Des frelons comme des hommes

Ce n'est qu'un quart d'heure de trajet après le départ que Leiline détache Richye de son étreinte forcée, de peur de tomber. Le démarrage a été difficile pour elle, mais elle s'y fait. Elle observe le paysage, de grandes plaines vertes hydratée par le fleuve Arcos qu'elle remarque à plusieurs mètres.L'hybride se sentait dans son élément, l'air est doux et les rayons du soleil lui effleure le visage. Il lui arrive de tendre les bras un court instant pour pleinement profiter du vent. Sa peur en magnétic s'est complètement dissipée.

Plus la destination est proche, plus l'air devient frais. Ils s'approchent de la taïga, Leiline se dit qu'elle aurait dû prendre une veste chaude. Ils entre dans la forêt ou se déroulera leur mission et après de nombreuses minutes, ils arrivent enfin à Urut, la colonie de maisons-ruches.

Notre hybride descend de la moto pour se dégourdir les jambes et admirer les grands arbres dans lesquels les habitations y sont suspendues. C'est un endroit calme et plein de ressources que la nature offre à ces habitants hors du commun.

- J'étais sceptique quand nous avons parlé de la colonie mais il faut avouer que ça en jette !

Elle regarde les habitants se balader sur des genre de pontons reliant les ruches entre elle. On peut croire à une véritable colonie d'abeille, et pourtant.

- Il doit bien y avoir un dirigeant dans cette colonie, c'est certainement lui qui a envoyé la demande d'aide, non ?

La balade à moto était agréable, bien que le démarrage fut brusque (je manquais encore d'entraînement à conduire l'engin). Leiline se cramponnait à moi durant le début du trajet, mais a très vite pris goût à la magnétic, et moi aussi d'ailleurs.

Les paysages défilaient, et changèrent à notre arrivée. Des plaines baignées par le soleil, nous arrivions à la Taïga. La neige était encore meuble, et une fraîcheur automnale nous entourait. Et en levant les yeux vers les majestueux conifères, Urut se présentait à nous sous formes de maisons, de ruches et de plate-formes suspendues.

Je postais la moto ici, et cherchais un système pour rejoindre les habitations. Mais aucune trace d'une quelconque plate-forme élévatrice. Seules quelques cordes tombaient de la plate-forme principale. Et personne aux alentours :

- Bon, je crois qu'il va falloir faire un peu de varappe pour aller là-haut.

Fichue limitation technologique, et ils auraient pu faire en sorte qu'une ville suspendu soit à un niveau technologique autre que l'antiquité... Il me faudra appliquer du baume reliqua une fois là-haut.

Le seul moyen d'atteindre le village est d'y grimper grâce à des cordes prévues à cet effet.

- Ça me va !

L'hybride, pressée de rencontrer les autochtones d'Urut, court vers les cordes et s'agrippe à l'une d'entre-elle. Malgré son poids qui défini bien ses formes, Leiline grimpe avec aisance à la corde suite aux années d'entrainement avec son père. Entrainement qu'elle continua durant sa vie à l'Entre-Monde en honneur à son géniteur. Elle arrive rapidement à une des plates-formes du village.

- Aller courage Richye !

Même si elle veut être discrète, sa forme de femme-chat la trahie. Alors que des curieux commence à se regrouper autour de la jeune femme, elle fait une courbette.

- Bonjour à tous, désolé de vous déranger, laissez nous juste un instant.

Elle attend sagement à genoux l'arrivée de Richye pour l'aider à monter sur la plate-forme.

Je peinais comme un beau diable sur ces cordages. J'eu toutes les peines du monde à parvenir à me hisser jusqu'à la plate-forme la plus proche. Leiline m'attendait déjà là-haut, et m'observait me débrouiller tant bien que mal à l'escalade. Ayant enfin réussi à atteindre la plate-forme, la jeune féline m'aida à monter sur la plate-forme.

Le souffle légèrement court, je repris mon inspiration :

- Bonjour !... Nous souhaiterions voir... le chef du village... s'il vous plaît ! C'est de la plus haute... importance !

