Rencontre avec une démone [PV : Cérès]

En y repensant, Ryner se demandait ce qu'il faisait dans ce bar peuplé de poivrots qui empestaient l'alcool et la fumée à dix lieux à la ronde. A la base, tout ce qu'il voulait c'était boire un coup tranquillement afin de se reposer mais c'était peine perdue.

* Si j'avais su, j'aurais choisis un autre bar. Dire qu'il y à quelques heures tout était encore calme ... Il faut croire que tous les soulards arrivent le soir après leur travail. *

Mais finalement l'assassin avait l'habitude de ce genre de lieu. A force de côtoyer des mafieux et des sbires de bas étages, il en avait connu des lieux bruyants comme celui-ci. A vrai dire, il avait même connu bien pire ...

« M'sieur ! Vous zau...zauriez pas de la monnaie popour que je puisse me payer une boisson ? »

Ryner tourna lentement son regard vers la personne qui venait de l'interpeller, avant de tomber sur une tête de demeuré du village visiblement saoul jusqu'à la moelle et sans un sous.

« Vous feriez mieux d'arrêter de boire ... » Répondit-il d'un ton froid.

L'homme visiblement trop saoul pour se rendre compte de ce qu'il faisait, ne tint pas compte de l'avertissement déguisé de l'assassin et posa une main familière sur l'épaule du jeune demi-démon.

« Siouplait m'sieur! Je vois ben que vous êtes bon prince. »

« Lâchez moi, je ne le répèterais pas deux fois. »

Le barman, un homme chien, se rendit visiblement compte de la situation et s'interposa comme il le pouvait entre les deux hommes.

« John, comme l'a dit le monsieur, je crois que tu as un peu trop bu, alors laisse le tranquille. »

«Ch'parle pas à toi mais à mon ami, Larson ! »

Posant cette fois-ci ses deux mains sur les épaules de l'assassin, tout en affichant un sourire niais, l'homme bourré s'apprêta une nouvelle fois à parler à Ryner ... Une fois de trop.

« Je t'avais prévenu ... » Murmura t-il.

Tendant la main vers l'arrière de la tête de ce dénommé John, Ryner propulsa soudainement ce qui servait de porte cerveau à cette personne gênante dans la direction du comptoir. Le nez de John percuta alors violemment le bois du comptoir qui explosa sous le choc avant de s'effondrer en arrière, visiblement dans les vapes.

« Pourrais-je avoir un autre verre, s'il vous plait. »

Le barman le regard ahuri, resta un moment absent, étonné par ce qui venait de se passer avant de finalement réagir et commencer à resservir un verre à l'assassin, n'osant pas poser de question sur ce qui venait de se passer. La cacophonie ambiante du bar n'avait pas baissé, mais autour du démon les personnes qui avaient observés la scène s'était soudainement faite plus discrètes.

* Tsss, ce bar est tellement bruyant qu'on pourrait presque tuer une personne sans attirer l'attention. Je me demande ce qu'il peut bien y avoir d'intéressant dans les Fumerolles pour tromper mon ennui. *

« Regarde Cérès, y a un bar là-bas. »

Yue, toujours perchée sur l’épaule de Cérès avait repéré un bar non loin, dans les souterrains qu’étaient fuméroles. Ça ne lui plaisait pas d’aider la démone à chercher un endroit où boire, mais elle savait très bien que si elle ne l’aidait pas, elle allait devoir supporter ses jurons ainsi que ses plaintes toute la journée. Quoi que, c’était certainement mieux qu’une Cérès totalement saoule, racontant des bêtises et hurlant à en faire peur les passants.

M’enfin, avec ça, la jeune fée était sûre qu’elles rentreraient rapidement à la maison, car elle savait très bien que la démone après avoir trop bu, s’endormait comme une souche. Et ça, ça lui laisserait le temps de se reposer un peu. Se reposer de quoi ? Des balades incessantes de Cérès qui avaient lieu un peu partout, et même si la petite guérisseuse ne faisait que rester assise sur une épaule, devoir à chaque fois calmer la Sanctuari quand elle se faisait bousculer ou simplement quand quelqu’un oubliait de la saluer était fatiguant. Rester avec Cérès était fatiguant.

