Gamin toi même !

Il me raconte sa life là ou je suis en train de faire un cauchemar. Une moue marquant mes traits -magnifiques- je lui tirais la langue quand il critiqua mes fringues. Je suis habillé pour que ce soit pratique, moi, et elles sont géniales mes frusques, elles ont du vécu ! Sauf le short, il est récent lui -souvenir d'un pigeon- mais mon bonnet un jour s'est prit une montre qui voulait se suicider, mes basket ont marché sur un truc supra gluant -que j'avais créé pour engluer Rhys à la base- oh! Et mon pull il a été trempé dans une fontaine sacré -j'y avais fais ma lessive... les nayades m'ont foutu dehors en lançant à mes trousses une serpent aquatique.

-Man, j't'ai demandé d'où tu venais, pas ta vie. Et puis être guérisseur c'est nul quand on fait ta carrure. T'façon les guérisseurs c'est toujours grave.

Parole d'expert. Le dernier que j'ai vu espérait m'enfiler un suppositoire de force. Finalement, son supo' il se l'ai gardé.

-Purée ! J'ai faim !

Et j'ai levé les yeux sur le sacs de patates douces. J'en ai filé une sous mon pull, ça fera le dîner si je trouve personne pour me payer à manger. Mes pièces serviront à faire des trucs utiles.

-J'viens de nulle part et je vais nulle part. T'as peut-être pas remarqué mais j'vis dans la rue.

Ils ont commencé le déchargement dès qu'on était entré dans Tern. J'ai entrainé le glandu plus loin dans le quartier, on a quitté la zone industrielle pour trouver un quartier un peu délabré mais jonchée de petites boutiques. Elles se ressemblaient un peu toutes, on avait confiance en aucune d'elle pour la pseudo-qualité des services et produits qu'elles vendaient, mais y en avait une qui paraissait intéressante. Un comptoir ouvert sur la rue, de grands tabourets fixés aux murs ouvert sur une cuisine intérieure. Le cuisto servait dans des assiettes en carton des montagnes de crêpes ou de ce qu'on voulait. Frites, viandes grillées, salades, kebab, hamburger. Bref, mon paradis.

-Ramènes toi j'ai trouvé le QG !

J'ai grimpé sur un tabouret.

-Un hamburger mec. Trois étages !

Le cuisto s'est marré et il regarda Rhaegar qu'il pensa être mon père ou mon frère... Peu importe tant que je me remplis l'estomac.

Raconter sa vie ?! Là, le gamin y allait un peu fort ! Si Rhaegar se mettait à étaler les six siècles de son existence Kaïl se mordrait les lèvres en repensant avec bonheur au temps où le non-mourant s'était contenté du village ! Ceci dit, le dessinateur au ventre vide fausserait compagnie au non-mourant bien avant d'en arriver là. D'ailleurs si le fils d'Ad Nikaye se mettait à raconter sa vie, le gosse saurait qu'il n'avait pas toujours été guérisseur et "qu'avec sa carrure" il était passé maître dans un tas de domaines. Strangulation, coup du lapin, escalade, traque. L'apanage du bon petit chasseur-tueur. Rien de bien inhabituel en soit et on avait même fait remarquer un jour au Tel'nok qu'il se battait comme un caïd des rues et cela n'avait rien d'un compliment mais temps que ça marchait Rhaegar se moquait bien de comment il se battait. Mais ça c'était le passé... et comment ça un guérisseur c'est grave ? A croire que tous sont moralisateur, mal habillés et malodorant !

- Et les gamins des rues c'est imbuvable !

Ineptie pour ineptie. Quitte à être dans les stéréotypes autant y être à fond. Cela dit Kaïl semblait s'en moquer trop occuper à mettre en lieu sûr un patate égarée, avant d'enchaîner sur une évidence. Lui, vivre dans la rue ?! Le Tel'nok ne jugeait pas les gens et se gardait bien de le faire mais même s'il ne connaissait pas grand chose à la vie il savait reconnaître les... catégories sociales qui se présentaient devant lui. Surtout quand elles s'exhibaient si fièrement mais inutile de convier l'enfant à cette réflexion car il est déjà accouder à un bar trop haut pour lui et entrain de commander son déjeuner.

En parlant de ça, les deux compères étaient à Tern désormais. L'air y était plus raffiné qu'à Magna même si ce côté du quartier moderne n'était pas son plus reluisant. Il faut croire que Magna exerce son influence au-delà de ce qu'elle devrait. Enfin, aux abords d'une zone industrielle c'était déjà bien de trouver un restaurant plus ou moins sain. Le cuisinier avait l'air sympathique soit dit en passant et salua Rhaegar, attendant sa commande.

