[concours] Le Master Chef d'Entre-Monde

Concours de Cuisine
Organisé par les Fumeroles

[concours] Le Master Chef d'Entre-Monde Master12

Cher(e)s compatriotes Entre mondien !

Vous en rêviez? Et bien le quartier des Fumeroles l'a fait !

A vous tous, As des fourneaux, cuisiniers en herbe, ou simples expérimentateurs. Vous aimez la nourriture ? Vous aimez la travailler ? Vous rêvez de devenir Chef mais sans jamais vous l'avouer ?

Alors ce concours est pour vous !

Le quartier des Fumeroles est fier de vous présenter le premier concours culinaire d'Entre-Monde qui aura pour but de désigner votre "Master-Chef" !

Le Gagnant remportera avec son titre la modique somme de 50 pims.
2ème : 25 pims
3ème : 15 pims
4ème : 5 pims
Chaque participant au concours recevra 5 pims.

L'ingéniosité et le talent sont de mise très cher(e)s ami(e)s!

Le concours

Vous pouvez participer à deux ou en solo.
Le menu du gagnant sera présenté à l'Auberge de Magna !
Nous laissons libre court à l'imagination et aux produits utilisés du moment que ce soit comestible et imaginatif. Les ingrédients inventés et les plats spéciaux dignes de notre univers fantastique sont autorisés.

Votre jury sera composé de hautes personnalités, en effet, ce seront les maîtres qui jugeront de vos exploits et noteront vos mets.

Le concours se déroule en trois étapes :

Première étape

Tous les participants devront proposer une entrée.
Le jury désignera 4 participants qui pourront continuer le concours.

Seconde étape.

Les quatre participants sélectionnés devront présenter un dessert fantaisie au jury.
Deux d'entre eux seront qualifiés pour la finale.

Finale

Les deux participants devront présenter un menu complet comprenant :

A vos ustensiles apprentis cuistots et montrez nous de quoi vous êtes capables!

Inscription ouverte dès maintenant, manifestez vous ici pour participer!^^

Dans la mesure où mon personnage principal est un renard, il n'est pas vraiment évident pour elle de participer à un concours de cuisine, ai-je le droit alors de faire participer mon PNJ Mouna? Si oui, je l'inscirs, si non, Cixi peut tester les plats? Razz

(joke)

Oui tu peux Inscrite avec ton PNJ

Je m'inscris aussi, ne serait-ce que pour dévorer les ingrédients. Pi s'il reste quelque chose, éventuellement je ferai un plat avec...

Je m'inscris !
Pour le fun de mélanger un tas de truc indigestes !

Bonsoir à vous trois ami(e)s participants!

Et bien au vu du petit comité pour ce concours, les règles ont quelques peut été changés, et oui, il faut savoir s'adapter non?

Mouna, Kallistrat et Kaïl, vous participerez donc pour décrocher le titre de Master-Chef de l'Entre-Monde!^^

Vous avez dors et déjà deux semaines, pour confectionner le repas complet qui comportera:

Un apéritif
Une entrée
Un plat d'entre deux
Un plat de résistance
Un dessert.

Vous serez jugés par nos impitoyables juges qui sont:

* Wergeld
* Neythen N.
* Ez
* Hide
* Eönwë
* Gwendal

Vous avez donc deux semaines pour nous présentez ce menu et sa confection par RP, posté ici, dans ce topic.
Vous avez libre court niveau imagination, ingrédients et décoration de vos plats, vous serez noté sur l'originalité de votre menu!^^

Bon courage à vous et que le meilleur gagne! Épatez nous!

Spoiler:

Chapitre I : à la recherche des ingrédients

Quelque part dans la forêt à l’Est d’Entre-Monde, trois silhouettes se dessinent dans l’obscurité des broussailles… deux se faufilaient à quatre pattes pendant que la dernière avançait prudemment sur ses deux jambes.

Cixi et Liliana avaient la truffe à terre, cherchant une piste visiblement très précise pendant que Mouna se tenait courbée, un large sac vide sur l’épaule et un couteau ressemblant d’avantage à un petit sabre dans la main, elle se mit alors à murmurer

[concours] Le Master Chef d'Entre-Monde Minimouna

« Alors ? Vous en trouvez un ? »

La louve rousse releva alors le nez pour la regarder droit dans les yeux

Oui, je pense qu’il y en a par ici…

Un bruit de fourrés se fit entendre, et enfin la proie recherchée apparut. Un magnifique sanglier sortit des buissons et présenta ses défenses au groupe. Cixi et Liliana se mirent alors face à lui, tous crocs dehors et foncèrent griffes en avant. Cela ne dura pas longtemps, entre les cris, les aboiements et les grognements mélangés au raclement des feuilles sur le sol, la bête était désormais allongée sur le flanc, la langue pendante, agonisant. La louve rousse croqua alors sa jugulaire et le silence régna ainsi en maître. La fée verte s’approcha rapidement, son grand couteau empoigné fermement, puis, dans un dernier regard, elle commença à découper le gibier. Elle n’avait besoin que de deux cuisseaux, mais elle avait pris soin de découper les parties intimes qui pouvaient empoisonner sa chair, afin que Cixi et Liliana savourent un butin bien mérité… S’éloignant pour les laisser manger, elle emballa soigneusement la viande dans deux torchons propres légèrement humides avant de les ranger dans son sac… le plus dur était désormais accompli. Le concours était dans trois jours, elle avait déjà parcouru la forêt en long en large et en travers pour récupérer les herbes et les aromates dont elle aurait besoin, puis elle allait devoir se rendre au grand marché d’Entre-Monde afin de trouver les fruits et autres produits frais dont elle aurait besoin pour la suite, pour cela, elle devrait s’y rendre dans deux jours, la veille du concours afin d’être sure de la qualité de ses produits. Elle se tourna vers ses deux compagnes

« Merci les filles… je ne sais pas ce que j’aurais fait sans vous !»

