Chasse aux ours d'Etra.

Finalement je n'eus aucune représailles de la part d'Ayame, ce dernier c'était calé contre un arbre et semblait vouloir dormir. Mais j'étais contente car, Wergeld faisait un peu d'effort pour que nous discutions. C'est donc naturellement que je me place à ses côtés afin de pouvoir mieux parler. Je me remémorais mentalement le chemin que je devais parcourir, j'avais une bonne mémoire pour ça.

-Et bien, d'après la carte de mon père, je devais donc partir de Valérian vers Cabèche, là-bas j'étais censée faire des recherches, mais euh .. Vu l'accueil, je m'en passe pour le moment ! *Rire gêné* ensuite faire un crochet par Vink et foncer tout droit sur Verdi.

J'eus un petit moment de concentration intense pour me rappeler de la suite.

-Ensuite je passe par le temple de .. De N'hacyriv ! Et puis là je tenterais mes recherches à Trinity, Saïmiri et Urle. Ensuite .. Et bien je trouverai bien une carte en chemin pour choisir la suite de mon itinéraire ... Il y a beaucoup de village et de ville en dehors de la capitale ... Et je dois vraiment ... Enfin peu importe ! Quoi qu'il arrive si vous voulez je peux vous filer un coup de patte pour vos ours.

Je laisse un peu de silence s'installer, le temps pour moi d'absorber mon regard et mes pensées dans les flammes. Je me demandais si Ynia se trouvait dans l'un de ses villages, si je n'allais pas devoir finalement parcourir tout l'entre monde avant de la trouver ... Un crépitement un peu plus intense me sortis de ma rêverie, je souris pauvrement avant de secouer la tête et de continuer la conversation.

-Et pour vous ? Une fois les ours chassés, vous savez où vous irez ?

-Trinity est assez sympa. Essayez de visiter les îles si t'en as l'occasion.

C'est comme un paradis perdu dans l'océan.

J'écartais les os du feu, les recouvrais de terre et de cendre. Je ne voulais pas attirer les prédateurs alléchés dès que la pluie cessera que le vent portera tout autour l'odeur de notre festin. Tout ça en réfléchissant. Cette Louve avait de l'instinct et un bon sens de l'orientation. Son parcours, si j'avais pu, je l'aurais fais avec elle. Il me semblait si tranquille.
Bien entendu elle risque de tomber sur de belles surprises en allant jusqu'au temple, et plus encore en poursuivant sa route.
C'est ce que je préfère : les surprises.

-Pour le moment on s'occupe des Etra. Nous verrons après ce qu'il en est. Si aucune chasse ne demande la présence d'un chasseur de monstre, je renverrais Ayame à Entre-Monde...

Un sourire effleura mon visage éclairé par les seules lueurs du feu.

-Il préfère la paperasse aux ours.

En y réfléchissant on ne lui avait pas demandé si...

-Tu veux chasser avec nous ? Pour cette histoire d'Ours. Ils ne sont pas vraiment durs à trouver, me justifiais-je aussitôt, c'est même pour ça que personne s'en occupe. Ce genre de chasse est mal payé d'ordinaire... Mais c'est facile.

Facile pour moi. Peut-être même pour Ayame. Pour elle... Une louve contre un ours qui doit faire six ou sept fois son propre poids. Peu importe, ils font presque autant de plus que ma carcasse et jusqu'à maintenant aucun ours n'aura eu ma tête.

-Enfin, te force pas. Repose toi, je prends la garde, j'ai déjà dormi dans le vaisseau.

La fourrure humide de Louvia termina d’achever la résistance de mon pantalon. J’étais trempé et frissonnant. Malgré tout, la chaleur que dégageait son pelage apaisait les crampes naissant dans mes cuisses.
C’était bien la première fois que je ne devais pas à me rouler en boule dans une couverture fatiguée pour tenir les quelques heures de sommeil nécessaires.

Une dernière remarque, je cogitais toute la nuit. On a toujours besoin d’un chasseur.
Ici, oui. Mais peut-être qu’ailleurs les tueurs de monstres sont au chômage et se contentent de distribuer le courrier le matin. Depuis le temps, je ne pensais plus à changer de vie, c’était la mienne. Qui irait se jeter entre les canines d’un ours pour éviter la famine à tout un village sinon des fous de ma trempe ? Pas grand monde. De moins en moins de monde.

