Une arrivée déplorable ? (libre)

Cela faisait plusieurs heures que je volais. Oui, j'avais regarder la carte et je l'avais mémorisée. Mais c'est pas de ma faute si j'ai une mémoire de poisson rouge. Quoique les poissons rouges sont pires que moi. Bref, me voilà entrain d'essayer de reconnaître la ville en dessous de moi. Je maugréais. Marre de ces trucs à la bip.

Le meilleur moyen pour moi de m'y retrouver était de me poser. Je me mis à rechercher un espace caché, en dehors de la ville, afin de me poser discrètement.

Je trouvais mon bonheur : un endroit désert, une prairie avec personne autour. Yes !! Et c'est parti pour un atterrissage d'urgence.
Je descendis en spiral. La terre se rapprochait de moi et finalement, je freinais au maximum. Et me posais en douceur. Sauf que le sol céda sous mes pattes.

Et me voilà au fond du gouffre, littéralement parlant évidemment. Je me retrouvais les 4 fers en l'air. Marrrrrrre !!!!!
Poussant un grondement malsain, je m'extirpais tant bien que mal.

" Si je mets la patte sur l'abruti qui a fait ça, je le congèle et le l'enterre dans son *** de trou. "

Soudain, je sentis une présence.

Spoiler:

Un temps clair, des petits oiseaux chantant, un soleil doux et printanier, des, euh... Enfin bref, une ambiance quasiment idyllique, idéale pour...

Pour une bonne partie sanguinaire de chasse au monstre dans la zone du dehors! C'était qui fallait pas perdre de son tonus en demeurant avachi dans un fauteuil derrière une tonne de paperasses. C'était le genre de truc qui vous faisait devenir pantouflard, gras, voir bête. Quoique ça il prétendait pas y échapper, à la sottise humain.
Ah si j'y échappe, je suis pas humain.

Assez logique.
Bref, pour en revenir au sujet, les conditions du jour s'étant révélées idéales, le prétorien s'était mis en tête d'aller donner un coup de mains aux sanctuaris... A la grande joie de ces derniers, du moins c'était ce dont il essayait de se persuader. En fait avec ou sans lui c'aurait sans doute été un peu pareil...
Enfin et toujours bref, utile ou pas ça lui permettait de se dérouiller les articulations et de bouger. Important l'exercice! Fallait bien garder la forme, au cas où... Il ne savait pas au cas où quoi, mais fallait garder la forme, c'était un principe de base pour n'importe quel militaire. Or comme ça commençait à le reprendre, tout ça...

C'est donc en galopant à travers la cambrousse... Euh... Rectification.
C'est donc en marchant paisiblement à travers la cambrousse, que le prétorien tomba sur un drôle de duo, ou plutôt sur un clown en plein moment de solitude face à un visage qu'il connaissait...

" Tiens un chien à écailles."

Le nouvel animal de compagnie du banquier? Sûrement pas, c'était... Pas du tout son genre.
Gardant une de ses mains dans ses poches, il pointa l'index de l'autre sur la drôle de bestiole, poursuivant à l'adresse du banquier.

" Y fait son terrier?"

Si oui, alors il allait l'entendre. C'était dangereux de creuser un trou comme ça au milieu de la lande! Et si quelqu'un, en passant, tombait dedans? C'est que l'on pouvait se blesser! Fallait pas faire n'importe quoi n'importe où... Y avaient vraiment rien dans la tête ces rongeurs.

-L'instinct animal se perd de nos jours... Je n'aurais jamais cru voir un dragon aussi étrangement maladroit.

Je tournais la tête et vit ... Un espèce de bipède ... Bizarre, les seules bipèdes que j'avais vus avaient tout plein de poils et pas des espèces de peaux en plus. Je soufflais un petit nuage de givre et le regardais, plus curieuse qu'en colère.
Il me provoquait. S'il avait fait parti d'une famille que je connaissais, je lui aurais peut-être sauter dessus .. En fait, je lui aurais carrément sauté dessus.

