L'échoppe de l'herboriste [Libre]

Je me réveillais ce matin là avec un mal de crâne atroce. Sans doute un souvenir de ce que j'avais fait la veille. En ce début de matinée, le soleil commençait déjà à décliner. Je devais me rendre à l'évidence, il était en fait midi passé. Avec des gestes lents, je fis un cataplasme avec des linges humides, me préparait une tisane d'écorce de saule et m'allongeait sur ma couche en fermant les yeux pour laisser agir la plante. Il aurait fallut que j'ouvre ma petite boutique pour tenter de vendre quelques trucs, mais je préférais rester allongée là à réfléchir.

Ma tranquillité ne dura pas. Nullement dérouté par la vue de mon échoppe fermée signalant pourtant que je ne travaillais pas, quelqu'un se mit à tambouriner sur la porte en appelant la propriétaire.

"C'est fermé !" Lançais-je à l'inconnu d'une voix lasse.

"Ouvrez moi s'il vous plait, je... Je suis blessé !"

"Et bien trouvez un guérisseur, je ne prodigue pas de soins, je vends des remèdes. Au Revoir !"

"On m'a dit que vous pourriez m'aider ! J'ai de quoi vous payer !"

"Ah, mille wyverns..."

Je n'avais nullement envie de rendre service à cet empêcheur de tourner en rond, mais si l'affaire pouvait me rapporter quelques PIMs, j'étais preneuse. Je me faisais donc violence et allais ouvrir la porte à celui qui venait de me tirer de mon repos.
Le gaillard n'était pas très grand, humain d'apparence, d'une vingtaine d'années. Ses vêtements trahissaient son rang. De fines broderies aux manches, un pourpoint correctement taillé, qui, bien qu'un peu déchiré à cause d'une bagarre récente, devait le mettre en valeur, le bleu du tissu rappelant celui de ses yeux. Ses bottes étaient en véritable cuir, et à sa ceinture pendant un joli fourreau ouvragé, sans l'épée qu'il devait avoir perdu dans l'échauffourée. Il prétendait avoir de l'argent et je voulais bien le croire. J'observais son épaule : elle était couverte de sang et quelque chose semblait planté dans son dos. Toujours sans dire un mot et soutenant le regard apeuré du garçon, je jetais un oeil à la rue. Personne ne nous observait, la petite ruelle que j'avais choisie pour m'installer était sombre et peu fréquentée. Ceux qui venaient frapper à ma porte avait entendu parler de mes service par le bouche à oreille, ils ne passaient pas chez moi par hasard. Je fis entrer et assoir le jeune homme. Il avait un carreau d'arbalète planté dans l'épaule.

"Pas joli joli, hein ? Le type qui m'a fait ça a..."

"Je ne désire pas en savoir plus sur le pourquoi de votre blessure. Je m'intéresse à votre état, pas à ce que vous avez fait pour vous y mettre. Vous êtes quelqu'un qui se fait trop confiance, vous manquez de prudence pensant que vous pourrez vous sortir de tous les mauvais pas. Ce carreau d'arbalète logé dans votre épaule vous apprendra à vous remettre en question et à faire montre de vigilance et de circonspection. Allongez vous là."

Mon monologue sembla le faire réfléchir, et pendant qu'il s'allongeait, je sortais d'un tiroir une vieille dague ainsi qu'une pâte de pavot somnifère dont je préparais une décoction.

"Buvez ça."

Le garçon but la préparation amère avec une grimace et me regarda avec un air interrogateur.

"Le pavot a des vertus sédatives, cela va vous apaiser et calmer la douleur. Je pourrais agir plus tranquillement. Ah, vous risquez d'avoir quelques hallucinations, mais ne vous inquiétez pas, c'est normal."

Déjà, ses yeux s'embrumaient, et son esprit semblait s'éloigner. A l'aide de la dague, je dégageais le sang séché autour de la plaie et nettoyais avec un linge les chaires déchirées. En ré-ouvrant un peu la plaie, je pu extraire le carreau qui y était planté, banal projectile de moyenne confection, on trouvait de ce genre de munitions dans beaucoup de boutiques de l'Entre-Monde. En revanche, ce qui était moins courant était de trouver un noircissement des chaires à l'endroit de l'impact, comme si une nécrose des tissus était en train de se propager.

"Apparemment on désirait vraiment t'ôter la vie..." Marmonnais-je à moi même.