Quatre heures plus tard, Ayame tirait le coussin de sous sa nuque et s’étira en silence. Il me rejoignit, me donnait l’édredon miniature et me souhaitant bonne nuit.
Jusqu’à ce que l’aube pointe son nez, rien ne réussit à perturber mon sommeil. Pas même l’elfe sifflotant en faisant bouillir quelques herbes et écorces pour un thé chaud matinal.

-De grâce !
-Debout marmotte, si tu dors encore je te vide ma gourde sur la tête !

Il projeta quelques gouttes dans ma direction, réveillant par un sursaut mes courbatures accumulées dans la nuit.
Je grognais de bon matin…

Quelques minutes plus tard, après un thé à nous ébouillanter les papilles, nous voilà de nouveau en route. Le chemin ne fut pas bien long, à midi nous gagnions le nouveau territoire des ours d’Etra.

La pluie avait laissé sa touche artistique au paysage. L’herbe lourde se couchait à moitié, les branches basse pleuraient encore des restes de la veille. L’air humait l’humidité et l’odeur de la tourbe retournée.

-On sait déjà qu’ils sont passés par là…

Ayame constatait des buissons piétinés et des troncs à l’écorce déchirée superficiellement.

-Suivons les traces.

Le borgne ne put se retenir de rire à gorge déployée une partie du chemin. J'avais beau le prévenir qu'il allait attirer tous les prédateurs sur nous, il continuait de se tenir les côtes et de rire à en pleurer.

-ça va ça va... grognais-je de mauvaise grâce.

Le fou rire d'Ayame ne se dissipa que lorsque Louvia repéra sa première bête.
Le plantigrade avait mieux à penser que notre quatuor. Il reniflait soigneusement ce qui ressemblait à une belle ruche d'abeille fraichement cueillie de son arbre. Des coups de griffes successifs ne réussissaient pas à éventrer la ruche.
Le malchanceux était tombé sur des abeilles de pierre, elles compactaient si bien le sédiments qui constituaient leur ruche qu'il était impossible sans outil de les casser. Je m'y étais essayé adolescent, le matin je cueillais, le soir je n'avais toujours pas goûté le moindre miel. Une aventure qui avait fait rire Caleb presque autant qu'Ayame juste avant.

-Louvia, tu pourrais l'attirer vers la rivière ? Avec Ayame on t'y attendra, dès que l'ours arrive on s'en charge.

La rivière était une zone à découvert qui porterait l'odeur de la viande sur un bon kilomètre alentour. si avec ça nos amis carnivores ne se présentaient pas pour voir à s'en tailler une part, cette chasse risquait de devenir très longue.
Mon plan était donc simple : attirer un maximum de monstres et collecter les peaux.

La rivière était proche. J'étais à peu près certain que la louve ne risquait rien. Sauf un accident de parcours.

-Je laisse le Cyliong pour te soutenir. Si l'ours t'attaque il t'aidera à t'échapper.

Cette brave bête était bien dressée, c'était toujours ça de gagné.
Aussitôt dit, je laissais la monture avec des instructions claires et simples : protéger Louvia. Quant à moi, je partais en direction de la rivière épée en mains.

Voilà enfin le début de la chasse ! Non que je n'ai quelque chose contre les balades en forêt, mais il faut avouer que je préfère de loin la chasse, surtout quand l'odeur des autres animaux m'enivrait les narines parfois. Le cyclion sur mes traces nous voilà aussi à faire le tour. Par chance ce dernier se concentrait sur la ruche qu'il cherchait à éventrer. Une approche silencieuse au possible devrais me donner une bonne avance sur l'ours.

Maintenant prêt d'un bord suffisamment peu haut, j'ordonne silencieusement au Cyclion de rester là en m'attendant. En espérant qu'il me comprenne bien sur. Mais bon, ça avait l'air de fonctionner. Je m'approche dans le dos de l'animal par chance le vent était en ma faveur. Tout doucement à pas de loup, je me fondais dans son dos jusqu'à ... Lui morde une partie de son corps très rapidement et tout aussi agilement me voilà à une bonne distance raisonnable.

