Re: Chose promise...

Son peuple a l'air fascinant. Ce pouvoir sur l'eau et le fait qu'ils soient liés à cet élément vital a quelque chose de "magique" si je puis dire ainsi.
De tout les élément c'est l'eau que je préfère, quand j'étais enfant, j'adorai me promener sous la pluie, quitte à être trempée après ça m'importait guère et même encore aujourd'hui. L'eau peut faire tellement et est la base de tant de chose.
Savoir créer l'eau, c'est fascinant, vraiment. Je l'ai vu à l'oeuvre en travaillant cet après-midi et c'est impressionnant ce qu'il peut faire, comme quoi chaque individu est différent et en tant que guérisseur c'est un des rares voir même le seul à travailler ainsi.
Donc, tout ceux de son peuple sont comme lui si je comprend bien... Cela me donnerai presque envie de les rencontrer.
Sierra, j'avoue que je ne sais pas trop où c'est, honte à moi mais la cartographie de l'Entre Monde est encore bien complexe pour moi.

"De ce monde je ne connais pas grand chose tu sais. A part la ville et mon ancien village où j'ai grandis, la Forêt d'Ing dont je connais quelques coin pour le reste, je ne connais pas. La seule ville où je suis allée c'est Trinity, et dernièrement j'ai aussi visité ces plages aux alentours, quand je suis allée me reposer dans la maison d'été d'un collègue."

Reposant mon verre de vin, je lui offre un petit sourire d'excuse, comme pour dire que je suis désolée de ne pas connaitre le désert et encore moins Sierra dont il me parle. Pour le coup je me sentirai presque stupide de mon ignorance.

"On pourrait pensé qu'en grandissant sur cette Terre, je pourrai la connaitre et bien non. Quand j'étais enfant, seul mon père et mes frères voyageaient, moi je suis longtemps restée auprès de ma mère et quand elle a choisit de nous quitter, je me suis occupée du dispensaire que mon père avait créé dans notre village. Je ne quittais que rarement l'enceinte du village, sauf quand j'allais à la cueillette des plantes."

Cette pensée me ramène à ce jour funeste deux ans plus tôt, quand je suis partie pour ne plus jamais les revoir, quand j'ai tout perdu à cause d'un évènement inexpliquable encore aujourd'hui. Je ne désir pas y penser, alors je secoue la tête légèrement pour chasser ces images que j'occulte sans arrêt.

"J'aime l'eau, c'est un élément pur, le plus pur même je pense et ce que toi et les tiens êtes capable d'en faire est tout simplement "magique" si je puis dire. Je suis sans cesse émerveillée par les capacité de certaines personnes, de certains peuples...."

Depuis que je vivais ici, j'en rencontrai du monde, j'en côtoyais des peuple et c'est vrai que tous était différent, pas un n'était semblable.

"J'aimerai connaitre cet endroit... Tu me feras découvrir?"

Je ne sais qui de nous deux était le plus fasciné par l‘autre. Ing était une terre inconnue à mes yeux.

-Tu n’as jamais vu le désert !

Alors qu’à mes yeux le désert était l’essentielle de mon existence. Ma terre natale, celle qui fait vibrer le cœur de tout ceux qui y sont nés. Le miens autant que les autres. Penser à Sierra me réchauffait le sang, ou bien la température du restaurant monta d’un cran sans prévenir. Mes joues rougissantes sous le coup de cette chaleur soudaine, je ne pris conscience de mon enthousiasme qu’après les mots échappés de mes lèvres :

-Je t’y emmènerais !

Cela me paru si évident de lui présenter cet autre monde où le sol est meuble et brûlant, le ciel infini et implacable, je n’aurais pu m’empêcher de lui faire cette promesse.

-Cela te donnera quelques couleurs !

Elle était pâle comme une statue antique. Belle et incroyablement inaccessible sinon à son propre sculpteur.

-Hélas, dans le désert, la cueillette n’est pas vraiment une activité répandue.

Et puis, jouant l’opportuniste :

-En échange tu me fera découvrir une vraie forêt.

