Autour d'un thé ? [pv Caliope]

Nous revenions de Tern, après un séjour précipité pour rendre visite à Riku. Le jeune homme, mon petit frère, semblait béni des dieux, la vie lui souriait et c'était une bonne chose. Notre visite faisait tache dans son emploi du temps, nous déambulions dans Tern avec Riku à nos côté et ses connaissances que nous croisions et portaient sur nous un regard intrigués.

"Ce sont tes frères Riku ?"

Il répondait toujours avec le sourire, fier d'être de notre famille, mais le regard des autres était différent. J'avais peur qu'il ne l'atteigne lui. Enfin, Kaze attirait le plus gros de l'attention, armé jusqu'au dents, se plaçant dans le champs de vision de quiconque voulait nous observer. Un rempart humain à l'air plutôt sévère. Riku fut triste quand nous lui annoncions que nous retournions sur Souen pour le travail, il esquissa un pas et sourit en se ravisant. Il voulait venir, lui aussi voulait être sur Souen avec nous, combattre un peu moins, mais il serait prêt à le faire pour que notre fratrie redevienne un trio de choc. Comme avant.

De retour sur Souen, au mess pour dîner et boire chaud alors que sur les vitres venaient s'abattre une pluie diluvienne assez forte, assez bruyante pour renfrogner Kaze que le mauvais temps mettait de sale humeur. Il mangea comme quinze et fini devant un café qu'il laissait refroidir. Kaze n'aimait pas le café, seulement, le mess ne servait pas de chocolat chaud alors il était forcé de boire ce "truc infâme qui manque de sucre même quand on met le pot entier dedans".
Une tasse de thé me brûlait les paumes, les yeux rivés vers les fenêtres, j'étais nostalgique. Moi aussi, j'aurais voulu que Riku vienne. Mais cela aurait été le coup de grâce. Nous avions choisi le seul métier dans lequel il ne pouvait pas nous rejoindre, ou plutôt, pour lequel je refusais qu'il nous rejoigne. Je préférai le voir étudier les sciences et sortir s'amuser avec ses amis. C'était une vie normale pour un jeune homme élevé dans Tern. Moi et Kaze nous nous assurerions alors que sa quiétude ne soit jamais perturbée.

-Oh ! Nozomi ! Tu m'écoutes !? Il éloigne la tasse de café froid de ses yeux et claque des doigts sous les miens.

-Non.
-J'avais remarqué. À quoi tu penses ?
-Nous aurions pu nous engager chez les sanctuaris, peut-être aurions-nous pu être affectés à Tern.
-Peut-être ? ça ne te ressemble pas,soupire-t-il.
-En effet. Il est bon ? Je tends un doigt vers le café.

Kaze me rend un regard outré et détourne les yeux vers la fenêtre pour y déceler ce que j'y vois. Rien si ce n'est de l'eau et du gris ne l'interpelle. Une journée de repos ennuyante, pour nous deux, et un peu douloureuse.

Esquivons esquivons ! J'avais passé la journée à travailler, il fallait dire que la pluie qui s'était abattu toute la journée ne me donnait pas trop envie d'aller balader à droite à gauche. Pourtant dans l'après-midi j'en ai eu ras le bol, j'avais fait tous les dossiers urgents, demandes de subventions, permis de construire et autres trucs gonflants mais qu'il fallait bien que je fasse, je jetais un œil aux documents restants, rien de bien dramatiques, ça pourrait attendre plus tard. Et me voilà en train de braver les éléments. Enfin, pour le moment, j'étais en train de faire une opération ninja pour ne pas me faire remarquer par mes gardes et surtout pas par Rin parti "faire un tour de ronde", personnellement j'aurais dit "parti se dégourdir les jambes". J'avais pris mes affaires, que cette fois, j'avais eu la bonne idée d'emmener avec moi et me voilà en train de courir dans les couloirs, et tourne que tourne, j'avais réussi à me retrouver du côté des bâtiments de la garde.