Je pris un onguent parmi mes réserves et l'appliquai sur la plaie ainsi que tout autour de la blessure. Le Lotus Noir est un poison connu pour aggraver les blessures causées par les flèches et les lames qui en sont enduite ; cela provoque la nécrose des tissus vivants mais nécessite d'être introduit directement dans le sang de la victime. Chez les êtres de faible constitution, deux blessures au Lotus Noir peuvent être fatales en quelques jours. Je laissais donc la pommade agir pour anesthésier la chaire et en retirait la partie contaminée à l'aide de ma dague. Le jeune homme hurla et je du lui enfouir la tête dans les couvertures pour éviter qu'il n'ameute tout le quartier. Je réussi tant bien que mal à stopper l'hémorragie et à faire un bandage de fortune à mon patient avant qu'il ne retrouve totalement ses esprits. Le sol de ma boutique était couvert de sang, et j'étais bonne pour jeter mes couvertures.

"Ca fera 30 PIMs pour vous avoir retiré le carreau d'arbalète, 5 pour l'écorce de saule à vous préparer en tisane contre la fièvre que vous aurez les jours prochains et encore 5 pour me remercier de vous prévenir que l'on en veut à votre vie et que cette bagarre de taverne n'était pas fortuite : c'était une tentative de meurtre. On vous a empoisonné."

"Co... Quoi ? Mais je..."

"C'est tout ce que je peux pour vous, maintenant réglez votre du et sortez de ma boutique, j'ai du ménage à faire. Et surtout ne dites à personne que j'ai sauvé votre vie en vous retirant le poison de l'épaule. Si jamais vos agresseurs viennent me trouver, je vous le ferai regretter."

"En... entendu. Merci mille fois !"

"Je ne fais pas ça pour être remerciée, mais pour l'argent."

"Oui, bien sûr, tenez. C'est peu pour m'avoir sauvé la vie, j'ai une dette envers vous. Pourrais-je ..."

"La régler en sortant d'ici ? Bien entendu. Nous sommes quittes. Adieu !"

*Toi, l'infection qui s'est logée dans ta plaie risque de t'emporter avant tes agresseurs... Mais après tout, c'est pas mon problème, je suis pas guérisseuse.* Pensais-je en le regardant quitter ma boutique.

Une fois la porte fermée, je m'attachai à enlever le sang qui s'était répandu par terre. L'odeur en elle même ne me dérangeait pas, elle me rappelait même bien des souvenirs, mais elle risquait de déplaire à des clients potentiels. Une fois que ce fut terminé, je décidais d'ouvrir ma boutique : il était inutile que je songe à dormir maintenant, il était encore trop tôt, et de toute façon, le sommeil m'avait quitté en même temps que le garçon était arrivé.

J'ouvris donc les volets qui donnaient sur la ruelle et attendit patiemment assise sur ma couche, le dos au mur, les yeux dans le vague.

Ordae, la ville médiévale, voila qui me changeait beaucoup de Tern. Ici de nombreuses maisons, la plupart faites de bois et de torchis, s'agglutinaient les unes contre les autres de manière tellement serrées qu'elles cachaient la plupart du temps le soleil.

J'avançais parmi cette semi-pénombre, faisant attention à ne pas m'éloigner du chemin pavé, restant à distance des divers immondices et de la boue qui jonchaient les abords du chemin. J'avais eu vent de la présence d'une très bonne herboristerie et je me dirigeais vers celle-ci, plus par nécessité, que par envie.
Je n'avais pas vraiment prévu d'y aller tout de suite à vrai dire, je pensais plutôt le faire quand j'aurais eu un moment de libre, mais il avait fallu qu'un imprévu m'y oblige. Regardant mon bras grossièrement enrubanné, je maudissais l'idiot qui avait bien pu me faire ça.

Je me doutais bien que cette mission de protection n'allait pas être de tout repos, mais il avait fallu que mon commanditaire ne suive pas mes recommandations et se mette en danger plus qu'il ne l'aurait du. En temps normal, ça n'aurait pas du être bien gênant, mais les assaillants s'étaient amusés à lancer des projectiles incendiaires et je n'avais pas pu tous les éviter. Tout du moins, j'aurais pu si je n'avais pas du concentrer mon attention à protéger ce noble bedonnant et arrogant, au lieu d'assurer mon intégrité physique.