« Pour une fois que t’es utile Yue ! »

Cérès, elle qui était radieuse, bien contente de pouvoir enfin assouvir sa soif, esquissait un grand sourire qui aurait put presque sembler hypocrite. La jeune femme aimait boire, bien que la partie « mal de crâne » et « je-me-souviens-plus-de-ce-que-j‘ai-fais » étaient assez désagréable. C’est pourquoi, voulant partir sur de bonnes résolutions, la Sanctuari se jura de ne pas pouvoir plus d’un verre, même si la signification de promesse ou d‘engagement était assez vague pour elle. « Rien qu’un seul pas plus » pensait la jeune femme. S’arrêtant devant l’enseigne du bar, il avait l’air pas mal. Enfin, vu de l’extérieur. Il était certain que l’intérieur devait être bondé « d’alcooliques se cherchant une minette à se mettre dans le lit » comme aimait si bien le dire la jeune Sanctuari. Tant pis, Cérès essayera de se faire discrète, mais si quelque chose devait se passer, alors ça se passera.

« Hmpf… »

C’était Yue qui soupirait, désespérée, la petite fée avait senti l’odeur de l’alcool qui empestait déjà depuis l’entrée, et savait déjà à quoi s’entendre en entrant. Une fois à l’intérieur, les deux femmes se dépêchèrent de s’asseoir à une table vide, elle ne voulait surtout pas attirer les regards cette fois. Déposant soigneusement « l’Aquila », son fusil près d’elle, la jeune femme se mit alors à attendre soigneusement un serveur avec toute la patience dont elle était capable de faire preuve. Et l’attente lui parût moins longue, quand elle vit le spectacle qui se déroulait dans la table juste en face d’elle : en effet, un homme assez grand, à la chevelure noir et aux yeux bleus azur avait « balancé » si on pouvait dire ça comme ça, un homme saoul qui devait sans doute l’importuner.

Cérès, tout de suite intéressée par la façon dont il s’était débarrassé de l’ivrogne, portait désormais un vif intérêt à cet homme. Le fixant de ses yeux dorés, la démone ne le lâchait déjà plus du regard, et il fallait avouer qu’elle n’était pas vraiment discrète. Non, la jeune femme n’irait pas l’aborder tout de suite, elle n’irait d’ailleurs pas l’aborder du tout, car même si il avait éveillé sa curiosité, elle savait très bien quel était ce genre d’homme. Et tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment, c’était attendre un serveur pour enfin pouvoir boire et éventuellement que quelque chose se passe. Quelque chose qui pourrait la faire bouger de sa chaise. Quelque chose d'aussi intéressant que la scène précédente.

Le verre de nouveau rempli d'un alcool fort de la région des Fumerolles, Ryner s'amusait à contempler la robe dorée de son verre afin de passer son ennuie. Bien qu'il était homme à surveiller ses arrières même dans les moments de confiance, il prenait toujours le temps de satisfaire sa curiosité à propos de l'entre-monde en observant et enregistrant chaque détail qui revêtait selon lui une certaine importance. Après tout, il avait passé des années à s'entraîner durement pour le compte de mafieux en assassinant les personnes qui leurs déplaisaient, il avait bien le droit aujourd'hui de prendre du temps pour contempler les choses, même si ces choses avaient l'air parfois futile comme le faite d'admirer la robe du verre qu'il buvait.

* L'or c'est beau, mais je préfère décidément la couleur du rouge sang. J'ai du vraiment bien être conditionné pour penser cela. *

Ryner afficha un léger sourire amusé à cette pensée, sourire qui fit visiblement un peu peur au barman avant que celui-ci ne détourne le regard pour porter son attention sur quelque chose ou quelqu'un d'autre. L'assassin, curieux, se demandait ce qui pouvait bien attirer ainsi l'attention de cet homme, dans un endroit bruyant tel que celui-ci. Finalement la curiosité l'emportant, il tourna alors la tête afin de voir ce qui se situait dans son dos et son regard tomba aussitôt sur une étrange cliente.

* Déjà qu'une femme est plutôt rare ici, alors en plus avec un fusil sniper ... *

Retournant l'information maintes fois dans son esprit, Ryner se demandait si cette femme pouvait être une mercenaire à la solde de Styx afin de prendre sa tête. Non, ce n'était pas possible l'organisation n'engageait jamais de mercenaires puisqu'elle possédait les meilleures assassins de Magna, alors que pouvait-elle bien faire ici ? A première vue, elle ne ressemblait pas aux imbéciles qui avaient essayé d'attenter à sa vie, puis visiblement elle ne montrait pas plus que ça d'intérêt à son égard.