J'entrais dans un bureau et fis un grand sourire en saluant la pauvre secrétaire qui me regardait passer avec de grands yeux ronds, il fallait dire que le maitre de Souen qui se balade de ce côté là de la Res Publica, c'était pas tout les jours qu'on voyait ça. J'ouvrais la fenêtre et fis germer du lierre afin de me laisser glisser le long de la rambarde, dépassant le balcon et atterrissant en souplesse devant une grande fenêtre. Oui oui ! En souplesse, avec grâce et distinction ! Non, le maitre de Souen ne manque pas de se vautrer lamentablement dans la flotte... Il atterri avec classe, un point c'est tout ! Bon, ok... peut-être pas avec tant de classe que ça, mais je suis pas tombée c'est le principal... Et puis de toutes façons j'ai ma capuche sur la tête donc personne saura que c'est moi !

- Hey ! Tu sors d'où toi ?

La preuve... Sauve qui peut !!!
Je me suis pas prise la tête à esquiver tout le monde et à me faire tout le tour du bâtiment pour me faire griller maintenant ! La raison pour laquelle je ne suis pas sorti par la porte comme le ferait une personne normale, sensée et rationnelle ? Mais parce que c'est pas drôle voyons ! Si j'étais passé par la porte, en sachant que j'avais encore du boulot, ça voudrait dire que je m'en fiche royalement, alors que si je me sauve discrètement, ça veut dire que je sais que c'est pas bien, et que j'ai des remords de fuir mon travail de manière aussi basse et mesquine ! Et voilà ! Bien pensé, non ? Je suis un génie ! Ouais, enfin, pour le moment, je suis un génie qui a la moitié de sa garde aux fesses, mais on passera sur les détails... Je rentre dans le bâtiment et me cache dans un coin, sous une table, l'avantage d'être petite pour une fois...
Ohoh... Des pieds devant moi. Ne bougeons plus. Ne respirons plus. Non non, c'est pas moi, je suis pas là, vous avez aucune preuves d'abord !

[hrp : je me suis lâchée sur ce coup là...]

Du coin de l'oeil j'ai vu un minuscule personnage plonger sous la table, des gardes passent accompagnés d'une horde d'administrateurs échevelés. L'un d'eux s'approchent de nous, il nous regarde l'air de demander s'il fait bien de nous poser la question. En même temps, nous étions les plus proches de la porte, mais rien qu'à voir le regard noir de Kaze, l'homme hésite.
Il est courageux pour un gratte-papier. Il s'éclaircit gorge et tente sa chance. Comme quoi, même à Souen on trouve des idiots.

-Soldats, nous recherchons maitre Caliope, un enfant, nous avons des raisons de croire...

-Tu penses vraiment qu'une gosse viendrait se planquer ici ? Lance Kaze sans le laisser finir.

L'homme hésite de plus en plus. Pour se donner une contenance, mon frère saisie sa tasse de café et l'approche de lui. Il a presque l'air civilisé.

-Nous n'avons vu aucun enfant entrer ici par cette porte. Cherchez ailleurs.

Je n'ai pas vraiment menti, j'ai omis le détail que dans cette pièce il y a avait d'autres entrées, d'autres portes et fenêtres.
Mon calme continue d'exacerber ses doutes. L'homme incline la tête et entraine avec lui toute sa clique de gardes et de secrétaires bien perdus sans leur maitresse adorée. La porte de la cantine des militaires se referme sur leurs talons tapant le sol en grand nombre. Il ne manquerait plus qu'il appelle toute l'armée pour la chercher dans le bâtiment.
Kaze repose sa tasse qui a bien faillit lui brûler le nez au point qu'il renifle bruyamment, le goût ou l'odeur, c'est du pareil au même pour lui. Je le vois se pencher sur le banc et parler au petit personnage sous la table.

-Sauvée et de peu, patron.