Malgré tout, j'avais eu de la chance et j'étais parvenu à repousser l'arme incendiaire au dernier moment, même si celle-ci m'avait brulé partiellement le bras. Je me permis une légère grimace et continuais d'avancer vers mon lieu de destination. Il fallait que je me trouve un remède pour ces brulures et les aider à guérir plus vite, par ailleurs j'en profiterai aussi pour voir si quelques décoctions dans la boutique m'intéresseraient.

Après une marche interminable à travers les rues sinueuses et délétères d'Ordae, j'arrivais enfin en vue de mon objectif. L'échoppe était plutôt bien dissimulée dans cette ruelle et je me demandais pourquoi le propriétaire avait choisit un tel endroit, alors qu'il y avait surement des emplacements beaucoup plus propices au profit. Ma brûlure me lançant, elle me rappela que je me moquais bien de la réponse à cette question et je toquais brièvement à la porte avant d'entrer dans la boutique.

L'intérieur était, comme on s'y attendait, encombré de nombreuses fioles et autres remèdes. De plus je n'aurais pas été surpris de voir diverses herbes stockées dans l'arrière-boutique, ainsi que tout un équipement prévu pour la préparation de potions.

Apercevant la propriétaire assise sur sa couche, je m'adressais à elle.

-"Bonjour, j'ai eu quelques mésaventures et j'aurais aimé savoir si vous aviez quelque chose d'efficace contre les brûlures."

Défaisant mon bandage de fortune fait avec un morceau de tissu arraché à un de mes vêtements, je regardais mon avant-bras droit rougit par une brûlure superficielle. Me faire toucher par du feu, quelle ironie pensais-je alors que je maitrise l'air.

Deux petits coups sourds contre la porte m'avertirent de l'arrivée de quelqu'un. Je tournais vaguement la tête pour regarder mon client : il était à contre jour mais mes yeux habitués à la pénombre n'eurent pas de mal à distinguer la silhouette du jeune homme qui avait franchi le seuil de ma boutique. Il devait faire ma taille, mais chaussée de mes bottes, je le dépasserai. Un joli visage, de beaux cheveux noirs, des yeux bleus, son air sombre devait lui confier un certain succès auprès de la gente féminine. Un long manteau noir dissimulait ses vêtements et seul un long bras musclé en dépassait. Musclé, mais recouvert d'un bandage grossier.

En même temps qu'il défaisait son bandage, il prit la parole pour me saluer et m'exposer la raison de sa visite.

"Bonjour, j'ai eu quelques mésaventures et j'aurais aimé savoir si vous aviez quelque chose d'efficace contre les brûlures."

Je restais assise quelques instant à le regarder faire, puis quand il eu finit de retirer son pansement de fortune, je me levai et avançai vers lui. Comme prévu, il était plus petit que moi, ce qui pour un humain n'était pas étonnant. Ce qui m'intriguait était le volume que prenait son manteau, comparé à la corpulence qu'il devait avoir au vu de l'épaisseur de son bras. Soit mon client avait un torse très développé, soit il dissimulait quelque chose sous son manteau. Je pris la parole quand je me rendis compte que je n'avais toujours pas parlé.

"Vous devez savoir que je suis incapable de guérir ce genre de chose immédiatement, je ne suis ni guérisseuse, ni alchimiste. Tout ce que je peux pour vous, c'est vous donner une pommade qui vous soulagera et aidera votre peau à cicatriser, mais cela prendra du temps. Si vous cherchez un soins plus rapide, il y a un hôpital dans les Fumeroles et un alchimiste réputé à Northrives. Maintenant, si nous sommes d'accord, je m'occuperai de soulager votre brûlure."

J'examinais l'avant-bras du garçon. L'extérieur était brûlé de façon superficielle jusqu'au dos de la main. L'intérieur semblait avoir échappé au mal. Quelques petites coupures indiquaient que quelque chose avait heurté le bras de mon client et de petites brûlures sur son vêtement semblaient indiquer que quelque chose avait explosé à proximité. Il avait sans doute essayé de se protéger.

Délaissant le bras endolori, j'allai chercher un petit pot dans un placard, enlevai le bouchon de liège qui le fermait et en humai le contenu. Je revins vers mon client et lui tendis la pommade.

"Appliquez cela sur toute la surface brûlée. Mettez en une bonne quantité et massez longuement. Vous pouvez vous installer là."

Je lui désignai la couche d'une main ouverte.

Je regardais la couche que la propriétaire m'avait désignée, puis pris la pommade qu'elle me tendait avant d'aller m'asseoir.