Soudain, une autre présence compléta la première. J'entendis d'abord ses paroles avant de le voir.

" Y fait son terrier?"

Et la, j'eus un choc. Un autre bipède, identique au premier ... et ça parlait !!! Mon regard passa de l'un à l'autre, mes oreilles bougèrent à une vitesse folle. Je rangeais mes ailes et sortis à moitié mes griffes. Ce serait bien ma veine d'être attaquée au tout début de ma mission.
Quel monde étrange.

* Bon, j'fais quoi ? Je peux pas les attaquer, je suis pas chez moi. Le premier a l'air provocant. Le deuxième est plus cool. Et ils parlent, preuve que je suis en face d'êtres intelligents. Bon, je me lance !*

Je secouais la tête et lâchais un soupir. Puis je pris la parole.

" Z'êtes qui ? Je suis où ?"

Mais que vois-je ? Un nouvel arrivant. Je l'observe et les cheveux rouges plus que les autres matières me donnes les indices qu'il me manque pour deviner qui il est. Je dois avouer que la région est assez fréquentée... Je la croyais totalement déserte mais... Mais, s'il y a du monde c'est qu'on peut y faire des affaires. Je penche la tête et bien que le prétorien soit un sujet fascinant à étudier, je reste encore ébahie devant le drôle de dragon.

-Où tu es ? Et bien...

Je fis mine de réfléchir l'index posé sur le menton. Il est très rare de croiser un animal aussi peu conscient de sa situation très ridicule. Je résume les choses, nous avons un dragon additionné à un terrier, un piège ou un simple trou de taupe. Notre dragon taupier doit se sentir soustrait d'une quelconque intelligence en ce moment même, puisqu'il multiplie les fautes en se questionnant lui-même sur où il peut bien se trouver. Je continuerai bien les mathématiques ici, mais ça devient difficile. Mon petit doigt me dit que ce dragon n'est pas futé... Dix ans qu'il doit vivre dans ce monde et il n'est pas fichu de se repérer tout seul dans la zone du dehors ? Ah mais il vient peut-être d'un Zoo... Ça expliquerait son manque déplorable de tout sens de l'orientation et la question, tout de même, vitale de sa condition.
Bref, ne pas savoir où on se trouve quand on traine dans la zone du dehors et qu'on est un gros animal... Cela frôle le ridicule.

-Dans un trou !

Mais j'y pense ! Il s'agit peut-être d'une variété de dragon se nourrissant d'insectes et de vers de terre... Pointant du doigt le sol je lui indique un lombric luisant sous le soleil.

-Si tu cherches des vers il y en a, là.

Z'êtes qui ?
Le père et la mère noël en plein pique-nique?

Je suis où ?
.... Dans ton....

Super il était encore tombé sur une lumière! Pourquoi pas, Newton avait bien découvert les lois de la gravitation en se prenant une pomme sur la poire, pourquoi un chien à écailles ne pourrait-il pas découvrir... Aïe, là ça devenait délicat. On pouvait découvrir quoi, quand on avait un physique affreux, voir monstrueux, et qu'on était même pas capable de se repérer dans un monde que l'on survolait depuis minimum dix ans?
Carrément flippant...

Et la tête que le prétorien affichait reflétait très bien le fond de ses pensées. Soit: beurk quelle horreur, non seulement ça parle mais en plus c'est idiot.... Et s'il se tirait? La banquière (pas le banquier, c'était une femme à la base) s'en sortirait très bien sans lui non? Enfin c'était ce qu'il espérait. Et puis, de toute façon, il avait plutôt envi de retourner à sa chasse à court.

" Mon dieu..."

Soit: y en a vraiment qui sont pas bien.... Et c'est pour ça que les sanctuaris se cassent la tête à préserver la paix?
Y avait de quoi en rendre son tablier... Lourd soupire significatif, le prétorien leva les yeux au ciel, adressant une prière muette à n'importe qui...