Deviner qu'il s'agissait de Souen avant même que sa garde personnelle ne rapplique était un calcul très rapide, il n'y a qu'un seul enfant dans Souen capable de courir dans tout le bâtiment et de venir se cacher exactement là où on la chercherait.
Il se redresse et pose un coude sur la table, un vague sourire aux lèvres. J'avais oublié, il aime les enfants, plus encore lorsqu'ils sont casse-cou. Ils lui rappellent Riku et lui beaucoup plus jeune, un peu de moi quand je venais d'arriver. Mais les cascades sont vites devenues plus calculées, moins risquées à mon débarquement dans leur duo.

-C'est pas très sérieux de retourner tout Souen de cette façon.
-Les gardes doivent avoir l'habitude de la perdre. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils aient déjà envoyé quelqu'un sur K'ouen pour voir si elle n'y était pas fourrée.

J'eus un sourire de sous ma table en entendant l'échange au dessus de moi, il avait du caractère ce mec d'envoyer balader un des mes sous-fifres comme ça. Par contre je faillis m'étrangler en voyant une tête blonde à mon niveau, je ne m'attendais pas du tout à ça. Je sortis, l'air de rien et époussetais mes vêtements avant de m'assoir à côté du grand blond.

- Bonjour ! Merci du coup de main, il y avait des gardes dans tout le bâtiments, j'ai galéré pour pas me faire attraper avant...

Je leur sors mon plus beau sourire mignon et aimable.

- J'ai fini mon travail, j'avais besoin de me défouler un peu et si j'étais sorti de mon bureau tranquillement, ils auraient un autre truc à me donner. Donc j'ai fuis ! Et puis, ils m'ont attirés des ennuis pas mal de fois, ça leur fera les pieds de me chercher !

Je me levais, allais me prendre un thé et retournais m'assoir à côté du blondinet. Je trempais à peine les lèvres dans ma boisson que je fis une grimace. Ce truc avait un gout absolument ignoble et en plus manquait de sucre. Je réglais le problème du sucre, mais c'était toujours pas ça...

- Dites, la bouffe ici a le même gout que les boissons ? Parce que là faut faire quelque chose...

Je me retournais de nouveau vers eux.

- Au fait, vous vous appelez comment ? Des personnes qui tiennent tête à mes sous-f... subordonnés méritent que je retienne leurs noms.

Oups, j'avais failli faire un lapsus et devant des gardes c'était pas très sérieux. Déjà que mon sérieux en avait pris un sacré coup après ma cavalcade...

Kaze avait de quoi sourire, elle était assez caractérielle pour une gamine. Installée face à moi, elle commençait pas se plaindre de la nourriture. Peut-être devrions-nous lui rappeler que c'est Souen qui paye et qui choisi le menu chaque jour, ou du moins, l'un des fonctionnaires qui travaille pour elle. Je lève ma tasse un vague sourire aux lèvres pour saluer l'entrée en matière. Entre boulot et mauvaise idée, elle avait quand même de l'audace d'être venue se planquer ici.

Mon frère ne s'arrêta pas sur ça, il lui désigna le café -qui ne sera jamais avalé- une grimace lui tordant le visage de dégoût.

-Et encore, t'as pas goûté le pire de ce qu'ils font ici...

Son sourire revint bien vite, tant que je lui laissais le plaisir de faire les présentations. Il se décalla de façon à avoir presque en face de lui le petit maitre et me désigna du pouce.

-Lui c'est Nozomi, mon petit frère, et je suis Kaze.

Bien évidemment, Kaze savait qu'il s'adressait à son employeur, et mieux encore, il se doutait au vue des différentes actualités et rumeurs qui circulaient dans tout l'Entre-Monde sur le compte de cette moitié de maitre qu'elle n'était pas si douce et mignonne.
J'admettais qu'elle avait du charme pour une petite fille pas plus haute que la jambe de Kaze. Pourtant, tous deux nous savions à quoi nous attendre d'elle. Sa magie avait déjà fait le tour de la ville et lui donnait des surnoms plus ou moins flatteurs spécifiant bien qu'elle est petite mais pas si mignonne.