La louve et la renarde hochèrent la tête en même temps, puis Cixi s’avança pour que Mouna puisse monter sur son dos. Il était temps de rentrer maintenant…

Chapitre II : la préparation

Elle y était… les Fumerolles. Cixi marchant à ses côtés pour porter tout son matériel et ses ingrédients, la petite fée verte avait l’estomac noué et tenait à la main toutes ses petites recettes. La louve renarde avait du manger trois lapins avant de venir pour ne pas être tentée par l’alléchante odeur qui sortait des sacs qu’elle portait sur le dos, mais on sentait malgré tout qu’elle était nerveuse et excitée par de telles effluves : saucisson de jambon, foie gras de canard, fromage, sans oublier les fameux cuisseaux ! Rien que pour ça, elle avait la bave aux lèvres, mais elle savait l’importance de ce concours pour Mouna et avait bien l’intention de tenir le coup. Vu le temps de préparation, la fée était venue le matin aux Fumerolles, elle avait tout de même fait mariner le sanglier pendant 24h, d’ici ce soir, il serait parfait… elle se souvenait encore de la préparation de la marinade, elle avait été obligée de faire sortir Cixi car l’odeur la rendait folle…

Elle avait fait revenir des oignons, des échalotes et des carottes émincés dans de l’huile d’olive, puis elle avait mouillé le tout au vin rouge et au vinaigre de vin avant d’ajouter le bouquet garni et un peu d’ail, avec une touche de sucre pour enlever l’acidité. Sel, poivre et elle avait laissé réduire. Elle avait mis les deux cuisseaux dans des grands pots de terre avant de les recouvrir entièrement de la marinade et de les fermer hermétiquement, puis de les laisser au frais… pour se faire, elle avait passé la veille près des régions froides au Nord, Cixi avait été ravie car les lapins blancs là bas sont particulièrement tendres.

Maintenant, la louve renarde portait de chaque côté, le long de ses flancs de larges sacs, chacun contenant un pot de terre avec un cuisseau mariné dedans et de la neige qui lui humidifiait le poil. Les autres sacs contenaient le reste de ce dont elle avait besoin.

Elles arrivèrent enfin sur le lieu du concours où la fée pourrait terminer de préparer le repas prévu. Elle tenait à la main ses notes contenant le menu du soir :

« La valse de l’Arc-en Ciel »

Apéritif :
Farandole de petits fours

Entrée :
Boléro de Mangue

Entre-deux :
Salsa Capuccino

Plat de résistance:
Mambo de Sanglier

Dessert :
Polka glacée

La jeune fée semblait satisfaite de son choix, Liliana l’avait un peu aidée pour les noms, mais elle avait exigé que chaque plat représente une danse, cela aussi bien par rapport au goût de chaque plat que par sa présentation.

Elle déchargea Cixi de son fardeau puis se mit à genoux pour la regarder dans les yeux

« Tu dois me laisser maintenant, mon amie…. Je dois désormais me débrouiller toute seule !»

Cixi hocha la tête et elle cala sa tête contre son épaule dans un dernier câlin pour l’encourager. Mouna se trouvait dans une pièce toute seule avec tout l’équipement nécessaire à la préparation de son plat. Elle commença par préparer les plats qui devraient se manger frais, elle les mettrait au frigo et les sortirait juste avant de les servir. Elle enfila son petit tablier rose (qui jurait horriblement avec ses cheveux verts attachés en un chignon) puis alla se laver les mains.

« C’est parti ! »

Elle commença donc par préparer le dessert, la « Polka glacée » était constituée de plusieurs petits desserts glacés à plusieurs couches. Elle sortit donc la farine, le chocolat, les fruits rouges, les fruits exotiques, deux pots de confiture et le reste des ingrédients. Elle sourit en voyant qu’il y avait vraiment tout le matériel nécessaire, elle allait avoir besoin de beaucoup de bols et de saladiers ! Elle commença donc par la pâte de base qui serait commune à chaque petit gâteau, puis elle prépara les différentes crèmes : une au chocolat noir, une au chocolat blanc, une aux fruits rouges (pour se faire, elle avait mixé des fraises, des framboises et des groseilles), une autre encore à la pêche et à l’abricot, et le reste était à la vanille.

Une fois l’ensemble prêt, elle mit le tout en forme dans 6 assiettes, une pour chaque membre du jury. Chaque gâteau était fait plus ou moins de la même manière : deux couches de crèmes « aromatisées » et au milieu, une couche de crème nature à la vanille. Elle avait mis de longues minutes à fouetter la crème pour qu’elle soit la plus légère possible, l’assiette était donc composée d’un petit gâteau carré au chocolat noir, un autre de forme arrondie aux fruits rouges, le troisième était un peu raté sur la forme, mais ça ne se voyait pas trop, il était ovale de couleur orange à cause de la crème pêche abricot, puis venait le triangle bleu à cause du glaçage à la confiture de myrtilles et le losange violet avec le glaçage à la confiture de figues. Elle mit les 6 assiettes au frais, elle était assez fière d’elle pour ne pas s’être trop loupée sur les formes des gâteaux, elle avait mis du sucre glace un peu partout pour représenter un peu les flocons qui représenteraient mieux le côté « glacé » de la polka.

Elle nettoya chaque saladier et chaque bol, histoire de ne pas se laisser encombrer par tout son matériel et rangea tous les ingrédients dont elle n’aurait plus besoin. Elle devrait s’occuper de l’entrée en dernier, pendant que les cuisseaux seraient au four, car la mangue, c’est fragile et une fois dans l’assiette, il valait mieux la manger rapidement. Elle allait donc s’attaquer à l’apéritif. La farandole de petits fours, ce n’était pas très compliqué à faire, peut être un peu pénible, c’est tout ! Elle avait préparé à l’avance de la pâte feuilletée, elle usa d’huile de coude pour l’étaler afin qu’elle soit assez fine, puis elle découpa de petits carrés dans un premier temps. Elle y disposa ensuite un petit morceau de foie gras au creux de chaque avant de les refermer en repliant les pointes entre elles. Elle rajouta une touche de confiture de figues, la même que celle utilisée pour le dessert, puis les disposa sur une plaque avec du papier sulfurisé. Elle sortit ensuite de la saucisse, elle ne retenait jamais le nom de cette saucisse car elle la montrait systématiquement au vendeur sans demander son nom, mais elle était de couleur orange et se cuisait facilement... Cixi appelait ça des « knakis », mais elle savait que ce n’était pas leur vrai nom. Elle découpa donc les saucisses en petits morceaux et les enroula ensuite de pâte avant de les déposer également sur la plaque. Il ne lui restait plus beaucoup de pâte, juste assez pour faire les petites tartelettes de fromage. Elle fit fondre dans une casserole du roquefort et du fromage de chèvre, ajouta de la crème fraiche et de la farine pour épaissir le tout, une fois l’ensemble réduit, elle déposa de la crème de fromage au milieu de petits ronds de pâte pour faire les tartelettes et les déposer sur la plaque avant de mettre le tout au four. Elle découpa ensuite du saucisson dans de petites tranches, fit de jolies décorations avec des tomates cerises, des radis et des carottes et prépara les premières assiettes en attendant que le reste cuise. Elle les disposait tout autour en colimaçon, revenant doucement vers le centre, comme une farandole ! Il y avait des vides qui seraient comblés par les petits fours qui chauffaient.

