Un travail pour la communauté...

Franchement, quelle idée j’ai eu de vouloir venir dans cette ville ? Elle est grande, un certain quartier pue le chacal, l’autre est tellement bruyant que c’est pas supportable… Qu’est-ce qui m’a faire rappliquer ici au fait ? Ah ouais, le boulot, et surtout l’argent du boulot… Un voyageur m’a affirmé qu’il y a un type qui pourrait me fabriquer une machine pour voler mais que cela coutait très très très cher. C’est bien ma veine, il va falloir bosser dur pour avoir mon joujou.

Sans cela, je serai bien rester à la campagne ou dans les montagnes au calme. Finissons-en au plus vite. Je pousse la porte de la bibliothèque. C’est étonnant de voir le monde qui semble vouloir du travail. Je tente de m’approcher du tableau où sont affichées les missions mais la troupe d’aventuriers en manque d’action me repousse en me lançant :
Va t-en gamin, ici, il n’y a pas de travail pour les enfants.

Ils se prennent pour qui ceux-là ? Et bien soit, vous voulez la guerre ? Et bien, vous allez l’avoir ! Je sors une petite pierre transparente. Un tout petit diamant, ce n’est pas grave de le perdre, j’en ai d’autres tout aussi petit et un plus gros. Je le lance en l’air juste devant le tableau. Lorsqu’il arrive au niveau des yeux des hommes, je m’exclame :
Activation, puissance maximale !

J’avoue, c’est une réaction puérile, indigne d’un dieu d’un peu moins de deux-cent ans… Mais qu’est-ce que c’est bon la vengeance. Le minuscule diamant se met d’un coup a irradié une lumière aveuglante, certes à peine quelques secondes mais cela est largement suffisant pour que tous ces aventuriers à deux balles s’écartent un peu du tableau.

Je m’approche du tableau. Au passage, je ramasse mon diamant complètement déchargé. Bon maintenant, occupons-nous de ce qui nous amène ici. Je scrute rapidement le tableau à la recherche d’un travail ni trop dur, ni trop facile. Il y a une limite quand même de facilité, sinon j’aurai honte en tant que dieu… Il me faut au moins en baver un peu… Celle-ci sera très bien.

Nom de la mission : Service des voiries

Nombre de personnes autorisées : 2
Description et contraintes : On a besoin de bras pour reconstruire plusieurs routes et autoroutes dans Tern, allez prêter main forte aux ouvriers !
Objets fournis : des gants et un casque de chantier
Gain total : 10 pims

Certes, la paye est pas grosse mais c’est un travail honnête qui servira au bien commun. Encore que… Si des malins s’amusent à tout casser… Je m’approche du comptoir qui occupe le fond du hall, ce doit être là pour que l’on valide le fait que j’ai pris cette mission. En attendant, je m’empare d’un bonbon qui semble être à la menthe qu’un aventurier à laisser tomber devant moi.

Un éclat de lumière me rappelle étrangement le flash d'un appareil photo... Je me précipite vers le garde corps de la mezzanine avec ma têtes des mauvais jours, avant que je n'ai eu l'occasion de vociférer aux paparazzis de déguerpir de ma tour ou sinon je lâche les chiens, je me rends compte que c'est parfaitement calme dans le hall.
Halloween et ses mystères, j'ai pris l'habitude des farces peu malignes que nombres personnages ennuyés et ennuyeux viennent étaler entre les rayonnages, mais habituellement ils attendent de voir ma tête quand la situation tourne mal avant de disparaître...

Ce matin, un jeune étudiant traversait le rayonnage réservé aux revues de zoologies quand un petit malin a libéré d'un Sarkina toute une colonie d'araignées. Les secours planchent toujours sur "comment le sortir de là"... Il faut dire que la toile est enduite d'une glue extra-forte, elle vous collerait un éléphant au plafond.

Arrivée dans le hall, je vois quelques personnes s'approcher du panneau d'affichage en se frottant les yeux et quelqu'un attendre au comptoir. Travailler ou enquêter ? Je préfère Sherlock à Watson...

-Pardon ? Tapotais-je l'épaule d'un baroudeur les yeux encore rouges. Vous allez bien ?

Ce flash c'était une bombe au poivre ? Du gaz lacrymogène ?

