Etes-vous inconscient ? [Haru]

Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de m’aventurer dans la bordure extérieure pour me faire un peu d’exercices, quittant l’Arène de Ciel, j’appréciais le fait de pouvoir toucher la terre ferme et non cette île volante. Armée de tout mon attirail, je pourrai faire peur à tout passant que je croiserai, plastron, épées de chaque côté de mon corps ainsi qu’un cembre accroché au dos, oui j’étais prête à m’attaquer à n’importe quoi qui croiserait ma route. J’aidais quelques villages dans le coin pour éliminer quelques roubicots qui s’aventurent trop dans les champs et détruisent toutes les récoltes, rendant plus sûr les chemins de traverse, j’étais heureuse que mon épée puisse faire du bien aux autres, c’était un bon compromis, je massacre des choses, ça rends heureux les autres, j’aimais bien.

J’avais fini un peu mon nettoyage et m’apprête à partir rejoindre Northrives quand j’entends un bruit au loin, tenant mon armement, je me mis à courir le plus vite possible vers le bruit qui résonnait comme un appel à l’aide. De loin, je vois une énorme masse, un monstre en train de dévorer une vieille femme, je ne sais pas si c’était dévoré mais le corps de la vieille femme était par terre sans vie, a-t-il aspiré son âme ou quelque chose du genre mais ce n’était pas fini, sans aucune reconnaissance pour sa victime, il fit voler le cadavre à travers la forêt. J’étais encore loin et je m’arrête, je voulais être hors de portée pour voir ce qu’il allait faire ensuite mais il se contenta de se remettre en boule au milieu du chemin parlant avec lui-même.

Cette bestiole était doué d’intelligence; du moins il parle, c’était déjà un bon début pour essayer de communiquer. Je ne suis pas sûre d’être de taille contre lui mais je ne pouvais laisser ce crime impuni. Déterminée, je me dirige vers lui d’un pas assuré, un cembre à la main, une autre épée de l’autre, j’allais lui montrer que je n’étais pas une cible facile. Je me mets à trois mètres de lui et lui adresse la parole.

- Hey toi, tu n’as aucun honneur envers tes victimes ? S’attaquer aux faibles, c’est lâche !

Je pointe mon cembre devant lui, les hostilités étaient lancées.

- Je vais t'apprendre les bonnes manières le gros.

Le monstre change de position, il ne s’était pas déplié de tout son long mais je pouvais imaginer la taille qu’il pouvait faire, au moins le double de moi puis avec la taille de sa queue, il avait une portée extrêmement longue, j’étais à portée de tous ses coups. Trop près, il y a sa gu*ule, un peu plus loin sa queue, cet adversaire pouvait être redoutable, seul la vitesse pouvait m’aider en vue de toute la masse qu’il devra bouger si je suis plus rapide que lui mais je restais là, devant lui, le regard menaçant.

Je ne devais pas montrer que j’avais peur, je contrôlais le rythme de mon coeur pour pas qu’il l’entende, c’était des années d’expériences sur le champs de bataille, l'adrénaline prenait souvent le dessus et depuis c’est un art que j’exerce, l’aura qui émane de nous peut tellement faire plier un ennemi et j’étais pour être redoutable là-dessus, Nobunaga l’infaillible.

Le monstre commence à parler à voix haute pour lui-même, un certain Michaël, je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire au début quand j’entends le mot céleste, parle-t-il des légendes ? Le prince des sept archanges, les piliers de la Création, comment une bête comme lui pour connaître ce genre de chose ? Qui était-il ?

Se montrant plus imposant encore, ses griffes en avant, il me montre que ma lame était totalement insignifiante contre lui, dénigrant la mamie comme de la simple nourriture, je semblais être une proie ou plutôt une personne différente, mon appartenance à Tchen avait-il quelque chose de différent pour lui. Me reniflant au loin, j’essaye de demander ce qu’il me voulait, j’essayais de garder mon calme, bras tendu, épée en avant, je ne faiblirais pas devant lui, je ne le devais pas.

- Je ne suis pas un archange comme Michaël, je fais du monde céleste certes mais je ne suis qu’un ange.

Respectant mon code d’honneur de général lors de pourparler, j’abaisse ma lame à l’être qui semblait vouloir me parler.