Il y avait d'autres soldats dans la cafétéria et notre petit manège n'avait pas été ignoré de nos confrères qui restaient assez étonnés de nous voir ainsi discuter avec le grand patron qui payait les soldes en fin de mois. Partagés entre l'envie d'aller nous dénoncer aux fonctionnaires ou de ne pas faire un mouvement de peur de finir étouffé dans des lierres grimpant ou de la vigne vierge -elle a une réputation sulfureuse !- ils n'esquissèrent pas un mouvement, même si, de ma position je pouvais deviner leur envie de fuir à toutes jambes.

-Tu n'as pas un garde rapproché normalement ?

S'il débarquait ici, lui, pourrait nous ôter tout envie de protéger le maitre à l'avenir. Même si c'était pour la bonne cause...

Je sirotais mon thé tranquillement, sûre que mes pots de colle attitrés ne reviendraient pas avant un bon moment, les jambes se balançant dans le vide vu que je ne touchais pas le sol. Je regardais autour de moi curieuse, je n'étais venu que quelques fois ici, mais la décoration et tout ce qui concernait la gestion de la caserne de Souen datait de l'ancien maitre, je n'avais touché à rien. Encore que j'aurais peut-être du... Encore plus ignoble que le thé ? Wouah ! Fallait le faire quand même !

- Je mettrais mon nez là dedans quand ils me retrouveront pour m'attacher à mon bureau... Soyez juste sympa de pas faire en sorte que ça arrive trop vite... Je veux pas avoir passé tant de temps à courir pour rien...

Je ne me formalisais pas sur le fait qu'il me tutoie et ne pris pas la peine de me présenté, Kaze m'avait clairement fait comprendre qu'ils savaient qui j'étais. Mais oui, il allait vraiment falloir que j'y mette mon grain de sel, il était hors de question que les hommes qui protégeaient Souen mangent aussi mal. Je n'avais pas envie de me retrouver avec une mutinerie en plus d'avoir des crétins autour de moi. Et pourtant j'avais viré les pires... Mais à défaut d'avoir des abrutis qui ne pensaient qu'à leur petit intérêt, je me retrouvais avec des idiots qui n'étaient pas fichus de prendre une décision seuls. Et dès que je disparaissais, ça devenait la panique à bord.

Je me détournais vers le dénommé Nozomi avec un sourire.

- Il est en mission pour moi ! Il est le seul de tout le ramassis d'abrutis qui gravitent autour de moi en qui j'ai une confiance absolue. Surtout que s'il s'était douté que j'allais encore me sauver, il aurait été capable de m'attacher sur ma chaise...

Mon sourire s'agrandit.

- Mais je sais me défendre seule ! Et puis il faudrait être fou pour venir m'attaquer ici... Je me penchais sur la table et baissais la voix. Et je suis prête à parier que la plupart des hommes autour ont plus peur de moi que d'un possible agresseur...

J'eus un petit rire et pris un air purement innocent.

- Je ne vois vraiment pas pourquoi en plus... Je me tournais vers Kaze, qui semblait être le plus réceptif à mon air mignon, avec une petite moue. J'ai l'air si méchante que ça ?

Bon, d'accord, je connaissais les rumeurs qui circulaient sur mon compte, inutile donc de jouer les innocentes, j'avais perdu toute crédibilité depuis notre aventure avec les lions à Wergeld et moi-même, je savais que les gardes qui étaient venus nous récupérer avait fait passer le message en entendant les dires des villageois. Mais j'avais le droit d'avoir l'air mignonne de temps en temps quand même ! Une remarque sur mon faux air mignon dans mon dos me fit tourner la tête et lancer un regard noir, pas du tout mignon au pauvre malheureux qui retourna le nez dans son café. Encore un qui avait oublié que mon ouïe était sûrement meilleure que la sienne même sous forme humaine...

Kaze ricane, la gamine l'amuse, et moi je pose ma tasse vide sur la table un regard neutre pour ce drôle de duo. Je devrais lui rappeler qu'il se marre sur le dos de son patron, de celle qui qui paye et qui donne les ordres. Non, il le sait. Il le sait mieux que moi et il préfère s'imaginer que c'est juste une petite fille qui prend son pied à venir discuter avec des soldats dans le réfectoire le plus infecte de tout l'Entre-Monde.

