Mission surprise

Je ne compris pas la frénésie d'Eva jusqu'à ce qu'elle ne m'explique, je commençais presque à m'inquiéter de sa réaction.

"Darleen", subtile anagramme de Léandre. La lumière s'illumina petit à petit à tous les étages, l'excitation d'Eva commença à me gagner à mon tour. Deux livres écrit par Léandre, complémentaire. "Comme une serrure et sa clé" soufflai-je.
Je regardais avec attention les pages qu'Eva me désignait, le même trait ajouté devant des numéros de pages. Des coordonnées selon elle.

Je farfouillais dans les poches, sortant mon petit carnet personnel. Il était vraiment en mauvais état, des années de souvenirs et de réflexions. J'en sortis la fameuse carte dont Eva faisait référence.
- Tiens regardons ... La dernière branche de l'étoile indiquait Lyanvar, ville dont les habitants appréciaient tout particulièrement le métal ... Oui le métal ! A mon tour une illumination fit claqué ma langue.

- Et si le point de départ était cette ville ... Je l'avais écartée, aucun intérêt vis-à-vis d'un éventuel gisement, je pensais m'être emballé avec cette carte. Hale est dans la continuité de la pointe. Mon doigt glissa sur la carte. Te souviens-tu du sigle dans le livre, à différente page. Le triangle dans un cercle. Peut-être devrions nous commencer notre périple à Lyanvar pour en savoir plus sur celui-ci. Nous continuerons sur Hale si cette recherche est veine. Peut-être y-a-t-il des galeries souterraines qui nous mèneront vers la faille, ce n'est pas rare de retrouver ce genre de chemin caché en montagne. Ce qui pourrait correspondre à une coordonnée en profondeur comme tu le supposes.
L'étau se resserrait.

- J'ai faim maintenant...
Je ris avant de déposer un baiser sur le front de ma belle. J'adorais son côté imprévisible. En plus de son côté réfléchit, de sa maturité, sa subtilité, sa beauté ...
- Allons-y finis-je tout simplement par dire avant de la prendre par la taille.

Nous étions à nouveau dans cette sandwicherie dont Ayren raffolait. Nous commandions et une fois assis, il fallait discuter encore de la suite de l’aventure.

-Nous pouvons partir aujourd’hui pour Hale, on devra suivre les coordonnées indiquées par les deux livres. Ça pourrait nous prendre quelques jours avant de passer la barrière de montagnes. A moins qu’un dragon nous prenne en taxi…

Je mordais généreusement dans mon déjeuner et déglutis rapidement avant de poursuivre.

-Il nous faut du matériel de minage. Ou bien un appareil nous permettant de sonder le sol… Mais Léandre ne devait pas pouvoir se charger comme une mule non plus… Il y aura peut-être des galeries comme tu le suggérais.

Il ne faisait aucun doute que nous irions vérifier séance tenante nos hypothèses. Je n’étais pas prête de m’occuper de Kip et des scribes cette semaine. Tout plutôt que de devoir supporter ces vieillards geignards saupoudré de maladresse kipienne. Mourir dans une crevasse serait presque plus tentant encore !

-Tu as du matériel pour la montagne ? Sous ma forme de loup je ne crains quasiment pas le froid, mais il nous faudra traverser des régions déjà bien enneigées en cette période de l’année. Je fis une moue puis j’ajoutais : je m’occupe de prévoir des vivres. Si je laisse Carine chasser, on va manger de la viande à tous les repas et pas uniquement d’animaux non conscients…

L'An-K, j'adorais cette brasserie sandwicherie. Je testais un nouveau croque végétarien, un délice.

- Un dragon taxi ? Ce serait une super idée ça comme entreprise. Dis-je en faisant mine de réfléchir à l'idée.

- Je n'ai pas de matériel pour forer le sol, à part quelques pioches à la forge. Je prendrais aussi le grappin et quelques autres outils. Veux-tu que je te ramène une arme ? Je sais que Carine est là pour te protéger mais peut-être une arme à distance, une chaîne, j'insistais bien sur ce mot en particulier, ou juste un plastron pour te protéger d’éventuel coup ? J'ai un sac sans fond alors dis moi ce qui te ferait plaisir.
Une montre-couteau-suisse, je lui en ramènerais une, toujours utile, et classe la montre à gousset.

- D'accord je te laisse te charger de la nourriture, j'ai une tente à relativité dimensionnelle isolante pour les nuits où nous ne trouverons pas où dormir. Et pour les vêtements je sais à qui m'adresser, je vais nous trouver des habits chauds pour Hale.
Une commerçante des Fumerolles vendaient des tissus provenant de différents lieux d'Entre-Monde, nul doute qu'elle me dégoterait ce dont nous avions besoin.