L'ours peu content eu une réaction violente et se mit à vouloir me charger en me reconnaissant comme son agresseur.

-C'est partit !

L'ours me chassant mon objectif était de l’amener à la rivière vers les deux hommes. Le cylion à mes côtés, nous ne nous laissions pas rattraper par l'ours pataud mais en colère. Chargeant avec des cris de colère, je ne crut pas nécessaire d'annoncer notre arriver au deux compères. Débouchant sur la rivière je bifurque violemment vers la droite tandis que le cyclion prend la voie de gauche.

Bien qu'essoufler j'obtempère un demi tour en position d'attaque le poil hérissé et grognant de toute mes forces vers l'ours qui lui aussi venant d'arriver.

-Vient essayer de récupéré tes poils sale bête !

Ayame s'est positionné en retrait, en équilibre stable sur un rochet surélevé, l'arbalète à la main il avait déjà fiché plusieurs carreaux prêt à tirer. Pour le moment il me vise moi. Il sait que la première chose que je ferais c'est me diriger droit vers l'animal qu'on entendait déjà arriver sur nous. Pour détourner son attention et avoir le privilège de lui asséner moi-même le coup de grâce.
Je suis resté près de l'eau. L'amoncellement de roches à cet endroit était un don des dieux, de nombreux endroits étaient fait pour s'y dissimuler, même armé d'une énorme épée. Je regardais la forêt comme si je voyais déjà l'ours.
Jusqu'à ce qu'il arrive, succédant à Louvia et au Cyliong. C'était autre chose de voir le plantigrade courir lourdement derrière la grâce du lion et l'agilité de la louve. Autre chose, l'ours était véritablement énorme. Venus des montagnes ces bêtes là étaient gonflées d'une fourrure épaisse et dure au froid. Ses dents me rappelèrent sans mal les mâchoires des lions des montagnes croisés trois ans plus tôt.

L'épée armée à hauteur d'épaule, je pris appuis solidement, j'attendis la séparation de la louve te de son comparse. L'ours était pour moi. Je me dégageais sans attendre la flèche d'Ayame frapper l'animal au coup. Il ne la senti qu'à peine. Je glissais sur le gravier inégale. Deux flèches suivirent, l'une perça le museau de l'animal. Mon épée pénétra sans mal l'aisselle de l'ours depuis ma position à terre. La dernière flèche se ficha dans l'oeil.
L'ours ainsi interrompu dans sa course s'effondra sur la roche. Haletant. Son coeur ralentissait. Je me dégageais à plus d'un mètre. Il ne mit que quelques secondes à fermer les yeux. Peu de sang, peu d'esclandre. Il avait été surpris et n'était plus.

Déjà l'elfe descendait de sa position.

-On a fait le plus facile.

Il détourna les yeux quand j'entrepris de découper l'ours à coup d'épée. Les os ne cédaient pas facilement, eux !

-Prépare un feu. Le vent n'est pas assez fort pour porter les odeurs. On va le faire cuir.

J'expliquais alors à Louvia mon plan. Les odeurs porteraient loin, les ours arriveront assez nombreux, je l'espérais. Le nombre ferait fuir les autres prédateurs et charognards. Le feu nous assurerait une protection en cas de surnombre. Mais en théorie, nous devrions pouvoir les abattre assez rapidement.
Ce n'était pas vraiment un calcul. Je savais Ayame pouvoir abattre un ours en trois flèches. Je me savais capable de me charger d'un autre animal seul, en essayant de ne pas perdre une jambe au passage. Quant aux autres... Se sont des solitaires, ils n'attaqueront pas en nombre comme le feraient des loups. Ils se succèderont les uns après les autres. Les plus faibles s'enfuiront sûrement, eux ne poseront pas trop de problème. Ils regagneront les montagnes quand l'été arrivera.

-Si tu chasses, aides-toi du Cyliong. Il est presque aussi gros qu'eux, il pourra te servir de bouclier. Mais...

Et comme mon père me l'avait répété si souvent :

-Ne prend pas de risque inutile. Reste près du feu. Ils n'approcheront pas si près.