Corbeau et croco

- Le voyageur se fatigue, et vient enfin la bénédiction de ceux qui ont transmis le pain et le vin. Energy Savior !

Pratique ce sort qui réduit la fatigue ! Dommage que je ne puisse pas l’utiliser sur moi-même …

Hum … L’attaque me paraissait trop peu organisée pour qu’il soit une attaque de frappe. Je dirais que ce n’était qu’une attaque préventive et stratégique : peut-être que l’ennemi voulait en savoir plus sur notre groupe en envoyant des misérables créatures à notre poursuite ?

L’attaque de ces petits monstres était plutôt distrayant : Je regardais Morok les déchiqueter un à un, et Azurée … faire son travail. Tandis qu’Azurée était occupé avec l’un de ces petits monstre, un autre tenta de me prendre par surprise. C’est alors que je donna un violent coup de pied arrière pour le repousser sur un mur. Aussitôt fait, je fonça vers avec en éxécutant un saut horizontal et continua à lui donner quelques coups de poings bien placé, en l’achevant en le balançant sur le feu, et en le maintenant en place en l’écrasant avec mes chaussures.

Une fois le combat terminé, j’aida Azurée à refaire le feu, et accessoirement à retirer le misérable troll que j’avais laissé cuir dans le feu …

Haaaah … C’était tellement jouissif d’entendre le cri de cette pauvre bête en train de cuir à petit feu.

- Je vais très bien Azurée, et Morok, je t’ai laissé un apéro Morok. Bon allons dormir, il faut qu'on se repose, le chemin promet d'être long.

Et bien moi j'aurais bien continué le dîner ! Morok ne le vit pas de cet oeil là. Les craquements sinistres, et l'odeur tout aussi sinistre, de la créature suffit à me couper l'appétit.
Voilà qui tombe bien, je m'étais un peu empâté à rester à l'auberge.
Mon visage exprima une demi-grimace quand je maugréais que ces choses pouvaient être frelatées ou empoisonnées. Morok n'a pas dû entendre, les crocodiles ne sont pas réputés pour leur bonne ouïe, car ça ne l'empêcha de terminer son repas.

Au petit matin la lumière pénétrait l'orée du bois et ce fut un soulagement de la voir poindre de cette façon.
La nuit s'était terminée sans plus de grabuge ni de dîner improvisé dans les rangs de l'ennemi.

J'étais tout de même impressionné. Nouvan se défendait bien sur le terrain et je me sentais comme le gringalet de la bande. Celui qui n'a pas appris à se battre mais qui peut servir...
Parfois.
Au dessus des braises je fis griller le peu de pain que j'avais emmené. Je le partageais généreusement avec mon confrère acolyte.
Il vaut mieux bien s'entendre avec ceux qui peuvent donner les coups.

Dans la Silnà, nous savons nous défendre. Nous ne sommes ni lâches ni téméraires. Mais les enjeux sont plus grands, plus importants, que ceux qui régissent notre fierté ou notre honneur.
Maintenant que tous ont dévoilé leurs atouts maitres. Je sais que je peux rester dans l'ombre. Ils s'en sortiront très bien et je n'ai pas besoin de m'imaginer en première ligne.
Je me sens vulnérables à côté d'eux. Non. Je ne suis pas en sécurité.
A mon retour, je vais devoir m'assurer d'être mieux protégé la prochaine fois. Le temps m'est compté et je ne souhaite pas le raccourcir.

Un village. Des maisons séparées chacune par un demi-kilomètres. Jusqu'à la ligne d'horizon quelques demeures en pierres brutes et toits de chaumes s'égrènent au gré du terrain.

-Ils sont à côté d'Ing et il n'y a pas une seule barrière... Ils sont fous ou morts.

Le sentier menait droit aux maisons. Mais avant il fallait passer au travers des champs. Notre arrivée par le sentier donnant sur la forêt ne passa pas inaperçue. En quelques minutes, la première maison sur le chemin présentait sur son flanc un petit attroupement de curieux.
Au départ ils ressemblaient à de vagues silhouettes gigotantes. Et puis, à mesure que nous approchions... Ces figures gagnèrent une certaine forme d'intensité.
Les curieux étaient hauts comme deux hommes.