- Comment y allons nous ? Par les transports en commun ? Perçant ? Moto ? Je n'avais pas encore eu l'occasion de tester l'APO, et Ice ne supporterait pas les changement de températures extrêmes d'Hale.

- Je vois que tu es pressée de partir, mais accordons-nous un après-midi de préparatif et une dernière nuit au chaud. Partons demain matin tôt si cela te va.

Je mordais à pleine dents dans un sandwich. Carine se délectait du goût de la viande qui en dépassait et moi je polluais nos deux esprits avec des préparatifs et des idées en vracs plus nombreuses que les gouttes de pluie un jour de mousson.
Il m’arrivait de commenter entre deux bouchées :

-Si je me transforme je ne pourrais plus le porter, dis-je, puis quelques instants plus tard j’ajoutais : Léandre ne devait pas se balader avec une foreuse mécanique où on aurait entendu parler de ses vadrouilles depuis longtemps. Il doit y avoir des entrées. Peut-être en montagnes. Je vais nous trouver du petit matériel de spéléo, lampes, casques.

Un sourire empreint de malice me délivra de mon déjeuner engloutis en quelques bouchées.

-J’aurais un perçant. Ou une bénédiction. Je vais voir pour nos déplacements. Sinon, j’ai une magnétic.

Cette fois, je pensais très fort à Kip et aux dégâts qu’il pourrait provoquer en mon absence. Plusieurs jours entiers, ce serait l’hécatombe. Ma bibliothèque serait en feu et un trou dans le rempart se sera formé avant mon retour si j’osais disparaitre.
Mais au fond, j’en avais cruellement besoin. Je pianotais rapidement sur mon baladeur quelques mots à l’attention des gardes de la bibliothèque. Ils avaient officiellement pour mission de s’assurer qu’aucun incendie ne se déclare en mon absence.

-Je sais que tu as l’habitude de te préparer pour tes missions, accepterais-tu que nous fassions ces préparatifs ensembles. Nous profiterions de la ville avant de la quitter…

Stan revint vers nous, je réfléchissais encore à comment l’échanger contre Kip discrètement quand il reparti avec ma commande de deux parts de son « fameux » gâteau au chocolat. J’annonçais d’emblée la couleur, si Ayren voulait partir de la ville sans avoir à me trainer, je devais d’abord manger une part de cette pâtisserie spéciale « Stan ».

-Si seulement Kip savait faire ça aussi… Fis-je dépitée.

Je goûtais la nouveauté de l'An-K à base d'oeuf et de safran. C'était un régal culinaire que je dégustais tandis qu'Eva engloutissait son sandwich avec appétit. Je souris devant son entrain qui me mit en joie.

- Une magnetic ? Je me rappelais celle du Maitre de K'ien. Tu m'avais caché ce petit bijou. J'ai une APO pour t'accompagner mais elle demande de la ressource pour gober les kilomètres. Si nous ne sommes pas trop chargés penses-tu pouvoir me conduire à notre destination ?

Je finissais tranquillement mon assiette, voyant l'air inquiet sur le visage de ma bien-aimée. Elle écrivit sur son baladeur, il me faudrait m'en procurer un aussi, et je tentais de la rassurer, me doutant de la raison de son appréhension :
- Ça va aller ma Douce, ta bibliothèque sera toujours debout lorsque nous reviendrons, et en bon état j'en suis sûr.

La question qu'elle me posa ensuite me fit chaud au coeur :
- Evidemment je serai enchanté que nous préparions cette mission ensemble. Dis moi où as-tu besoin d'aller ?

Je ris lorsqu'elle m'annonça qu'il faudrait la traîner si elle ne manger pas du succulent gâteau au chocolat. Je souris encore plus devant sa mine déconfite face à l'adresse de Stan.
- Non Eva, Stan va rester ici. Imagine toi Kip nous servir ! Ce serait la faillite de cette brasserie. dis-je en devinant ses pensées.

Il n'y avait pas à dire, ce dessert était une pépite pour les papilles, je laissais le dernier morceau fondre sur ma langue avant de l'avaler.
- Mamamia que c'est bon !

Un dernier verre d'eau et je me levais, tendant ma main à ma douce Eva tel un gentleman, avant de lui embrasser le front en riant.
- Si madame veut bien se donner la peine.

Après avoir complimenté à nouveau le chef qui commençait à bien me connaître, nous partîmes en quête de nos préparatifs.

Bien sûr, faire le chauffeur ne me dérangeait pas. Je confirmais sa demande tout en terminant ma part de gâteau. Comme chaque fois que nous venions ici, je lorgnais sur Stan et j’échafaudais des plans pour le kidnapper discrètement. Interrompus par Ayren, plutôt partant pour le shopping promis.

Une fois dehors, je lui suggérais de commencer par l'Epicerie, plus proche de notre position que les autres artisans que je voulais voir.

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