-Si je vais bien ?! Allez le demander à la gamine là bas !

Il dégage son épaule de sous ma paume et s'en retourne à la lecture des avis de quêtes. Quant à moi, j'ai un mystère à résoudre près du comptoir. Je ré-enfilais mon visage des mauvais jours et passais derrière le meuble sans un sourire.
Pas de bonjour. Pas de civilités. Halloween c'est bien le premier jour de la semaine. Le deuxième, on en a marre. Mon cher Carine n'en peut plus, le pauvre. Hier soir, pendant l'heure de pointe des retours de mission, un idiot a lâché des boules puantes. Ce matin, les portes de la bibliothèque avaient été tapissées de papier toilette. J'ai reçu plus de lettres de menaces de morts et de mots d'amour ces dix dernières minutes que durant toute mon existence. Et il y a ces autres, là, qui collent des bonbons sur les chaises et sous les tables. Et parfois même dans les livres... Ce midi on a déclenché l'alarme incendie, quand tout le monde a pu retrouver ses quartiers dans les salles d'étude, il y a eu une invasion de criquets. Et je ne parle pas des toilettes bouchées et du monstres de vase logé dans ma corbeille à papier.

-Qui dois-je tuer pour retrouver le calme dans ma bibliothèque ?

Pour la toute première fois, Carine et moi sommes d'accords : nous tuerons le prochain qui nous mets les nerfs en pelote.

On a pas idée d’être aussi bête. Ils devraient savoir depuis le temps que sur Entre-Monde, il n’est pas nécessaire d’être une grosse brute pour être un minimum dangereux. Mais non, les préjugés ont la peau dure. Une femme rapplique vite dans le hall surement pour voir ce qui se passe.
Elle interroge l’une de mes victimes qui l’envoie balader sans beaucoup de politesse. On a pas idée d’être aussi peu galant avec une dame qui s’enquière de son état. Ils ont tout à apprendre ces brutes…
La femme s’exclame d’un coup :
Qui dois-je tuer pour retrouver le calme dans ma bibliothèque ?

Je crois que la elle parle de moi. Enfin peut-être… Ce doit être la bibliothécaire. Un vieux nomade m’a affirmé il y a déjà quelques années qu’il ne valait mieux pas l’énervé sous peine de grave complications. D’accord, je l’avoue… J’en ai fait un peu trop. Il vaut peut-être mieux s’excuser ? Et je ferai d’une pierre deux coups au moins. Je m’avance d’un pas vers elle et lui annonce :
Il s’agit sûrement de moi pour ce grabuge. Je m’en excuse imblement, il s’est avéré nécessaire de remettre en place ces personnes mais j’ai agit sans réfléchir aux conséquences.

Bon, au moins je me serai excuser mais est-ce qu’elle va me pardonner ? J’ai quand même handicaper pour quelques heures une bonne poignée d’aventuriers…
Je n’était pas venu dans le but de causer autant de problèmes, je ne suis venu que pour prendre un travail.

Je suis un dieu mort… Est-ce qu’un dieu peut mourir au moins ? Une question que je devrais poser à un autre dieu si j’en croise un. Dernière tentative pour me faire pardonner, je lui tend un bonbon au réglisse que j'ai "emprunté" à un aventurier pas très adroit...

Il y avait beaucoup d'agitation dans la bibliothèque, ce jour-là. L'espace d'un instant, Voiz se demanda si Halloween n'était pas tombé plus tôt que prévu, cela aurait pu expliquer les cris.

Mais une fois que le panneau d'affichage entra dans son champ de vision, l'esprit s'aperçut que le chaos venait de trois guerriers, de la bibliothécaire et...Voiz hésita un instant. Un enfant jaune vif?

L'esprit fut aussitôt intrigué. Elle avait vu beaucoup de choses dans l'Entre-Monde, mais jamais une chevelure qui évoque davantage un esquimaux au citron qu'une tignasse blonde. Et apparemment, la petite créature était en train de s'excuser pour avoir "remis en place" les trois humains à la carrure imposante. Ils étaient tous trois occupés à se frotter vigoureusement les yeux comme s'ils avaient pleuré.