Les villageois étaient un peu surpris, et ne répondirent pas à la demande. Ou alors ils n'avaient pas la lumière à tous les étages.

Je dû attendre d'avoir repris mon souffle, et de ne plus avoir à couper mes phrases tous les deux mots :

- C'est par rapport aux attaques de frelons.

L'un des villageois s'approcha de nous et nous dit :

- Veuillez nous excuser, c'est juste qu'il est assez rare de voir des voyageurs venir par l'accès de cordes, ici. Les chasseurs empruntent plutôt la plate-forme carrée ici, il nous désignait la plate-forme Perçant par laquelle tous ceux qui ont le titre peuvent s'y téléporter, Et rares sont ceux qui y arrivent aussi bien que vous, ma Dame.
Suivez-moi, je vais vous mener au doyen.

Tout en l'écoutant parler, je sortais un baume Reliqua et en appliquais sur les muscles de mes bras et mes jambes, encore chauds, qui me tirailleraient une fois refroidis. Je proposais à Leiline :

- Tu veux t'en appliquer un peu ? Au cas où tes muscles s'en remettraient mal. Ça vaut pas une nuit de sommeil, mais ça aide.

Nous nous mettions en chemin pour rencontrer le doyen.

Lorsque Richye réussi à remonter et qu'il s'adresse aux autochtones, le silence, complet. Leiline se penche alors vers lui et parle sans se faire entendre.

- Tu crois qu'ils parlent une autre langue ?

Il fait alors référence aux frelons qui attaque le village, c'est là qu'un des habitants décide enfin à s'exprimer. Il explique qu'il est rare que les gens viennent au village par les cordes et qu'ils préfèrent se téléporter par la plate-forme Perçant. Ils les dirigent vers le doyen.

- Quand je pense qu'il y a une plate-forme Perçant ici, ça aurai été beaucoup plus rapide … Bieeeeeen on le saura pour la prochaine fois !

Alors que l'hybride commence à admirer les habitations de plus près, Richye lui propose de mettre une espèce de baume sur le corps pour éviter les douleurs musculaires. Elle regarde sa robe et ses collant et se voit très mal les enlever pour se mettre du baume sur les jambes.

- Et bien oui, je veux bien tester, mais juste sur les bras !

Ils suivent les villageois vers une grande plate-forme faisant office de place du village. Des barrières en bois fleurie, pour empêcher aux gens de tomber, des enfant qui courent partout, des étales de marchandises en tout genre. Ils sont sur le point d'entrer dans une ruche bien plus grande que les autres. C'est ici qu'a élu domicile le doyen. Un petit homme vieux, chauve à moustache. Il fait presque la taille de Leiline, c'est dire ! Il était occupé à s'entretenir avec un de ses conseillés lorsque les villageois et notre duo arrivent.

- Doyen, nous avons avec nous les personnes pour chasser les frelons.

Il pose bruyamment les papiers qu'il tenait dans la main sur son bureau et ouvre les bras vers l'hybride et l'alchimiste.

- Bienvenue à vous jeunes gens ! Je vois que vous venez enfin pour cet histoire de frelons ! Depuis le temps que je chercher des personnes pour cette histoire ! Et puis j'veux dire à Entre-Monde il y a en a du monde ! C'est pas comme-ci que les aventuriers, ça se faisait rare là-bas ! Et quand j'ai envoyé cette demande, j'ai eu peur que le message n'arrive pas à temps ! Le messager n'avait pas l'air fiable ! Et en plus il était cher ! Et quand je suis …

Impossible de l'arrêter. Leiline regarde Richye d'un air gênée et ironise à voix basse.

- Je crois que la mission commence bien ...

Le villageois nous guida jusqu'à la ruche-longère du doyen, et nous présenta à lui. Ce petit homme moustachu partit dans une logorrhée interminable, qui eu pour don de nous mettre dans une situation de malaise. Je chuchotais :

- C'est bien notre veine. On devait affronter des frelons, pas écouter tous les potins du village.