Mes seules expériences de l’humidité des forêts, de leur l’ambiance sourde et fraiche s’étaient passées assit dans les transports ou devant un livre présentant les plantes médicinales les plus communes…

-Dis-moi, que pensent tes frères et ton père aujourd’hui ? Tu es devenue la directrice du plus important hôpital de tout l’Entre-Monde après tout !

Je vois bien que le désert et lui c'est plus qu'une grande histoire, c'est toute sa vie! En même temps quoi de plus normal, quand on grandit dans un endroit, celui-ci nous reste cher quoi qu'il arrive.
Je ne suis jamais retournée dans les ruines de mon ancien village pourtant... Mais je sais que la Forêt des alentours n'a aucun secret pour moi, même si aujourd'hui, les choses ont surement dû changés, quoi de plus normal en deux ans?
Je lui offre un sourire et hoche la tête, oui j'aimerai qu'il me fasse découvrir, j'aime apprendre à connaitre d'autres endroits, c'est si important. Parce que chaque terre est unique et apporte quelque chose. alors même si il n'y a pas de cueillettes, je pense bien qu'il doit y avoir d'autres attraits.

Reprenant mon pic, je le trempe de nouveau avec un morceau de pain et je me fige net à sa dernière question. Je sors le pic et le morceau de pain plein de fromage et je le pose dans mon assiette, sans y toucher.
La question est banale je le sais, mais ce que je ressens à l'entendre est très douloureux. Je m'efforce de ne rien laissé paraitre, je baisse juste la tête quelques secondes avant de la relever. Mes doigts effleurèrent la nappe et un soupir s'échappa malgré moi de mes lèvres:

"Il y a deux ans, quand je suis arrivée ici c'est suite à un évènement assez disons... Dramatique qu'il m'est arrivé. Je vivais donc dans ce petit village, non loin de Cerclon, j'étais allée faire ma cueillette habituelle quand il y a eut un bruit épouvantable... Un de ces bruits que je ne pourrai jamais oublier. Je suis repartie très vite et quand je suis arrivée... Il ne restait plus rien du village si ce n'est qu'un énorme trou béant, des cendres et des cadavres..."

Je finis par porter à mes lèvres le morceau de fromage, j'essaie vraiment de ne pas me laisser aller car il n'y peut rien, c'est ainsi. Mais je reviens à sa question principale...

"Mon père et mes frères ont disparu voilà plus de dix ans maintenant. Un jour, ils sont partis en ville, mon père s'occupait des Urgences au Sanctu, Jason et Jared eux se débrouillait, des deux seul Jared avait des capacités de guérison. Ils ne sont jamais revenus. Malgré les recherches, malgré toutes les démarches ont ne les a jamais retrouvés... Quand mon village a été détruit, je suis venu ici pour chercher à comprendre, à peut être les retrouver."

Et deux ans ce sont passés... J'ai pas eut beaucoup de temps, mais quelques pistes mais jamais rien de concret. Je pense alors à Gwendal, à Dinu-Mihai mais aussi à Eönwë et Wergeld qui ont sans doute connus mon père... A Ez qui a été le seul a entendre cette histoire... Je frisonne malgré moi.

"Excuse moi, je ne veux pas plomber l'ambiance... Je n'ai jamais parlé de ça depuis Ez..."

Je relève la tête, je souris, non je ne veux pas y penser, je ne veux pas gâcher ce moment.

"Mais je vis en pensant qu'ils sont peut être fiers de moi."

Je repic un morceau de pain je le plonge dans la sauce fromage et je plante mon regard dans le sien:

"J'espère bien que tu m'y emmènera! J'aime découvrir de nouveaux endroits!"

De la lumière. Mon diagnostic s’affinait : elle était en quête de lumière.
Mon cœur était écartelé. Je voulais la consoler. Et je voulais voir ses réactions, tout savoir de sa personne, la forme de ses larmes comme l’intensité de sa peine. C’était cruel. Sans aucune doute possible, c’était horrible de manquer tant de compassion. Mais c’était tellement satisfaisant de découvrir ses pans cachés de sa personnalité. Un mystère qui se délite progressivement.
J’y trouvais au fond de moi un plaisir malsain. Je le dissimulais derrière une gorgée d’eau, un bref hochement de tête. Car j’ai compris.