*Je sais que ce n'est pas prudent, mais je tenterais bien de discuter avec elle. Ce sera toujours mieux qu'avec ces soulards de toutes façons puis en y réfléchissant bien je ne pense pas craindre grand chose d'elle. *

Sa décision prise, l'assassin s'éloigna alors du comptoir avant de se diriger vers la table de la jeune femme et plus il s'approchait d'elle, plus il pouvait décrire la beauté qui se dégageait de celle-ci. Une chevelure flamboyante encadrant un visage aux traits fins mis en valeur par des yeux dorés, Ryner ne trouvait pour seul défaut que ce regard froid qui faisait perdre de la chaleur à l'ensemble. Mais bon, il était plutôt mal placé pour juger un regard froid, surtout que ça ne lui déplaisait pas tant que cela, bien qu'il n'avait pas le moindre désir de faire la cour à cette femme.

« Veuillez excuser mon impolitesse, mais je me permet de m'installer à cette table, si cela ne vous dérange pas. Je dois avouer que les poivrots de service commencent à m'exaspérer. »

La phrase type pour s'incruster poliment à une table.

« Sinon jolie arme, j'avais presque la même il y a peu. »

Amenant son verre à ses lèvres, l'assassin appréciait la gorgée de la boisson qu'il prenait tout en continuant d'observer la jeune femme qui se tenait face à lui. La précédente phrase était là bien sûr pour tester la réaction de la femme et ainsi mieux comprendre son caractère, en temps normal il aurait tout fait pour ne pas parler d'arme.

« Veuillez excuser mon impolitesse, mais je me permet de m'installer à cette table, si cela ne vous dérange pas. Je dois avouer que les poivrots de service commencent à m'exaspérer. »

C’était le jeune homme qui avait quelques minutes plus tôt envoyé valser un ivrogne. De près, on pouvait mieux observer son visage, une chevelure ébène, des yeux de couleur azur, un nez fin… Il était bien foutu quoi. Mais il avait ce regard, ce regard que Cérès n’arrivait pas à décrypter et un visage impassible, qui malgré ses paroles remplient de politesse et de « gentillesse » ne laissait paraître aucune émotion. Il intriguait la démone. Et il faisait peur à Yue ; qui restait en retrait dans un coin de la table à fixer l’étranger d’un air méfiant. La petite fée ne le sentait pas, non, pas du tout. Et même si elle essayait d’alerter sa partenaire pour ses doutes, elle savait malheureusement très bien que cette dernière l’enverrait balader, tout ce qu’elle pouvait faire c’était ouvrir ses yeux et ses oreilles et attendre. Cérès, laissant apparaître un léger sourire en coin trouver la situation intéressante, ce n’était pas n’importe qui qui pouvait arriver à faire cela. Et son regard … Il était tellement différent de tous ce qu‘elle avait pu voir. La démone devait en apprendre plus sur lui.

« Je vous en prie, installez-vous. Changer de compagnie me ferait le plus grand bien. »

Bien sûr, cette petite pique désignait bien évidemment Yue qui l’avait d’ailleurs très bien compris et qui s’était seulement contentée de soupirer. Elle ne bronchait pas. Yue ne bronchait jamais, d'ailleurs. Montrer son agacement ne faisait qu’amuser la jeune tireuse.

« Sinon jolie arme, j'avais presque la même il y a peu. »

Ah ! Ça voulait tout dire. Enfin presque. Une arme ? Une arme comme celle de Cérès ? Il n’y avait pas beaucoup de possibilités sur son identité si il possédait une telle chose. A moins qu’il mentait, mais Cérès ne voyait aucun signe de mensonge dans ses yeux, mais elle pouvait très bien se tromper. Il était soit un assassin, un chasseur ou tout ce que vous voulez soit un Sanctuari pour avoir posséder un jour un tel calibre. Et étant donné le fait que la jeune femme ne connaissait aucun de ses « collègues » la deuxième solution était aussi valable que la première. Cérès décrochait un sourire amusé. La situation lui plaisait beaucoup. Elle ne savait pas du tout à qui elle avait affaire et cela rendait les choses beaucoup plus excitantes. Avide d’en savoir plus, non, elle devait en savoir plus. Et pour cela, elle devait à tout prix lui cacher son statut. Car dans le cas de la première possibilité, il fuirait ou il l’attaquerait pour ensuite s’échapper, et la jeune femme ne souhaitait aucun cas que cela se produise. Elle le trouvait intéressant, beaucoup trop même, pour le laisser filer. Elle devait entretenir la conversation, le questionner de façon discrète et si nécessaire user de ses charmes, bien qu’elle savait qu’il y avait peu de chance que ce soit efficace.