- Je m’appelle Haru NOBUNAGA, Nix Nivis d’Entre-Monde et toi créature, qui es-tu ?

L’épée à la verticale, pointe plantée au sol, je croise mes mains sur le pommeau de l’épée.

- Comment connais-tu la hiérarchie céleste ? Je ne connais aucune engeance comme la tienne aussi bien informée.

Le monstre en face de moi essayait de prendre une stature plus humaine baissant peu à peu ses griffes, mon corps se détendit légèrement face à ce geste mais je restais néanmoins sur mes gardes, un excès en avait tué plus d’un dans mon monde. Je continuais de l’observer, sa queue se mit à bouger, il pouvait assumer n’importe qui même plusieurs personne si il le souhaitait, je me surpris même à penser qu’il pouvait certainement briser un grand tronc d’arbre avec cet engin de mort.

Il me montra tout d’un coup ses dents, c’était une menace ? Un sourire ? Je n’en savais trop rien mais quand il cale sa grosse tête dans sa main, je me dis qu’il essayait vraiment de discuter tranquillement avec moi alors qu’il venait de tuer une vieille femme sans défense, mon statut d’ange lui empêchait de me “ manger “ ?

Il continue de parler de Michaël, le prince et qu’il l’avait dévoré lui aussi, je fus tout d’un coup surprise, il a réussi à capturer son âme à lui aussi alors que tout le monde connaît la puissance de cet être, je ne me rappelle pas d’un tel scénario, peut-être existe plusieurs Archange, tel des univers parallèles. Je le laissais parler, il semblait enclin à le faire, on va éviter de le frustrer car sur un malentendu je pourrai finir dans une mare de sang, j’envisageais même de fuir à l’aide de mon titre Hôtel, c’était lâche mais mourir aussi bêtement n’était pas concevable surtout quand mes chances de survie s’approche du zéro.

Un bruit se fit entendre, est-ce un rire ? Il faisait carrément flipper son rire comme pourrait dire Kaname et ses expressions étranges. Puis je ne connaissais aucun être qui s’appelle Léviathan, son dévoreur de monde ou autre favori, pourquoi notre créateur aimerait une bestiole de son genre, il dévorait des innocents, le créateur était bon et ne tolère pas qu’on touche à ses Enfants.

- Je ne connais personne qui répond à ses différents noms, nous ne venons pas du même monde Léviathan, peut-être dans nos légendes sous une autre appellation.

J’ai beau cherché dans mes souvenirs, rien, ni dévoreur d’âme ou autre, peut-être un démon, un titan ? c’était la solution plus plausible, faudrait que je me renseigne mais de quel monde venait-il ? Il fit un nouveau avec son bras, quelque chose qu’il le dérange ou chassait-il une mouche, je serai un insecte, jamais je ne m’approche d’un truc pareil, je pourrai mourir d’un souffle avec lui mais les insectes n’ont jamais été connu pour leur intelligence.

Le fait que je sois un ange l’intéresse et surtout mon rapport au Créateur, comment lui dire que j’ai perdu mes ailes pour ne plus croire en ce Créateur, soi-disant il devait nous aimer, nous protéger et à la place, il nous laissait nous battre contre les démons qui avaient polluer le pays voisin d’Antares. Des milliers d’humains et d’anges ont perdu la vie sous les assauts répétés des démons, la Haute-Reine a prié des milliers de fois les dieux de nous aider mais rien, seul la guerre pouvait résoudre ce conflit, le sang et la mort…

- Comme je te l’ai dis, nous ne venons pas du même pas du même monde et je ne suis pas d’Entre-Monde non plus, on a dû t’expliquer que beaucoup de gens se sont retrouvés coincés ici il y a maintenant dix-neuf ans, les miroirs ont cessé de fonctionner.

Je serrai les mains sur mon pommeau, mon honneur me dit que je dois l’aider mais comment ? Le tuer serait la solution, il ne tuerai plus personne, je pourrai sauver des centaines de vie mais qui j’étais pour juger du droit de vie ou de mort ? J’étais certes Nix Nivis mais je donnais un jugement sur les coupables provenant du tribunal mais lui ? C’est une contrainte, toute contrainte peut se contrôler, telle un drogue, si je l’aide, peut-être il fera moins de mal !

- Puis tu dois savoir qu’on peut trouver des centaines de Dieux à la Capitale et même un peu partout dans le pays, on les appelle les K’ien mais je ne suis pas sûre que ce soit le Créateur que tu cherches non ?

