Noir et Blanc

- Je ne crois pas que l'on puisse se réjouir de la mort de quelqu'un, aussi misérable eut-il été.

Ces paroles étaient sorties de la bouche de l'ange sans qu'il puisse les retenir. Un ton pour le moins agressif les rendait tranchantes et pleines de reproche. La vie était un cadeau précieux, et même si ces hommes semblaient l'avoir gâché, la mort était rarement un châtiment nécessaire. En quoi la situation aurait-elle été différente si les brigands n'avaient pas été tués, mais assommés?
L'ange se reprit. Ce n'était pas sa conscience qui était en jeu, mais celle d'Avenka. Si elle parvenait à vivre avec cela, tant mieux pour elle. Mais considérer la vie comme une chose sans valeur était une erreur grave, pour celui qui cherchait à être bon.
Enfin, il n'allait pas faire la morale à qui que ce soit. Elle avait sûrement fait ce qu'elle avait du, et au moins, ces brigands ne reviendraient plus les pourchasser.
Accompagné de la jeune femme, l'ange alla voir comment se débrouillait Kane. Il put assister à la fin du combat, et il admira le sang froid de l'homme dans son combat, tandis qu'il répugnait à le voir ainsi tuer quelqu'un en souriant. Mais ils n'avaient pas le temps pour pleurer, encore moins leurs ennemis.

- Nous devrions partir avant que d'autres n'arrivent, je pense, le bruit des combats aura pu alerter quelqu'un.

Puis l'ange se rapprocha de Kane, pour voir si tout allait bien. Il ne put remarquer sa blessure que grâce à la proximité du feu.

- Tu es blessé !

Même si la plaie ne semblait pas mortelle, on pouvait distinguer par l'effet brillant du sang que l'homme en perdait, et s'il se retrouvait dans une mauvaise posture, c'était tout leur groupe qui s'affaiblissait.
Bien qu'il ait toujours aidé les autres, Al n'avait aucune connaissance concernant la médecine. Il savait bander une plaie, mais pas s'en occuper. Il espérait que, dans son expérience, le hors-la-loi saurait comment se débrouiller.
L'ange se pressa de ramasser ses maigres affaires, et de détacher les chevaux. Il amena le sien à Kane, puis monta son propre destrier. Il sentit que celui-ci était stressé et inquiet. Il envoya une vague d'apaisement à son cheval, qui le dépouilla d'un peu de son calme à lui. Heureusement qu'il n'y avait plus d'ennemis, sinon, il aurait sûrement pris peur.
Il respira tranquillement, tentant de se calmer. La nuit noire et les sons environnants ne le rassuraient pas. Si certains les avaient trouvés, ne risquaient-ils pas de faire d'autres rencontres? L'idée qu'ils passent la nuit sans dormir l'effraya. Comment allait-il pouvoir se défendre s'il était fatigué et ne pouvait pas se concentrer?
L'ange se dit qu'il n'aurait pas eu ce problème en restant à Magna. Mais au moins il n'allait pas s'ennuyer. Et toute nouvelle expérience était sûrement bonne à prendre.
Il regarda ses compagnons, vérifiant s'ils étaient prêts à partir.
L'idée qu'ils restent ici au milieu des corps lui donnait des frissons de dégout.

Solomone était toujours assis sur son ennemi, son sang imprégnait l’herbe verte et scintillait avec les reflets du feu. Kane soufflait un peu ces brigands l’avaient bien épuisés quand même. Solomone se demandait qui les avaient engagés, ce n’étaient pas des débutants et ils n’avaient même pas essayés de se mêler du combat avec les jeunes. Pourtant ils n’avaient pas essayé de s’entraider donc ils ne se connaissaient pas ce qui étaient bizarre pour des brigands qui, d’habitude, voyagent depuis des années en groupe. Ceux-là n’avaient qu’un seul but, plus des mercenaires que des brigands. Celui qui les avaient engagés devait vraiment lui en vouloir pour aller jusqu’à engager des mercenaires.
Solomone releva la tête et aperçut le jeune Al qui lui apporta son cheval, apparemment il avait l’air perplexe de voir tous ces corps, encore une fois il n’avait tué aucun de ses ennemis. Solomone devrait encore faire le sal boulot ce n’est pas que sa lui déplaisait mais tuer une personne sans défense ne l’amusait pas ou peu. S’ils les laissaient en vie ils iraient directement voir leur patron pour dire qu’ils avaient échoués, alors celui-ci renverraient encore plus de mercenaires à la recherche de Kane et il tuera ceux qui avaient échoués. Donc autant courir le moins de risque possible.