Pourquoi, songea Voiz avec amertume, fallait-il qu'elle soit si lente? Si elle était arrivée un petit quart-d'heure plus tôt à la bibliothèque, elle aurait pu assister à un spectacle mémorable. Le petit être devait posséder des pouvoirs intéressants.

Chassant ses regrets, le golem marcha de son pas lourd jusqu'au petit groupe pour pouvoir lire à son tour le panneau d'affichage. Les trois mercenaires cessèrent aussitôt de fusiller le petit être du regard et se tournèrent d'un bloc vers le grand tas de cailloux qui semblait se déplacer tout seul. Mais pour une fois, Voiz ne remarqua pas le changement radical de leur physionomie, tout occupée qu'elle était à chercher une mission manquante.

La veille, elle avait remarqué une mission ayant trait au service des voiries, et s'était dit qu'après ses deux tumultueux voyages dans les montagnes, elle commençait à regretter le plaisir simple mais réel que lui procuraient les missions de réparation. Malheureusement, ayant négligé son sommeil ces derniers temps, Voiz avait trouvé le moyen de s'endormir en pleine lecture de l'avis, et s'était réveillée à l'extérieur des locaux, bouclés pour la nuit. Elle s'était longuement demandée comment les employés avaient réussi à évacuer ses trois cent kilos de force.

Quelqu'un avait-il pris l'ordre de mission avant son retour? La mission ne demandait pas plus de deux personnes, il était possible qu'elle ne soit plus disponible...

- Excusez-moi de vous interrompre, dit Voiz en se tournant vers la bibliothécaire et l'être flamboyant. Mais ce travail dont vous parlez, s'agirait-il par hasard du service des voiries? Si tel est le cas et que vous recherchez un partenaire, cette mission m'intéresse également.

Spoiler:

-Toute l'humilité du monde ne te sauvera pas...

Enfin, ce n'est qu'une enfant. Soupirant les yeux clos, me voilà derrière mon comptoir à lui tendre la fiche d'inscription. J'avançais le panier de bonbons pour qu'elle puisse se servir tout en annonçant mon laïus habituel :

-Nom, prénom et nom de la miss...

Un être tout de pierre vêtu... Que j'avais déjà vu de surcroît se proposait pour la même mission. Un large sourire fendit mon visage et je donnais à l'enfant une seconde fiche (il faut bien que quelqu'un aide l'esprit à s'inscrire !).

-Les chantiers attendent autant de personnes que possible, vous pouvez vous inscrire aussi. Ce sera une prime par personne.

Je disparaissais dans le vestibule derrière le comptoir et revenait avec deux casques et deux paires de gants de chantier.

-Votre premier chantier est au nord de Tern, sur l'autoroute principale, vous le trouverez facilement il fait dos à la tour de la BCP. Les chefs de chantier peuvent vous envoyer d'un site à l'autre alors soyez attentifs. Gardez vos casques et vos gants tant que vous serez dans l'aire de travaux.

Franchement, la bibliothécaire est vraiment très gentille. Juste une petite réprimande pour ce que j’ai fait… C’est trop beau pour être vrai. Je ne vais pas m’en plaindre en tout cas. Mais, il vaudrait mieux que je ne recommence pas…

Elle se dirige derrière le comptoir et me tend une feuille de papier en disant :
Nom, prénom et nom de la miss...

Outrage !!!! *Tronche des mauvais jours* Depuis quand on me confond avec une fille ! J’ai pourtant pas l’air d’une fille… C’est surement une vengeance. Quelle vile vengeance… Je griffonne mon nom et mon prénom sur le bout de papier avant de lui tendre en m’exclamant :
Je ne suis pas une fille, mademoiselle…

J’ai une poisse d’enfer… d’abord ces balourds du tableau et maintenant ça ! C’est quoi la prochaine blague pourrie ? Un gros tas de cailloux nous aborde d’un coup en demandant si ma mission est celle des voiries… Ce gros tas de cailloux me plait bien, on dirait un chocolat géant à moitié fondu. Un acolyte pour cette mission ne peut pas faire de mal, et au moins si je me perd, je ne serai pas le seul à me perdre…
Bien sur que tu peux venir, on s’éclatera plus à deux que tout seul !

Eva me tend d’un coup un nouveau papier. Bah bien sur, c’est à moi d’aider mon camarade à s’inscrire… La voilà ma punition. Ne pas se plaindre, il y a pire comme punition…
Euh, tu t’appelles comment ? Moi c’est Lin.