De loin leur apparence était humaine. Tête, torse, bras et jambes en nombre identique. De près ils changeaient radicalement de la définition d'être humain. Leur taille n'était qu'un détail.
Ici était regroupé une petite communauté de chimères.
J'aurais voulu faire pareil en les mélangeant dans un mixeur je n'aurais pas eu de résultat aussi stupéfiant !

Ma réaction fut tout à fait à l'opposé de cette impression.
Si ma grimace de la veille n'avait pas attiré l'attention de notre garde-du-corps, cette fois mon expression dégoûtée ne passait pas inaperçue.
Si l'enfer à un visage, ce village y ressemblait.

A mes yeux, j'avais là le pourquoi de la traque effrénée de mon peuple : une communauté de créatures bizarres dont les mélanges zoologiques ont créées des êtres parfois plus grotesques et maladroits que la nature ne saurait le permettre.
A l'instar de ces bêtes dont les nageoires proéminentes ont ôté tout espoir de tenir un jour un crayon puisqu'ils ne possèdent aucun pouce opposable. Des nageoires qui ne servent à rien au vu de leur carrure solide, le genre de créature qui coule à pic.

-Je vous laisse passer devant, j'ai mal digéré le petit déjeuner...

Je me plaçais derrière l'imposante carrure du saurien.

[spoiler]Nouvan je te laisse l'honneur de leur déclarer la guerre nous présenter. Si le village aux chimères ne vous plait pas on peut changer. Mais je trouvais ça amusant puisque nous chassons justement des chimères.[/spoiler)

Haaaah, je savais que j’allais apprécier la personnalité de Morok ! Il est tout ce qu’un démon veut être : puissant et particulièrement sauvage et diabolique. Je me relaxais au son du petit troll qui se faitait broyer les os. Dommage qu’il ne soit plus vivant, j’aurais bien voulu entendre son cri jusqu’au bout de la nuit !

Alors que Morok termina son repas, je me suis en position assis pour m’endormir, ma tête posé contre un mur. Heureusement que ma capuche me protégeait des toiles d’araignés et de d’autres éléments du décor tout aussi ragoutant.

Le lendemain, j’observais les habitudes quotidiennes du crocodile. Je ne m’étais pas imaginé qu’il avait besoin de soleil pour se réchauffer. C’est dommage, j’aurais pu l’aider avec l’un de mes anciens sorts, mais passons. C’est pendant ce temps que je commençais à vérifier mon inventaire et à réveiller Azurée doucement. Je lui avais proposé un autre petit sandwich, tandis qu’il m’avait proposé un peu de pain grillé.

- Je pense qu’en sortant d’ici, il faudra qu’on aille chasser une grosse bête pour que Morok puisse se nourrir …

Il était revenu, prêt à la charge apparement puisqu’on est repartit de notre cachette pour sortir de cette pu…. De forêt. Mais, je ne savais pas si ça devait ma rassurer de voir des maisons séparées comme ça … Cela faisait vraiment individualiste.

-Ils sont à côté d'Ing et il n'y a pas une seule barrière... Ils sont fous ou morts, commenta Azurée sur le manque de structures.
- Je penserais plutôt qu’ils sont assez puissants pour ne pas en mettre. Si ça se trouve, ils sont eux aussi des maîtres des animaux, ce qui ne m’étonnerait pas dans le fond, répondis-je.

Quand on s’approcha de plus près des maisons, deux humains (ou plutôt des supra-humains …) s’approchaient à notre venue. De loin, je me disait que ça devait être des humains tout à fait normaux, mais plus le temps passait, et plus … bah … ils avaient l’air disproportionnés pour être des humains normaux. Et ouai, c’était des géants !

Je restais quand même stoïque face à leurs morphologie, comparé à Azurée qui avait l’air plus que dégouté, il s’était même caché derrière monsieur muscle … Ralala, je sens que c’est encore à moi de passer en mode « I have a Coldgate Smile ! » … Comme d’habitude. Le truc, c’était de choisir quoi raconter comme bobard pour qu’on puisse en savoir plus.. Si c’était des dresseurs de chimères, c’étaient sûrement eux qui avaient envoyé l’annonce, mais l’attaque du maître au sifflet n’était pas rassurant. Peut-être était-ce une personne de ce village ?