« Merci. C’est une belle arme, très efficace pour ce que je fais. »

Bien sûr sa phrase était pleine de sous-entendus, elle voulait observer sa réaction. La belle lui fit un clin d’œil, elle qui disait ne pas vouloir utiliser ses charmes rapidement, trop tard, elle était lancée.

« Il y a peu ? Vous avez changé d’arme ? »

Toute souriante, on ne pouvait pas faire plus hypocrite que ça. Mentir, jouer un rôle … c’était en quelque sorte le talent de Cérès. Un talent qui n’avait pas tellement de mérite, certes.
A côté, dans une table, deux ivrognes étaient entrain de se taper dessus, dérangeant les autres clients, un des deux perturbateurs commençait même à sortir une arme, complètement inconscient de ce qu‘il faisait sans doute. La démone jeta un rapide coup d’œil et soupira de manière agacée par le bruit qu’ils faisaient. Mais elle ne bougeait pas. Elle voulait montrer à son interlocuteur que l’ordre et la sécurité des gens qui se trouvaient à l’intérieur du bar ne l’intéressait pas. En d’autres termes, qu’elle ne pouvait certainement pas représenter la « Justice » et donc qu‘il n‘avait rien à craindre si il était un hors la loi. La jeune femme savait très bien aussi que cela pouvait allait à contre sens, que l’homme qui se tenait en face d’elle pouvait très bien être un Sanctuari, et réfléchir de la même façon qu’elle le faisait en ce moment. Et là, elle ne serait plus en très bonne position. Tant pis. Une chance sur deux.

« Je vous en prie, installez-vous. Changer de compagnie me ferait le plus grand bien. »

C'était bon signe, la jeune femme ne rechignait pas à ce qu'il s'installe à sa table ce qui finalement plutôt étonnant. En temps normal les femmes préféraient refuser ce genre de demande, s'attendant souvent à ce que les piliers de bar essayent de leur faire la cours, si on pouvait encore appeler cours un discours incompréhensible avec trois grammes dans le sang.

« Je vous remercie. »

L'assassin prit alors une chaise avant de s'assoir face à la démone à la chevelure flamboyante. Pour lui pouvoir rencontrer quelqu'un d'intéressant était toujours un plaisir qui s'ennuyait souvent, alors lorsqu'il voyait quelqu'un qui répondant à ses critères ce la l'amusait beaucoup d'entamer la discussion avec cette personne. Ryner adorait analyser les gens, c'était une habitude pour lui que l'on avait toujours entrainé à se préparer au pire en enregistrant tout ce qu'il voyait et visiblement, il intriguait autant la démone qu'il l'intriguait elle.

« Merci. C’est une belle arme, très efficace pour ce que je fais. »

Efficace, elle sous entendait donc qu'elle l'utilisait pour son métier, quoiqu'il aurait été étonnant de la voir se promener avec un fusil sniper dans un bar pour le bon plaisir. Ryner supposa donc qu'elle faisait parti des forces de l'ordre, surement une sanctuarii, vu qu'elle affichait de manière aussi ostentatoire son arme à feu. Un criminel aurait préféré cacher son arme et aurait surtout privilégié une arme de poing. Quand au clin d'œil qu'elle lui fit, il n'y prêta pas la moindre attention. Il ne connaissait pas la notion d'amour ou d'affection pour ne les avoir jamais rencontrées, il avait donc beaucoup de mal à accorder de l'importance à ce genre de geste.

« Il y a peu ? Vous avez changé d’arme ? »

Ryner sourit amusé à cette question dénué de toute retenue. La femme ne le connaissait que depuis plusieurs minutes et elle essayait déjà de renseigner sur lui d'une manière détournée. Soit, si elle voulait en savoir un peu plus sur lui il allait essayer de lui répondre en laissant un doute derrière ces réponses. Puis dans les pires des cas même si elle était une sanctuarii, elle ne pourrait jamais l'arrêter parce qu'elle supposait qu'il était un assassin, surtout sans preuves.