-"Je me doute bien que vous n'êtes pas guérisseuse, mais à vrai dire je préfère éviter autant que possible les hôpitaux. De plus j'étais sur place et il est plus facile pour moi de venir ici que d'aller jusqu'aux Fumerolles ou Northrives."

Finissant de défaire le bandage, je le déposais sur une table à proximité avant de reprendre le pot que m'avait fournit la vendeuse. Trempant les doigts dans celui-ci, je commençais à étaler la pâte sur mon avant-bras brûlé, appréciant aussitôt l'effet d'apaisement que la pommade procurait.

-"Je me serais attendu à trouver votre boutique dans un endroit plus fréquenté, mais je suppose que vous préférez le calme."

Continuant de masser mon avant-bras, je relevais la tête vers l'herboriste. Il faisait plutôt sombre mais mes yeux avaient finis par s'habituer à la pénombre et je pouvais discerner ses traits. Il était difficile de percevoir son visage car il était plutôt sombre, presque noir et ses cheveux d'un blanc éclatant contrastaient beaucoup avec sa peau. Sa chevelure qu'elle avait attachée avec recherche, laissait apercevoir deux oreilles en pointes embellies par de nombreux bijoux. Quand à ses yeux, ils étaient de couleur mauve et attiraient immanquablement le regard. Enfin j'avisais que ses vêtements étaient aussi sombre qu'elle, si ce n'était de nombreux ornements en argent décrivant d'artistiques dessins et arabesques sur ceux-ci.

Il n'y avait pas de doute l'herboriste était une elfe noire, mais je n'avais que faire de ça, après tout ce qui m'importait était que son remède soulageait ma douleur.

-"Votre pommade est très efficace, je ne sens presque plus la brûlure, je vous remercie beaucoup."

"Je me serais attendu à trouver votre boutique dans un endroit plus fréquenté, mais je suppose que vous préférez le calme."

Je l'observais en train d'enduire son bras de pommade à l'aide de sa main gauche. Elle présentait de la corne comme s'il se battait avec une arme dans cette main. Cependant, le bras qui s'était fait brûlé se trouvait être le droit, un réflexe de protection qui le désignait comme un droitier. Mon client était ambidextre, combattant probablement.

"Je ne cherche pas l'attention de tout le monde, je me contente des clients qui entendent parler de moi par quelqu'un d'autre et ont le courage de venir jusque dans les ruelles d'Ordae."

Pendant qu'il se massait, je le regardais m'observer. Inutile d'essayer de me faire passer pour autre chose qu'une Druchii, c'était peine perdue. Visiblement, cela ne lui posait aucun problèmes.

"Votre pommade est très efficace, je ne sens presque plus la brûlure, je vous remercie beaucoup."

"Il s'agit d'Aloes vulgaire. Cette pommade a d'autre vertus. Gardez le pot et appliquez vous en lorsque la douleur commence à revenir. La blessure n'a pas l'air trop grave, heureusement pour votre bras."

Je marquais une pause, sans le quitter des yeux puis repris la parole.

"De quel genre d'objet avez vous eu à vous défendre ?"

Cela n'était pas mon problème, mais la perspective d'en apprendre un peu plus sur les engins explosifs m'intéressait, et cette personne venait justement d'en être victime.

"De quel genre d'objet avez vous eu à vous défendre ?"

Je ne pu réprimer un léger et amère sourire.

-"Je ne saurais trop vous le décrire, j'étais pris dans le feu de l'action. Mais ça ressemblait plus à un engin explosif primaire à base de poudre probablement. J'ai eu de la chance qu'il ne ramène pas quelques jouets de Tern comme une grenade ou pire."

Je continuais de masser mon avant-bras avec soulagement, elle pouvait dire que ce n'était que de l'Aloes vulgaire, il en résultait que la pommade faisait presque disparaître la douleur. Je me demandais d'ailleurs qu'elles étaient les autres maux que ce remède pouvait bien guérir.

-"A vrai dire si je n'avais pas eu à défendre un sombre idiot, je ne me serais jamais fais toucher. Mais à vrai dire je suppose que l'explosif vous intéresse plus que l'histoire de ma vie."

En effet cela ne lui disait rien d'étaler ses mésaventures comme cela, surtout que l'elfe avait l'air aussi solitaire que lui et se moquait probablement de comment ça lui était arrivé. Comme lui, elle ne devait surement vouloir enregistrer que les informations qui lui paraissaient importantes à ses yeux.