Elle laissa le tout de côté, dans un placard frais prévu à cet effet et s’attaqua à l’entre-deux. La salsa cappuccino était composée de vérines de patate douce aux carottes et au bacon. Elle prépara dans un premier temps le velouté de patates douces et de carottes, faisant revenir lentement avant de les mixer avec du sel et du poivre. Elle monta de la crème fraiche en crème fouettée, elle commençait un peu à transpirer sous l’effort puis se rendit compte qu’il fallait sortir les petits fours

« Flute flute flute ! Faites que ce soit bon! ! »

Elle les sortit rapidement.. ouf, ils étaient juste dorés ! Elle les laissa reposer un peu et retourna vers sa crème fouettée pour continuer à la battre. Une fois terminé, elle souffla un peu, elle commençait déjà à fatiguer

« Courage ma grande… heureusement que tu ne dois pas faire ça tous les jours ! »

Elle alla prendre de l’eau pour se désaltérer un peu, puis elle retourna à ses verrines. Elle fit revenir le bacon pour qu’il soit bien doré et croustillant, Elle mit le tout à refroidir de côté. Elle fit une nouvelle pause, gardant les yeux fixés sur les petits fours, toujours sur leur plaque. Elle se lava de nouveau les mains, surtout histoire de se rafraichir un peu, puis sortit les assiettes de farandole du placard frais. Elle termina de disposer les feuilletés de manière à ce que la farandole soit agréable à l’œil, puis rajouta quelques herbes fraiches sur le côté juste pour la décoration, mais pas trop, elle ne voulait pas que cela paraisse trop chargé. Elle remit les six assiettes dans le placard, bien disposées pour pouvoir les attraper facilement. Elle ne savait pas s’il fallait prévoir les boissons, donc au cas où, elle avait juste prévu des boissons simples. Pour servir avec la farandole de petits fours, elle avait juste prévu des kirs, elle espérait qu’elle ne serait pas trop pénalisée, mais elle se disait que c’était à la fois simple et délicat, et coloré aussi ! Ca irait bien avec l’ambiance prévue… et puis, ce n’était pas un alcool très fort, si les membres du jury devaient gouter les alcools de tous les participants, ils tourneraient vite de la tête ! C’est pourquoi elle avait prévu peu d’alcool.

En attendant que les ingrédients pour les verrines refroidissent, elle coupa les légumes pour le plat principal. Elle regarda l’horloge, la journée était vraiment bien avancée, elle commençait même à paniquer à l’idée qu’elle ne finisse pas à temps

« Tout va bien, l’apéritif et le dessert sont prêts, l’Entre-Deux, ça va aller vite… l’entrée, ça va aller tout seul, c’est rapide à faire et le plat principal, c’est surtout la cuisson, ça va aller » se dit-elle à elle-même

Elle découpa donc les carottes et les pommes de terre en gros morceaux, éminça les oignons et les champignons et mit le tout dans un énorme saladier. Elle pouvait enfin terminer ses verrines.

Elle disposa donc le velouté au fonds de chaque verre, puis elle rajouta la crème fouettée par-dessus et enfin, des petits morceaux de bacon grillé, le tout rappelait étrangement un cappuccino coloré de teintes orangée et rose. Satisfaite, elle alla mettre les six verrines au frais et se dirigea vers les deux gros pots de terre. Elle en sortit les cuisseaux et les disposa dans deux grands plats. Elle utilisa un torchon pour les éponger un peu puis les mit au four avec les légumes. Là, elle en avait au moins pour 2h de cuisson. Elle s’attela à la préparation de la sauce, elle versa la marinade dans une grande casserole et laissa réduire le tout qu’elle versa dans des bols tout en les passant pour enlever les petits morceaux de viandes et autres. Elle mélangea un peu de beurre et de farine et fouetta énergiquement le tout, elle en aurait besoin après. Le reste de l’après-midi allait se passer à faire des allers retours vers le four pour arroser et retourner le sanglier. Mouna en profita un peu pour se reposer, elle se passa de nouveau de l’eau sur le visage pour se rafraîchir, elle espérait vraiment que tout cela serait bon. Elle se demandait si elle n’aurait pas du prévoir un plat de poisson aussi, mais maintenant, il était trop tard et elle s’en voulait un peu… mais elle trouvait que faire des mélanges n’aurait pas été une bonne idée… faire un « entre-deux » de poisson et le plat principal de viande n’aurait pas été une bonne idée… et là au moins, ils n’auraient pas non plus à mélanger les vins… LE VIN ! Elle alla vite dans la réserve et soupira de soulagement. Le vin rouge était bien là… elle vérifia qu’il ne faisait pas trop froid là où il était stocké puis retourna arroser le sanglier.

L’heure tournait… il était temps de préparer l’entrée, le service allait bientôt commencer.