" Achète-toi un plan des lieux, et si tu trouves quelques neurones bradés hésite pas hein..."

Tournant les tallons, il lâcha un sourire à la banquière, un bref signe de tête...

" M'dame la banquière..."

Au plaisir de se revoir...

Et là, il n'attendit pas son reste, et se tira vite fait bien fait au petit trop. Pour peu que la chose étrange le prenne pour un ami, il n'arriverait plus à s'en défaire, et ça c'était tout simplement hors de question. Il se trainait assez de boulets comme ça, pas besoin d'un de plus.
Bonne chance à la banquière!

Je les regardais fixement, l'un après l'autre. Soit, ils me prenaient pour un animal stupide. Après tout, ils étaient exactement ça pour moi. Super, être tombée sur des débiles, voilà qui me changerais des boulets.
Mais bon, une des tactiques de défense était de se faire passer pour un idiot, et garder l'effet de surprise. Cependant, je me sentis tout de même insultée, mais je laissais passer. Je n'étais pas venue ici pour avoir des disputes stériles et immatures.

Il fallait que je me fonde dans le paysage. Ils seraient peut-être plus enclin à me respecter. Les humains prenaient toujours ceux qui ne leur ressemblaient pas comme des êtres inférieurs. Les dragons étaient plus intelligents qu'eux et plus sages, la mémoire se passant au fur et à mesure des générations.

Je pris donc forme humaine. Une humaine apparut. J'étais grande et mince, brune avec des mèches bleues, et plutôt pâle de peau. Je gardais les même yeux que sous ma forme draconique. J'avais un style vestimentaire assez classe : un jean noir à poches et à chaînes, une chemise blanche cintrée et une veste noire longue plus un tatouage tribale sur la joue gauche.

Je regardais fixement le premier humain, l'autre étant parti.

" Non merci, je ne mange pas de ces bêtes là."

Dans le genre pas dégourdie j'étais vraiment tomber sur un perle. Je massais une ride naissante à la rencontre de mes sourcils et retins difficile un soupir exaspéré. Ez, prétorien vraisemblablement très occupé s'échappa avec une agilité déconcertante. J'étais donc de corvée d'escorte pour les créatures plus ou moins arriérées que j'aurais le malheur de rencontre comme...

Et donc ! Elle me paraissait loquace comme un vers à soie.

-Grand bien leur fasse.

Imaginez la quantité de bestioles dont aurait besoin pour se nourrir un dragon... ou une taupe-croisée serpent ? Il faudrait vraiment qu'on m'explique.
La retransformation en être humain me laissa... perplexe. Les vêtements faisaient partis intégrante de son corps ? Sa garde robe était sûrement plus restreinte encore que celle d'Ilinca...

-Quel est ton nom, métamorphe ?

Non, je ne me suis pas présentée. J'avais d'autres chats à fouetter.

Dans ma poche j'eus la désagréable sensation de mon téléphone vibrant sans qu'on lui en donne la permission. Je le dégainais à la vitesse de l'éclair pour déclarer dans la seconde :

-J'écoute.

De loin, on pouvait entendre le léger grésillement dans l'appareil, qui dans mon oreille grésillait réellement tant on était éloigné des antennes relais de Tern. J'eus la bonne idée de raccrocher.

-Peu m'importe ton nom. Je n'ai pas plus de temps à te consacrer.

Je défis un bracelet à mon poignet et le jetais au dessus de ma tête. L'objet semblait fondre et se remodela en une plateforme aussi lisse que l'eau calme et assez large pour que je grimpe dessus. Il vint raser le sol et je pris position dessus avant de me soulever.

Je saluais d'un sourire aimable l'étonnante créature avant de m'enfuir avec mon porteur de métal, en lévitant dans le vent.

[je clos, ton absence ne m'arrange pas, à bientôt]