Doucement et sans bruit [reservé]

Je m'arrêtais de chanter dès que Wu me certifia qu'il allait nous ouvrir le mur. Hé bein voilà ! Il suffisait de demander ! Bon, d'accord ma façon de demander les choses poliment était quelque peu étrange, mais le résultat y était on allait pouvoir sortir ! Je poussais un petit cri en me prenant un coup sur le crane.

- Hey ! J'ai arrêté de chanter ! C'était pas une raison pour me taper dessus !

Encore que j'avais eu de la chance, c'était le fantôme et pas Wergeld, sinon y a de fortes chance que je me sois retrouvée avec un traumatisme crânien... Surtout quand on voit l'état dans lequel est le mur. Je pousse un soupir en voyant le fantôme se carapater par l'ouverture comme un voleur pas dans le bon sens. Je vais pour le suivre et je capte enfin la différence de dénivelé entre ma petite personne et le sol et je saisie enfin le sens de ses paroles, mais il avait quand même fallu que je manque de le suivre, une main agrippée à Aya et quelques cailloux dégringolant au sol, quelques étages plus bas...

- Y a un avantage, il a eu la gentillesse de nous prévenir avant qu'on fasse pareil...

Je sors les graines de ma poches et tente de les faire germer avant de me rendre compte que la barrière de la cellule est en fait une barrière sur la caserne... Je me sens arnaquée sur ce coup là... Comment je fais pour redécorer l'endroit moi ? Il me restera plus qu'à attendre que cette fichue caserne passe au dessus de Northrives... Ou sous Souen ! Mais j'aurais ma vengeance !!! Il est hors de question que je me laisse ridiculiser sans rien faire ! Parole de Caliope !

Bon, c'était pas tout ça, mais il fallait peut-être se décider à descendre... Je respire un bon coup, me concentre et change de forme pour passer en forme hybride sous laquelle j'ai des griffes et donc plus de possibilité de prises que sous forme humaine. C'est donc sous forme humaine avec une queue, des oreilles rousses et des dents pointues que je me laissais glisser le long de l'ouverture tentant de descendre comme je pus le long du mur sans finir par aller rejoindre mon compagnon d'infortune quelques étages plus bas... Je fis une petite pose à l'étage du dessus, accrochées aux barreaux et me demandant si j'avais des chances de me tuer si je changeais complètement de forme et que je sautais du haut des deux étages restant... Mais vu la hauteur, j'allais peut-être descendre encore d'un étage... Et me voilà repartie !

Les débris de murs ont fait un vol plané jusqu'au sol... Et si le Prétorien nous accuse de tout casser dans sa caserne je l'enverrai sur Souen pour se faire dédommager. Il est temps que Caliope prenne ses responsabilités, c'est tout le temps moi qui paye pour ses idées.
En parlant d'idée... Elle est agile et descend les trois étages avec une facilité remarquablement agaçante. Je n'ai pas le temps de dire "ouf" qu'Ayame la suit pour rejoindre le fantôme et la gamine au sol... Et puisqu'il a du sang d'elfe, pour lui trois étages c'est trop fastoche, il saute, glisse, freine et se rattrape aux côtés du maitre et de Palim. Je soupire, plus qu'agacé, je suis exaspéré. Il n'y a donc que moi qui suis incapable de bondir comme un renard ou de me la jouer super agile dans un moment pareil ?
J'ai failli oublier : moi, je suis humain.

Le boucan a interpellé quelques sanctuaris prêts à venir nous rattraper avant qu'on se soit tous enfuis. Deux choix se posent à moi, faire diversion et les laisser s'enfuir -Aya aura toujours le loisir de revenir me chercher demain avec mon écusson et une bourse remplie- ou sauter dans le vide et bousiller la façade du mur histoire de freiner un peu la chute... Je préfère m'enfuir. Rien qu'à imaginer le traitement spécial qu'on me réserverait si je restais je préférais de loin rejoindre les super héros d'en bas.

Rien qu'à regarder vers le sol avec dans l'idée que je dois sauter j'en aurais presque le vertige. Mais, je faillirai à ma réputation si je ne le faisais pas ! Dans mon dos la porte de la cellule s'ouvre et laisse entrer deux types qui s'élancent pour m'attraper avant que je ne saute.
Quand faut y aller...

Je retiens mon souffle comme pour un plongeon en mer et je saute. Pour ralentir ma course, je frappe du coude dans le mur qui défile, le choc me repousse dans un autre vol plané et fait un joli trou dans la peinture. Finalement j'atterris dans un buisson des marques sur tout le corps mais un seul os de cassés - ma fierté un peu malmenée. Les Sanctuaris sonnent l'alerte, prisonnier en fuite... Sauf que c'est bien joli d'être sortis, maintenant il fallait courir.

Je n'avais pas une seule arme, Ayame non plus, Palim avait des membres cassés et... Il nous restait la carte de la gamine psychopathe. J'admets que cette arme là est dévastatrice, je peux compter dessus quelques temps.

-Sauve qui peut !

Je partis à grandes enjambées suivi de près par Aya qui se marrait toujours autant. La sortie avait l'air de lui plaire...

Palim s'assit tant bien que mal, avec un énorme mal de tête qui lui donnait le tournis. Il aurait sans doute dû ne pas se jeter en bas sans savoir la hauteur du bâtiment. En rétrospection, c’était même une très mauvaise idée. Surtout pour s’échapper d’une prison. Il s’était plus que certainement casser quelque chose. Si au moins ça n’était pas ses jambes! Il se tâta plein d’espérance le corps pour se rendre compte que ses deux jambes étaient bel et bien brisées. Fuir des gardes armés est une chose difficile en temps normal, alors fuir des gardes armés sans être capable de se lever! Palim décida donc qu’il vaudrait mieux pour lui de se cacher et de tenter de s'échapper plus tard. Accessoirement il faudrait aussi trouver un médecin.