Elle éplucha les mangues avec délicatesse, les coupa en deux pour en retirer le noyau. Puis elle en fit des tranches, pas trop fines, ni trop épaisses, et les disposa au centre de l’assiette tel un éventail orange. Puis elle nettoya et effeuilla la salade verte et la coupa en petits morceaux pour qu’elle soit plus facile à manger, et prépara une vinaigrette à base de vinaigre de pomme et de moutarde pour agrémenter ce côté sucré salé. Un petit radis découpé en fleur pour décorer, et voilà ! Elle rangea le tout au frais… elle ferait les derniers préparatifs au dernier moment…

Chapitre III : le Concours

Et voilà… il fallait maintenant se lancer. La petite fée avait l’estomac noué, ses mains tremblaient légèrement. Elle s’était rapidement recoiffée, même si ses cheveux verts étaient toujours attachés en un chignon, elle s’était changée pour ne pas avoir de la farine partout, avec un tablier propre. Elle salua les membres du jury aux côtés des autres concurrents, puis ils furent appelés à retourner en cuisine pour apporter leurs plats. Elle s’avança vers les invités pour leur tendre son petit menu, espérant leur arracher un sourire à l’évocation des différents noms de plats. Puis elle fila rapidement pour chercher l’apéritif. Elle prit le large plateau que l’on avait mis à sa disposition et y déposa les petites assiettes de farandoles avec pour chacun une flute à champagne contenant le fameux kir au vin blanc et sirop de mûre. Elle disposa une assiette et une flûte devant chacun des membres du jury en souriant poliment avant d’ajouter un

« Bon appétit : » légèrement timide

Pendant qu’ils mangeaient, elle rajouta les derniers aromates sur la salade de mangue et prépara déjà les assiettes sur le plateau avant de sortir les cuisseaux du four. Elle les retira d’abord de leur plat, ainsi que les légumes pour ensuite y verser la marinade afin de la mélanger au jus de viande. Elle passa le tout pour débarrasser la sauce des petits morceaux et ajouta le beurre avec la farine. Puis elle retourna à la table pour débarrasser les membres du jury de leur assiette d’apéritif et leur apporta les entrées… toujours souriante malgré sa nervosité, elle tenait fermement son plateau pour ne pas montrer qu’elle tremblait. Elle commençait à paniquer, même si elle savait qu’elle serait parfaitement dans les temps. Elle se dépêcha de bien mélanger la sauce, de découper la viande pour la mettre dans des assiettes avec un assortiment de légumes, puis ajouter la sauce délicatement par-dessus en essayant de faire des notes de musique, c’était pas très bien réussi et il fallait vraiment avoir une imagination débordante pour voir les notes… la viande en revanche était bien rosée, elle espérait que les membres du jury aimeraient leur viande ainsi et pas bien cuite ou au contraire saignante… c’était toujours le risque avec la viande.

Voilà, tout était prêt désormais. Elle alla chercher les assiettes d’entrées, une fois terminées pour servir l’entre-deux. Présentant les verrines et espérant que le nom « capuccino » se comprenait enfin dans le nom de son plat, elle retourna en cuisine et pouvait désormais guetter les réactions des goûteurs. Leur laissant le temps de déguster puis de digérer un peu, elle alla chercher les assiettes pour leur servir le plat de résistance. Elle se demandait comment ils faisaient pour manger tout ça car il fallait bien tout manger pour pouvoir juger… heureusement, elle avait tout de même prévu de petites portions pour ne pas les gaver. Elle servit avec chaque assiette un verre de vin rouge, mais ils avaient eu, pendant tout le repas, une carafe d’eau fraiche pour se désaltérer.

C’était enfin l’heure du dessert, la fin du supplice pour la petite fée qui se disait que quoi qui allait se produire, c’était désormais terminé ! Elle débarrassa le plat de résistance pour s’approcher enfin des membres du jury avec le grand plat portant les assiettes à dessert

« Et pour terminer, la Polka glacée ! » dit-elle d’un ton enjoué et soulagé

Elle déposa chaque assiette devant les membres puis s’inclina, ses yeux paraissaient à la fois ravis et épuisés, la journée avait été longue et tout le stress accumulé tout ce temps commençait enfin à s’évacuer… une chose était sure, elle allait bien dormir ce soir.

C’était terminé… les derniers plats avaient été enlevés, les verres également et le jury était désormais seul pour pouvoir voter… la jeune fée se demandait comment ils allaient bien pouvoir juger tout ça, c’était quand même un lourd travail ! Elle trépignait d’impatience maintenant, regardant les autres concurrents d’un air inquiet, elle fit un petit signe de la main à Kallistrat pour le saluer, puis elle remit ses mains dans son dos et tapait un peu du pied pour attendre les résultats… quelle que soit l’issue, elle se disait qu’elle avait fait de son mieux et n’était pas trop mécontente d’elle… c’était toujours ça !

L'odyssée des moires

Il n'y a rien de plus mortel qu'un moire. Mortel dans le sens de fatal... Quoique, un moire c'est cool aussi.
Socrate aurait pu dire : Kaïl est un moire. Un moire c'est cool. Donc Kaïl est cool. Je deviens un pro' du syllogisme ! Mais Platon n'a pas eu le temps de l'écrire celle là... Et beaucoup d'autres d'ailleurs ! Rangeons le livre de philosophie, ça donne vite mal au crâne tout ça, mais moins que mon menu spécial. Un menu concocté pour le plaisir de voir les plus courageux, les plus téméraires et le plus timbrés de l'Entre-Monde mettre leur vie entre mes mains le temps d'un repas.

L'idée m'est venue lorsque j'ai vu ce concours, on s'inscrivait, on cuisinait et on repartait avec quelques pims. Exactement ce dont j'avais besoin, détrousser les honnêtes gens ça ne paie pas assez pour s'auto-suffire, il faut travailler dans la vie ! Enfin, quelque chose comme ça. Donc je me suis inscrit. Ce que j'aime à Entre-Monde, vous pouvez faire 1m50 à tout cassé que vous pourrez quand même devenir maitre, alors participer à un concours de cuisine... Personne n'a tenté de me dissuader ! Et me voilà à traverser les allées de restaurants de Tern à me demander : qu'est-ce que je vais préparer ?
Je n'ai jamais fais la cuisine. Jamais fais de bonne cuisine, surtout ! Griller un lézard, le dépecer, manger, c'est le résumé de ce que j'ai connu comme haute gastronomie, avec le steack-frite et le hamburger. Alors, quand je voyais tous ces restaurants chics qui proposaient des menus plus long que je ne suis haut (on ne rigole pas s'il vous plait) j'ai commencé à me dire que préparer un plat de nouille et leur servir un coca n'allait pas enchanter le jury.
Non d'un boulon ! Le jury ce sont les maitres ! Si je leur propose un hamburger je vais finir en méchoui !

