L'épreuve du feu [quête pv Augure Corben Krayt]

Le soleil commençait à peine à poindre son nez quand je passais enfin le col des montagnes de Grâce. Mettant une main en visière pour réussir à voir quelque chose dans la lueur matinale. Une fois passée cette crête, la Brihm et les retrouvailles chaleureuses avec Augure… Bon au moins, notre autre compagnon semblait bien plus sympathique et ouvert que l’homme aux sourcils froncés.
Ma magnétique avançant toujours dans un ronronnement quasi imperceptible, je voyais le paysage défiler a toute allure. Les roches de la montagne étaient visibles autour de moi tandis que je redescendais l’autre versant.

Au loin, à ma gauche, une large zone semblait mourante. La zone de chasse du dragon. Elle était relativement proche, une dizaine de kilomètres à vue d’œil. Mais ce qui m’impressionna, c’était les immenses tâches noirâtres qui se détachaient ça et là. Des terres brûlées. J’avalais ma salive et tournais la poignée de l’accélérateur pour m’éloigner au plus vite de ces lieux… Notre piège se situait plus à l’ouest.


J’arrivais 30 minutes plus tard au lieu de rendez-vous, après quelques erreurs de directions. Marc et Augure étaient déjà là, et je m’attendais à une remarque cassante de l’a part du dernier. Pour mon retard, ma précision au tir, ou simplement mon goût vestimentaire. Toujours était-il que ce type sifflait des cigarettes qui lui avait couté 30pims. Et ça suffisait pour me remonter le moral. L’idée d’avoir arraché un peu d’argent à ce type était incroyablement motivante. Je coupais le contact de ma monture métallique, en descendait le plus adroitement qu’il est possible de faire avec un sniper à travers le dos et offrait une main amicale à Marc. Augure, lui, avait le droit à un hochement de tête simple. Pas non plus envie de sociabiliser plus que de raison.

– Bonjour, messieurs. Désolé pour l’attente, je me suis un peu trompé de route. Bien. J’ai ce que je devais apporter. Et même un peu plus.

J’ouvrais le coffre de la moto pour sortir mon titre Sakrina qui contenait la demi-tonne de viande fraiche, mon sac de baroudeur et un petit coffret. Je récupérais dans le sac mes munitions, mon titre chance et ma bille caméléon et les glissais dans les poches de devant. Puis j’ouvrais ma mallette métallique et en sortait un flacon de verre emplit d’une brume brunâtre.

[color:004c=772299] – Je devrais être en état d’enchanter la barbaque avec ce qu’il y a dans ce flacon. Ca lui donnera un fumet suffisamment fort pour attirer les carnivores proches, et d’après ce que j’ai vu, il n’y a plus des masses d’animaux dans un rayon assez large.Ca attirera plus facilement le dragon.

Je ne demandais pas si tout le monde avait l’équipement qu’il avait prévu. Ca me semblait évident. Cette bestiole était suffisamment puissante pour qu’on s’organise comme une montre suisse.

Et depuis quand t'es expert en ingénierie gobeline, toi ? C'est ce que j'aurais voulu répondre si le souvenir de ce qu'il «était capable de faire quand il était de bonne humeur– et, logiquement parlant, ce qu'il était capable de faire de de MAUVAISES dispositions. Toujours est-il que même s'il marquait un point -surtout sur l’ingénierie gobeline-, le plan me semblait à l'instar du manoir, bancal. Mais nous n'avions rien trouvé de mieux de réalisable dans les trois derniers jours. Je me redressais en soupirant et rassurait un peu Marc avant de remonter sur ma moto, invitant ce dernier à montrer derrière moi.

– Ne vous inquiétez pas, il n'en a pas eu l'air, mais il approuvait une partie de votre plan. Vous vous habituerez...

Nous rejoignîmes Augure qui avait déjà sorti tout son matos. Une fois à l'entrée du manoir je posais prudemment un pied sur le plancher vermoulu de l'entrée. Celui-ci craqua sinistrement. Génial, en plus de devoir gérer avec la nécessité de devoir s'accorder intelligemment pour éviter de tomber 100m plus bas, on allait devoir surveiller le plancher jusqu'à la sortie de l'autre coté. Celle qui donnait sur le vite.
Gé-nail. Des vacances de rêves.