- La plus belle entrecôte que vous aillée avec des frites. Saignante, la viande s'il-vous-plait.

Quitte à ne pas pouvoir payer le repas, autant qu'il soit bon et ça n'empêchait pas d'être polis.

- J'ai remarqué un truc étrange quand même. Visiblement tu vies dans la rue depuis bon nombres d'années et t'a l'air de connaître la ville comme ta poche ET le titan était loin d'être ta première victime... Alors comment il t'a chopé la main dans le sac ?

Étrange n'est-il pas ? Oui, étrange était le mot le plus approprié. La main leste, il l'avait tout comme les pieds si on en jugeait par le jeu de jambes qu'il avait déployé autour de la table et la dextérité ne devait pas lui faire défaut à en juger par le carnet de dessins qu'il trimballait avec lui.

- Et les pages blanches que tu quittes pas, c'est pour quoi ? Tu dessines et ça prend vie ?!

Hypothèse jetée tout-à-fait au hasard et qui fit rire Rhaegar. Il avait vu pas mal de créatures et de pouvoirs bizarres au cours de son existence mais là ce serait quand même pas mal comme association. L'image du gosse dessinant un géant d'argile juste pour épater la foule traversa la tête du non-mourant. Décidément cette idée était burlesque.

Spoiler:

Hey je vis dans la rue, je ne suis pas un vulgaire voleur. J'emprunte la chose d'autrui avec dans l'idée de la restituer un jour... Si c'est vrai ! quand je serais devenu un Moire accompli j'aiderai mes victimes avec un Karma mal foutu (ou pas). Je me vexe ? Je ne me vexe pas ? Je boude ? Je râle. Parce que râler ça me maintient en forme, et vu la quantité de plainte que je débite à la journée, normalement je suis près pour les jeux olympiques (et je ferais les paralympiques dans la foulée : j'ai deux pieds gauches, ça suffit comme excuse ?).

-Si ça t'intéresse t'as qu'à aller lui demander. Il sera sûrement très heureux de revoir ta face.

Entre-temps on m'a servit une assiette et un giga hamburger de la mort qui tue.
Vers la fin j'eus du mal à articuler quand je mordais à pleines dents dans le hamburger trois étages :
3 steack hachés, 3 fois une couche de sauce, 3 tomates, 3 feuilles de salades (y me prennent pour un lapin ces guss ? j'ai besoin de protéine je suis en pleine croissance, pas de vitamines, c'est pour les filles ça) 3 cornichons... 4 morceaux de pains et des graines de sésames. Oh yeah, mon estomac gronde sa joie quand le mélange de la sauce sucrées et de la viande bien cuite titille mes papilles.

-Ça fait du bien par où ça passe !

Mon papier ? Ah s'il savait à quel point il a vue juste... Je vais lui dessiner un orang outang pour le distraire pendant que je prendrais la fuite... Mais avant on déjeune. Depuis le temps que je m'étais pas enfilé un vrai de vrai hamburger. Pas que les salades de Médusa, ou le lézard de Rhys étaient pas... goûtue, mais sérieux, niveau cuisine ça s'arrête là. Un vrai de vrai chef, un vrai de vrai génie c'est celui qui a inventé le hamburger. Tu peux manger avec les mains, tu peux en enfiler quatre d'affiler tant que tu n'as pas bu la boisson ton estomac capte pas qu'il est déjà plein à craquer. Le bonheur total.

-Tu veux une démonstration ?

J'avais la bouche pleine, summum de la classe, une graine de sésame égarée au coin des lèvres et une lueur de défi dans le regard. Première étape, finir de manger.

Discuter avec Kaïl était à la fois frustrant, amusant et déconcertant. Ce gosse avait la capacité, trop répandue hélas, d'ignorer purement et simplement les sons et paroles qui ne lui plaisaient pas sans mentionner sa répartie vivace et son air désinvolte. Il ne devait pas avoir beaucoup d'amis et quelque chose disait à Rhaegar que ça n'ennuyait pas particulièrement le jeune homme. Il avait l'air de s'aimer suffisamment pour ne pas souffrir du manque de compagnie. Enfin, là de suite il avait l'air affamé.

- Non, merci. Je ne suis pas prêt de remettre les pieds à Magna. Je repasserais là-bas dans dix ans pour voir si ça a changer.

