Paisible auberge

-Tu ne manges pas sur K'ouen ?
-Non.
-Tu rentres quand ?
-Quand les poules auront des dents.
-Et bien figure-toi que...
-Ayame, fous-moi la paix !

Et je claquais la porte du bureau assez fort pour en faire trembler le mur -et pas qu'un peu. Le boucan avait fais cesser le travail à la fourmilière qui trainait dans les couloirs et les bureaux les plus proches du miens. Ma mauvaise humeur et mes vociférations précédentes à destination de ma nounou avait suffit à faire comprendre à tout le personnel qu'aujourd'hui, il ne fallait pas me présenter la moindre facture ou problème.
Et bien sincèrement, j'aurais préféré traiter avec la comptabilité qu'avec le semi-elfe. À peine sortit de l'hosto le voilà sur mon dos et pire qu'avant ! C'est pas comme si j'avais faillit y laisser ma peau (enfin si, mais je suis vivant, non ?). On me donna ma veste sans vérifier que Soare n'était pas dedans, je l'enfilais avant de quitter au plus vite l'île de K'ouen. Il était hors de question que Ayame puisse me suivre sans me chercher un peu.

J'indiquais au pilote du zepelin de descendre sur Tern, j'étais décidé à brouiller les pistes. Mon déjeuner se passera sans personne pour me faire des remontrances.
Ce qu'il faut savoir, c'est que l'elfe n'est pas en cause dans ma mauvaise humeur. Pas vraiment, du moins. Je m'étais rendu compte en me levant que sans tout ce petit monde je serais bien embêté à K'ouen. Et donc, agissant avec toute la puérilité qui me restait de mes années d'adolescence j'avais choisi de déverser mon amertume sur tout ce qui passait sous mon nez. La majorité des personnes me croisant ne le firent que brièvement pour ne pas avoir à me subir, mais Aya... Et bien il était forcé de rester près de moi, il me supportait donc depuis ce matin.
Je pourrais l'entendre soupirer de plaisir d'ici maintenant que je ne lui hurle plus dessus.
Un vrai gamin. D'ailleurs ça aussi ça m'énerve... Légèrement contradictoire. Mettons ça sur le dos de la série de médocs que les guérisseurs m'ont prescrit.

Je passais la frontière de Tern pour gagner Magna. Et faisant preuve d'un peu de discrétion, je m'enfonçais dans les ruelles pour me perdre dans ce dédale. Ce n'est qu'après un certain temps de marche hasardeuse que je remarquais Providence. L'auberge était venue d'elle-même sur mon chemin... J'y entrais donc pour filer le plus loin possible d'une fênêtre. À mon tour de soupirer d'aisance.

"Allons bon, enfin un endroit qui a l'air acceptable" pensa Eurypylos en tournant au coin de la rue.

Déjà deux heures qu'il était arrivé il ne sait plus comment dans ce quartier assez mal-famé. A croire que son sens de l'orientation était aussi développé que celui d'un ivrogne aveugle à qui l'on aurait fait faire soixante tours sur lui-même. "Les créatures du vide sont vraiment bizarre de s'entasser dans des endroits aussi glauques, ça me rappelle la tannière d'une pieuvre géante: on ne sait jamais ce qui va surgir de la pénombre." Il aperçu alors quelqu'un qui entrait dans l'auberge. Il leva les yeux pour lire le nom de l'endroit. "Auberge Providence... Elle porte bien son nom, surtout dans un tel quartier". Un craquement dans son dos lui fit reprendre sa route. Il valait mieux ne pas rester trop longtemps immobile dans les ruelles de Magna, au risque de faire une rencontre désagréable, à la fois pour son portefeuille et pour son intégrité physique.