Elle se doute qu'ici on la respecte plus par les rumeurs souvent très exagérées sur son compte et elle en joue. J'ai jamais vu des types entrainés pour se battre se replier sur eux-même ici. Habituellement, ils sont les premiers à venir chercher des noises au premier venu, mais elle. Un charisme spécial, une crainte parce qu'elle est maitre avec la taille d'un môme de dix ans et encore plus parce qu'elle traine avec un autre maitre dont la réputation vole aussi haut que celle des assassins connus de la ville.

-Personne te dénonceras ici, ils ont tous trop peur de se faire bouffer par une plante carnivore. Il parait que t'as fais sa fête au technomage. C'est toujours un clanpin de moins chez K'ouen, mais ça a déjà fait le tour du pays !

Kaze sourit toujours plus large, il s'amuse vraiment. Je commence à comprendre pourquoi. Nous sommes les seuls a être à l'aise dans la salle. Même les balourds les plus emmerdant n'esquissent pas un mouvement pour respirer. Il se sent bien à leur montrer qu'ils sont tous un peu stupides d'avoir peur si simplement.

-Après tout, tu n'es qu'une enfant, n'est-ce pas ?

Mes lèvres se fendent en un léger sourire. Je pose un coude sur la table et Kaze respire la confiance. Il en faut peu pour lui remonter le morale.

J'eus quand même la décence de paraitre gênée lorsque Kaze mentionna le technomage, prenant un air tout penaud et me grattant la tempe. J'avais un peu oublié cette histoire... EN fait, plus qu'avoir oublié avoir fait dévorer ce cher technomage par une dionée géante, j'avais surtout zapé l'avoir fait devant des centaines de témoins, et comme ici comme ailleurs les rumeurs vont plus vite que l'argent facile...

- Ah ah... les rumeurs vont vites...

Je me concentrais sur mon thé et eut un grand sourire plein de dents à Nozomi quand il lâcha son "Après tout, tu n'es qu'une enfant, n'est-ce pas ?".

- Exactement !

Bon d'accord, une enfant un peu psychotique sur les bords, mais une enfant quand même, j'étais contente que quelqu'un ne se prenne pas la tête avec toutes les rumeurs pas très agréables qui couraient sur mon compte, pas toujours très réjouissantes d'ailleurs, je passais plus pour une tueuse de sang-froid que pour une petite jeune fille frêle et mignonne.

La porte de la cafétéria s'ouvrit pour laisser place à une jeune femme brune, à l'air pincé et coincé, mais qui une fois qu'on la connait bien a un sens de l'humour absolument décapant, je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais pu me retrouver écroulée sur mon bureau à pleurer de rire grâce à elle. Ma secrétaire, Lilia, était comme Rin, ces deux-là arrivaient toujours à me retrouver où que j'aille, même dans les pires cachètes... Je les soupçonnaient tous les deux pour s'être mis d'accord et avoir placé un mouchard sur moi pour me trouver à chaque fois... Elle s'approcha de notre table avec un petit sourire aimable et me tendit une feuille, saluant d'une signe de tête les deux hommes à mes côtés.

- Ça vient d'arriver, je me doutais que ça vous intéresserait.

Je lus la feuille en vitesse et mon air étonné se transforma en un sourire de requin, toute trace de gentillesse disparue, juste un air complètement psychotique. Je me repris cependant assez rapidement et me tournais vers ma secrétaire, avec un sourire.

- Merci ! Tu n'imagines pas à quel point !

Elle s'inclina rapidement, re-saluant Nozomi et Kaze de la tête et tourna les talons pour repartir à son bureau sans doute. Je la rappelais alors qu'elle allait ouvrir la porte.

- Je ne vous ai pas vu !

Et elle sortit tranquillement, sous les regards intéressés de la plupart des hommes présents dans la salle. J'étais toujours appuyée sur le dossier de ma chaise et me contentais de chanter de manière assez forte pour que tout le monde m'entende et comprenne le message.