-"Excusez moi ... Et ce que ça vous gêne si je vous demande votre nom ? J'aime savoir à qui je m'adresse en général."

Demander le nom aux gens que je rencontrais au cours de mes périples était à vrai dire la seule fois où je faisais preuve d'un minimum de sociabilité. Mais je supposais que c'était aussi du à ma curiosité et à ma méfiance naturelle.

"Je ne saurais trop vous le décrire, j'étais pris dans le feu de l'action. Mais ça ressemblait plus à un engin explosif primaire à base de poudre probablement. J'ai eu de la chance qu'il ne ramène pas quelques jouets de Tern comme une grenade ou pire. A vrai dire si je n'avais pas eu à défendre un sombre idiot, je ne me serais jamais fais toucher. Mais à vrai dire je suppose que l'explosif vos intéresse plus que l'histoire de ma vie."

*Dans l'mille. C'est noble de ta part de l'avoir remarqué et de t'y astreindre.* pensais-je.

Quelqu'un à défendre ? Il n'était donc pas la cible de l'attaque et au vu de son tempérament, il n'avait sans doute pas agit par pure bonté mais parce qu'il le devait. Un sombre idiot ? Cet individu était donc garde du corps, soit permanent, soit temporairement embauché pour servir d'escorte.

"Excusez moi ... Et ce que ça vous gêne si je vous demande votre nom ? J'aime savoir à qui je m'adresse en général."

C'était là une information que je communiquais rarement, aussi hésitais-je un instant. Que pouvait impliquer le fait que cet homme connaisse mon nom ? Il pourrait m'identifier auprès de n'importe qui ayant une dent contre moi, mais cela, une simple description de mon physique suffirait à me trahir. Il pourrait pratiquer quelques magies d'envoutement sur ma personne ? Il n'avait pourtant pas manifesté de griefs à mon égard et je n'avais décelé aucune trace de mensonge dans ses dires. S'il me menait en bateau, il le faisait très bien. Je pris le risque de lui révéler mon nom mais demanderai à connaitre le sien. Cela pourrait toujours resservir plus tard.

"Seulement si vous me donnez le votre en retour, jeune mercenaire. Je m'appelle Ravëfanwen Lorandara."

La conversation prenait un angle intéressant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas parlé à quelqu'un. Il me faudrait faire attention à mes dires.

"Seulement si vous me donnez le votre en retour, jeune mercenaire. Je m'appelle Ravëfanwen Lorandara."

J'affichais un léger sourire amusé, elle était aussi méfiante que moi, voir même plus. C'était la première fois que je rencontrais une personne comme elle et rien que pour cela elle m'intéressait de plus en plus.

-"Enchanté Ravëfanwen. Quand à moi je me nomme Arcanta Alduin."

Alduin, parfois ce nom me paraissait étranger, pourtant c'était moi qui avait décidé de le prendre en reniant celui de ma famille. Aujourd'hui j'étais connu comme Arcanta Alduin, parfois surnommé le magicien de l'air, mais mon vrai nom était Delanor, un nom que je maudissais encore aujourd'hui.

-"Je vois que vous êtes très observatrice pour avoir deviné que j'étais un mercenaire. Je me demande ce que vous avez bien pu voir d'autre sur moi."

Même si il ne devait pas être très difficile de deviner que j'étais un mercenaire, j'étais quelque peu étonné qu'elle l'ait vu si rapidement. Elle n'avait pas l'air de nourrir de mauvaises intentions à mon égard mais je restais légèrement méfiant. Après tout les gens les plus dangereux étaient souvent ceux qui étaient les plus observateurs, ils étaient capables de trouver les informations nécessaires et en faire bon usage quand ils en avaient besoin.

-"Je trouve dommage qu'il fasse aussi sombre ici, cela cache beaucoup votre jolie visage."

Cette phrase avait été dite sur un ton plutôt neutre. Je ne cherchais nullement à taquiner Ravëfanwen ni à la charmer. Cette saillie était plutôt là pour juger du caractère de mon interlocutrice, afin d'en savoir plus sur elle.

"Enchanté Ravëfanwen. Quand à moi je me nomme Arcanta Alduin. Je vois que vous êtes très observatrice pour avoir deviné que j'étais un mercenaire. Je me demande ce que vous avez bien pu voir d'autre sur moi."