J'ai fini par me creuser la cervelle !
Et voilà mon idée : en passant devant un restaurant asiatique j'ai vu sur le menu le nom d'un poisson très venimeux mais comestible... qui serait assez dingue pour manger du poisson mortel ? Moi bien sûr. J'ai essayé d'entrer dans le resto' pour me faire servir de ce fameux poisson, sauf que le réceptionniste m'a mis dehors en appliquant brusquement sa semelle sur mes parties charnues : Sacré coup de pompe le vieux, j'en ai encore mal au derrière.
Je n'ai pas pu goûter de ce fameux poisson. Mais je connais d'autres poissons dangereux moi, et d'autres aliments dangereux aussi ! Je l'avais ma recette : quoi de mieux qu'un menu spécial suicidaires ? Rien n'est mieux, en plus, tous les suicidaires du monde me vénèreront pour mon invention.

Restait qu'à trouver les ingrédients, inventer les plats.

C'est comme ça que je me suis retrouvé à ratisser tout plein de villes que j'ai déjà visité et de zones lugubres aussi pour trouver le menu le plus mortel qu'ils verront. Et si je tue un maitre : c'est pas grave, y en a plein dans ce pays !
J'ai retroussé mes manches et je m'élançais dans ce marathon culinaire. Vu que je n'y connaissais quechi' à la cuisine j'ai décidé de faire dans l'ordre de préparation.

L'appéritif d'abord.
D'une boîte je dégainais une vipère d'un orange sombre cerclée de bleu-turquoise. Les crochets sur le bord d'un récipient je lui fis cracher tout son venin. Je connais bien cette vipère, son venin vous rend légèrement ivre au départ, puis il vous paralyse pour qu'elle puisse vous dévorer. Sauf que cette vipère fait quinze centimètres de long, qu'elle ne mange que de tous petits animaux donc pour paralyser un homme... Techniquement, ils se sentiront comme après un verre de vodka... à moins que je me sois trompé de serpent. Bah, on verra bien, si y en a un qui tombe ! J'ai dilué le liquide avec du jus de Kumquat le tout surmonté d'une rondelle de Medhiv, un fruit amer qui pousse près de Trinity. Pour accompagner mon venin acidulé, je piquais sur des épines d'oursins des oignons noirs récupérés non loin de Clodis. Du genre mousseux dedans, ils ont le magnifique effet de vous donner l'impression de boire quelque chose de très chaud, de très alcoolisé quand ils passent dans la gorge. Rhys me disait qu'ils lui faisait l'effet d'une bouteille de saké cul sec : sauf que moi, le saké, je ne sais même pas ce que c'est.

Puis vint l'entrée.
Le Kipilipi est un genre de chou blanc au goût peu prononcé. Il est comestible, j'en ai mangé pendant deux semaines lors d'une traversée d'Ing en solitaire (Rhys tu me paieras ton abandon, crois-moi) ce chou est tout à fait particulier puisqu'il se présente sous la forme d'une petite pelote, comme de la ficelle ! Je dessinais à l'aide d'un coulis de framboises grises un ciseau autour de chaque chou déposé dans les assiettes, et des zestes de Kumquat vinrent incarner les étoiles. Je vous l'ai dis, mon menu se nomme l'odyssée des moires, et durant ce repas, ils mettent le fil de leur destin entre mes mains.

Un entre-deux ? Mais qu'est-ce que c'est qu'un entre-deux ? Pourquoi on ne passe pas directement au plat de résistance ?
J'y ai pensé longuement durant mon voyage gastronomique, et je n'ai jamais su ce qu'était ce fameux plat d'entre-deux... J'ai donc improvisé.
Crabe Galet : croquez donc et pétez-vous les dents ! Je trouvais que ça faisait un titre accrocheur pour un plat, mais après réflexion je l'ai gardé pour moi. En passant par Trinity j'ai récupéré des miettes de crabe Galet, en petit tas au milieu de l'assiette je l'entourais d'un échafaudage de roseaux sur lequel reposait une feuille concave dans lequel je versais ce qu'il restait du venin de vipère. Ce dernier goûtait progressivement de la feuille. Il faut manger vite avant de finir saoul... ou mort ?

Jusqu'à maintenant je n'avais cuisiné que des plats légers et... particuliers. Maintenant il était temps de cuisiner quelque chose qui leur remplirait l'estomac ! Une grillade made in Kaïl !
En trainant en bordure du désert l'an passé j'ai découvert un tubercule comestible que j'ai adoré. Un seul vous bourrait l'estomac mieux qu'un plat entier de pomme de terre, ces tubercules portaient le doux nom de larmes du diable. J'ai compris que les fleurs rêches qui en naissait était un véritable poison pour n'importe quelle créature. L'astuce alors consistait à ramasser les tubercules et à les faire griller afin de réduire la quantité de poison dans la racine.
Armé d'une broche longue comme mon bras je fis flambé mes tubercules au nez d'un examinateur qui vérifiait peut-être que nous ne trichions pas... Je lui en ai roussi sa moustache !
Le tubercule découpé en fine tranche et déposé avec des rondelles de citrons vert que j'avais faire caraméliser dans le sucre juste avant. Ils n'étaient pas fait pour être manger, mais le citron vert et le sucre donnerait du goût aux tubercules plutôt fades. Restait la viande.
Aucune viande que je connaissais n'était faite pour ce genre de plat. Sauf une : la Goutte. Une créature classifiée parmi les reptiles en forme de goutte, sa tête ronde est dans la continuité de son corps et forme une goutte blanche parfaite. Vivant en groupe la bestiole aime les endroit venteux, comme les cols de montagne. J'en ai déjà mangé et ce fut un régal, sauf peut-être le risque d'être mordu. Le reptile ne se tue pas directement. Si on lui coupe son équivalent de tête ses intestins libèrent dans le sang tout le venin qu'elle stock, si on lui fait peur c'est la même chose : comme le scorpion dans le feu, cette bête préfère mourir que de finir capturée. Comment on la mange alors ? Très simple : on la fait griller et on la vide après.
D'où le nom de Grillades de Kaïl.
La Goutte s'était légèrement recroquevillée sur elle-même lors de la flambée, si bien que déposée dans l'assiette, elle épousait parfaitement l'ovale des rondelles de Larmes du diable. Bon appétit.
Allez, j'en aurais bien tué un à ce niveau du repas, non ?

Il ne restait à faire que le dessert. J'ai tout de suite pensé à un gâteau ! Mais oui, j'aime les gâteaux. J'aime tout ce qui se mange en fait, mais j'aime aussi beaucoup les gâteaux. Mais je ne sais pas comment on fait un gâteau. Il fallait un dessert, quelque chose de frais, de sucrée de... dangereux aussi !
Je leur montrerais le pire de mes tours dans ce plat ci !