- Bonjour ! Nous sommes des voyageurs et nous cherchons des vivres et de l’eau pour nourrir notre groupe. Nous venons de traverser cette forêt mais notre chimère crocodile n’a rien eut à manger depuis des lustres. Regardez-le ! Il a l’air féroce mais il est doux comme un agneau ! Enfin, presque.

Tout était dans la présentation. Il ne fallait pas se louper. Avec toute l’hypocrisie et le sourire que je pouvais avoir, j’essayais de charmer ces messieurs avec mon charisme de serveur asiatique. J’espère que ça allait marcher. Mon plan était de s’infiltrer dans la base ennemie et de récolter un maximum d’information une fois pénétré dans le repaire. Mais, je préparais deux cartes de magie au cas où ça tournerai mal.

J'ai manqué de m'étouffer ! Nouvan qui parle de Morok comme du plus doux des animaux de compagnie s'en fut trop pour mes nerfs. Mon dégoût affiché pour ce peuple bizarre venu d'ailleurs venait de dégonfler comme un ballon.
Le hic!, je ne pouvais pas risquer ma vie en m'esclaffant devant le crocodile...

Mon humeur retomba vite. Une chimère baragouina quelques mots. J'entendis une menace à peine voilée derrière le bégaiement. Sa crédibilité ne reposait que sur le nombre important de villageois.

-Je veux vivre, donc allons dans la cahute du chef...

Ma remarque ne fut pas entendue mais le charan nous y emmena quand même. Enquêteur dans l'âme il alla droit au but après avoir passé la porte.
Pendant que je regardais le fond d'une jarre noblement posée près de l'entrée. Il s'agit soit d'un crachoir géant, soit du seau à parapluie.

Le chef du village se dressa sur ses deux pattes dès qu'il entendit le crocodile rugir. Un instinct animal venait de s'éveiller en lui, celui de l'oiseau qui s'est posé trop près de la gueule de l'alligator.
Il parla d'une voix clair, rendue profonde par la forme de sa tête.

-J'ai bien peur de ne pas savoir de quoi vous parlez.

Il posa son regard sur chacun de nous. Ses yeux évaluaient nos forces, nos positions. Sans surprise, il m'ignora, s'adressa au charan dont la puissance laissait croire qu'il était le chef de cet attroupement. Ses yeux allaient vers Nouvan qu'il considérait un peu mieux que moi.
La loi de la jungle, le plus faible au bout de la corde.

-Si vous souhaitez rester chez moi plus longtemps, auriez-vous l'amabilité de vous présenter ? ... Et de m'expliquer ce que vous cherchez avec ...

Il désigna le marteau de Morok comme une réponse évidente.

J'étais le petit de la bande, je saisie une chance d'en placer une, pour mieux me faire voir.
C'est très étrange, je n'aimais pas ces gens, mais il m'était insupportable d'être moins bien considéré que les autres.
Froussard et orgueilleux...
Je fis quelques pas de plus dans la maison.

-Connaissez-vous les chimères corbeau-loup qui nichaient dans cette région ? Ce sont elles que nous cherchons.

Aucun sens de la communication ce mec … M’enfin bon, ce n’’est pas forcément super étonnant de la part d’un crocodile qui porte une massue et qui est en plus un genre d’animal musclé. Je me demande combien de sac à main je pourrais obtenir si je récupère ses carcasses. Bon après les autres énergumènes qui se trouvaient devant moi me paraissaient aussi rentable que la peau de mon adoré croco. Mais restons humble : il ne fallait pas faire peur les habitants de ce petit village … Enfin, essayer d’atténuer les mauvaises humeurs.

Bon bah c’est partit pour un tour, on va aller voir le chef et lui arracher les informations … Enfin, si monsieur Croco arrêtais de faire peur aux gens, parce que le pauvre devant moi avait l’air tétanisé et semblait être sur le point de se pisser dessus par pur peur. Il faut reconnaître que je me doutais que les villageois allaient être d’un inutile et d’un ennui … Ils ont beau avoir des gueules disformes, ils sont quand même pas très impressionnant.

« Si v-vous vouloir vi-vivres, alors allez pa-parler au chef. Dans gr-grande hutte là b-bas. »

Et tout le monde partit dans le silence du village, nous laissant en plein milieu du village. C’est alors que le Croco tenta de m’interpeler en me menaçant de sa voix rauque et profonde. Je le laissais faire, de toute manière, il avait besoin de moi et d’Azurée pour les coups dur. Ma main droite à côté de mon holster, je me préparais quand même à dégainer, au cas où les choses se dégénéraient : Le Croco ou les habitants du village.