Une fois le bout de papier rendu à notre chère bibliothécaire, elle nous quitte quelques instant pour nous rapporter des gants et des casques. Moi, c’est sur, j’en aurai besoin mais mon compère, je n’en suis pas sur avec sa tête en roc. Bon d’accord, fini les blagues pourris… Eva nous indique le lieu de rendez-vous pour le début de la mission. Tern, c’est où ça ? La BCP ?? c’est quoi ce truc ? On va faire confiance à Voiz, elle doit bien savoir ça… Evitons de passer pour un abruti fini…

Spoiler:

Spoiler:

Voiz n'était toujours pas certaine de l'espèce du petit être, mais il possédait une quantité impressionnante d'énergie. Elle s'était d'abord inquiétée à l'idée du taux d'effort qu'il faudrait à quelqu'un d'aussi frêle pour oeuvrer dans un chantier, mais après tout, s'il avait postulé, peut-être avait-il des pouvoirs cachés.

En tous cas, ce n'était pas tous les jours que quelqu'un l'accueillait comme partenaire avec un tel enthousiasme, et l'esprit parvint à former un sourire sur son masque avec une facilité inhabituelle.

- Je m'appelle Voiz, répondit-elle. Lin griffonna aussitôt le nom sur le formulaire, et Voiz y ajouta la croix qui lui tenait lieu de signature. Energique, et obligeant. Ce petit lui plaisait bien. Enchantée de faire ta connaissance, Lin.

L'esprit de la terre fut tout aussi heureuse d'apprendre qu'il leur faudrait se rendre à la ville moderne, et qui plus est aux alentours de la Banque Centrale, l'un des lieux les plus fréquentés de l'Entre-Monde. En plus de ce travail, elle aurait l'occasion d'apercevoir de nombreuses créatures.

Voiz accepta le casque et les gants, et les coinça bien en vue entre les plaques de son torse, en ornements improvisés. Par le passé, elle avait poliment refusé ces accoutrements en arguant qu'elle n'en avait pas l'usage, mais ils étaient apparemment indispensables, ne serait-ce que pour distinguer les ouvriers des civils. L'esprit s'en accommodait comme elle pouvait.

C'est alors que Voiz remarqua l'expression singulière de son jeune coéquipier, qui fixait l'ordre de mission, pris entre l'incertitude et un début de panique qu'il réprimait de son mieux. Le premier réflexe de l'esprit fut d'imiter cet air tendu, mais sans les traits juvéniles et la chevelure flamboyante de Lin, elle se rendit vite compte que le résultat ne pouvait être concluant.

- Tu n'es jamais allé à Tern, Lin? demanda-t-elle en remettant son sourire en place. Je peux t'y conduire. C'est une grande ville, et il y a souvent foule, mais si je te sers de guide, tu ne risques pas de te perdre.

Voiz disait cela en toute modestie. Avec sa lenteur et sa corpulence, ses coéquipiers ne la perdaient jamais de vue; excepté les quelques fois où ils l'avaient laissée en arrière à force d'impatience, bien sûr.

- As-tu besoin d'autre chose, ou nous mettons-nous en route?

Spoiler:

-Tout est en ordre !

Fis-je en vérifiant la fiche d'inscription. Cette formalité accomplie, ils ne devraient plus avoir besoin de moi de si tôt.

-Si vous me cherchez je serais au quatrième étage à essayer de libérer la section zoologie d'une colonie d'araignées.

Ramassant quelques papiers, je les saluais d'un discret sourire.

-Revenez me voir quand on aura plus besoin de vous sur le chantier. Bonne route !

Drôle de jeu de mots... Haussement d'épaules et visage rêveur, je n'attendais que la fin de Halloween pour enfin prendre quelques congés. Si cette fête ne me tue pas avant.
Ne pas oublier : encore un otage dans la toile. Il serait temps d'envisager une nouvelle méthode d'extraction, et tant pis pour les araignées.

Sur ces bonnes pensées, je me faufilais dans l'ascenseur.

[hrp : vous pouvez déambuler dans la bibliothèque à volonté, si besoin de renseignements mp, bon jeu ! ]