Je découpais une tranche de génoise aux noix, bien la seule chose que je sais faire avec un four ; je la déposais sur une assiette et à côté dessinais une tête de mort avec une crème liquide. Sur le pain, une boule de glace (toute petite... Tristement petite même, mais le type d'un restaurant de Termer m'avait conseillé de ne jamais en mettre de trop dans l'assiette) elle roula sur un coin de la tranche de pain, et j'avais beau la replacer elle refusait de rester en place, je la fis tenir avec des copeaux de chocolat et des groseille bleues venues droit de la ville au nord. J'adorais Termer pour son côté ... pitoresque. Tellement de neige qu'il suffit de plonger dedans pour se cacher ! C'est en plongeant la tête là dessus que j'ai découvert un petit arbuste qui ne s'épanouit que dans la neige. Ses baies suintent continuellement de leur résine à vous retourner l'estomac tant c'est indigeste, et ce furent ces baies bleues comme la nuit qui vinrent orner mon assiette.

Mon menu était décoré d'un serpent et contenait ces indications là :

" L'odyssée des Moires "

Apéritif
Croquant de la vipère

Entrée
Fil du destin

Entre-deux
Le Tartare

Plat de résistance
Les larmes du désert

Dessert
Glacé aux noix

Une mention spéciale apparaissait alors en dessous : Goûtez à l'Enfer. Et vu l'état de leur transite le lendemain, ils comprendront ce qu'est le véritable Enfer d'ici peu... Rien que d'y penser je suis déjà plié de rire ! Vous croyez qu'ils me metteront en prison pour mise en danger délibérée de la vie de hautes personnalités ? C'est comme une tentative d'assassinat, non ? Avec la préméditation et tout et tout ?
Attendez, non n'emmenez pas les plats ! NAON ! Ne mangez pas, je veux pas finir en prison... Une petite voix dans ma tête me répond : trop tard.

Vous vous demandez bien comment notre Chertan – dont l'esprit est d'avantage dominé par ses instincts animaux qu'humains – a bien pu se retrouver embarqué dans une telle aventure ? Et bien moi aussi ! En réalité, tout est une affaire de concours de circonstances... Pour commencer, notre chaton ne sait pas lire. Ensuite, il semble s'être lancé le défi un peu fou d'exécuter toutes les missions disponibles à la Tour du Savoir. Combinez ces deux raisons, mélangez vigoureusement, et vous obtenez un grand Chertan qui pointe du doigt une annonce au hasard du panneau lumineux de la bibliothèque en affirmant : « je veux m'inscrire à ça ! » Sitôt dit, sitôt fait. Mais quelle surprise lorsque l'employé lui lut les termes de la « mission » dans laquelle il venait de s'inscrire bien malgré lui ! Un concours culinaire, pensez donc. Lui qui mange sa nourriture fraîchement égorgée... Des recettes, il n'en connait aucune. Et pas de chance pour lui, il ne sait pas lire... mais comme le concours est ouvert à tous, un maître généreux – mais peu aimable – lui prêta un robot du nom de Janus pour le seconder. Sa mission ? Lire à voix autre, et rien d'autre. C'est ce qu'il fit toute la nuit sous l'exhortation du pauvre miao qui cherchait des recettes simples à exécuter et dont il comprenait les termes. Dès que les mots « jatte », « glacer » ou « écaler » surgissaient de la fente servant de bouche au robot, Kallistrat grognait et passait à la recette suivante. Au petit matin, épuisé mais satisfait, il avait son menu. Ne lui restait plus qu'à dénicher les ingrédients...

Ce fut sans aucun doute la partie la plus amusante. Récolter les ingrédients ne se résuma pas à écumer les épiceries comme on aurait pu s'y attendre, non non ! Kallistrat n'ayant d'ailleurs qu'une vague idée de ce que pouvait bien être une épicerie, il s'était résolu à aller à la pêche aux aliments tout seul. Il commença par sa forêt qu'il connaissait bien, une petit retour aux sources appréciable bien qu'il ne croisa guère que de la neige et des hermines effarouchées. Un énorme sac à pommes de terre sur l'épaule, il commença à y entasser tout ce dont il avait besoin et qui lui tombait sous la main. Des champignons qu'il déterra du pied des chênes comme un goret, le groin enfoncé dans la neige, des framboises jaunes, typiques d'ing en cette saison, quelques herbes aromatiques, quelques graines et pollens spécifiques. Il savait où trouver chaque chose ou presque. Ce qu'il ne trouva pas dans la nature, il alla le quémander ailleurs. Il fit le tour des villages bordant la ville. Il se dirigea vers les moulins pour obtenir de la farine, vers les pâturages pour le beurre et la crème, vers les vignes rigoureusement parallèles pour les vins et marcha jusqu'à Arbelaas pour le sel. Sur son passage, les gens le pointait du doigt d'un air suspicieux... Dans l'Ourgandi il pêcha une anguille plus épaisse que l'un de ses bras et plus longue que deux queues de Chertans mises bout à bout. Elle se débattit longtemps dans son sac alors qu'il faisait route vers les montagnes. Là, il repéra un nid de Hi-bou qu'il s'empressa de piller sans vergogne et ajouta quatre gros œufs à son balluchon. Et lorsque la maman Hi-bou revint s'occuper de sa couvée, elle eut tôt fait de finir froide et pantelante sur son épaule... Le plus difficile en réalité fut de ne pas tout dévorer au fur et à mesure de sa collecte... Mais il tînt bon et refit route vers les Fumeroles, chargé de son précieux butin. Il lui manquait encore un gibier, qu'il trouva aisément en se perdant dans les couloirs de Cerclon.

Janus l'attendait. Pour d'avantage d'efficacité, on avait entré les recettes directement dans sa mémoire et il n'avait plus qu'à les réciter à voix haute tandis que Kallistrat s'évertuerait à les reproduire... à sa façon, et du mieux qu'il pouvait. Encore une fois, il n'était pas né pour mitonner des petits plats. Il jeta son sac sur le plan de travail et en vida le contenu en le retournant sans soin. Les gros œufs de Hi-bou roulèrent et faillirent finir par terre, mais il les rattrapa dans un réflexe inespéré. Il n'avait aucune idée des proportions et les chiffres qu'auraient indiqué la balance ne lui auraient de toute façon été d'aucune utilité, puisqu'il ne savait pas les déchiffrer.