« Partez devant, j’arrive ! Je soigne un peu ma blessure, expliqua Solomone »

Il fit mine de chercher des bandages pendant que les deux jeunes partaient vers le chemin caillouteux. Sa blessure ne lui tirait pas et le sang arrêta de couler, il décida de ne pas y toucher. Il récupéra son arme qu’il avait planté à coté de sa dernière victime s’approcha des deux corps inerte et les trancha la gorge. Puis il essuya son arme sur les vêtements du bandit et rangea son arme dans son fourreau. Il prit appui sur la scelle de la jument et s’installa. En quelques minutes il se mit presque à la hauteur des jeunes.

Al était parti devant, dans la direction d'où ils étaient arrivés. Dans ce bois nocturne, possiblement peuplés d'ennemis, il souhaitait posséder un repère, qu'il trouvait dans la connaissance du chemin qu'il empruntait. Mais dans quoi s'était-il laissé embarquer? Peut-être aurait-il du écouter son père, et rester à Entre-Monde. Voilà qu'il se retrouvait à des centaines de kilomètres de ce qu'il connaissait, à défendre sa peau en compagnie de tueurs de sang froid. Qui protégeait-il dans cette entreprise? Était-ce bien moral? Il ne savait même pas quelle serait la mission que Solomone allait lui confier.
Il fut rejoint par Avenka. Sur ses gardes, sa rapidité le fit sursauter, mais son visage connu le rassura aussitôt. Il ne voyait pas le mal chez elle. Certes elle avait tué de sang froid, mais ce n'était pas une femme qui souhaitait faire le mal. Elle avait juste défendu sa vie.
Al, lui, avait grandi bercé par certaines valeurs. En tant qu'ange protecteur, sa vie devait se résumer à se battre pour protéger ceux qui le méritaient de ceux qui leur voulait du mal. Cela en mettant un point d'honneur à protéger la vie, non à donner la mort, et à n'utiliser ses pouvoirs et son savoir en matière de combat que pour une cause qu'il savait juste.
Cet avenir lui avait été enlevé le jour où les miroirs s'étaient fermés. Et étrangement, cela faisait de sa prison le seul endroit où il était libre. Ici, il pouvait vivre par lui-même. Mais il ne voulait pas abandonner ces valeurs qu'il jugeait importantes. Il craignait que la mission de Kane ne l'oblige à mettre de côté ces valeurs auxquelles il tenait.
Mais il verrait bien de quoi il retourne. Dès que l'homme les aurait rattrapés, Al lui poserait la question. Et s'il ne souhaitait pas répondre, l'ange ferait son voyage seul. Il refusait de se laisser conduire ainsi à travers des dangers alors qu'il ignorait la cause que cela servait.

- Tu le trouves pas un peu... noir, toi?

Al ne se rendit compte que tardivement qu'il avait employé la deuxième personne, aussi ne revint-il pas sur ses paroles. Et puis, ce n'était peut-être pas plus mal ainsi.
L'homme lui semblait si cynique, si peu respectueux de la vie. Il n'avait pas trouvé de meilleur adjectif pour le décrire que la couleur qu'il portait. Il représentait dans la tête de l'ange tout ce qu'il ne voulait pas devenir. Mais les apparences peuvent être trompeuses, c'est pourquoi Al continuait d'espérer trouver quelque chose qui lui montrerait que cet homme n'était pas juste un criminel sans coeur qui n'accordait aucune importance à toute autre vie que la sienne, et qui n'hésiterait pas à tuer sa mère si cela pouvait lui rapporter de l'argent.
Oui, peut-être le portrait était-il un peu radical. Personne ne pouvait être aussi noir... Du moins l'espérait-il.
Puis l'intéressé les rattrapa tranquillement. Il ne semblait pas trop souffrir de sa blessure, qu'il avait finalement laissée à l'air libre. Le sang ne semblait plus trop couler. Même si cela ne lui plaisait pas d'accabler l'homme, il fallait qu'il sache.

- Bon, je n'irai pas plus loin avec vous deux si tu ne me dis pas en quoi consiste le travail que tu me proposes en tant que mercenaire.