Un grand bruit fit tourner la tête à l’esprit, un brin apeuré de croiser un gardien. Heureusement, il ne s’agissait que de Cheveux Bruns atterrissant dans un buisson. Sans vraiment se fâcher du fait qu’un simple humain s’en soit si bien tiré, Palim se faufila, ou plutôt rampa jusqu’au buisson. Il pourrait s’y cacher un moment, le temps que les gardes prennent en chasse les deux autres. En plus, il devait retourner dans la caserne cherchait son lampion.

Il n’eut pas vraiment le loisir d’attendre que les gardes passe, car à peine était-il caché dans les buissons qu’il se mit à traverser le mur. Bah, en même temps ça valait mieux que de passer par l’entrée, il aurait probablement rencontré d’autres gardes par là. Se laissant tomber en arrière et au travers du mur, Palim décida tout de même d’être gentil avec les deux autres. S’il se faisait reprendre, ils viendraient peut-être l’aider, qui sais? Et donc, avant de disparaître complètement, l’esprit fit jaillir une grand lumière à côté des gardes, histoire de les éblouir un peu. Bientôt, il était à nouveau dans la caserne.

[hrp: pardon pour le retard... j'avais zapé...]

Je laissais mes vêtements derrière moi, tant pis, je viendrais les chercher plus tard quand je reviendrais hurler sur l'incompétence des sanctuaris, avec mon écusson en main. Ça allait saigner, parole de Caliope. Mon égo venait d'être réduit à encore plus bas que ma taille et il était hors de question que je reste sans rien faire. Je me demandais une seconde comment allaient les deux autres. J'esquissais un sourire en voyant Wu se vautrer dans un buisson. C'était toujours aussi drôle les virées avec lui.
Je me dirigeais vers Aya qui se gondolait comme un phoque quand Wu nous lança son sauve qui peut. Je cherchais Palim du regard quand une lumière ralentis les gardes derrière nous, aussi j'en profitais pour décamper de toute la vitesse que me permettait mes courtes pattes.

- On dégage ! Dépêche !

Je courus pour rattraper les deux autres. Et profitant de ma petite taille qui passait inaperçu, je mordais un des gardes qui arrivait droit sur nous au mollet avec un vicieux coup de dents. Et je me faufilais entre les jambes d'un autre.

- Wu ! Essaie de pas taper trop fort ! C'est fragile ces petites bêtes !

J'avais dit ça en me marrant et je mordais la main d'un autre qui tentait de m'attraper par le cou. En continuant d'esquiver, je me retournais pour chercher tout le monde du regard et je constatais qu'on était que trois sur quatre.

- Hey les garçons ! Il en manque un ! Il est passé où le lampion ambulant ?

Et le garde que je venais de mordre en profita pour m'attraper par la peau du cou et je me retrouvais dans les airs, les quatre fers battant l'air furieusement en poussant des grognement qui pouvaient faire penser à des aboiements.

Je commençais à fatiguer, mon épaule me faisait souffrir et Caliope avait eu le temps de se faire chopper par plus gros qu'elle. C'est une très bonne soirée.
Il faut toujours positiver. Et, en effet, jetant un regard autour de nous, je remarquais avec un certain retard qu'on avait perdu en route notre compagnon d'infortune. Deux bras tentèrent de bloquer les miens, mon agresseur ne fut pas déçu du voyage, il plana sur deux mètres avant d'aller embrasser la poussière.

-On a pas le temps d'aller voir...

Mon coude percuta au ventre celui qui avait capturé la maitre-renarde et fut bien forcé de la laisser tomber dans les bras d'Ayame s'il ne voulait pas cracher son dîner sur ses chaussettes.

-... Où il est passé ! On file chez Aya, nos écussons sont là bas !

Ayame avait déjà pris la poudre d'escampette et me devançait de plusieurs mètres. Il s'était jamais autant marré à se faire poursuivre par les forces de l'ordre. Pour une fois qu'il avait le mauvais rôle dans ce mauvais feuilleton, il se bidonnait. Assez pour que je me questionne sur ce qu'on avait bien pu lui faire boire pendant son interrogatoire.

Le plan ? S'il y en avait un, alors le plan était de prendre les écussons et de revenir voir ce que devient notre compagnon de cellule. Je n'oubliais pas qu'il avait sortit de leur lit un petit groupe de mômes de Northrives, mais franchement ... C'était le problème de Caliope, pas le miens. Mon objectif était de voir si après on pouvait quelque chose pour lui. Et... En ce moment, on évite de tuer les premiers idiots qui se mettent au travers de mon chemin. Je doute qu'on apprécie que je réduise les effectifs de la caserne pour si peu de choses.

Et le bon côté était, qu'Ayame ne vivait pas si loin que ça ! Lys nous vit débouler dans la maison en sueur, avec des bleus et des égratignures partout sans avoir droit à la moindre explication à son réveille indécent au beau milieu de la nuit. Ayame pris nos écussons quand je m'armais de mon épée, le prochain qui me tape sur le système goûtera au plat de la lame en pleine face. Promis, je ferais attention d'en tuer aucun...
Et nous voilà repartis en sens inverse en quête de la caserne... Quelle nuit de m...