« Quelle recette est la plus longue ?
_ Requête 1 : temps de préparation le plus long. Hi-bou au vin blanc. Obtempéra aussitôt le robot.
_ D'accord. Tu veux bien me la dicter s'il te plaît.
_ Requête 2 : dicter Hi-bou au vin blanc. Chargement effectué. Étape 1 : couper de fines tranches dans le blanc du Hi-bou. »

Kallistrat pencha la tête et examina son gibier. De fines tranches dans le blanc ? Quel gâchis ! Tant pis, le reste serait pour lui ! Il pencha la tête de l'autre côté, sollicitant les neurones restés en retrait. C'était peut-être mieux de le plumer avant, non ? Le Chertan n'était pas sûr, mais il lui semblait que les humains avaient quelques difficultés avec les os, les plumes, et parfois les entrailles. Il s'étira, redressa la tête et délia ses doigts. S'il avait eut des manches, il les auraient remontées ! Motivé par le défi, il s'attaqua aux plumes qui volèrent bientôt en tout sens dans les cuisines. Immobile et silencieux un moment, Janus émit un léger grésillement au bout de quelques longues minutes. Kallistrat n'y prêta pas vraiment d'attention mais intercepta des bribes de phrases comme « agent cybernétique d'entretien » ou « robot aspirant à grosse capacité ». Dix minutes plus tard, un autre robot aux allures d'araignée en patins à roulettes dont l'abdomen devait bien avoir la taille de d'un réfrigérateur fit son entrée et se mit à danser autour du Chertan, ses longues pattes aspirant les plumes avec une efficacité redoutable... Janus et Kallistrat, eux, demeuraient imperturbables.

« Étape 2 : dans un grand récipient, verser le vin, les carottes épluchées, les oignons, l'ail, les échalotes, les cèpes, le thym, le laurier et le poivre. Ajouter les morceaux du Hi-bou. »

Kallistrat lui fit répéter trois fois cette étape, cherchant frénétiquement ses ingrédients. Il éplucha les carottes comme cela était demandé, mais jeta oignons, ail et échalotes tels quels dans le fond de la marmite. Il ne prit pas non plus la peine d'émincer les cèpes, ni de ciseler le thym ou le laurier... Les blancs de Hi-bou s'échouèrent par dessus, il arrosa de deux grosses bouteilles de vin blanc et couvrit avant de mettre le tout sur le feu. Il était fier de lui pour cette première étape.

« Bien. Pendant que ça cuit, on peut passer à autre chose. Quelle autre recette demande du temps ?
_ Requête 3 : temps de préparation conséquent. Terrine d'anguilles en croûte. Étape 1 : dépouiller, laver et vider l'anguille. »

Cette recette fut bien plus compliquée à réaliser. D'abord, Kallistrat ne voyait pas bien l'intérêt de laver une anguille qu'il avait de toute façon pêchée dans l'eau, et donc, qui devait être propre... mais il s''exécuta par soucis de bien faire. En revanche il n'avait aucune idée de ce que pouvait bien vouloir dire « dépouiller ». Une anguille n'avait pas de poche où cacher ses pims. Il laissa donc tomber cette étape et se contenta de l'ouvrir d'un coup de griffe afin d'en sortir tout ce qui lui parût trop bizarre pour la gente humaine. Il en profita pour couper les nageoires, la tête, la queue afin de n'offenser personne (il avait encore en mémoire l'épisode des abats du capybara que Selene avait jetées au feu). Sous la dictée de Janus, chaton s'appliqua à trancher de belles escalopes – sceptique devant cette manie de tout couper comme si les humains n'avaient pas de dents – et se raidit lorsque la recette lui indiqua de peler et hacher les échalotes. D'un seul coup, il se remémora celles qu'il avait jetées entières dans sa marinade et se demanda si on sentirait réellement une différence ou si quelqu'un s'en apercevrait au moment de manger son plat. Et puis ce qui était fait étant fait, il haussa les épaules d'un air résigné. Il ne se sentait ni de recommencer, ni de partir à la pêche aux échalotes dans une préparation en train de bouillir... Il s'occupa plutôt de cuir les œufs de Hi-bou et de hacher (encore !) le persil. Il avait l'impression de préparer à manger pour Têk. Tout était coupé, haché, émincé, ciselé pour de petits becs minuscules... Mais comme ce n'était pas lui qui écrivait les recettes, il suivait sans oser y ajouter sa touche personnelle... du moins pas intentionnellement...

Lorsque les tranches d'anguilles furent cuites dans l'eau salée, il les sortit et les fit égoutter quelques instants pendant que Janus lui dictait une préparation mêlant sel, poivre, muscade, huile, vin blanc et cognac au jugé. Puis il fit tremper le poisson dans son mélange hasardeux et passa à la recette suivante. Il commençait à prendre la main, même s'il avait encore du mal à manipuler les ustensiles mis à sa disposition. En règle générale, il boudait les couteau et tailladait plutôt à l'aide de ses griffes lorsque c'était possible. Ainsi avait-il ôté la tête de son anguille avec les dents par exemple. Et pour se retenir de dévorer tout ces mets qui lui provoquaient les narines, il se rabattait régulièrement sur ce qui restait du Hi-bou après qu'il y ait prélevé ses maigres tranches. Il soulevait parfois les couvercles de ses deux préparations en cours et en revenait un peu vaseux. Les vapeurs d'alcool lui montaient rapidement à la tête. Il restait encore trois plats, et il doutait de parvenir à tout préparer à temps. Mais Janus anticipait et lui dictait chaque étape dans l'ordre. L'araignée-aspirateur, quant à elle, nettoyait les plans de travail consciencieusement chaque fois que Kallistrat effectuait une manipulation un peu salissante ; autrement dit toutes les cinq minutes.

Le carpaccio fut le plus rapide à réaliser. À tel point que le Chertan y posa un regard étonné lorsqu'il eut terminé, comme s'il avait raté quelque chose en cours de route. Il commença par broyer un citron au-dessus des assiettes puis découpa son ragondindon fraîchement chassé en tranches très fines grâce à une machine spéciale. Dans une bouteille, il versa ce qu'il restait de son jus de citron, de l'huile d'olive, l'échalote hachée finement – ce qui le conforta dans l'idée qu'il avait fait une erreur sur sa première recette – le sel, le poivre, un énorme piment pour lequel il dû forcer l'entrée par le goulot et le basilic en branche. Il ferma, secoua vigoureusement et versa le tout sur ses tranches de ragondindon qu'il fourra ensuite au réfrigérateur.