Maintenant, je savais qu’elle changeait facilement d’humeur. Elle changeait comme un tempête de sable. Brûlante une journée durant, paisible la journée qui suit.

J’ai délaissé mon assiette, pensif. L’observer sourire et manger par automatisme. Elle me fit l’effet d’un cheval dont on obstrue la vision par des œillères afin qu’il ne s’effraie pas lors de la marche.
Au moins réussissait-elle chaque jour à regarder devant elle.

Pour ne pas m’impliquer dans ce qui ne me regardait pas (encore), je reportais la conversation sur le désert. Le thème était plus sûr.

-Quand tu auras une demie-tonne de sable dans tes bottes, tu seras moins impatiente de parcourir les dunes. Mais les oasis, elles… C’est un autre monde ! Je ne pourrais le comparer à aucun autre endroit. Tu y verras le soleil dans un écrin parfait, si lumineux qu’il ferait perdre la vue à un aveugle. Le simple fait de croquer un fruit gorgé de jus au beau milieu de l’après midi te fera perdre la mesure du temps et des saveurs.

Un silence. Je le saisis au vol en souriant largement :

-Tu as besoin de vacances dans un autre univers.

Ce fut l'instant que choisi le serveur pour nous interrompre.
Je le soupçonnais d'avoir senti la tension grimper dans l'air. Ce comportement chevaleresque m'agaçait au plus haut point.

-Puis-je vous proposer la carte des desserts ?

Nous mangions si peu depuis quelques minutes... En réalité il s'était juste dit que nous avions fini !

D'un geste j'accepte pour la carte des desserts je n'ai plus trop faim de fromage là de toute façon. Je reprend une gorgée de vin et je lui souris. Besoin de vacances, c'est pas totalement faux, quand je pense aux quelques jours que j'ai passé il y a quelques semaines sur la côte, ça me parait tellement loin.

Du coup, j'embraye sur le sujet des vacances, des lieux que j'aimerai visiter, nous échangeons, nous rigolons pas mal aussi. je me sens bien, pas du tout sous une quelconque contrainte, juste tranquille. Il arrive à me faire rire, il arrive à me détendre et là, j'oublie tout ce qui est extérieur à cette soirée, à ce moment.
Je pense qu'Eö l'appréciera quand il le rencontrera car c'est forcé, si on continue sur notre lancée, il devra y passer.

La carte arrive, nous choisissons et on arrive même à tomber d'accord sur le même dessert, quelque chose de léger, de pas trop consistant, une petite salade de fruits de saison.
Nous continuons de déviser, les regards sont différents du début de la soirée, plus sincère, plus profond aussi, je me dévoile, chose que je n'avais pas fais depuis Dolhan et dans un sens, faire tomber sa carapace fait du bien, je me sens plus légère, plus tranquille aussi. Je savoure...

Deux thés plus tard et nos conversations qui continuaient, je vois la soirée se diriger vers la fin, mais je n'en ai pas envie...
J'hésite alors que je récupère ma veste et qu'il me la passe quand je me tourne vers lui, je lui saisis la main et m'approche , je penche la tête sur le côté et lui murmure à l'oreille:

"Un dernier verre chez moi, ça te dis?"

J'ai un petit mouvement de recul, je lui tend juste la main, comme pour l'inviter à me suivre et quand je sens ces doigts rencontrer les miens, je souris, pour une fois mon perçant va me servir... A rentrer plus vite à Northrives...

Nous quittons le restaurant, il me tient par le bras avec sa délicatesse que j'apprécie de plus en plus, nous continuons à parler jusqu'à ce que je sorte mon titre...
Au final... Je ne regrette même pas ma soirée non... Parce que depuis longtemps je me sens enfin moi-même...

Spoiler:

RP clos