- Les dionées sont nos amies ! Il faut les nourrir aussi !

Avec un regard qui en disait long sur ma façon de penser.

Je me tournais ensuite vers mes deux compagnons de table avec un sourire.

- Dites vous deux ! Ça vous dirait une balade dans Magna demain ?

Un de mes anciens subordonné qui avait volé pas mal d'argent dans les caisses venait d'être retrouvé dans Magna, l'information venait de tomber et il était hors de question que je le laisse filer cette fois...

Une drôle d'épidémie parcourue l'assemblée des militaires qui nous observaient en coin... Comme une maladie nouvelle qui empêchait de déglutir normalement. Le genre de maladie que seule un maitre aussi impulsif que Souen pouvait provoquer. Kaze ricana quand les conversations reprirent doucement et assez basses pour savoir de quoi il retournait rien qu'à voir la prudence que mettaient certain à ne pas se faire entendre.
Mais Kaze a une conscience et surtout des intérêts à protéger. S'il voulait pouvoir manger sans encombre demain, il devait faire un geste, même minuscule, pour ses confrères.

-Ce sont de braves gens, c'est pas sympa de les traités ainsi, ils ne diront rien et ils te serviront toujours aussi bien, avec ou sans menace.

Je hochais de la tête, une missions, aujourd'hui. Je me doutais bien que mon ainé n'avait pas encore tout à fait digérer notre expédition à Tern, il serait heureux de pouvoir bouger un peu, faire autre chose de la journée qu'il nous restait. Quant à moi, aller en chasse à l'homme ne pouvait pas me déranger. Ca ou autre chose, la journée passerait de la même manière et demain le service reprendra. Il n'y aurait aucune différence.

Un coup d'oeil pour mon frère, on échangeait un accord silencieux avant que je ne réponde.

-Magna. Il devrait y avoir de quoi s'occuper un bon moment.

Pour ce qui est de l'ingérence du maitre dans les affaires de Tchen, ça ne me concernait pas. Elle nous proposait d'aller fouiller un peu le bordel le plus grand et le plus dangereux de l'Entre-monde, si elle veut. Le reste, elle se débrouillera dans ses affaires politiques.
Ma main caressa l'étuit de ma flûte, elle n'avait pas servit depuis longtemps. Kaze récupéra sur le banc deux sabres qu'il fixa à sa ceinture, juste aux côté d'un magnum gros calibre chargé uniquement pour les cas "difficiles et énormissimes". Je me levais à mon tour.

-Une chasse dans les règles, je crois que c'est une bonne idée.

[Hrp : j'arrive... lentement mais surement.... pardon...]

Je jetais un coup d'oeil à la ronde pour vérifier les têtes de tout le monde après ma petite menace. Et elle avait l'air de bien fonctionner vu les visages aux multiples couleurs qui nous fixaient. J'aime être mauvaise comme ça ! Mais je tiens encore plus au bon personnel. Je me tournais vers Kaze avec un grand sourire mignon.

- Oh, mais je n'ai rien contre eux ! C'est juste que j'aime beaucoup cette secrétaire, c'est plutôt rare de trouver quelqu'un qui fasse bien la paperasse sans me prendre la tête toutes les deux minutes, donc ce serait embêtant qu'ils lui fassent des misères...

J'eus un hochement de tête appréciatif en les voyant accepter de m'accompagner en mission aussi facilement, surtout dans Magna et sans même savoir exactement ce qu'on partait chercher. C'était agréable de trouver enfin des gens qui acceptaient les missions suicide sans rien dire. Et puis il fallait reconnaitre que ces deux là étaient relativement bien armés, donc je savais pouvoir mener à bien ma mission sans me prendre la tête à me demander si je devais en plus faire attention à leur sécurité. Ils avaient l'air de savoir se protéger seuls. C'était une bonne chose pour une fois. Je me levais en finissant la chose qui me servait de thé d'une traite.

- On passe par mon bureau et on est est partis !

[HRP²: si tu veux rajouter un truc sinon rp clos. J'ouvre la suite dans Magna]