Plus que deux plats, sans compter ceux qui attendaient la fin de leur marinade pour être peaufinés. La mousse de framboises d'ing lui souffla un encouragement de plus. Il écrabouilla consciencieusement les baies jaunes et velues en forme de framboises et y ajouta le jaune d'un œuf de Hi-bou ainsi qu'un peu de sucre et une gousse de vanille qu'il hacha menu pour faire bonne mesure. Dans un plat à part, il monta les blancs en neige en y allant avec tant de vigueur – comme cela était suggéré d'après ce que Janus lui dictait – qu'il tordit deux fouets avant de réfréner ses ardeurs. Ensuite il mélangea le tout avec une délicatesse qu'il ne se connaissait pas, et les mousses jaunes allèrent rejoindre les carpaccio sur les étages du réfrigérateur. Plus qu'un. Mais Janus changea d'avis et revînt sur le Hi-bou au vin blanc, suggérant que les brochettes pouvaient attendre. Ce que Kallistrat ne s'avisa pas de contredire.

Il retourna donc à sa marmite et en sortit ses morceaux de Hi-bou tranchés qu'il fit rôtir dans du beurre mélangé à quelques lardons de ragondindon – car dans le ragondindon, tout est bon... Lorsque sa viande fut bien dorée, il ajouta un mélange hasardeux de champignons qu'il savait comestibles, des oignons qu'il s'empressa d'éplucher et hacher, de l'ail – de même – et un bouquet entier de persil. Enfin, il jeta le tout dans la marinade restée dans la marmite et remis le tout à cuir pour un moment. Janus lui dictait déjà la suite de la préparation de sa terrine. Malgré sa bonne volonté, Kallistrat commençait à grogner, maudissant les humains qui se donnaient bien du mal pour pas grand chose, alors qu'il était si simple de tuer et de dévorer sans autre forme de procès. S'il avait dû cuisiner toutes les proies qu'il avait chassé... bigre ! Voyant qu'il ne se remettait pas à l'œuvre, Janus dû répéter ses instructions, tirant le Chertan de ses rêveries paresseuses. Il fit rouler ses épaules, pencha la tête dans différentes direction pour se délier les cervicales et en profita pour se gratter derrière l'oreille, envoyant quelques touffes de poils un peu partout, hors de contrôle du robot aspirateur. Il s'ébroua, bâilla, et se décida enfin à se soucier de ses anguilles qu'il sortit de leur bain prolongé pour les faire égoutter. Et là, Janus lui fit enfin s'occuper de ses brochettes. Ce fut le plat le plus amusant. Armé de pics de bois, Kallistrat joua à embrocher des dès de fromage, de petits fruits et de légumes coupés en dés approximatifs. Lorsqu'il eut terminé, il se recula et admira son œuvre avec un air ahuri trahissant sa surprise. C'était encore plus simple que tout le reste. Rien à cuire. Juste à découper. Il s'essuya la truffe d'un revers de main et alla déposer religieusement ses brochettes entre ses carpaccios et sa crème aux framboises. Puis il revînt et acheva ses deux derniers plats.

Il jeta ses tranches d'anguilles égouttées dans un plat – à défaut d'être capable de les « placer » – les saupoudra de persil haché – se remémorant le bouquet entier qu'il se souvenait avoir jeté quelque part – recouvrit des œufs durs coupés en tranches, arrosa de vin au petit bonheur la chance et acheva le tout avec la marinade resté dans la marmite. Enfin, il recouvrit de pâte feuilletée comme il l'aurait fait avec une couverture et enfourna, se promettant de vérifier souvent la tête de sa préparation puisqu'il était incapable de régler le temps de cuisson. Et lorsque Janus lui annonça que c'était terminé, il faillit bondir de joie !

Tout heureux, il alla piquer un petit somme dans un coin des cuisines jusqu'à ce qu'un commis vienne le réveiller timidement. Il était l'heure de servir les plats !

Kallistrat sortit sa terrine un peu roussie et la laissa se reposer sous les dernières instructions de Janus qui fila ensuite rejoindre son maître dans l'autre pièce. Puis il envoya le commis distribuer son menu. C'était probablement la chose dont il était le plus fier, étant donné qu'il s'était appliqué des heures à recopier lui-même le nom des recettes alors même qu'il ne savait pas écrire... Janus lui avait simplement confirmé l'exactitude des mots, sans préciser que d'un point de vue esthétique, il y avait sans-doute mieux...

[concours] Le Master Chef d'Entre-Monde 101229085358843053

Quelques minutes plus tard, il faisait irruption en salle pour distribuer ses plats. D'abord les brochettes qu'il couva d'un regard presque ému, puis la terrine encore fumante. Apparemment, personne ne s'était encore intoxiqué. Il fit glisser les carpaccios devant les convives et enchaîna sur le Hi-bou qu'il sortit à la toute dernière minute et dont il disposa une tranche par personne accompagnée d'une louche de marinade. Encore une fois, il pensa à tout ce gâchis qui n'en avait pas véritablement été un étant donné qu'il s'était goinfré du reste du Hi-bou... Et enfin, il leur apporta la mousse aux couleurs improbables de feuilles automnales.

Lorsqu'on lui demanda d'attendre avec les autres concurrent, il reconnu Mouna et répondit à son geste d'un bref hochement du menton. Toujours aussi peu démonstratifs dans les protocoles de base. Il n'y avait plus qu'à attendre le verdict.

Le Concours est clos!

Merci à nos trois apprentis cuisiner d'avoir participer à ce concours!

Et maintenant, c'est l'heure du vote du jury! Ce vote se fera à MP clos et le jury est composé de nos chers maîtres: Wergeld, Hilde, Gwendal, Eönwë, Neythen et de notre prétorien Ez!

Bon courage à eux pour vous départager, les résultats seront communiquer le week end prochain!

Qui de Kallistrat Rusia, Cixi où de Kaïl sera notre Master-Chef? Encore un peu de patience et vous le saurez!

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