Je prends un dernier souffle, je voulais savoir qu’est-ce qu’il appelait contrainte.

- Pourquoi tu dois les tuer, en as-tu besoin pour vivre ?

Donc il dévorait bien leur âme et pouvait ressentir ses émotions ou souvenirs comme il les appelle, n’a-t-il pas retenu autre chose que ça, ressent-il aussi leur peine et tout le reste ? N’a-t-il pas encore compris ce qu’il faisait était mal ? Je fus surprise que malgré que le crépuscule approchant, celui-ci préférait s’installer confortablement au milieu du chemin, après vu sa stature qui oserait l’attaquer en pleine nuit, c’était peut-être le plus gros prédateur du coin de cette partie de la bordure extérieure.

Il m'invita à m'asseoir pour discuter, ça y ressemblait sauf que je n’ai pas spécialement l’habitude de m’assoir à même le sol, déjà mon uniforme ne le permettait pas avec les armes et un Général ne s’assoit pas au sol. Je cherche du regard quelque chose qui me permettrait de m’affranchir de ce problème et attrape un bout de bûche me permettant de garder mon équipement dans les différents fourreaux. Je prends place en gardant une stature digne, de toute façon, je n’ai jamais eu l’occasion de m’avachir sur quoi que ce soit, c’était ancrée en moi.

- Personne ne m’attends donc je peux rester ici.

Est-ce que j’allais vraiment “ prendre le thé “ avec ce monstre car je n’avais rien d’autres à faire ? Ca me rappelait une histoire similaire cet été quand j’ai fini par passer la matinée avec Or, le barde de Rivetiel, qu’est-ce qui m’attends avec lui maintenant, le monstre de la Zone Extérieure ? Je soupirais pour moi-même, je n’étais pas rentrée mais si je ne faisais rien, il continuera à tuer des âmes innocentes ou sinon je devrais informer le Maitre de K’Ouen pour lancer une capture, un être vivant qui a besoin de tuer pour survivre, continuera jusqu’à qu’on l’arrête, tout le monde veut vivre et je comprends parfaitement qu’il ne veuille pas retourner dans son état de sel comme il l’a dit.

Cet être qui ressemble à un monstre commence à me raconter ses états d’âme, je commençais à le prendre en peine, être ici à affaiblit mon coeur, depuis quand je m’intéresse aux autres, à des inconnus et surtout à ce Titan destructeur.

- Dans mon monde, j’ai envoyé des milliers d’hommes à la mort, j’en ai tué des centaines de mes propres mains et je pouvais m’endormir le coeur léger la nuit. J’ai dû tuer ces êtres pour sauver mon pays, un peu comme pour survivre, protéger les civils, j’ai perdu des amis, des frères, je suis un monstre… je n’étais pas obligée de le faire, j’aurai pu m’isoler en haut du montagne, vivre ma vie et laisser les décisions à un autre mais non, j’ai continué.

Je m’arrête un instant, comment je pouvais l’aider, je m’étais un peu renseigné sur la hiérarchie céleste ici mais vu la présence des K’iens dans ce monde, cela changeait tout.

- Il existe les dieux originels de ce monde, huit pour être exacte, chacun à son propre temple où un prêtre fait des célébrations et transmets ses prières. Personne n’a vu ses dieux, nous avons des Arcturiens aussi, des êtres si puissants qu’on pourrait les comparer à de véritables Dieux, Témari est l’Acturien le plus connu mais celle-ci nous aide à protéger le pays mais je ne pense pas qu’elle puisse t’aider ici.

A peine mon explication finie, il me demande pour mes ailes, sujet délicat, je ne sais pas même pas comment expliquer la situation.

- Je n’ai plus d’ailes, par choix on va dire, comment continuer à servir un Panthéon qui ne soucie pas du sort de ses protégés ? Comment continuer à garder ce cadeau des Dieux alors qu’ils ne faisaient rien pour nous sauver de l’invasion des démons, ils restaient là-haut, s’amusant comme toujours…Enfin, elles me servaient peu dans mon monde, ce n’étaient que des poids dans mon dos.

Je ne pouvais pas les utiliser comme je le voulais et quand on foulait la terre des Hommes, leur efficacité était amoindrie, je préférais me les arracher dans la douleur tout comme d’autres frères avec moi. Mais retournons à notre problème d’abord.

