Même les raton-laveurs volent ! [PV Karasu]

Encore une information en carton! Franchement, les filles faisaient de plus en plus mal leur travail, j'allais devoir recadrer tout ça en rentrant au QG. Sous ma forme de corbeau, majestueux oiseau à l'envergure conséquente, j'avais un peu de mal à voler dans les ruelles d'Ordae. Entre les étendages sauvages et les attaques olfactives de la rue, c'était une agression caractérisée constante ici pour le pauvre oiseau que j'étais. Même pas la peine de rêver, je poserai jamais un pied dans ce quartier. Je tournais gentiment dans une avenue -ou du moins ce qui tient lieu de, dans Ordae- quand j'entendis un truc bizarre. Ou en pensée, je ne saurai trop dire parce que l'instant d'après je me faisais sauvagement attaquer par un raton laveur apprenti yamakasi. Et un corbeau, aussi grand soit-il se voit soudain très en mal de voler, chevauché qu'il est pas un gros rongeur zozoteur. Et là c'est le drâme. J'eus à peine le temps de lâcher un croassement surpris que déjà je voyais les pavés sous moi et son lot d'immondices dieu merci non identifiées. La chute était inévitable, je tentais de la ralentir en planant mais bientôt nous nous écrasions joyeusement dans un caniveau moelleux de fange.

- Arg! Bordel mais c'était quoi ça ?

Demandai-je en tentant de me remettre sur mes pattes. Inspection d'état : ailes fonctionnelles, papattes en bon état, bec en un seul morceau, quelques difficultés à respirer mais rien de trop grave apparemment. Si ce n'est que j'avais soudain perdu de ma superbe, les plumes encrassées au possible. Phoque !

Pensée ? Son ? Son ? Pensée ? Comme un vilain gratouilli dans le cerveau. J'entendais, ou pensait entendre, ou entendais des pensées, je ne sais plus trop. Alors que je m'inspectais les plumes d'un air profondément dégoûté -dans la mesure où un corbeau peut afficher un air dégoûté-, je répondis à mon interlocuteur inconnu.

- Ah ça, c'est clair que ce quartier est profondément infâme. Magna passerait pour extrêmement propre à côté.

Puis je levais les yeux pour trouver face à moi un raton laveur aussi sale que moi. Sauf que, quand moi j'apprenais à nager dans un caniveau, lui se réceptionnait dans un monceau d'ordures ménagères. Levant une aile vers mon bec en mimant le geste de m'essuyer, je lui fis gentiment remarquer.

- Euh, vous avez un bout d'patate là.

J'aurai du être étonné de voir un raton laveur parler ? Je vous rappelle que je suis aussi un corbeau qui parle alors bon... Bref, à son invitation, une seule réponse s'imposait.

- Je ne serai pas contre un bon bain chaud après celui, beaucoup moins agréable, que vous m'avez forcé à prendre en jaillissant de n'importe où tel un ninja sociopathe suicidaire des contrées orientales.