Je laissais Augure et Marc s'occuper de l'entaille des poutres, restant à l'entrée pour surveiller les cordages qui les maintenaient. Le silence oppressant qui régnait dans la foret alentours ne me disait rien qui veille, et je priais les Dieux pour ne pas que le dragon eut une soudaine envie de marcher et d'arriver comme une fleur par la forêt. Je m'occupais entre deux vérifications des nœuds du bon fonctionnement de mon arme, et de nos munitions. L'enchantement pour l'odeur était prêt. Une fois la viande lachée en bas de la falaise, j'aurais quelques minutes devant moi pour récupérer de l'enchantement avant que mister dragon n'arrive s'inviter à la fête.


L'opération sembla se dérouler sans problème. Pas de cris de frayeurs, de rage ou de remarques cinglantes -en tout cas, pas assez fortes pour que je puisse les entendre. Mais une odeur d'œufs pourris emplis l'atmosphère durant un instant ou le vent venait de l'Est. Une odeur de putréfaction, ou un gaz volcanique ? Ou bien... le dragon en approche ?

– Les gars, hâtez-vous de remonter, je crois que l'Arcturus est déjà sur le chemin !

J'avalais ma salive. Le chat géant m'avait déjà un peu foutu les jetons. Un dragon volant, ça allait être autre chose...

Spoiler:

Sortir la viande. L'enchanter. La ranger. Confier le Sakrina à Marc vu qu'ils descendaient et que je restais pour le moment en haut. Les quelques minutes qui précédaient l'arrivée du dragon avaient été remplies à la milliseconde. A peine avais-je eu le temps de d'ouvrir la chambre de tir, caché dans les fourrés que le saurien volant arrivait.

Il ressemblait plus à un genre de lézard à qui on aurait vaguement rajouté de la peau entre les flans et les pattes avant. Un genre de croisement de félin pour la silhouette, de lézard pour la texture et de chauve-souris pour les ailes.
La nature s'amusait parfois, se laissant aller à quelques originalités que l'homme ne savait pas apprécier à sa juste valeur.. Surtout quand les bestioles faisaient en plus 25m de long.

Armant mon fusil d'une balle enfer, je prenais le temps de viser -Augure allait m'arracher les yeux si je ratais mon coup plus d'une fois, j'en étais certain. De toute façon, vu la distance, et malgré la taille, tirer au hasard n'aurait servi qu'a enflammer un petit buisson perdu dans la cambrousse.
La balle fila dans un bruit de tonnerre et vint frapper l'animal dans l'aile droite. Une flamme s'alluma vivement pendant un instant. Mais la couche écailleuse était apparemment faite pour subir les coups et la chaleur. Battant peu élégamment de l'aile, le dragon-chat-chauve souris s'éleva pour reprendre un vol stable, tourna dans ma direction et rugit.

Je perdis des couleurs. La rangée de dents que je voyais à travers mon viseur n'appelait pas des blessures agréables et/ou guérissables. Tirant une seconde balle qui sembla ne pas avoir plus d'effet, puis armant vite une troisième, je relevais le canon quand l'animal gonfla sa gorge. Le souvenir des terres calcinées s'imprima directement dans mon esprit et je me relevais en vitesse pour m'éloigner le plus possible.

Le feu ne vint pas. Pas directement. Un puissant courant d'air nauséabond souffla sur le haut de la falaise, me faisant tousser et me martela la tête. Qiu'est ce que- Du gaz... ? Il crachait du …

– Et me- !

Mon doigt relâcha immédiatement la gâchette que je tenais jusqu'à maintenant. Mon arme à feu était devenue inutilisable, du moins dans cette zone. Il me fallait trouver un endroit éloigné pour tirer si je ne voulais pas transformer le sommet de la falaise en phare antique.
Une vive lueur et un rugissement de fin du monde me poussa à me jeter dans l'eau de la rivière. Je n'avais pas vu comment, mais le dragon avait réussi à embrasser son jet gazeux, produisant un véritable brasier en haut de la falaise.

Bonne nouvelle : Je suis en vie.
Mauvaise nouvelle : Augure va gueuler, j'ai pas réussi à le forcer à se poser.