Arrivé à l'entrée du bâtiment, il prit soin de lire les différents menus proposés, ainsi que la carte des boissons. Bien sûr, il ne vit rien qui puisse convenir à sa nature, mais il décida d'entrer tout de même, déjà pour échapper à la peur que lui inspiraient les ruelles, mais aussi pour glaner des informations sur le moyen de sortir du quartier et de revenir vers un coin où l'on trouve des canaux. Hors de question pour lui de dormir sur la terre ferme cette nuit, il avait besoin de retrouver sa forme originelle pour quelques heures et évacuer le stress accumuler ces derniers jours de périples.

Il ouvrit la porte et entra. Ne sachant pas trop si il devait attendre qu'on le place à une table ou si c'était à lui d'aller s'asseoir, il resta sur le pas de la porte, à contempler la pièce, pleine de tables pour deux personnes, quatre, six et plus encore, les fauteuils de cuir et la cheminée qui donnait à l'ensemble un côté chaleureux et bienveillant.

Quand la porte s'ouvrit j'étais à moitié penché, en suspension, sur le bord de ma chaise. Je regardais fixement le battant s'ouvrir, pensant sincèrement qu'Ayame m'avait déjà retrouvé et s'était décidé à venir manger un morceau avec moi. Avec ça j'avais l'impression d'espérer que ce soit le cas... J'irais voir les guérisseurs pour qu'ils me changent mon ordonnance.

La porte finit donc de s'ouvrir et quand je vis un inconnu entrer, je faillis glisser de ma chaise pour une redécouverte du plancher. Je me rattrapais subitement faisant tinter le vase sur la table. Ma petite aventure ne passa pas tout à fait inaperçue et quelques regards désolés vinrent agrémenter ma réinstallation. J'imaginais déjà leurs pensées "La jeunesse... c'est plus ce que ce c'était, d'mon temps..." Quelque chose comme ça.

Et pour finir, je laissais ma tête tomber contre la table, le front collé au bois. Je me sentais bizarre ces derniers temps, et il y avait de quoi. Le Wergeld ronchon et tout le temps calme semblait avoir prit sa retraite. Je perdais mon sang froid plus vite qu'avant, je me faisais remarqué et ma vie ressemblait à une zone sinistrée. Si bien, que même la présence d'Ayame en devenait insupportable.
J'avais besoin de souffler et me remettre les idées en place. Mais "comment ?" est une question tout aussi compliquée.

Depuis combien de temps j'étais installé ? Et le serveur, il attend que j'aille le voir pour passer commande ? Je dois peut-être prendre le plateau et me servir comme un grand en cuisine ?
M'écouter râler intérieurement me faisait du bien. Je n'avais pas tant changé que ça.

Son attention fut attirée par un jeune homme attablé, qui manqua de tomber de sa chaise après qu'il fut entrer. Soit qu'il fut éméché, soit qu'il attendit quelqu'un de particulier, il c'était maintenant ressaisi et paraissait d'une humeur massacrante. Eurypylos, ne voyant toujours personne pour lui proposer une table, décida de s'installer de lui-même. "De toute manière il n'y a que très peu de client, ça dérangera pas si me m'asseois quelque part."

Par prudence, il décida de ne pas s'attabler à côté de la personne qui était entrée avant lui, au vu de son air plus que grognon. Il opta pour une petite table à deux places, deux rangées plus loin, mais s'assit de sorte d'avoir le jeune homme en ligne de mire. Après tout, il semblait avoir son âge, et si il connaissait le quartier, ce pourrait être une bonne idée de lui demander des renseignements, enfin, si il prenait un air un poil plus engageant.

Eurypylos tenta d'attirer l'attention de l'aubergiste, certainement occupé en cuisine:

- Aubergiste ?!