Le baratin du doyen était autrement plus dangereux pour ma santé mentale que cette mission pourrait l'être pour ma santé physique. Je tentais :

- Avec tout le respect que je vous dois, venons-en aux faits, je vous prie.

Ce n'est pas parce que je suis ennuyé que je dois être irrespectueux. Mais le doyen fut courroucé :

- Ah, ces jeunes ! Aucun respect pour leurs aînés ! Même plus le temps d'écouter les doyens ! Et puis,
...

Il repartit en boucle comme un disque rayé, il n'y en avait rien à tirer... Le villageois qui nous mena au doyen, voyant la situation, nous appela discrètement :

- Quand il est comme ça, il est parti pour la journée. Venez, je vais vous expliquer.

Richye a pourtant bien tenté de faire changer le doyen de conversation, mais rien, au contraire ça n'a fait qu'empirer les choses. Il n'y peut rien si le doyen est gâteux. C'est en tout cas ce que se dit Leiline. À un moment ou elle pensait ne jamais pouvoir sortir de cette situation, un villageois les interpelle pour les retirer du joug du monologue du doyen.

- Oh, sauvé ...

Elle souffle cette réplique à son collègue et rejoint le villageois. Si l'homme avait un minimum de charme, Leiline l'aurai certainement embrassé, or ce n'est pas le cas.

- Bon désolé papy, ce n'est pas que nous sommes pas bien avec vous mais nous avons un village à sauver, tout ça. Allez, salut !

Le doyen s'énerve à peine il a entendu le troisième mot de la phrase de notre femme chat.

- Je ne vous permet pas ! Je suis peut être âgé il est hors de question de m'appeler papy de la sorte ! Surtout venant d'aventurier sortit de nul p...

Sa voix commence à s'étouffer par la distance. L'habitant de ruche emmène les deux compères dans son bureau personnel, là ou ils seront au calme. Un bureau avec le mobilier complet en bois, le tout brillant sous les faibles rayons du soleil traversant les petites lucarnes incrustées dans la paroi de la ruche. Ce dernier semble gêné depuis l'intervention de Leiline.

- Ma dame, je pense que vous y êtes allé un peu fort en l'appelant papy. Il n'aime déjà pas lorsque nous le taquinons sur son âge ...

La jeune femme regarde le villageois d'un air malicieux. Elle montre Richye de sa main.

- Il faut savoir que mon collègue alchimiste et moi même n'avons pas de temps à perdre et qu'il serai préférable que nous réglons votre problèmes de frelons le plus tôt possible avant qu'il y ai des blessés. Non ?

L'homme soupir devant l'évidence de la phrase de l'hybride. Il prend un air grave et regarde les deux aventuriers.

- Je répondrai à toutes les questions que vous me poserez, je ferai tout pour sauver cette colonie.

Il lui arrive d'être arrogante dans certaines situations, mais c'est là que Leiline reprit de son sérieux, des vies sont désormais en jeu.

En nous éloignant de la longère du doyen, en suivant le villageois, je me tournais vers Leiline, en fronçant légèrement les sourcils :

- Quand même, Leiline tu y as pas été avec le dos de la cuillère...

Mais je lui dégainais un sourire en chuchotant :

- Bon, j'avoue que c'était drôle de le voir partir en boucle

Et à la réprimande du villageois, et la défense de l'hybride, j'ajoutais :

- D'autant que le temps ne joue pas forcément en votre faveur. La mission précisait que vous avez déjà essuyé plusieurs assauts ?

Le villageois ne pipa mot, mais son expression me signifiait clairement que j'avais mis le doigt sur un sujet sensible.

- Bon si nous en venions aux faits : d'où viennent ces frelons ? Quand ont commencé ces attaques ? Et savez-vous si un événement à pu être le déclencheur de ces attaques ?

Le villageois me répondit avec plus ou moins d'assurance :

- Les attaques ont commencé il y a quelques semaines. Ces frelons viennent des ruches non loin d'ici.
Elles font des ruches similiaires et en abandonnent certaines. C'est ainsi que s'est bâti Urut.