Un sourire dubitatif s'afficha sur le visage du non-mourant. Il ne croyais absolument pas que ça puisse arriver. Magna ne changerait pas, à moins qu'en Entre-Monde, la solution contre la pauvreté et la criminalité ait été trouvée. Enfin bref, ce n'étaient là que de grandes lignes de réflexions complexes dont Rhaegar n'avait cure, surtout que le cuisinier venait de lui apporter son entrecôte. La viande était fondante et saignante à souhait et les frites à la fois moelleuses et croquantes. Un vrai moment de bonheur. C'était le seul plaisir qu'il s'était toujours accordé y compris, durant son ancienne vie, durant ces siècles au service d'Ad Nikaye, durant toutes ces traques... Un bon repas, une bonne viande et un bon verre de vin. Aujourd'hui pas de vin, dommage.

- Une démonstration ? Pourquoi pas ? Montre-moi ce que tu sais faire l'artiste.

Voilà qui promettait. Rhaegar n'avait aucune idée de ce que lui réservait le gosse mais la lueur dans ses yeux n'émanait pas sans raisons. Catastrophe à l'horizon ou simple bazar en perspective ? Le personnage en face du Tel'nok ne pourrait se contenter d'une démonstration simple et concise. Il lui faudrait sûrement un truc qui a de la classe et qui en jette, tout en étant amusante. Oui, amusante parce que dans ces yeux et en regardant Kaïl dans son ensemble une chose était sûre. Ce gosse aimait s'amuser. Temps que ce n'était pas aux dépends de Rhaegar ça ne posait pas de problèmes au fils d'Ad Nikaye. Alors pourquoi avait-il un pressentiment ? Comme si une entourloupe était entrain de se mettre en place, le piège de se resserrer, le gamin de le posséder...

*Voyons où cela nous mène.*

La poule mouillée... Moi ce soir j'serais sûrement de retour dans Magna, dans la même rue en plus. Soit ça, soit je serais dans la zone du dehors c'est quand même plus facile de ce nourrir dans la nature qu'en ville. Ici il faut de l'argent ce qu'un môme peut difficilement économiser sans s'établir voleur/esclave/adopté. Voleur, ça aide, esclave, c'est trop risqué pour celui qui me subira, cette solution vaut aussi pour l'adoption. Donc, solution D : aller dehors. Là bas je peux manger du poisson griller et frais, je peux piquer du maïs dans un champs ou une poule dans basse-cour. C'est pas du vol, je préfère me nourrir moi que les renards du coin... Le calcul est vite fait.

Le hamburger est avalé, je le regarde avec la même lueur de défi. C'est franchement étrange qu'il n'ait pas remarqué ça... J'ai dis qu'il paierait pas que je me ferais avoir, je ne suis pas le dernier des allumés qui vient d'un village paumé dans les montagnes : je suis de Magna. Enfin non, je suis de Ciel, et de Souen, mais on s'en fiche... J'ai grandi dehors, j'ai passé quelques temps avec un type qui séduisait plus qu'il ne respirait (tout et n'importe quoi en plus), je suis passé l'art dans la fuite spontanée ou dans la manipulation des pigeons. Et mon expérience m'a dit : les cheveux rouges et les longs tifs noirs sont ceux qui se laissent avoir le plus facilement par les mouflets, ils sont trop sûrs d'eux, ou trop bizarres. L'un ou l'autre, c'est les meilleurs !

Et donc j'ai dégainé mon bloc note, j'ai commencé par griffonner un corps bossus croisement entre un chien et un gorille. Déjà sous nos yeux, une créature encore translucide apparaissait. J'ai affiné les yeux, dessiné un poil rêche, piquant. Une queue agile comme celle d'un rat et une tête allongés comme un tapir. Trois rangés de canines roulaient au bout de son museau et des yeux globuleux comme les caméléons tournaient pour voir à presque 360°. Pas un seul angle mort, créature épaisse mais agile. Bon, elle fait la taille d'un berger allemand, c'est pas immense mais c'est pas minuscule non plus.

Le dernier trait inscrit sur le papier la bête était visible et palpable. Elle hennit mieux qu'un cheval quand je bondis de mon tabouret et que je filais dans la rue sans demander mon reste, dans un grand éclat de rire.

-Débrouille-toi avec !

J'ai pas eu le temps de manger mes frites, tant pis, le 3ème steak se digérait difficilement de toute façon. Je me faisais pas d'illusion la bestiole ne ferait pas de mal à une mouche... En fait, elle allait au mieux tenter de se nourrir du cuir du manteau du guérisseur, mais vu le déséquilibre entre son buste épais et ses pattes fragiles, il la repousserait rapidement. Donc, courir allait me faire dépenser les calories en trop.