C'était simple et direct. A l'image de la détermination de Al de tenir sa parole et de partir, car il sentait bien que cette histoire avait quelque chose de louche.

Solomone fut surpris avec quelle agressivité le jeune homme lui "sauta" au cou. A peine les avait- ils rattrapés que Al lui demanda le but de la réunion des mercenaires par Kane. Il perçût sur son visage de la crainte et de la peur. Solomone calma son cheval d'une caresse furtive puis remis son chapeau noir en mettant ses gants dans sa poche. Il resta quelques instants à regarder son arme scintillante puis la posa sur le côté de son cheval qui était rassuré.

"Mon premier but était une espèce de quête au trésors dans une contrée reculée et de me servir de vous comme des boucliers humains. Mais maintenant nous avons des problèmes plus importants. Nous devrions traqués la personne qui a engagé ces brigands car si ils nous trouve avant nous seront vraiment dans une mauvaise passe. Après vous allez me dire que ce n'est pas de votre ressort mais si ils ne sont pas débiles ils verront les différentes marques sur le sol..."

Solomone les laissa réfléchir alors qu'il avançait sur la piste d'ou les brigands étaient arrivés. derrière un petit bosquet de feuilles vertes il y avait un peu de bois encore carbonisé. Des pas d'hommes partaient de tous les côtés et des vieux chevaux étaient accrochés à un arbre. Ils étaient encore scellé. Solomone descendis et alla jeter un coup d'oeil à l'intérieur des paquetages. Il trouva de la nourriture basique, des vêtements en piteuse état. Il sortit une feuille tachetés et la regarda :" Trouvez et apportez vivant cet homme" en dessous du texte il y avait sa photo. Tous cette mise en scène fit sourire Kane mais il avait intérêt à rester sur ses gardes jusqu'ou serait près à aller se mystérieux ennemi?

(HRP: désolée j'ai pas fais long j'étais sur un ordinateur portable =s)

Al respira profondément pour garder son calme. C'était une chose nécessaire s'il voulait prendre la bonne décision, et ne pas se jeter sur celui-qui l'avait impliqué dans cette histoire.
Inspirer, expirer.

*-Tu devrais peut-être pas rester avec lui. Il t'a déjà menti, si ça se trouve il te laissera crever pour pouvoir s'enfuir.
-Ouais mais bon... S'il y a vraiment des gars à notre poursuite, vaut mieux les affronter à plusieurs, que seul.
-T'es pas si faible.
-Eux non plus.
-Et pourquoi pas le tuer et leur apporter sa tête?
-Parce qu'il y a moins de chances qu'il prenne ma vie, il a besoin de moi, alors que les autres hésiteront pas. Pas besoin de partager encore plus.
-Bon, en gros, c'est soit se barrer et risquer de se retrouver seul face à un gros danger, soit se jeter dans les ennuis mais avec du monde pour t'aider à les résoudre?
-C'est ça ouais.
-Mais tu n'arriveras pas à fuir. Tu te sentiras trop coupable de les laisser. Surtout elle.
-Tu as sûrement raison...
-Bon sang comment tu as fait pour te retrouver dans une situation pareille?
-C'est pas ma faute si ce mec est recherché...*

C'est vrai que lui, il avait rien demandé. Bon, il devait avouer qu'il n'avait quand même pas eu le temps de s'ennuyer. Mais il sentait que ça allait mal finir, même si pour l'instant il n'avait pas été blessé et n'avait pu prendre la vie de personne. Cela risquait sûrement de changer d'ici peu.

*-T'es sûr d'avoir pris la bonne décision? Après tout, là, tu te mets à traquer quelqu'un sur lequel tu n'as aucune information.
-C'est pas faux... Mais tu veux bien arrêter, j'étais presque sûr de moi là...*

Il fallait qu'il cesse de se poser des questions, et qu'il prenne une décision. La bonne décision.
Il prit son temps, pour voir s'il n'y avait pas une autre alternative. Mais rien ne lui venait.

-Bon. Allons tuer celui qui veux ta peau, et ensuite je veux plus jamais te revoir.

C'était fait. Il ne reviendrait plus sur sa décision. Mais rien ne l'empêchait de douter, encore moins le fait qu'ils n'avaient aucune indication concernant une quelconque direction à suivre, ou une destination.