[Vraiment désolé pour le retard... =S]

Et bon sang de sonnerie qui voulait pas marcher ! Al s'y perdait dans tous ces fils enchevêtrés et multicolores. Un petite cloche était sensée retentir en cuisine lorsque quelqu'un entrait, mais le mécanisme, installé par un ouvrier du quartier, semblait aussi fiable que ce dernier. Les mains pleines de poussière et de saleté, il finit par parvenir à enrouler les deux morceaux de cuivre là où ils devaient se trouver, ce qui eut pour effet de faire sonner doucement la petite cloche.
On était jamais mieux servi que par soi-même disait-on. Eh bien, ici, peu importe qui, on était jamais mieux servi que par lui.
Il se permit un coup d'œil dans l'auberge, et vit que ses dix minutes de travail acharné l'avaient empêché de remarquer l'entrée de deux clients. Il partit en vitesse se laver les mains, et débarqua tout aussi vite dans la pièce, se dirigeant vers celui qu'il avait vu s'installer en premier. Il ne fallut pas longtemps à l'ange pour reconnaitre Wergeld, le maitre de K'ouen. L'ange en avait un peu entendu parler avant, mais il l'avait vu pour la première fois lors de son combat contre Eönwë. Al était venu voir comment allait se débrouiller le guérisseur, amateur de combats impressionnants et dont l'issue ne se termine pas par la mort d'un des belligérants, et il avait été impressionné par la performance des deux combattants.

- Maitre Wergeld ! Déjà remis de votre combat dans l'arène? Un joli spectacle que vous nous avez donné là.

Al sortit une carte des menus et boissons de la poche de son tablier, et la tendit au maitre.

- Que désirez-vous? Une boisson, un menu? Ou un plat simple? Sachez j'offre la première consommation, comme c'est votre première visite.

Tout ça, avec un sourire réjoui sur les lèvres. Ce n'était pas tous les jours qu'il recevait un maitre.
Le temps que ce dernier réfléchisse, Al regarda en direction de l'autre homme qui était entré. Il semblait étrange. Pas à l'aise. Comme s'il n'était pas chez lui, et que tout lui semblait étranger.

- Si vous voulez bien m'excuser, je reviens tout de suite pour prendre votre commande.

Puis il se dirigea vers le jeune homme qui venait juste de l'interpeler. Il était grand temps en effet d'aller s'occuper de lui. Il se précipita auprès de l'impatient, affichant un sourire désolé.

- Vous désirez, monsieur?

L'aubergiste me semblait jeune. Mais qui étais-je pour me permettre ce commentaire ? Certainement pas le mieux placé. Je laissais trainer un sourire pour le combat et récupérais machinalement la carte du menu. Avec l'habitude de se faire servir juste ce qu'on aime mangé (la vie de palais) j'en aurais oublié qu'une carte de menu s'ouvre et se lit. Je peux tout choisir et goûter pour voir ? Le patron en serait sûrement ravis.
Le temps de feuilleter sans les lire les pages, je soupirais d'agacement et refermais sèchement la carte pour saluer mon voisin.

-Dites, je n'ai vraiment pas l'âme à manger seul, je peux vous inviter ?

Décidemment, c'est médicaments ont des effets secondaires étonnant. J'aurais dû lire les notices avant de commencer le traitement -et je m'en fiche que mon corps rejette la greffe, K'ouen qui socialise c'est comme Caliope qui fais pousser des tulipes à la place de ses plantes carnivores.
J'essayais un sourire sympathique, car une fois n'est pas coutume. Et dans tout ça je ne savais toujours pas quoi manger. Bonne question, hein ? Mon estomac grondait d'impatience, lui sait ce qu'il veut, on fait ce qu'on peut.

Spoiler:

L'aubergiste fit enfin son apparition. Il dégageait une impression très positive, comme si une aura l'enveloppait et on souriait volontier rien qu'en découvrant ce personnage. De plus il donna une information très intéressante à Eurypylos sans le vouloir: le maître de K'ouen ! La chance tournait-elle enfin ? Et qui l'invitait à sa table de surcroit ! Au vu des quelques sous qui trainent dans le fond de son sac, ce ne sera pas superflu... Mais de toute manière, il y a peu de chance que l'aubergiste ait ce qu'il avait l'intention de commander. Il répondit donc en direction du Maître du portail "Mais avec plaisir, si ma présence ne vous gêne pas."

