voilà qu'il croise les bras et affiche un air nonchalant. il ne devait pas craquer contre la bêtise de ce personnage, surtout pas, ça lui ferait bien trop plaisir. Tout prendre au second degrés, c'était ce qu'il fallait faire.

Soudain, une bestiole à l'apparence féline mais à l'allure féminine fit son apparition et se jeta sur lui. Saleté de gamin ! L'oiseau saute pour esquiver l'attaque avant de voir Kaïl prendre la fuite. ah tu veux jouer à ça gamin ? Et bien on va être deux !
Grognant, il sort son katana, qui ne le quittait jamais, et l'envoie dans la furry, aux belles courbes mais ce n'était pas le moment de divaguer là dessus, qui se fait clouer au mur.

Il avait bien vu qu'elle était sortit du papier, il se dépêcha donc de l'attraper et de le déchirer, faisant ainsi disparaitre la chose. Récupérant son arme qu'il rangea avec hâte, il se rua à la suite du gamin qui ne devait pas être très loin, en effet, il courait là.

Accélérant, l'adrénaline ça aide, il le rattrape, un grand sourire aux lèvres.

- Hey gamin, super ton dessin, tu m'en fais un autre histoire que je m'amuse encore ? Et tu fais quoi là ? demanda-t-il en zieutant autour de lui, tu visites mon musée des horreur ? dit-il tout en reprenant son souffle.

[HRP: Bon, un peu grosbill aussi mais j'avais envie de faire avancer le Rp et je veux pas te laisser t'amuser tout seul èwé ]

-Je ne suis pas là pour amuser les gueux, gars.

Quand je suis partis j'ai oublié de demander mon chemin. Si j'étais James bond j'aurais trouvé la bonne sortie du premier coup. Mais, je ne suis pas James Bond. De toute façon les derniers étaient nuls, je suis vachement plus beau gosse que le nouveau !
En plus j'ai pas confiance en ce miroir de dingues, ils font des tours sans expliquer les règles du jeu. J'ai trop peur de me retrouver piégé dans un labyrinthe magique pour prendre un couloir au hasard !
C'est durant ce moment d'hésitation que l'autre saumon m'a retrouvé.

-Sérieux...

Comment je vais m'en sortir cette fois.
J'ai l'option lui casser les pieds encore quelques heures jusqu'à ce qu'il se foute des mouchoirs dans les oreilles pour ne plus m'entendre ou bien... La technique du sale gosse.
Ça marchait vachement mieux quand j'étais plus petit, j'avais l'air plus mignon. Mais comme je suis toujours maigrichon, ça devrait le faire.

De grosses larmes apparurent sur mon visage -Magie Kaïl- et braillant aussi fort que possible, je lançais à tout va des :

-Ah ! Me frappez plus s'il vous plait !

Calcul simple : nous sommes au palais de Souen. Remplis de fonctionnaires, des miliciens et des gratte-papiers pour la plupart. Que diront-ils en m'entendant hurler à la maltraitance ?

- Désolé gamin, ça marche pas le coup des grosses larmes.

Aku soupir en croisant les bras et en levant les yeux d'exaspération. Les employés d'ici pouvaient bien rappliquer, mais ils avaient bien trop peur du terrible maitre de Souen pour oser dire quoi que ce soit. Le dit maitre tapota la tête de Kaïl avant de rire, se foutant ouvertement de la figure du moire.

- Très mauvais acteur d'ailleurs. Tu devrais prendre des cours mon gars. Et puis décider de passer chez un chirurgien pour qu'il te refasse la tête et aussi...

Il leva la main à bien dix centimètres au dessus de la tête du gosse.

- Grandis un peu rase motte.

Il laissa sa main en suspend durant bien une minute avant de la ramener à son menton. Ils avaient peut-être finalement atteint le bout de leur jeu... Mais Aku avait envie de le prolonger un peu. Hum... Trouver une idée bien idiote... Et il se souvint de la bébête dessinée par le garçon. Son regard s'illumina.

- Allons mon petit, arrête de pleurer. Dessine moi plutôt un mouton pour nous montrer tes talents de jeune raté.

Le maitre croise encore une fois les bras, défiant du regard le jeune garçon en face de lui. Il était vraiment horrible avec les autres, mais à qui la faute de l'avoir provoqué ?
Soudain, quelqu'un arriva en trombe, essoufflé, lançant des regards meurtriers à Aku. Sûrement un nouveau qui n'avait pas encore prit connaissance de l'autorité tyrannique du maitre des lieux.

Cette personne se dirigea vers Kaïl, le prenant dans ses bras en lui murmurant des mots doux. Nij lève un sourcil avant de rire à gorge déployée.

- Vous le faites exprès ou bien vous êtes un crét*n fini ? Ce gamin joue la comédie mon gars !
- Comédie ou pas, ce n'est pas une raison pour le frapper.

Pardon ?! Qui a frappé qui ?! Ah non mais ça n'allait pas se passer comme ça ! Aku inspira grandement avant de hurler, déversant des flots d'injures sur le jeune nouveau.

- Reprenez votre poste immédiatement sinon je vous vire de mon palais à coup de pied dans le c*l et sans préavis ! Laissez ce gosse raté, on a des choses à régler lui et moi !

Il s'était presque empourpré de colère. Il serra le poing, regardant le jeune employé lui tenir tête. Argh, il ne manquait plus que ça !

- Ceci n'est pas très en accord avec les lois du travail...
- Ici, les lois c'est moi ! Maintenant foutez moi le camp avant que je n'emploie des méthodes plus radicales !