Confirmer ce que j'avais déduit sur lui avant de chercher à savoir si j'avais deviné autre chose m'indiquait qu'il ne craignait pas vraiment que je découvrisse quelque chose d'important. Selon toute vraisemblance, il était franc avec moi.

"Je trouve dommage qu'il fasse aussi sombre ici, cela cache beaucoup votre jolie visage."

*Que cherche-t-il ?*

Etait-ce une remarque lancée en l'air ou bien s'agissait-il d'une question destinée à me tester ?

"Je vous remercie et vous retourne le compliment, mais je préfère la pénombre à la lumière du grand jour. Je ne pense pas vous apprendre quelque chose en vous révélant que je suis une Druchii et que les ténèbres sont mon berceau."

C'était vrai, Nagarithar était une contrée ou les nuits étaient bien plus longues que les jours, et même pendant ces derniers, l'astre solaire qui éclairait le royaume était voilé par une brume grisâtre.

"Il y a une chose que je n'ai pas devinée sur vous et qui pourtant m'intrigue, c'est ce que vous dissimulez sous votre manteau. Vous êtes musclé, je le reconnais, mais pas tant que cela. Arrêtez moi si je me trompe, mais à mon avis vous cachez là quelque chose qui attirerait les regards sur vous, ce qui ne vous faciliterait pas la tâche lors de votre travail de mercenaire. Cependant vous ne vous en débarrassez pas, j'en conclu qu'il s'agit de quelque chose que vous ne pouvez qu'accepter sur vous comme je dois le faire avec la couleur de ma peau ou mes oreilles d'elfe. Serait-ce indiscret de vous demander ce dont il s'agit ?"

Cette information ne m'était nullement utile, mais piquait ma curiosité. Si j'avais absolument tenu à savoir ce dont il s'agissait, j'aurai pu lui demander de se découvrir en entrant chez moi comme le veut une ancienne coutume, mais je n'en avais rien fait.

"Je vous remercie et vous retourne le compliment, mais je préfère la pénombre à la lumière du grand jour. Je ne pense pas vous apprendre quelque chose en vous révélant que je suis une Druchii et que les ténèbres sont mon berceau."

-"En effet vous ne m'apprenez pas grand chose, il aurait été difficile de ne pas se rendre compte que vous étiez une Druchii. Après ma remarque ne se voulait pas déplaisante, je sais bien que vous préférez la pénombre mais elle cache en même temps votre beauté ce que je trouvais plutôt dommage."

Je la regardais, cherchant à la décrire sans paraître la dévisager. J'avais lu assez de livres pendant ma jeunesse pour me tenir au courant des différents habitants peuplant l'entre-monde et on ne pouvait que penser qu'elle était une Druchii. Même si je rechignais à l'avouer, mon père m'avait apporté au moins une solide base en histoire et dans le domaine du combat.

"Il y a une chose que je n'ai pas devinée sur vous et qui pourtant m'intrigue, c'est ce que vous dissimulez sous votre manteau. Vous êtes musclé, je le reconnais, mais pas tant que cela. Arrêtez moi si je me trompe, mais à mon avis vous cachez là quelque chose qui attirerait les regards sur vous, ce qui ne vous faciliterait pas la tâche lors de votre travail de mercenaire. Cependant vous ne vous en débarrassez pas, j'en conclu qu'il s'agit de quelque chose que vous ne pouvez qu'accepter sur vous comme je dois le faire avec la couleur de ma peau ou mes oreilles d'elfe. Serait-ce indiscret de vous demander ce dont il s'agit ?"

Ce que je cachais dans mon dos ? Je me retins avec peine de sourire, je ne cachais pas vraiment mes ailes, c'était une habitude que j'avais prise pour surprendre l'adversaire qui ne s'attendait pas en général à affronter un ange.

-"Ce que je dissimule dans mon dos ... hum ... pas grand chose à vrai dire, juste une paire d'ailes tout au plus. Donc en effet même si je le souhaitais j'aurais du mal à m'en séparer, mais à vrai dire elles me sont très utiles."

Je lui avais donné l'information sans me soucier de ce qu'elle en ferait, après tout pas mal de gens le savait et ça ne lui apporterait pas vraiment grand chose. A mon tour je lui posais une question qui me brûlait les lèvres.

-"Serait-ce trop indiscret de vous demander, j'aurais voulu savoir en tant que Druchii, j'ose imaginer que vous avez d'autres compétences que la simple herboristerie."