« Pas vraiment, certaines circonstances ont voulu que je ne puisse pas amener cette arme avec moi. Mais ce n'est pas bien grave, je sais user de la plupart des armes, cela n'est donc pas une bien grande perte. »

Juste qu'il était décevant de devoir rassembler de l'argent pour racheter une armurerie et se venger du Styx. Peut être que s'il gagnait assez il pourrait s'acheter aussi quelque explosifs.

« Si on joue au jeu des questions, je suppose que je peux vous en poser une à mon tour. »

Ryner trouvait la discussion de plus en plus amusante mais si la démone voulait en savoir plus sur lui, elle allait devoir elle aussi répondre à quelques unes de ces questions. C'était donnant donnant.

« Je suppose que vous êtes Sanctuarii pour afficher une arme ainsi, je me trompe ? Peut être aventurière aussi, mais cette question n'a pas d'importance de toutes manières. Je me demande juste ce qu'une personne comme vous fait ici dans ce bar ?»

Observant furtivement la fée, Ryner plongea alors ses yeux dans le regard doré de la jeune femme. La petite compagne l'intéressait elle aussi, mais beaucoup moins que la demoiselle et il attendait avec curiosité les réponses qu'elle lui donnerait.

« Pas vraiment, certaines circonstances ont voulu que je ne puisse pas amener cette arme avec moi. Mais ce n'est pas bien grave, je sais user de la plupart des armes, cela n'est donc pas une bien grande perte. »

Le jeune homme avait répondu de façon assez détourné à sa question. Cérès aurait voulu savoir quelles étaient ces circonstances. Dommage. Mais de toute façon elle ne devait pas aller trop vite. Sûre d’elle, la démone restait calme, et affichait de toute évidence une certaine détente vis-à-vis du jeune homme. Remarquant d’ailleurs qu’il était insensible à ses charmes, Cérès s’empêchait de rire. La jeune femme était vraiment amusée, et elle trouvait au fil de la conversation son compagnon d’un soir de plus en plus intéressant.

« Si on joue au jeu des questions, je suppose que je peux vous en poser une à mon tour. »

Ça devenait de plus en plus amusant. Qui arriverait à pêcher le plus d’informations hein ? Pourquoi pas ? De toute façon, la démone voyait déjà tout cela comme un jeu, elle avait juste à continuer ce qu’elle avait déjà commencer. C’était simple en réalité, la seule difficulté était la façon dont on exprimerait la question. Il ne fallait éveiller aucun soupçon.

« Je suppose que vous êtes Sanctuari pour afficher une arme ainsi, je me trompe ? Peut être aventurière aussi, mais cette question n'a pas d'importance de toutes manières. Je me demande juste ce qu'une personne comme vous fait ici dans ce bar ?»

Avait-il vu clair en son jeu ? Sûrement. Mais de toute évidence, il n’était pas sûr. Il ne pouvait être sûr de rien, comme elle ne pouvait pas l‘être. La jeune femme souriait, mais cependant, d’un air plus sérieux, et d’une voix moins douce et d’un ton plus faible, elle déclara :

« Je ne quitte jamais mon arme. Peu importe les circonstances. Peu importe qui je croise. Elle ne me quitte jamais. Et de toute façon, je ne peux pas la cacher, alors autant l‘afficher pour semer le doute. »

C’était vrai. N’importe quel assassin qui afficherait son arme de cette manière, avec un air sûr de lui et un peu de savoir faire dans l’art qu’était la comédie pourrait avec une grande facilité se faire passer pour un justicier. Et même si il lui manquait le fameux badge, il était très facile de faire passer ça pour un oubli quand cette fois-ci, on avait un don pour le mensonge. La jeune femme possédait les trois. La comédie, le mensonge et le badge. Mais elle, contrairement à ce que l’on pouvait s’imaginer, ne le mettait pas en évidence. Ce serait stupide. Elle le gardait soigneusement sur elle, et elle ne le sortait qu’en cas de nécessité. Et à moins qu’on la fouille, il était impossible de le voir.