Ce qui devait arriver, arriva... à peine sa créature achevée, Kaïl mit les voiles plus vite que l'éclair. Rhaegar, lui, souriait. Amusé par cette fin pourtant prévisible, prévue et surtout inévitable. Cependant ce qui l'amusait le plus c'était qu'il avait vu juste sur le pouvoir du gamin alors même qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il avait dit. Le non-mourant en rit. Il regarda un instant la créature qui partit dans une folle danse pour attraper sa queue et quand elle fut trop fatiguée, quand le souffle court elle s'affala au sol le Tel'nok se retourna et finit son assiette. Un autre sourire aux lèvres, plus narquois cette fois. Le cuisinier, lui, était devenu méfiant.

- J'espère que t'a pas l'intention de faire la même chose que le gamin, mon gars.

- Non. Ne vous inquiétez pas vous serez payé.

Avec quel argent ? Là était toute la question. Rhaegar n'avait pas un sou en poche et ce n'était pas en trainant à ne rien faire que cela allait s'arranger, surtout s'il ne rencontrait que des gens comme le petit vaurien qui venait de se faire la malle. Il fallait donc trouver une solution pour payer ce cuistot... Heureusement parfois les choses s'arrangent d'elles-mêmes car sans crier gare la créature dessinée par Kaïl sauta sur le comptoir et s'engouffra dans les cuisines. Le cuistot pesta et couru à sa suite. Rhaegar ne fut pas spectateur de la suite mais il entendit plusieurs casseroles heurter violemment le sol et le cri d'un homme suivit d'un bruit sourd qui précéda un silence dérangeant. Il ne dura toutefois pas bien longtemps et le cuisinier réapparut derrière son comptoir en grommelant tout son soûl. Il s'arrêta net lorsqu'il se rendit compte que Rhaegar n'avait pas bougé. Il devait s'être attendu à ne trouver qu'un tabouret vide. Un sourcil releva et le regard encore plus méfiant envers Rhaegar, il s'approcha. Sa main gauche était brûlée, probablement une conséquence de la chute des casseroles/ Il n'en fallait pas plus au non-mourant pour se sortir de cette affaire.

- Je peux arranger ça, dit-il en désignant la main du cuisinier.

- Ben voyons ! Je...

- peux soigner cette vilaine brûlure. Faites-moi voir votre main.

Le fils d'Ad'Nikaye fouilla un instant dans son sac et en ressortit un bandage qu'il enduisit d'une crème jaune et nauséabonde. Il enroula le tout sur la plaie avec précaution avant de donner ses recommandations. Deux jours avec le bandage devraient suffire à guérir cette blessure.

- Tu me dois toujours 2 PIMS par repas.

- Et vous me devez 5 PIMS pour mes soins.

- Très bien tire-toi et ne remet plus jamais les pieds ici !

- Bonne journée à vous.

La bandoulière de son sac sur l'épaule droite, Rhaegar hésitait maintenant à retrouver Kaïl ou le laisser venir à lui. Chaque chose en son temps. La priorité c'était de trouver l'embarcadère du Fenrir. Heureusement pas loin, il y avait un plan de la ville. En avant donc, par cette belle journée, pour l'aventure dans le monde impitoyable de Tern !

Le monde impitoyable de Tern a rattrapé un beau gosse perdu dans ses fourrés... Bref, moi. C'est bien joli de se tirer fissa, mais ç'aurait été mieux de choisir des rues que je connaissais, j'ai beau avoir grandi dans le coin je n'avais pas l'âme d'un GPS.
Après un bon quart d'heure à courir d'une rue à l'autre, à raser les murs avant de regarder une intersection ou à passer un carrefour en courant le plus vite possible, j'en étais arrivé à la conclusion que personne ne me cherchait et qu'en prime j'étais paumé. Comme moi, je suis vraiment génial, enfin oublions que je me suis paumé tout seul.
J'ai enfoncé les mains dans les poches de mon short, j'avais tiré mon bonnet au dessus de mes yeux et je me trimballais sans regarder où j'allais en me disant qu'au bout d'une heure ou deux de marche j'atterrirais bien quelque part où je saurais me repérer... Ou je tomberais sur quelqu'un.

Tomber sur quelqu'un c'est vraiment plus simple ! Quelque pas et BAM ! voilà que je rentrais dans le postérieur d'un type arrêté au beau milieu du chemin.