On se dirigea vers la hutte du chef du village, qui était mi-oiseau, mi-humain. Il nous regarda avec un air inquisiteur, jugeant la puissance et l’apparence de chacun. Je pouvais voir dans son regard la méprise face à Azurée, qui lui paraissait faible et sans défense. Il resta tout de même stoïque face à la carrure du crocodile. Ouai, le chef de ce village semblait en avoir vécu des aventures … Sa posture et sa voix en était une preuve.

Je voyais le dégoût d’Azurée d’être considéré comme un membre tertiaire. Moi-même, j’ai souvent été refourgué au rang d’assistant avec ma magie de soutien, que ce soit à l’Entre-Monde, où même dans mon ancien monde.

Ce qui m’étonna c’était la décoration de sa hutte. Il comprenait un certain nombre d’instruments à vent et divers instrument à percussions traditionnelles, ainsi que des tapisseries représentant sûrement l’histoire du village. Des armes de guerres, des cornes de je ne sais quel animal, et surtout des plumes noires, accrochés sur des flèches … Des plumes noires … Je me demandais si ce n’était pas ce village qui avait fait disparaître les valravens, ce qui serait logique dans le sens où on n’a pas vu beaucoup d’animaux domestiqués, si ce n’est les êtres humanoïdes du coin.

Mais la conduite du chef du village était exemplaire, rien dans son apparence et sa démarche ne laissaient passer une once d’hésitation, seul la peur se lisait dans ses gestes.

-Si vous souhaitez rester chez moi plus longtemps, auriez-vous l'amabilité de vous présenter ? ... Et de m'expliquer ce que vous cherchez avec ...

- Nous ne sommes que des aventuriers et nous souhaitons trouver des indices concernant l’évolution de la zoologie des environs. Mais je suis fasciné par toute la décoration et le style de notre hutte, monsieur le chef du village ! Je vais prendre des photos pour garder un souvenir de mon aventure =D !

Discrètement, en faisant le tour de l’endroit en mode touriste, je pris quelques clichés des lieux avec ma montre traducteur, en espérant que les tapisseries et le reste nous révèle quelques informations intéressantes. Connecté sur ma tablette, je commençais à lire ce qu’il y avait marqué… En gros, cela racontait l’histoire du village. Les habitants du village … ETAIENT DES ETRES HUMAINS ?! Si j’en crois les inscriptions, les habitants auraient subi une malédiction après avoir mangé certains animaux du coin. Hoh my gosh … Et moi qui voulait manger du poulet, je pense que je vais m’en passer !

Cela voulait dire que c’était risqué de rester dans les lieux. Il n’y avait pas grand-chose de plus sur les murs. Il me fallait quelque chose de plus : les livres posés sur les étagères. Ils devaient certainement contenir un maximum d’information sur notre quête. Des instruments de musique, des humains qui deviennent des chimères, un expert en contrôle des animaux …

- Bon je vais faire sortir Azurée, il a besoin de respirer un peu le pauvre, la route l’a un peu épuisé, nous comptons sur vous chef pour les négociations ^o^ !

Je pris le bras d’Azurée et sortit lui expliquer la situation, pensant que le crocodile seraient de toute évidence en sécurité même s’il risquait de se faire dévorer par le beau monde, mais je ne pouvais pas parler de mes suspicions devant le chef de la troupe. Un fois sortit, je commençais à prendre mon air de mec sérieux avec un air totalement neutre.

- … Bon, j’espère que Morok ne va pas faire du grabuge dans la hutte du chef … Bon écoute moi Azurée, pendant que je regardais la maison, j’ai découvert que les habitants étaient tous des êtres humains … et d’après mes observations, ils ont l’air portés sur la musique. J’ai retrouvé ce qu’il me semble être des partitions de musique mais … de ce que j’ai pu décrire, il s’agirait plus d’une chanson pour attirer les animaux. Et aussi, il y avait des flèches aux plumes noires. Alors soit tout le village nous cache quelque chose, ou soit je psycote pour rien …

J’avais cette sensation qu’il y avait quelque chose dans ce village, une chose que la lumière n’a jamais révélé des ténèbres de la nuit.