Oui bon, s'il pouvait nous épargner les détails. On était pas en visite touristique non plus.

- Et pour ce qui est d'un événement en lieu...
Hum... à y réfléchir... je ne vois pas...

C'est moi ou il essaie de me monter un bateau ?

Richye est aussi impatient que Leiline à l'idée de rencontrer ces frelons et de finir cette mission. Non pas qu'elle est inintéressante mais plutôt que des vies sont en danger. Le villageois commence à expliquer ce qu'ils savent déjà. Ils disent ne pas savoir ce qui aurai pu déclencher la colère des frelons.

Mais Leiline a un doute, elle pense que les habitant de la colonie leur cache volontairement des choses, notamment au vu de la réaction de l'homme.

- Vous en êtes vraiment sûr ? Il n'y a pas eu d’événements ? Je préfère être franche avec vous, si nous vous demandons ça, c'est que c'est peut être la source du problème et qu'il nous sera difficile de régler quoi que ce soit sans savoir, alors s'il vous plaît, soyez sincère et dites nous s'il y a eu un déclencheur.

Il ne sait plus ou se mettre et n'est toujours pas décidé à parler de quoi que ce soit. Il reste là, figé. Notre hybride perd patience.

- Ah moins que vous voulez qu'ils continuent d'attaquer et que ça fasse des blessés, voire des morts.

Le visage de Leiline habituellement souriant se retrouve dénué de joie. Un visage grave, ce n'est pas souvent visible chez l'hybride, d'autant plus qu'elle ne rigole pas avec la mort.

Le villageois, honteux, brise enfin sa carapace.

- Il y a de cela quelques semaines, un groupe d'une dizaine d'adolescent est parti plus profondément dans la forêt. Ils se sont retrouvés face aux ruches de ces frelons. Pensant que cette ruche était habitable, l'un d'entre eux a voulu rentrer dedans, mais un frelon est sortit énervé de sa ruche.

Richye et Leiline écoutent attentivement la conversation.

- Et les ado ont réussi par je ne sais quel miracle à attraper le frelon. Ils se sont mit à le tabasser et à lui arracher les ailes.

L'hybride met ses mains devant sa bouche, choquée.

- Mais un adulte qui chassait les a aperçu et les a interpellé au moment ou d'autres frelons sont sortis de la ruche. Ils se sont enfuis avec le chasseur, laissant la victime à son triste sort.

Pour Leiline c'était clair. Un élan de vengeance de la part des frelons envers leur congénère agressé par un groupe d'être humain sans coeur.

- Ma seule question serai pourquoi cette violence gratuite  ?

Leiline fit cracher le morceau au villageois. Des jeunes inconscients et un frelon mort, cette histoire va être plus compliquée que prévu...

- Non seulement ils s'aventurent dans les ruches voisines, mais en plus ils s'attaquent aux frelons isolés ? Faudrait penser à revoir l'éducation de vos têtes blondes....

Le villageois se confondit en excuses. Certes, mon regard était sévère, mais bon, le mal était fait. Je me tournais vers Leiline :

- Si on veut pouvoir obtenir une paix sans violence, il va falloir que tu sois VRAIMENT convaincante. Tu penses en être capable ?

Je posais une main légèrement tremblante sur la poignée de mon cembre, ayant bien peur que tout ceci ne se règle par le prix du sang.

Le villageois nous mena sur une place où se situaient des gardes, équipés de manière relativement rudimentaire. C'est bien un miracle qu'ils aient réussi à repousser les attaques de frelons. S'ils étaient organisés de meilleure manière, ça ferait longtemps que la ville d'Urut aurait dû être évacuée, et que les frelons auraient repris possession de la ruche qui sert de base à la ville.

Et vaut mieux pas tenter la chance trop de fois, la chance étant une compagne plutôt volage... Je me tournais vers l'hybride :

- Quelle que soit ta décision, tu peux compter sur moi.