Il lança un regard navré à l'aubergiste car il allait changer de place et l'obliger à le suivre, mais après tout, le client est roi (enfin c'est ce qu'il avait entendu dire récemment). Eurypylos vint donc s'asseoir auprès du dénommé... comment déjà ? Wergeld si il avait bien entendu l'aubergiste ? Son air avait changé du tout au tout, comme si la perspective de bientôt manger avait chasser les ennuis de son esprit. Eurypylos n'avait jamais rencontrer de hauts-responsables, même pas la maire d'Atlantis ! Mais il s'imagina qu'ils devaient tous avoir un air grave et préoccupé par des affaires importantes.

S'étant assis, il se présenta:

- Euh... Bonjour et merci pour l'invitation... Je m'appelle Eurypylos.

Il était intimidé par ce "jeune-vieux" qui dégageait une impression de force. Lui-même pouvait se vanter d'une carrure plus importante, mais sous sa forme aquatique naturelle. Il est vrai que son "enveloppe terrestre" était plutôt maigrichonne au vu des différentes espèces qui peuplent l'Outre-Monde.

Non sa présence ne me dérangeais pas au contraire. J'avais envie de parler à quelqu'un d'inconnu, à une personne qui n'était ni un sous-fifre, ni une nounou, ni même dans la politique. Personne qui ne bosse sur une res publica, ni dans un journal, ni dans une émission de télévision. J'aurais pu parler à une souris mais non, lui il m'avait l'air sympathique, les souris sont parfois capricieuses et méfiantes, c'est lourd quoi. Je répondis d'un léger sourire et d'un haussement d'épaules envoyant balader l'idée qu'il puisse m'embêter.

-Wergeld. Choisissez ce que vous voulez, lui précisais en lui donnant mon menu.

Autant le préciser, je n'allais pas faire mon grippe-sou en ce moment surtout que les tarifs de l'auberge étaient plus que raisonnables. Allons bon, je peux bien me faire plaisir pour une fois. Je tentais le tout pour le tout, un sourire chaleureux et j'interpellais l'aubergiste pour qu'il apporte une autre carte.
J'hésitais. Je l'avais invité, c'est un bon début, mais socialiser c'est loin de mes compétences habituelles. C'est dans des cas comme ça que j'ai besoin de collaborateurs. Si j'étais seul cela ferait bien longtemps que le dehors ne serait qu'un champs de mécontents qui refusent de faire des affaires avec K'ouen. Un vrai diplomate, hein...

-Je n'ai pas l'habitude d'inviter des inconnus à ma table...

*Hum, c'est pas forcément ce qu'il faut dire, rattrape-toi abruti de wergeld !*

Je souris en essayant de faire disparaitre ce sentiment désagréable de gêne. Les relations sociales sont vraiment pas mon fort.

-Merci d'accepter de me tenir compagnie. Vous vivez à Magna ?

*C'est ça change de conversation, c'est mieux pour tout le monde...*

Lançons la conversation, nous n'allions pas nous regarder dans le blanc des yeux pendant une heure, tout de même.

Son interlocuteur semblait à présent bien plus sociable et il sourit à son tour à la réflexion de Wergeld.

- Je n'ai moi-même pas souvent l'occasion de me faire inviter où que se soit, et encore moins par des inconnus... C'est même la première fois pour être tout à fait honnête ! Et il éclata d'un petit rire amusé. C'était d'ailleurs la première fois qu'il riait sous sa forme humaine.

Il accepta le menu que lui offrait Wergeld par simple politesse. Il savait en effet déjà quoi commander, ce qui ne devrait pas demander beaucoup de travail pour l'aubergiste au niveau de la préparation. Il parcouru tout de même son menu d'un oeil discret. Bon, par contre, point épineux, il lui avait demander si il était du quartier, et là, la conversation s'engageait sur un terrain plus glissant, mais lui offrant au passage un moyen de se sortir du pétrin.