Pas un seul regard vers Azurée, même quand celui-ci se met à parler. Le chef continue de balancer son regard inquiet entre Morok –pour sa stature, et Nouvan –pour ses fouilles discrètes. Le Charan grogne doucement pour s’accaparer toute l’attention du chef à la face de piaf.

- Nous connaissons ces chimères. Nous les laissons tranquilles car elles sont maudites. Nous ne savons malheureusement pas ce qu’il est advenu d’elles. Elles semblent avoir fui la région pour une raison inconnue.

Morok s’avance très légèrement, suffisamment pour paraitre encore plus menaçant, et plonge son regard méfiant dans celui de l’humanoïde. Celui-ci s’enfonce un peu dans son fauteuil.
Les humains sortent de la cabane, tout en discutant. De son coté, le chef semble changer d’attitude, plus sur et plus rassuré. Depuis qu’il est mercenaire, le Charan n’a jamais vu quelqu’un être rassuré de se retrouver seul avec lui. Il s’approche d’un pas décidé et saisit le col de la chemise du chef, le soulevant du sol.

°Qu’est ce que tu caches le piaf ? Pourquoi tu parais soudainement tout content ?°

Dans le village, un son de corne résonne. Il s’accompagne de quelques percussions. Puis d’un son de flute. Et d’autres instruments aux sons exotiques. Une puissante mélopée se fait bientôt entendre dans tout le village. Dehors, deux créatures expliquent aux humains qu’il s’agit d’une simple célébration de l’heure solaire, au même titre qu’un cadran.
Dans la cabane, le résultat est autre. Un titillement vient chatouiller les pensées de Morok, qui cligne des yeux à plusieurs reprises. Puis le titillement devient un grattement, puis une pression. Puis une douleur.

Progressivement, le Charan repose le chef pour poser ses mains contre son crâne, en grognant de douleur. Quelque chose lui force le cerveau, écrasant ses pensées alors que des chuchotements incompréhensibles sonnent dans sa tête.

Le Chef se redresse, un sourire tordu sur son visage difforme.

- Tu as résisté au sifflet dans les bois. Tu sembles plus résistant que les créatures des forêts. Peut-être que ton esprit de guerrier nous délivrera du sort des loup-corbeaux.

°Sors… de… ma… tête… Vais… te... bouffer… dès…que…°

La pression mentale qui comprime le crâne de Morok finit par gagner, réduisant le Charan au silence et les yeux du crocodile se révulsent, alors que ses pattes postérieures plient sous le poids amorphe. Il reste une seconde à genoux avant de se relever lentement, les yeux toujours blancs. Le chef oiseau passe alors sa main plumée sur le torse de Morok et s’adresse à lui d’un ton impérial.

-Deux étrangers menacent notre village. Ils sont à l’extérieur : occupe-t’ en. Une fois ce travail terminé, tu iras chasser le dernier troupeau de loup-corbeaux. Ensuite, jette-toi du haut d’une falaise. Personne ne doit savoir.

Le Sanctuari, d’un bras lourd et hésitant saisit son arme et se dirige vers la sortie. Sa respiration saccadée, son mince filet de bave qui commence à pendre le long de ses crocs et l’air absent sur son visage informera bien vite les deux humains que le Charan a un problème.
Le crocodile, bien qu’intelligent, reste un animal. Et la musique des hommes chimères semble avoir un effet sur les bêtes. Tous les animaux alentours se dirigent en effet vers le village, animaux domestiques comme les oiseaux sauvages.

Des photos !
Je manquais de m’étrangler. On venait de m’ignorer, signe évident du manque de noblesse certain de cette population arriérée, et voilà que notre gérant de café veut prendre des photographies de l’endroit. Il s’attardait un petit moment avec son appareil.

J’attirais si peu l’attention qu’on m’oublia jusqu’à ce que Nouvan redécouvre mon existence.

Je garde un souvenir amer de cette journée, commencer par voir le charan au réveil n’est pas la seule chose qui, plus tard, si je suis encore en vie dans quelques semaines, me donnera envie de me souvenir d’aujourd’hui.

Je laissais donc notre garde en uniforme d’écailles avec le chef aux plumes et suivis sans un mot le brasseur au dehors.

-En quoi ai-je l’air épuisé ? Nous n’avons pas beaucoup marché depuis ce matin. T’aurais pu t’en soucier pour le crocodile sur deux pattes. Lui, il doit commencer à sentir son poids lui causer des fourmis dans les orteils !