« Ce que je fais ici ? Je pourrai vous retourner la question. Et la réponse que vous me donnerez sera, je suis sûre, pleine de ressemblance avec ce que je pourrai vous dire. Je pense donc vous avoir répondu. Maintenant, c‘est à moi si je ne me trompe pas ? »

Lançant un regard à Yue qui visiblement n’avait pas détourné son regard plein de méfiance de l’étranger, la jeune fée n'avait pas du tout confiance en lui, et n'ayant pas le même esprit que Cérès, tout ce que voulait la petite était de partir le plus vite que possible et elle espérait vivement que cette conversation finirait le plus rapidement possible, Cérès redirigeait rapidement son regard vers l’homme qui était encore inconnu, la démone par contre voulait prendre son temps. Elle n'avait pas du tout envie de partir. Toujours autant souriante et hypocrite, la démone lança sur le même ton doux :

« Alors … Une question assez simple. Comment vous appelez-vous ? »

Un nom sur un visage demeurait toujours utile. Et la jeune femme avait hâte d'en savoir plus sur son interlocuteur, elle savait que même si il était un assassin ou autre chose dans le genre, elle ne le pourchasserait pas, elle ne l'attaquerait pas. Pourquoi ? Parce que ça ne lui apporterait rien à part quelques pims. Et la jeune femme savait qu'elle pouvait avoir plus.

« Je ne quitte jamais mon arme. Peu importe les circonstances. Peu importe qui je croise. Elle ne me quitte jamais. Et de toute façon, je ne peux pas la cacher, alors autant l‘afficher pour semer le doute. »

Curieuse manière de penser que voila, à quoi pourrait bien lui servir d'afficher de manière ostentatoire son arme ? Certes à intimider et éloigner les petites frappes, mais d'un autre côté cela attirait aussi les regards des autorités qui devaient lui demander souvent ses papiers. Ryner supposa donc que la démone qui se tenait en face d'elle possédait au moins des papiers en règles pour s'afficher ainsi même s'il n'était toujours pas sûr quand à son métier.

« Ce que je fais ici ? Je pourrai vous retourner la question. Et la réponse que vous me donnerez sera, je suis sûre, pleine de ressemblance avec ce que je pourrai vous dire. Je pense donc vous avoir répondu. Maintenant, c‘est à moi si je ne me trompe pas ? »

L'assassin se mit à sourire amusé car selon lui il n'était surement pas là pour la même raison qu'elle à moins qu'elle s'amusait à fuir elle aussi, mais il en doutait. Avait-il l'air d'être là pour s'amuser et boire en coup ? Peut être mais ce n'était pas son objectif principal dans tous les cas. En effet, les bars étaient pour lui un merveilleux lieu pour rassembler des informations et dieu seul savait qu'il en avait besoin pour avoir toujours un coup d'avance sur ses poursuivants. Enfin, avec tous ces poivrots dont la plupart tenaient plus du paysan que d'un informateur potentiel, il avait plutôt mal choisit son endroit. Mais le tableau n'était pas si noir, il avait rencontré une jeune femme plutôt intéressante et il aimerait beaucoup en apprendre plus sur elle.

« Alors … Une question assez simple. Comment vous appelez-vous ? »

En effet une question vraiment simple et Ryner s'en voulait de ne pas avoir penser tout de suite à le demander. En général c'était toujours lui le premier pour demander le nom des gens mais ce soir quelqu'un l'avait visiblement devancé.

« C'est vrai je me suis invité à votre table sans m'être présenté, toutes mes excuses, j'espère que je pourrais me rattraper pour cet oubli de ma part. Donc pour vous répondre je m'appelle Ryner et vous quel est votre nom ? »

Ryner était bien sûr un nom qu'il s'était crée de toutes pièces car par le passé sa dénomination en tant qu'objet du Styx n'était qu'un simple numéro, mais il s'était avéré par le futur qu'il fallait nommer ces assassins qui s'acquittaient parfois de missions requérant le contact avec les gens.

« Sinon connaissez vous la région de Magna, il parait que certaines personnes s'amusent parfois à porter des masques d'opéra ? »

L'assassin venait de lancer en quelque sorte les "hostilités", sous ses faux air de question banale, Ryner cherchait à savoir si la femme qui lui faisait face connaissant l'histoire de cette organisation mafieuse qui utilisait des assassins affublé d'un masque d'opéra pour perpétrer leurs meurtres. Le faite était que si elle connaissait ou non la réponse à cette question cela ne lui porterait pas préjudice mais pourrait mettre la puce à l'oreille à son interlocutrice de manière discrète. Mais en attendant sa réponse, le démon se permit alors une seconde question.

« Et pourriez vous m'en dire plus à propos de vous ? Comme vos loisirs ou vos goûts ? »

S'il lui donnait un indice, il fallait bien que son interlocutrice lui parle un peu d'elle après tout, sinon cela n'allait pas être une discussion très amusante si elle n'était qu'à sens unique.

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