- Non, je ne suis pas d'ici, et d'ailleurs, je suis complètement paumé. Je ne me souviens plus comment j'ai fait pour atterrir dans les parages, je voulais rejoindre un quartier de la capitale parcouru par des canaux, mais j'ai dû me tromper de route, et je n'arrive plus à me sortir d'ici... J'ai un sens de l'orientation des plus pitoyables !

"Et en plus, ce quartier me fout les j'tons" pensa-t-il en lui-même. Mais bon, ça il allait pas le dire à haute-voix ! Manquerait plus qu'il passe pour un froussard aux yeux d'un jeune homme de son âge ! La honte quoi, même pour un Triton. Autant ça ne le dérangeait pas de se battre contre des mégalodons et autres créatures aquatiques de cinq fois sa taille, autant devoir faire face à la bêtise et à la méchanceté des créatures du vide intelligentes lui posait de gros problèmes. Avec ces bêtes là, on ne savait jamais leurs intentions réelles, si elles allaient vous aider ou vous poignarder, voir même les deux.

- Si jamais vous savez comment quitter ce... quartier rustique, je vous serai gré de m'en expliquer le moyen. J'aimerai l'avoir rejoint pour la tombée de la nuit.

Voilà une bonne chose de faite. Il ne doutait pas que Wergeld connu mieux que lui les rues et les détours sinueux des quartiers de la capitale, ou tout du moins les allées principales permettant d'aller de quartiers en quartiers. Dommage qu'il ne sache pas goûter l'air comme les eaux, il aurait pu repérer de lui même les canaux convoités. Encore que, vu les miasmes et les relents de l'air au dehors...

Al suivit l'échange des deux jeunes gens, et se réjouit qu'ils se rejoignent. C'était d'abord pour lui une occasion de diminuer son retard, car s'ils étaient ensemble, ils seraient moins impatients, et moins difficiles à servir. C'était ensuite une belle démonstration de rapports amicaux et simples. La plupart des gens étaient bien trop méfiants, bien trop partisans du chacun dans son coin. L'Auberge devait être un lieu de rencontre, de bons moments, et cela était un bon début.
Il suivit le jeune homme qu'il ne connaissait pas jusqu'à la table du maitre, puis se tint un peu à l'écart de la discussion. Il aurait été bien indiscret d'écouter ce qu'ils disaient, même s'ils n'avaient probablement rien à cacher dans leurs propos.
Mais c'était tout simplement d'une parfaite impolitesse, et si l'aubergiste ne faisait pas ce qu'il pensait faire partie du bon sens et du respect, comment pouvait-il l'exiger de ses clients?
Wergeld interpela Al, changeant apparemment sa commande en fonction de son invité. L'ange lui redonna une carte, afin qu'il puisse refaire son choix.

- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi.

Puis il s'en retourna dans sa cuisine, surveiller la cuisson des autre plats. Il retira un steak de cheval du grill, le mit dans une assiette et partit servir le client affamé qui l'avait commandé. Il l'accueillit avec un sourire, et se jeta sur le pauvre morceau de viande. Al n'avait pas cru que gérer le nombre des clients serait difficile, mais il sentait bien qu'une personne pour l'aider pourrait être la bienvenue. Mais ce n'était pas du tout à l'ordre du jour. Si il avait quelques clients aujourd'hui, c'était sûrement par chances, la plupart du temps il n'y avait qu'une ou deux personnes dans l'Auberge. Et ce n'était pas comme s'il était débordé non plus.
Il se mit au comptoir, servit une autre bière euphorisante à l'habitué qui était accoudé au bar à bavarder avec un vieil homme sociable mais qui ne buvait jamais rien.