A la recherche d'une victime [PV Vetera]

La déesse était sortie de chez elle souriante et joyeuse, comme à l'ordinaire. Elle planait plus qu'elle ne marchait, accompagnée de Lilanda qui se glissait langoureusement entre les passants. Kirshiva, elle, préférait rester à la maison, dans le quartier Ciel.
Vetera marchait, observait les gens. Elle lançait parfois un clin d'œil à un bel homme qui se trouvait là et s'amusait à disparaître dès qu'il voulait la suivre. Elle virevoltait, vêtue d'une robe blanc cassé, ceinturée à la grecque, c'est-à dire sous la poitrine, par une fine chaîne d'or qui faisait plusieurs fois le tour de son buste jusqu'à aller pendre devant une autre ceinture plus épaisse sertie de saphirs qui coulait sur ses hanches. Ses bras étaient nus, seuls quelques bracelets d'or fin glissaient le long de sa peau. Elle n'avait pas mis de collier aujourd'hui. Ses spartiates de fil fin étaient dorées aussi et s'enroulaient autour de sa cheville comme un serpent autour d'une branche. Ses cheveux arboraient leur couleur naturelle, d'un brun-roux chatoyant. Ses yeux brillaient d'un vert puissant.

Elle virevoltait ainsi, suivie par le léopard femelle dont le cou soutenait un fin pendentif. Elle cueillit d'un geste vif une rose rouge sur un massif et la plaça dans sa coiffe, au coin de l'oreille. Puis, plus loin, elle croisa un homme d'une trentaine d'années qui chargeait des barriques sur une charrette. Il transpirait et soufflait mais Vetera ne demeura pas insensible aux muscles sous sa peau nue, à son dos puissant, ses bras fatigués et ses cheveux bruns qui collaient à son front. Elle s'approcha de lui, sortit un fin mouchoir en lin, lui essuya le front, enleva la rose de ses cheveux et la lui glissa dans la ceinture.

- Bon courage !

Dans un sourire furtif, alors que l'homme ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, elle se détourna et disparut dans la foule. Hébété et sous le charme du parfum de la Déesse, il voulut la suivre mais son chef le rappela à l'ordre.

Pendant ce temps, Vetera et Lilanda avaient gagné Northrives. Après être passées en bateau, elles débarquèrent, puis la jeune femme ne put s'empêcher de prendre un petit bouquet de fleurs à un adolescent, sûrement un elfe, avant de payer par un sourire qui fit se retourner sur son passage le jeune homme, la tête un peu tournée.

L'endroit était magnifique. Il fit remonter les souvenirs dans l'esprit de Vetera. Cet endroit, si on le combinait au Ciel, le quartier antique, pouvait donner une parfaite représentation de l'Olympe.
Un motif rouge vif attira son attention. Il s'agissait d'une sorte de kimono, une combinaison ample dans laquelle se tenait... une panthère noire ! Elle s'approcha, s'accouda au bois du pont à côté de ce singulier personnage avant de dire dans un grand sourire :

- Bonjour ! Vous avez un très beau vêtement...

Au niveau de leurs hanches, Lilanda, la femelle léopard, se frotta contre la panthère en feulant, ce qui devait sûrement signifier : "Bonjour, belle cousine !"

Vetera repéra la lueur dans les yeux de la panthère. Une voleuse ? Elle avait un peu de mal à y croire. Mais ses bijoux avaient attiré beaucoup de larcins depuis qu'elle était descendue de l'Olympe...

Elle prit délicatement la ceinture. Cela ne dérangea nullement la déesse. De toutes façons, si les bijoux passaient dans d'autres mains que dans les siennes ou celles de Kirshiva, ils se désintégraient pour réapparaître dans son armoire.
Tout les effets personnels que créait Vetera ne pouvaient appartenir qu'à elle et à la personne de son choix. Elle ne voulut pas lui dire, la panthère s'en rendrait bien compte par elle-même... À part ça elle avait l'air sympathique...
Elle lui demanda alors d'éloigner Lilanda de ses jambes. Vetera éclata de rire.

- Oh, la seule chose que vous devez craindre d'elle sont les poils qu'elle laisse un peu partout. Mais il me semble que vous êtes vous-même un félin, d'où le fait qu'elle vous apprécie !