Et Kaïl qui devait s'en payer une bonne à voir son autorité contestée... Journée de m*rde !

Dès que la bonne poire venue me sauver se plaça devant moi je me lançais dans un concours de la grimace la plus tordante.
De l'autre côté de mon rempart, le maitre du miroir tentait vainement de faire valoir son autorité. Sauf que l'Entre-Monde est trop mal fait pour tolérer les dictatures. ça me faisait d'autant plus rire qu'il insistait !
La vie est dur, une leçon qu'il mérite d'apprendre.

En y repensant, mon sauveteur mal dans son métier ne devait pas me connaitre. Ce n'était pas la première fois que je mettais le bazar sur Souen, et la plupart me connaissent assez bien pour savoir que me défendre ne permet pas de se protéger de mon génie.
Comme j'adorais voir les combats de boxe, en silence je faisais mine de frapper mon poing dans mon autre main. Battez-vous, suggérais-je, c'est qu'on aurait enfin droit à un spectacle qui vaille le coup d'oeil dans cette bicoque qui prend l'eau.

Souen menaçait ouvertement son employé qui restait stoïque, menaçant à son tour d'en référer à la caserne.
Bon, c'est mal barré pour la baston...
Puisqu'il faut tout faire soi-même, j'allais leur donner une occasion d'apprendre ce que veut dire le mot spectacle. Discrètement glissé bien derrière mon protecteur j'avais de nouveau armer mon crayon.

De la taille d'un beau nain bien dans son froque, un blob verdâtre apparu au beau milieu de la pièce.
L'avantage de ce truc c'est qu'il faut environ 10 secondes pour le dessiner, et deux ou trois pour qu'il apparaisse. Le désavantage, c'est qu'il s'agit d'une montagne de gélatine... Du genre à en mettre partout.

Mon blob glougloutait mollement sur les tapis, et les pompes des deux guguss quand je grimpais sur une commode et pointait du doigt Nij'aku.

-Hey m'sieur, t'savais pas que c'était mal de cracher par terre, regarde-ça ! Si les mouchoirs c'est pas dans tes moyens, suffit de demander j'aurais pu t'en filer un ! Beuark, qu'est-ce que t'es crade !

Ah ! Il vient par là !

-Hey ta morve te ressemble vachement : il ira pas loin dans la vie avec une tête pareille !

Le blob très câlin s'empressa de se diriger vers le premier bipède qu'il souhaitait recouvrir...

-Sauve-qui-peut ! Les moires et les beaux gosses d'abord !

Aussitôt dit, aussitôt parti. Je filais à l'anglaise sans demander mon reste.
Il pensait m'attraper si facilement ?

Occupé à crier sur son employé qui lui tenait tête, décidément suicidaire, le jeune maitre ne vit pas l'horreur que dessina à nouveau l'affreux. Son palais, si bien nommé par Kaïl, était vraiment un musée des horreurs ! Monstres, affreux, crét*ns, bref, tout pour effrayer. Il faudra qu'il recadre ça.

Râlant de plus belle lorsqu'il vit cette espèce de gélatine vivant prendre vie, il poussa le nouvel employé vers cette chose. Et hop, accident du travail ! Il n'en était pas la cause et personne n'avait vu qu'il l'avait poussé. Rigolant à gorge déployée, le maître de Souen darda ensuite son regard sur le moire qui prenait la fuite. Criant, rougissant sous l'effet de la colère, il chercha frénétiquement la feuille avant de penser que peut-être, l'autre gugusse l'aurait gardée cette fois.

Il soupira, sortit son sabre et ne daigna même pas regarder le pauvre employer en train de succomber à cette chose tout droit sortit d'un dessin de primaire. Il lança seulement en envoyant une petite cuillère qu'il avait attrapé sur un buffet là:

- Tenez, mangez c'est de la gélatine. Bon appétit !

Bon, l'oiseau, ayant peur de voir toute la milice débarquer dans son bureau, tira quand même la tête du jeune homme, histoire qu'il respire. Mais hélas, la chose gluante en profita pour lui engloutir la main. Râlant plus encore, il hurla tout en coupant comme un charcutier la chose verte.
Après une bonne dizaine de minutes à se battre, il était essoufflé, il s'essuya le front et partit à la poursuite du moire-qui-fait-ch*er.

Il croisa un bon nombre des employés qui s'écartèrent en voyant le maitre, armé de son sabre et rouge, arriver. Ce dernier beuglait, aboyant des demandes qui devenaient très vite des ordres. Aku s'adossa ensuite à un mur, énervé. Il croisa les bras, gardant néanmoins en mains la lame aiguisée par ses soins. Baissant légèrement la tête, il attendit que le gamin débarque en bon orgueilleux qu'il était. Et là, l'oiseau de malheur allait commettre un crime !
Car oui, on n'insultait pas ainsi le nom du phénix vert, pas sans s'en mordre les doigts en tout cas !

- Écoute petit, si tu es un vrai moire comme tu le prétends, viens abîmer ton beau visage en te battant d'homme à homme avec moi ! hurla-t-il dans tout son palais.

Il n'était pas à douter qu'il risquait de perdre ses cordes vocales. Et puis Kaïl l'emmerda*t sérieusement ! Ce gamin ch*eur et orgueilleux venait de détruire le semblant de calme qui était en lui. Même s'il s'amusait beaucoup à l'envoyer paitre sur les roses, arrivait un moment où la patience de Souen se brisait.