Rageur je m’éloignais de quelques pas. Les yeux levés au ciel, je me plains en pensée d’avoir à vivre dans l’Entre-Monde. Comme chaque fois que cela m’est arrivé, Dieu est resté silencieux à mes maux.
Je ne revenais vers Nouvan que lorsqu’il parla de la décoration du chef.

-Tu as découvert ça comment ? En prenant tes photos ?

Plus il parlait, plus j’étais mal à l’aise.

-Tu penses qu’ils ont attiré les chimères. Sauf qu’on n’en a vu aucune qui correspond à celles que nous cherchons…

Bien entendu.

-Sauf s’ils les ont mangés ou…

Morok nous rejoint dehors.

-Ah ! Morok ! L’air frais du bien quand on sort de là, n’est-ce pas ?!

Quelque chose me retint d’aller le voir pour lui rapporter mot pour mot les découvertes faites par Nouvan. Il m’avait l’air étrange. Comme cette fois avec le canard… Il ne semblait plus capable de contrôler ses besoins sanguinaires.

-Tu as pu obtenir quelqu…

Puis j’ai commencé à reculer. Il n’avait pas du tout l’air dans son assiette. Cette fois aucun androïde ne ferait rempart entre nous et l'animal devenu fou.

Peu de temps après ma brève explication, je vis le Crododile sortir de la hutte du chef et … marcher … difficlement, comme si son essence ou sa vie avaient étés aspirées, pour laisser place à une chimère complètement folle et rendu débile par son environnement. Il ne semblait pas être lui-même. Je le voyais presque se retenir de marcher. Rapidement, je conclus qu’il avait été subjugué par l’un des instruments du village : ils étaient donc dans le coup ! Ces salauds ! Je me disais que c’était trop beau pour être vrai.

Malheureusement pour moi, Morok n’était pas le seul problème à gérer. Les oiseaux, les chiens, les chats, et d’autres créatures commençaient à hurler, aboyer, miauler, comme si le diable en personne s’était ramené… Mais le diable, c’était nous, moi et Azurée de Trèfle. Les oiseaux volaient au-dessus de nous, les chiens et autres quadrupèdes commençaient à nous encercler, les serpents rampaient. On était pris dans un tourbillon animalier.
Je connaissais plusieurs tactiques pour contrer des animaux. Et mon premier réflexe fut d’appeler mon engin mécanique multi-fonction : Kuler, le Camitou !

- Kuler, sort du sac ! J’ai besoin de toi !

Et mon animal de compagnie sortit de sa stase et grimpa rapidement sur mon épaule droite, joyeux d’être sortit de sa cachette et d’être fonctionnel.

- Hee Hoh Hi ! Et voici le champion des couleurs, Kuler ! Que puis-je faire pour vous aujourd’hui ?
- Lance la chanson des Hurlements d’Estrina ! Puissance maximale ! Ca devrait les calmer et les ralentir un bon moment, jusqu’à ce qu’on trouve une solution !

Généralement, les animaux sont plus sensibles à certains sons que d’autres, ce qui fait que les sons particulièrement trident ou des ultra-sons étaient des armes efficaces sont les bêtes. Mais il y avait aussi une autre solution : le feu. Comme on était dans un village pastoral, il était facile de trouver des endroits qu’on pouvait bruler, à commencer par la hutte du chef du village et ce qu’il y avait autour.

- Bon Azurée, il faut qu’on évite de se battre avec Morok pour ne pas trop l’amocher. Le reste, on les tues et on les envois en enfer !

Je pris un petit chalumeau de cuisine de mon sac et le donna à Azurée. Je continuai part lancer un sort sur mon allié, en sortant toujours l’une de mes cartes de sort fétiche.

- L’enfer attend celui qui ne fuit pas la forêt en braise, le lapin cours et s’agite jusqu’à ce que le village soit réduit en cendre par le feu ! AERIA WALK ! Je compte sur toi Azurée pour mettre le feu sur tout ce que tu trouves, pendant que je m’occupe du monsieur Crocodile !

Et mon combat contre une féroce créature commençait … Je savais que je n’aurais aucun mal à l’esquiver, mais pour combien de temps ? Je devais aussi faire attentions aux animaux autour de moi …