A la recherche du hi-bou d'or

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Après quelques galeries et détours, Eönwë s'arrête devant une porte imposante. Que garde le maître dans cette pièce qui s'annonce immense ? Un dragon peut-être, à en juger par la fumée qui rampe par les interstices. L'Elfe frappe prudemment avant d'entrer, sans attendre de réponse. Il sait que l'occupant des lieux est bien trop occupé pour prendre la peine de répondre de toute façon. S'effaçant sur le côté, il vous laisse entrer à votre tour, et la grande porte se referme derrière vous. Les lieux sont imprégnés d'odeurs fort curieuses et de nuages aux couleurs improbables. Comme une brume surnaturelle qui vous enveloppe les chevilles, l'ambiance est à la fois magique, étonnante... et un poil angoissante. Un vieil homme coiffé comme un porc-épic mal luné vous jette un regard par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il est penché sur son bureau où s'entassent divers parchemins griffonnés de formules chimiques incompréhensibles. Sur les étagères, des tubes à essai et des alambics au verre cristalin se côtoient et semblent se tenir de grands discours à renfort de gaz multicolores, de liquides frémissants et de bulles bavardes.

« Que puis-je faire pour vous, Maître Eönwë ?
_ Cette personne est à la recherche du trésor.
_ Un trésor ? Quel trésor ?
_ C'est une petite boîte que je vous ai confiée il y a de cela quelques temps. Vous vous souvenez ?
_ Ah ! Cette boîte là ! » Répond l'apprentit chimiste avec nonchalence.

Et sans plus d'explication, il fait plusieurs allers et retours vers ses appareils étranges, réglant la pression de celui-ci, ajoutant quelques gouttes dans celui-là et s'extasiant des réactions violentes que cela produit.

« Oui oui, je m'en souviens. Elle me gênait dans mon laboratoire, alors je l'ai mise ailleurs, mais je ne me souviens plus où... Voyons voir... » Commence-t-il en se grattant le menton dévoré par une barbe dont il n'a manifestement pas eu le temps de s'inquiéter depuis des mois.

Son regard perçant se pose sur Eönwë comme si cela pouvait l'aider à mieux se souvenir. Puis il ôte ses lunettes et se dirige vers une immense bibliiothèque envahie de livres aux noms presque aussi sybillins que ses potions.

« Je me souviens avoir beaucoup voyagé cette semaine là, et que personne ne voulait prendre soin de cette maudite boîte pour moi ! Oh il y en a bien un qui a accepté. J'ai demandé à un certain nombre de personnes : Virgile, Neythen, Abysse, et Caël, et je me suis déplacé jusqu'en des lieux dont je ne soupçonnais même pas l'existence : l'Antre, Atlantis, l'Observatoire ou les arènes de Ciel... Où ai-je finalement laissé cette boîte et qui a accepté d'en prendre soin pour moi ? Je n'en ai fichtrement aucune idée ! J'ai bien trop à penser pour me souvenir du lieu ou de la personne. Heureusement, j'ai noté ça quelque part... je me doutais bien que quelqu'un finirai par me le demander. »

En équilibre en haut de son escabeau, il esquissa un genre de sourire qui rida son visage usé par de trop longues heures à épier ses éprouvettes. Dégringollant les marche, il vous tend un morceau de papier défraîchit avec la fierté d'un chat qui vous offre le cadavre d'un rat...

Mais à peine le vieux savant fou eut-il le temps de terminer son récit et de montrer son petit bout de parchemin pour la seconde fois – décidément, les gens étaient bien curieux ces temps-ci – que son laboratoire s'ouvrit à la volée. Se dessinant dans l'encadrement, un type arborant un air presque aussi aimable qu'une porte de bunker les fixait tous de sa tête de mal luné chronique. Les yeux bleus se plantèrent successivement sur Eönwë, Ryner, et le chimiste. On aurait dit qu'il était venu honorer un contrat et trucider tout le monde.

« Chasse au Hi-bou d'or ? Vous pouvez laisser tomber, c'trop tard. Y'a une gamine et son singe en papier qu'a mis la main dessus. Briarée m'envoie vous filer 20 pims, pour le dédommagement qu'elle dit... »

À ces mots, Neythen déposa la somme dans la paume de Ryner, fit volte-face, et disparu. Bonjour, au revoir, merci. Ouai... à d'autres...