Un couple passa. Vetera jeta un petit regard en coin à l'homme. Grand, blond cendré, yeux gris, sourire éclatant. Elle sourit. Alors qu'il la regardait, sa femme le tira avec un air très, très mécontent.
Vetera se détourna de la vision d'une dispute conjugale imminente pour ramener Lilanda vers elle. Celle-ci s'allongea avec des airs de reine égyptienne aux pieds d'une colonne où s'élevaient des plantes vertes.

- Puis-je me permettre de vous demander votre nom ?

Uriko observa avec intérêt la façon dont la belle humaine avait séduit le passant... un pouvoir intéressant ça! Elle profita de ce moment pour lui subtiliser un saphir... mais dès qu'il fut dans sa main, il disparut!

« Oh! Je suis désolée! Je l'ai décroché avec mes griffes! Ohhh! »

Elle avait rattrapé le coup comme elle pouvait, mais elle était douée en la matière, son air parfaitement innocent jouait en sa faveur, elle montra son étonnement au fait que le saphir avait disparu, écartant largement les doigts our dévoiler sa paume vide mais poussiéreuse... visiblement, cette femme n'était pas une humaine ordinaire... un pouvoir de séduction accru envers la gente masculine, et sa tenue était de celles que l'on voyait sur Ciel, représentant l'antiquité... elle dégageait aussi quelque chose de puissant, un ange peut être? Ou une déesse? Elle lui demanda son nom, méfiante comme à son habitude, elle lui donna un faux nom dans un premier temps

« Ukio Sheron... je viens du miroir de Li... Et vous? »

Elle la regardait d'un air intéressé, non pas parce qu'elle avait de riches parures désormais, visiblement, elle ne pouvait pas lui chiper quoi que ce soit... mais plutôt par son pouvoir de séduction.. peut être pourrait-elle s'en faire une alliée? Elle semblait capable de perturber n'importe quel homme, pourquoi ne pas profiter de ce laps de temps où il est dans les nuages pour lui faire les poches?

Elle fit un va et vient entre la déesse et le couple qui s'éloignait

« Vous semblez avoir un pouvoir intéressant sur les hommes dites moi... ça... ça vous arrive d'en profiter un peu? »

Elle avait toujours ce petit regard amusé et faussement innocent qui la faisait passer pour un joli petit chat inoffensif... sa queue fouettait doucement l'air, parfois, elle frôlait la panthère qui s'était allongée, l'animal était vraiment magnifique, elle devait le reconnaître, mais elle n'avait pas trop l'habitude des fauves qui n'étaient pas de sa planète...

Vetera n'avait absolument rien senti lorsque la fauve avait décroché le saphir. Maladresse ou intérêt ?
Mais la panthère avait vraiment l'air de l'avoir fait tomber involontairement, et Vetera fut dupe. Elle sourit.

- Oh, ne vous en faites pas, ce n'est pas grave. Je m'en ferai un plus beau.

La féline au vêtement rouge se présenta. Elle s'appelait donc Ukio. Ukio Sheron et venait de Li, ce qui expliquait le fait qu'elle se tenait sur deux pattes, qu'elle parlait aussi.
L'attention de Vetera fut détournée par une scène, un peu plus loin. Un tout jeune homme montait dans un bateau chargé de vivres et d'armes. Sur le quai, une jeune fille pleurait en silence.
Elle reporta son regard sur Ukio.

- Je m'appelle Vetera Delecuptas et je viens de K'ien. Euh... excusez-moi.

Elle s'éloigna et se dirigea droit sur les amoureux. Celui-ci devait partir en expédition et elle pleurait à chaudes larmes. La déesse fut touchée par cette scène. Elle posa ses mains sur leurs épaules et chuchota :

- Vous vous reverrez, je vous le garantis.

Puis en un mouvement furtif elle fut auprès d'Ukio à nouveau. Elle savait au fond d'elle et ausi un peu parce qu'elle était déesse, que ce jeune homme n'allait pas mourir. Cette bonne action de faite, Ukio lui demanda si elle profitait de son pouvoir. Vetera éclata de rire.

- Bien sûr voyons ! Je suis déesse, je prône la séduction et les plaisirs. Alors j'en profite... toute la journée si je veux.

Elle regarda passer un homme grand, brun et musculeux qui lui retourna son coup d'œil.

- Seulement, j'aime les regarder se languir... Et vous ? Avez-vous un métier ?

Apparemment, son statut posait problème à Ukio. Mais sur Entre-Monde, le mot "dieu" ne voulait plus dire grand chose, et elle se dit que même sur Terre on ne devait plus vénérer l'Olympe depuis longtemps... Et lorsqu'elle lui demanda s'il fallait vénérer quelque chose Vetera ne put réprimer un éclat de rire.

- Mais non, voyons ! Considérez moi comme une femme normale, de toutes façons, dans l'Entre-Monde les dieux doivent courir les rues. Et même de là d'où je viens, on vénérait plutôt ma mère... Quoique !



La panthère n'avait pas de métier... Ou plutôt ne voulait-elle pas le révéler ? Si celui-ci n'était pas très conventionnel, elle avait raison de se méfier d'elle, c'était compréhensible ! Puis elle avait l'air intéressé par ce que faisait Vetera.

- Me venger ? Pourquoi pas, oui quand je vois qu'un homme se comporte mal avec sa femme, ou quand un membre d'un couple a délaissé l'autre... Mais je ne tue pas, ce n'est pas dans mes cordes. Par exemple, si c'est un homme, je le séduis puis je luivjoue un mauvais tour, comme heu... L'enchaîner nu comme un ver dans une chambre d'hôtel... ou le faire tomber dans un trou...

Lilanda se leva, s'étira, puis s'éloigna à petits pas. Vetera l'observa avant de reprendre :

- … ou des fois, je les dépouille et je donne l'argent à la personne à qui il a fait du tort, souvent sa femme.

Vetera observa la rivière, puis deux ou trois dignes représentants de la gent masculine dont un se cogna à une colonne. Elle soupira, riant à moitié.

- J'ai une disciple merveilleuse... Elle est humaine, elle. Elle a besoin de se nourrir et de s'habiller. Comme je ne peux lui donner les vêtements que j'imagine, elle profite de ses charmes pour voler de l'argent de temps en temps... Vous pourriez faire comme elle, non ?

Vetera écouta l'histoire de la panthère tout en regardant la rivière. Des bateaux passaient, des gondoles... Cela ressemblait un peu à une ville de la Terre que la déesse avait visité un jour... la ville des amoureux.
Ainsi donc elle s'appelait Uriko, était coincée ici et pas appréciée ? Son histoire lui faisait un peu penser à celle de Kirshiva.
Lilanda revint s'alanguir contre le parapet.
Un jeune homme passa. Regarda la Déesse. Qui lui adressa un petit clin d'œil. Se fit réprimander par sa compagne... et disparut dans la foule.
Vetera repensa à l'Olympe. Raconter son histoire ? Pourquoi pas.
Une colombe vint se poser sous le nez de Lilanda

- Eh bien, il y a très longtemps sur la planète Terre une civilisation d'Hommes appelés Grecs, ou Hellènes, croyait en toute une bande de divinités et de créatures... Ces dieux vivaient sur le mont Olympe dans les nuages. Une vie sans soucis, ils se moquaient bien des humains. Ils s'occupaient d'eux et de leur plaisir personnel. Ma mère, déesse de l'Amour, appelée Aphrodite, eut une relation avec Apollon, le dieu des Belles Choses, et des Arts. C'est de là que je suis née, je suis apparue dans la rose que portait ma mère dans les cheveux. Nous autres dieux de l'Olympe, nous naissons dans les endroits où l'on s'y attend le moins.

Elle gratta la tête de Lilanda observa la foule. Ferma les yeux quelques instants et fit apparaître autour de sa taille une belle chaîne d'or fin parsemée de petits rubis. Pour remplacer la ceinture désintégrée. Elle rouvrit les yeux et sourit.

- Je ne supporte pas de rester sans ceinture. Où en étais-je ? Ah, oui, tout à l'heure, j'ai fait une erreur. Je peux donner mes vêtements à Kirshiva parce que je l'ai choisie, je vous avais dit le contraire. Quelle étourdie !

Elle éclata de rire puis reprit :

- Héphaïstos, le mari de ma mère, demanda à ce que je sois chassée de l'Olympe parce que j'étais illégitime. Je suis donc partie avec ce pouvoir là...
Mais j'y pense, ne voudriez-vous pas rencontrer Kirshiva ?