- Es-tu obligé de tuer des hommes ? Pourquoi ne pas dévorer des âmes plus petite ou des êtres sans conscience ?

Assise sur le bord, j’observe ce géant qui n’avait rien d’une brute sans cervelle, il avait tout à fait raison, j’étais le monstre dans l’histoire mais la survie d’une communauté n’était elle pas plus importante que sa propre survie ? Qu’est-ce qui était plus louable entre les deux ? Certains diront l’ensemble, d’autres l’inverse, je ne pense pas qu’il y ait une réponse juste à cette question, je détestais la morale et autre philosophie qui répondait aux questions de l’Homme par d’autres interrogations sur lui-même.

- Pourquoi ils prévalent sur le reste, c’est simple car l’Homme est un être qui se croit tout simplement supérieur.

Puis il me parle de son régime alimentaire, les humains étaient sont meilleurs festins et prenait de la peine à tuer le reste. C’était pour ça le manque de reconnaissance pour le corps de la vieille femme ? Car il ne les supportait mais dans son discours, n’est-il pas en colère contre les Dieux ? Il m’a avoué avoir tué des anges, il veut détruire tous les hommes qu’il croise sur chemin, laissant le règne animal reprendre ses droits ? Il est vrai qu’il ressemble plus à cette espèce qu’autre chose, un retour à la Préhistoire ? Cet être m’intrigue et surtout pas ses questions qui remettent tout en question.

- Ce n’était pas la réponse que je m’attendais, tu avoue clairement dénigrer les Hommes et les dévore sans scrupule. Ce genre de pensée n’est pas tolérée à Entre-Monde, tu seras recherché et jugé pour tes crimes.

Mais j’ai l’impression que ces paroles, il a dû les entendre des dizaines des fois, qui jugerait ça “ normal “ de choisir cette option. Il s’amusait avec le sol tel un enfant, quand il le voulait, il pouvait montrer une attitude attendrissante, peut-être au fond il y avait quelque chose à sauver mais comment changer une pensée pareille ? Lui trouver un Dieu pour le changer, lui enlever sa malédiction, peut-être quelqu’un pouvait répondre à son souhait mais je ne pouvais pas le jeter en direction de l’Observatoire, peut-être qu’il tuera Azolvya sans scrupule et j’aurai tous les Maîtres sur mon dos.

- Je ne peux pas t’amener vers un Dieu si c’est pour le tuer, je ne peux pas être complice de ce crime. Je veux bien t’aider et t’accompagner mais je demanderai des garanties de ta part.

Mais à peine finie ma phrase qu’il attrape quelque chose en plein vol, je fus surprise, je n’ai pas vu l’animal volant débarquer. Il avait donc des sens aiguisés, c’était un chasseur et je vais devoir redoubler de vigilance face à lui, peut-être que je n’aurai même pas le temps d’activer mon titre si c’était le cas.

- Qu’est-ce que ça me ferait ? Ca me montrerait que tu tue pour le plaisir, je croyais que c’était juste pour te nourrir alors que tu as déjà pris l’âme de la vieille dame, tu es donc repu non ? Si ton expérience veut te montrer que j’ai un coeur ou non, je peux te le dire sans que tu me fasses une démonstration de ce genre, la réponse est non, ça me ferait rien, je pourrai le tuer et faire un petit barbecue après ça mais là, nous faisons un concours de gros muscles et il a rien demandé, ne nous montrons pas plus bête qu’on ne l’est déjà.

Je me redresse sur mes deux jambes, activant en quelque sorte l’option charisme et âme de chef.

- Si tu veux que je t’aide, il faut que tu m’apprenne à m’écouter, je ne peux pas te trimballer dans Entre-Monde avec un tueur en puissance, la personne que je compte te présenter est aussi folle que dangereuse, il faudra que tu prouves que tu peux mérites de vivre ou non ici car je serai l’obligation de dévoiler ton existence au Maître de K’Ouen et il sera ravi de te rajouter dans son tableau de chasse.

Je me rassois et réponds à la fin de sa question.

- Alors que choisis-tu Léviathan ? Peut-être que notre ballade t’apprendra que les Hommes sont capables d’aimer et même voler à leur manière tu sais...