-Non mais faut pas rester planter en plein le passage toi, non mais t'as les neurones gelés à force de vivre en altitude ! Bouges-toi de là grande perche !

Tout le monde n'apprécie pas mon humour...

Spoiler:

Les villes comme Tern, Rhaegar en avait arpenté des centaines à la recherches de ses proies et pourtant il ne s'était jamais habitué ni aux foules infernales de travailleurs pressés par un travail qui les tue à petit feu, ni aux dédales de bitume et de béton, de verre et d'acier qui sillonnaient ces villes tentaculaires. Tern n'était certes pas une mégapole et pourtant un quart-d'heure suffit pour que Rhaegar ne s'éloigne un temps soit peu de son itinéraire. Le soleil était à son zénith et bien qu'aucun nuage ne venait lui faire d'ombre il était impossible de se repéré par ce moyen. Le fils d'Ad Nikaye était donc immobile sur le trottoir à se faire plus ou moins bousculer par les passant impatients, à guetter un quelconque panneau qui lui indiquerait la direction de l'embarcadère du le fenrir.

- Non mais faut pas rester planter en plein le passage toi, non mais t'as les neurones gelés à force de vivre en altitude ! Bouges-toi de là grande perche !

Le choc plus violent que les précédents, la voix perchée de la jeunesse... Rhaegar n'aurait sut dire s'il était heureux ou non de revoir Kaïl si tôt. Oui, car cela ne pouvait être que lui. Leur courte rencontre vite abrégée par ce gamin avait tout de même suffit à marquer le non-mourant... ou du moins à reconnaitre l'humour du vaurien.

- Et les tiennes sont depuis longtemps mortes d'asphyxie à force d'être si bas, dit-l'homme de noir vêtu en se retournant, le sourire aux lèvres.

Rhaegar n'était ni vraiment vivant, ni vraiment mort mais on ne pouvait lui reprocher d'être dénué d'humour. Il y avait au moins cela de bon dans leurs "retrouvailles" que le non-mourant ait une tête connue pour compagnie et même si désormais il se méfiait de Kaïl, il pensait pouvoir tiré partie des connaissances du garçons pour arriver à bon port.

- Ta ballade s'est bien passée ?

-AAAAAH !

Un bon en arrière plus tard... Ma grimace de frayeur disparu soudain remplacée par un sourire. Kaïl n'a peur de rien.
Au sens propre... La peur ? Kessécé ?

-T'es toujours aussi lugubre...

Je fis mine d'épousseter ma veste. On sait jamais que ce mauvais goût soit contagieux ! Je n'avais pas envie de ressembler à un mercenaire paumé en ville. Il sait que le cuir ce n'est plus à la mode depuis le siècle dernier ? Et le noir, qu'est-ce que c'est glauque !
Ce type s'est certainement paumé à l'époque de Van Helsing. Je suis presque sûr qu'il dort dans une vieille auberge délabrée d'Ordae et qu'il mange du sanglier au petit déjeuner. Tiens en parlant de déjeuner, ça me rappelle quelque chose...

-Au poils mon petit. Et toi, bien mangé ?

Question purement rhétorique, et pleine de cynisme. Je m'aime. Pour berner un clampin y a vraiment pas plus simple. Taxer un pauvre naïf rencontré à Magna je veux bien, mais je peux aussi être sympa de temps en temps.

-Tu devrais penser à porter des couleurs, non parce que là si tu veux attirer les filles t'es mal barré...

Ou pas.

Sourire n°2. Me curant un ongle, j'en oubliais presque sa présence. Au fait, pourquoi je suis encore ici. J'allais pas quelque part avant de découvrir le rebondit de son derrière ? Hum... Non pas que je me souvienne. Je ne vais nulle part et partout.

Ca sonne un peu comme : Entre-Monde est mon royaume !
Ou pas du tout.

Vivre dans la rue a ses avantages, je ne cherche pas souvent un chemin pour rentrer chez moi, vu que je ne vis nulle part, et je fais toujours des rencontres... Enrichissantes. Et ceux qui me rencontren doivent sûrement se penser malchanceux, mais chacun ses tripes.

Et lui, il cherchait le Fenrir, non ? Bah s'il veut mon avis, il est pas sur la bonne route, plutôt l'opposée.

-Hey man, si tu veux rejoindre l'embarcadère c'est pas par là.

On constatera aisément que je sais me repérer seulement quand ça m'arrange, ou quand ça m'aide à enquiquiner le monde.
Je me répète mais : je suis le meilleur !

Spoiler: